20 juillet 2007

Homélies

Homélie du 15ème dimanche du temps ordinaire C - 15 juillet 2007

C’est l’histoire d’une fille qui pour des raisons que vous allez voir, est montée dans un arbre et qui ne peut plus descendre. La Providence veille toujours pour le bien de ceux qui savent compter et espérer en Elle. Sur notre route il y aura toujours un bon samaritain. Saurons-nous l’être aussi pour les autres ?
La jeune fille ne restera pas longtemps dans l’arbre.
Un jeune homme aux pendants d’oreilles en argent qui passait par là l’appela : " Que fais-tu là-haut ? " " J’ai trouvé une aiguille dans une botte de foin. Je l’ai donnée à mon père, qui en avait besoin pour coudre une ceinture. Par malchance, il l’a cassée, alors il m’a donné un melon pour me dédommager. Maman a mangé le melon, mais elle m’a donné en échange du miel. Mes frères ont mangé le miel et ils m’ont donné une hache. Cette hache, le bûcheron l’a brisée en abattant un arbre. Alors, il m’a donné un gâteau que les faisans ont picoré. Les faisans m’ont donné leurs plus belles plumes que les enfants du village ont cassées. Les enfants m’ont donné du lait de brebis que le chat a bu. Le chat s’est sauvé dans l’arbre, je l’ai suivi et maintenant je ne sais pas descendre.
" Le jeune homme aux pendants d’oreilles en argent dit : " Ne crains rien, je vais t’aider ! " Il rassembla une botte de foin sous l’arbre et invita la jeune fille à sauter. Celle-ci poussa un cri en touchant le sol : " Aie ! " Elle s’était enfoncé une aiguille dans le pied. " Donne-moi cette aiguille ", demanda le jeune homme. Elle la lui donna et il s’en alla au village. L’épouse du chef était en train de coudre une robe devant sa maison. En enfilant l’aiguille, elle la laissa tomber et la perdit.
La femme du chef soupira : " Quelle malchance ! je n’ai pas d’autre aiguille ! " " Je vais t’en donner une, à condition que tu me donnes un poulet en échange ", proposa le jeune homme. " Un poulet contre une aiguille ? " s’étonna la femme. Mais le jeune homme insista : " Oui, un poulet contre une aiguille ! " Que représente un poulet aux yeux d’une épouse de chef riche ? La femme rit et donna un beau poulet au jeune homme, car elle voulait continuer sa couture. Le jeune homme aux pendants d’oreilles en argent prit le poulet et le porta à la jeune fille. " J’ai échangé l’aiguille contre un poulet. Fais-le rôtir, mange-le, mais garde-m’en une cuisse. " La jeune fille fit rôtir le poulet et le mangea, mais elle mit de côté une cuisse pour le jeune homme. Celui-ci la prit et s’en alla à la ville. En chemin, il rencontra un chef, accompagné de quelques cavaliers.
Le jeune homme se mit à crier : " J’échange une cuisse de poulet contre un cheval ! J’échange une cuisse de poulet contre un cheval ! " Les cavaliers rirent et continuèrent leur chemin. L’un d’entre eux, cependant, celui qui montait un beau cheval blanc, s’arrêta, prit la cuisse des mains du jeune homme et la mangea. Il jeta l’os et déclara en riant : " Maintenant, tu ne pourras plus échanger la cuisse contre un cheval ! " Sur ce, il s’en alla au galop. Le jeune homme suivit le groupe en courant. Lorsque le chef donna l’ordre de s’arrêter pour se reposer, il se présenta devant lui et lui parla hardiment : " Tu as tort de laisser tes hommes voler les pauvres gens ! " Le chef fronça les sourcils : " Qui a volé les pauvres gens ? " cria-t-il. " Le cavalier au cheval blanc.
