15 décembre 2012

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08 novembre 2012

Homélie du 4 novembre



DIMANCHE  4 novembre  2012

31ème dimanche du Temps ordinaire – Année B

Si je vous demandais : « Les différentes lectures de ce 31ème dimanche vous ont-elles appris quelque chose de nouveau ?  », vous seriez sans doute nombreux à me répondre : «  Non ! Tout ce que nous avons entendu, nous le connaissons depuis longtemps.  »
C’st d’ailleurs une raison, ou un prétexte, pour beaucoup de s’abstenir de la messe dominicale, en disant : «  Ca ne m’apporte rien, je connais tout cela par cœur !  » - ce qui serait d’ailleurs à démontrer…
Est-il donc inutile de relire ces textes fondamentaux de la Bible ? Certainement pas !
Il suffit d’ailleurs de poser la question à l’improviste : « Qu’est-ce que c’est qu’un chrétien ? – On vous répond le plus souvent : « C’est quelqu’un qui rend service aux autres, ou se montre bon envers son prochain, etc.…  »

Or, la première Lecture est la Parole de Moïse au peuple d’Israël : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta force. » « Tous les jours de ta vie, toi, ainsi que ton fils et le fils de ton fils, tu observeras tous ses commandements et ses ordres, que je te prescris aujourd’hui. » - « Ecoute Israël : le Seigneur notre Dieu est l’Unique ! »
Moïse développe abondamment ce qui doit être au cœur de la foi du croyant.
C’est ce que Jésus répond au scribe lui demandant : « Quel est le premier de tous les commandements ? » : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de tout ton esprit et de toute ta force. » - Voilà pour le premier. – Puis Jésus ajoute : « Voici le second : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. »
Il est surprenant de voir que le scribe semble féliciter Jésus : « Fort bien, Maître, tu as raison de dire que Dieu est l’Unique et qu’il n’y en a pas d’autre que lui. »
Puis joignant les deux premiers commandements il fait une remarque judicieuse : « Les observer vaut mieux que toutes les offrandes et tous les sacrifices. » Ce qui lui vaut l’approbation encourageante de Jésus : « Tu n’es pas loin du Royaume de Dieu. »

N’oublions pas la deuxième lecture, de la Lettre aux Hébreux. Elle nous rappelle que nous avons tous besoin d’être sauvés, ce qui semble souvent nous échapper, comme s’il était acquis et normal que nous passions de ce monde au Royaume de Dieu.
La Lettre aux Hébreux nous dit que Jésus « possède le sacerdoce qui ne passe pas. C’est pourquoi il est en mesure de sauver d’une manière définitive ceux qui s’avancent vers Dieu grâce à Lui car il vit pour toujours afin d’intercéder en leur faveur. »
Jésus s’est offert lui-même en sacrifice pour nous sauver. C’est ce que chaque messe actualise. Il n’est pas facultatif de participer à ce Saint Sacrifice, où nous sont redites tant de vérités essentielles, quoique mystérieuses.
Ces vérités ont transformé et magnifié la vie de tous ces saints et saintes que nous avons fêtés jeudi dernier.

Tout autour de l’église vous avez les portraits, ou photos, de ces grands exemples d’une vie chrétienne particulièrement consacrée à l’amour de Dieu et du prochain. Par leur diversité, ces saints et saintes représentent l’humanité tout entière. Nous y trouvons tous les âges, des enfants aux plus vieux ; tous les niveaux intellectuels, des plus simples aux génies ; toutes les conditions physiques, des plus robustes jusqu’aux malades et impotents ; toutes les situations sociales, des plus humbles serviteurs jusqu’aux rois, reines et princes ; des laïcs aux religieux.

Priant aujourd’hui pour ceux qui nous ont quittés depuis la Toussaint précédente, nous rendons grâces pour ce qu’ils ont accompli dans le sens du don d’eux-mêmes aux autres, et nous demandons au Seigneur de les accueillir dans sa lumière et son amour.

Amen.
Père Jean Rouillard

16 octobre 2012

Homélie du 14 octobre 2012-Vatican II toujours d'actualité ?