Il a pris ma cuisse de poulet sans payer ce que j’ai demandé. " Le chef appela le cavalier : " Est-il vrai que tu as pris la cuisse de poulet de ce jeune homme ? " " Oui, c’est vrai. " " Lui as-tu payé ce qu’il a demandé en échange ? " " Non. Il demandait un cheval pour sa cuisse de poulet. " Le chef se renfrogna davantage : " Si tu trouvais le prix excessif, tu n’avais qu’à ne pas manger la cuisse. Maintenant, donne-lui ton cheval et continue à pied. " Le cavalier donna son cheval au jeune homme, qui l’enfourcha et retourna dans son village. Il alla voir la jeune fille à la cruche et lui dit : " Voici le cheval. Demain, je l’échangerai contre un chat. " Le lendemain, le jeune homme se rendit chez une pauvre veuve qui vivait tout au bout du village. La veuve avait une chatte qui venait justement d’avoir sept chatons. " M’échangerais-tu un chaton contre mon cheval ? " demanda le jeune homme à la veuve. Celle-ci n’en croyait pas ses oreilles : " Je te les donnerai tous les sept, si tu veux, même avec leur panier. " Le jeune homme prit le panier de petits chats et retourna auprès de la jeune fille à la cruche. " J’échangerai ces chats contre quarante-neuf esclaves ", décida-t-il, puis il se mit en route pour le pays voisin. Le peuple de ce pays souffrait d’une terrible famine : les souris y proliféraient et mangeaient tout le blé qu’on y récoltait. Le jeune homme aux pendants d’oreilles en argent s’adressa au peuple de ce pays : " Si vous me donnez quarante-neuf esclaves, je vous débarrasserai de ces maudites souris ! " Le malheureux peuple accepta sa proposition et le jeune homme lâcha ses chats. En une semaine, toutes les souris disparurent. Le jeune homme rassembla ses esclaves et revint auprès de la jeune fille. " Vois-tu ces esclaves ? je les échangerai contre un mort ! " Dès le lendemain, Le jeune homme se remit en route, accompagné de ses esclaves. Il dut marcher longtemps avant d’arriver dans un lointain pays dont le roi était mort depuis une semaine. Ses sept fils, occupés à se disputer le pouvoir, oublièrent le défunt et ne pensèrent même pas à l’enterrer. Le jeune homme leur dit : " Donnez-moi la dépouille de votre père le roi et je vous donnerai mes esclaves. Je lui ferai des funérailles avec tous les honneurs qui lui sont dus. " Les frères, heureux de cette aubaine, donnèrent le défunt au jeune homme qui lui fit des funérailles dignes d’un roi. Dans la nuit, le roi défunt apparut en rêve au jeune homme : " Je ne te connais même pas et pourtant, tu t’es comporté avec moi mieux que mes fils ingrats. Aussi, je vais te révéler l’endroit où j’ai caché tous mes trésors et tu seras le futur roi de ce pays. " Et en effet, le défunt révéla au jeune homme aux pendants d’oreilles en argent la cachette de tous ses trésors. Celui-ci les déterra et prépara un somptueux festin pour tout le peuple en honneur du roi défunt. Les gens vinrent, mangèrent, burent et s’amusèrent. Puis, ils déclarèrent : " Ce généreux jeune homme sera désormais notre roi ! " Sitôt dit, sitôt fait. Le peuple chassa les fils indignes de l’ancien roi et porta au trône le jeune homme aux pendants d’oreilles en argent , qui se maria avec la jeune fille qui portait la cruche sur la tête.
Le récit de la parabole de l’évangile et du conte veut nous amener à « lire » que la vie éternelle est le fruit d’une vie menée à l’imitation de celle du Christ, le Bon Samaritain. Il nous apprend que le salut s’obtient non pas en aimant celui qui serait reconnu comme son prochain mais en se faisant par amour, comme Jésus lui-même, le prochain de tout homme. Le jeune homme du conte a toujours entrepris le premier pas vers ceux auxquels il a apporté son assistance. Considérer donc tout homme quel qu’il soit comme notre chemin pour aller à Dieu et se comporter autant que l’on peut comme Dieu à l’égare de notre prochain. Lui qui est parfait, prend soin de nous, nous donne le temps nécessaire pour nous ressaisir de nos égarements, Lui qui a tout, a encore besoin de nous, Il ne passe pas à côté de nos malheurs, Il y est attentif.
Tout à l’heure répondant à l’appel de son peuple, Il se fera nourriture pour assouvir nos soifs de paix, d’amour vrai et de force pour la vie. Recevons-le avec la foi de ceux qui s’engagent à être ces samaritains partout où les hommes ont besoin de toucher au concret de l’amour des hommes, pour percevoir dans la foi l’amour vrai de celui qui s’est donné pour toujours. Amen.
P. Joseph Kinda