Homélie du 28ème dimanche du temps ordinaire - Année B

Je voudrais demander un effort particulier à ceux d’entre vous qui avez 70 ans et plus : pendant quelques minutes, mettez-vous à la place de quelqu’un qui a 15, 20 ou 25 ans et à qui on dit « nous fêtons les 50 ans de Vatican II » … que voulez-vous que ça lui fasse ? Quel intérêt pour lui ? Il n’a pas lu les textes –peut-être vous non plus, d’ailleurs ?- et il n’a évidemment aucun souvenir …

Réponse de Benoît XVI : je promulgue une année de la foi ! Car en ce qui concerne Vatican II, s’il ne s’agissait que de souvenirs et d’anniversaire, alors seuls ceux qui ont 70 ans et plus pourraient trouver un intérêt à commémorer l’évènement …

Le Concile, c’est comme l’Eglise : il ne se regarde pas lui-même, il permet de regarder Dieu, de regarder le monde, afin de présenter Dieu au monde, aujourd’hui et demain, pour nourrir et répandre la Foi. Cela veut dire que, cette année,  grâce à cet anniversaire, nous allons faire deux choses :

En « interne », approfondir notre foi, faire grandir notre foi, pour voir combien elle est belle, complète, et lumineuse, à l’instar de la sagesse qui a été chantée dans la première lecture.

Et d’autre part, en « externe », nous allons nous demander comment nous allons la répandre autour de nous, cette foi magnifique, en tenant compte du monde d’aujourd’hui : l’année de la foi est naturellement une année de l’évangélisation, et Vatican II est un tremplin pour la Nouvelle Evangélisation ! C’est la raison pour laquelle Benoît XVI réunit en ce moment même les évêques du monde entier pour plancher sur le sujet de l’évangélisation.

En fêtant le 50ème anniversaire de Vatican II, nous redisons à la jeunesse et aux enfants qui sont là : vous avez en vous un grand trésor, la Foi, et si vous voulez savoir ce qu’elle est exactement, vous avez à votre disposition une bibliothèque assez complète et moderne  à votre disposition, composée de
-          Les textes du Concile, parus en 1965
-          Un « fruit authentique du Concile » :  le Catéchisme de l’Eglise Catholique, paru en 1992
-          Le résumé du Catéchisme de l’Eglise Catholique (surnommé « compendium », paru en 2005)
-          Le youcat qui est une présentation spécialement tournée vers les plus jeunes, paru en 2011

et qui sont tous les quatre la même chose présentée différemment.

Celui qui connaît sa foi est fort et heureux, bien que comme tout le monde, il soit en lui-même faible et pécheur et justement parce qu’il reconnaît sa faiblesse, il a besoin de se raffermir dans la foi !

Cependant, il nous manque deux choses pour que le tableau soit complet : l’amour de l’Eglise et la juste interprétation des textes du Concile.

L’amour de l’Eglise
Ce serait un désastre que nous considérions l’Eglise simplement comme une organisation, alors qu’elle est une mère, qui nous a mis eu monde spirituellement. Dieu est notre Père, l’Eglise est notre mère qui reçoit l’ombre de l’Esprit et qui met au monde les fils de Dieu.

Lorsque le Concile a parlé de l’Eglise (Constitution « Lumen Gentium »), elle n’a pas pu faire moins que de consacrer un chapitre entier –le chapitre 8- à celle qui est « typique » de l’Eglise, Marie, puisqu’elle a vécu personnellement ce que l’Eglise vit de façon communautaire.

Celui qui n’aime pas l’Eglise ne pourra pas accepter le Concile, il ne pourra même pas le comprendre, il faut que notre cœur soit d’accord pour que notre intelligence fonctionne, nous sommes un.

Et puis il y a le dernier point :

La juste interprétation  des textes conciliaires.
Et là, je vais être obligé de prononcer un gros mot, pardon …

En décembre 2005, voici ce que Benoît XVI, tout jeune Pape déclarait : « pourquoi l'accueil du Concile, dans de grandes parties de l'Eglise, s'est-il jusqu'à présent déroulé de manière aussi difficile? Eh bien, tout dépend de la juste interprétation du Concile ou - comme nous le dirions aujourd'hui - de sa juste herméneutique, de la juste clef de lecture et d'application. Les problèmes de la réception sont nés du fait que deux herméneutiques contraires se sont trouvées confrontées et sont entrées en conflit. L'une a causé de la confusion, l'autre, silencieusement mais de manière toujours plus visible, a porté et porte des fruits. D'un côté, il existe une interprétation que je voudrais appeler "herméneutique de la discontinuité et de la rupture"; celle-ci a souvent pu compter sur la sympathie des mass media, et également d'une partie de la théologie moderne. D'autre part, il y a l'"herméneutique de la réforme", du renouveau dans la continuité de l'unique sujet-Eglise, que le Seigneur nous a donné; c'est un sujet qui grandit dans le temps et qui se développe, restant cependant toujours le même, l'unique sujet du Peuple de Dieu en marche. »

Jeudi dernier, le jour anniversaire de l’ouverture du Concile, il complétait :
« j’ai insisté à plusieurs reprises sur la nécessité de revenir, pour ainsi dire, à la “ lettre ” du Concile – c’est-à-dire à ses textes – pour en découvrir l’esprit authentique, et j’ai répété que le véritable héritage du Concile réside en eux. La référence aux documents protège des excès ou d’une nostalgie anachronique ou de courses en avant et permet d’en saisir la nouveauté dans la continuité. Le Concile n’a rien produit de nouveau en matière de foi et n’a pas voulu en ôter ce qui est antique. Il s’est plutôt préoccupé de faire en sorte que la même foi continue à être vécue dans l’aujourd’hui, continue à être une foi vivante dans un monde en mutation. »

Je fais appel à votre imagination, pour que nous puissions trouver des moyens originaux et concrets, cette année, pour écouter les textes eux-mêmes, les voir de nos propres yeux et non pas seulement revus et corrigés par des spécialistes, ou pire : évoqués de loin dans un discours aérien.

Deux exemples :
Gaudium et Spes (l’Eglise dans le monde de ce temps), n°1
« Les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des hommes de ce temps,  des pauvres surtout et de tous ceux qui souffrent, sont aussi les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des disciples du Christ, et il n’est rien de vraiment humain qui ne trouve écho dans leur cœur. »

Cet appel-là a trouvé très vite et très largement un bon écho dans le monde catholique, et on ne peut que s’en réjouir ! Mais …

Sacrosanctum Concilium (sur la Liturgie), n° 116. Chant grégorien et polyphonie
« L’Église reconnaît dans le chant grégorien le chant propre de la liturgie romaine ; c’est donc lui qui, dans les actions liturgiques, toutes choses égales d’ailleurs, doit occuper la première place.

Les autres genres de musique sacrée, mais surtout la polyphonie, ne sont nullement exclus de la célébration des offices divins, pourvu qu’ils s’accordent avec l’esprit de l’action liturgique, conformément à l’article 30 ».

Jusqu’à présent, à cause de l’herméneutique de la rupture, nous avons fait le contraire de ce que le Concile disait … mais ça n’est pas la fin du monde, on va redresser la barre, de façon pondérée et progressive, sans précipitation et pour nourrir la foi.

Joyeux anniversaire, Cher Concile !

P. Emmanuel d'Andigné

Homélie du 07 octobre 2012- "Amen", ce très beau mot


Homélie du 27ème dimanche du Temps ordinaire - Année B

Petite histoire de la répudiation :
Entre 1900 et 1250 avant JC (pendant 600 ans !), un mari pouvait répudier sa femme du jour au lendemain, « sans autre forme de procès », comme dirait Monsieur de la Fontaine.

1250 : avec Moïse, Israël fait un gros progrès : on exige que soit rédigé un acte de répudiation (de la femme par l’homme, bien sûr… pas le contraire !)

A l’époque du Christ, celui-ci supprime la répudiation, purement et simplement, ce qui nous fait assez plaisir, d’autant plus que Jésus conçoit intellectuellement la répudiation dans les deux sens, et non pas seulement du côté masculin …

Commentaire de l’Evangile :
J’en ai fait l’expérience cette semaine : il n’y a pas un évangile aujourd’hui, il y en a deux ! Le premier est difficile à avaler, à notre époque, tant sont nombreux les cas que nous connaissons d’échec en matière conjugale.

Or, la deuxième partie éclaire la première, je vais donc commencer par la deuxième, si vous voulez bien patienter un peu …

Il y a un tout petit mot très important dans la deuxième partie : « Amen. » Amen est un mot qui signifie « solidité », « inébranlable », « in déplaçable ».  Amen est un mot liturgique juif qui finalement veut dire : Dieu est la « chose » la plus solide qui soit, le fondement  absolu, le repère qui ne bougera jamais, la seule chose qui soit absolument sûre.

On compare Dieu souvent à un rocher, ce qui exprime la même réalité ;  c’est la raison pour laquelle Jésus dit qu’il faut bâtir sur le roc, et non sur le sable : le roc est cette pierre solide et unique qui représente Dieu, le sable représente les multiples dieux qui ne peuvent fournir une base solide à quoi que ce soit.

Par ce simple mot, Jésus indique, juste après avoir affirmé l’indissolubilité du mariage, qu’il faut reposer cette union et cette indissolubilité sur Dieu, sans quoi, l’homme laissé à ses propres forces est beaucoup plus fragile.

Conclusion : Dieu ne se contente pas de donner des exigences, il donne surtout sa grâce, lui-même, pour conférer persévérance et solidité aux époux. Cela veut dire que, en attendant de savoir comment il faut faire - au plan individuel ou au plan ecclésial- quand le mariage au vinaigre, il faut de toutes façons donner à la jeunesse et à ceux qui sont ensemble dans la concorde et dans la paix l’enseignement de Jésus qui leur dit : que votre roc soit Dieu, appuyez-vous sur Dieu, revenez à Dieu, que Dieu soit lui-même la solidité et la paix de votre union, et non pas simplement vos deux bons caractères, la chance ou l’absence de trop gros problèmes dans votre famille.

« Amen » indique aussi que les époux ont entre eux –c’est capital- un lien qui est le même que celui qui unit le Père et le Fils dans la Trinité : c’est ce qui explique la netteté du discours de Jésus ; le mariage a pour vocation de signifier à sa manière la Trinité, à savoir la distinction des personnes et l’unité indissoluble, l’amour, la fécondité …

La Trinité montre aux époux la beauté de ce qu’ils sont : ils ressemblent spécialement à Dieu par leur communion, leur différence et leur unité.

Mais il faut ajouter autre chose : on ne peut pas lire cet Evangile seulement avec cet éclairage immédiat, il est toujours profitable d’éclairer un passage par un autre passage, ainsi que les Pères avaient coutume de procéder. Nous allons donc nous demander dans quel autre passage de l’Evangile il est question d’adultère.

En Jean, 8,11, Jésus a prononcé cette phrase si célèbre : « moi non plus je ne te condamne pas », dit-il à la femme adultère. Cela signifie que Jésus distingue fortement les principes, sur lesquels il se montre intransigeant, pour notre bien, et les personnes, pour lesquelles il a une infinie tendresse. Notons au passage que, à ceux qui se jugent impeccables, il déclare : « que celui qui n’a jamais péché lui jette la première pierre », rappelant aux époux fidèles d’aujourd’hui qu’ils doivent purifier encore cet attachement qu’ils n’ont pas sali gravement.

Jésus a dit aussi : « je ne suis pas venu pour juger le monde, mais pour le sauver (Jn 12) ». Il a dit aussi « venez à moi, vous tous qui peinez … et je vous procurerai le repos (Mt 11) »

Jésus est ferme sur le principe, mais doux avec les personnes : « Mt 11, 29 Prenez sur vous mon joug, devenez mes disciples, car je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos. Oui, mon joug est facile à porter, et mon fardeau, léger. »

Dans une église, celui qui a souffre ou a souffert quant à l’amour ou quant à tout autre chose d’ailleurs trouve le repos et le regard tendre et aimant du Christ. « Retrouve ton repos mon âme car Le Seigneur t'a fait du bien, Il a sauvé mon âme de la mort gardé mes yeux des larmes et mes pieds du faux pas » dit le psaume 114.

L’Eglise, aujourd’hui, ne fait que continuer fidèlement à être la présence moderne de Jésus dans le monde … inébranlable sur les principes, précise sur les circonstances du mariage -afin d’établir s’il y a eu ou non mariage en cas d’échec- et mettant en place des structures d’écoute et d’accompagnement dont les affiches ornent le fond des églises, mais curieusement pas celui des mairies.

Cependant, les structures ne suffisent pas, et rien ne remplacera les fantassins, je veux dire chaque chrétien, qui doit se faire le proche de tous et spécialement de ceux qui ont eu à souffrir.

P. Emmanuel d'Andigné

Homélie du 30 septembre 2012-les trois esprits


Homélie du 26ème dimanche du Temps Ordinaire - Année B

La semaine dernière, j’évoquais la rencontre harmonieuse et nécessaire entre Foi et raison : c’est bien sûr l’Esprit Saint qui fait la synthèse entre les deux et qui conduit à la vérité : Jésus lui-même !

Il y a dans les textes d’aujourd’hui trois sortes d’esprits qui sont mentionnés explicitement ou implicitement : l’Esprit de Dieu, les esprits mauvais et l’esprit de l’homme.

A propos de l’Esprit de Dieu :
Vous noterez que c’est Dieu qui a l’initiative de déposer son esprit sur les soixante-dix anciens, soixante-huit auxquels il faut ajouter Eldad et Medad. C’est bon de noter cela aujourd’hui, car nous avons pris l’habitude ces temps-ci d’invoquer l’Esprit Saint, et c’est une bonne chose, mais Dieu vient de nous rappeler qu’il est maître du jeu, et qu’il veut avoir affaire à des humbles …

Moïse est un humble : il a protesté au moment de son « élection » par Dieu, arguant de sa mauvaise élocution. Les anciens qu’il a appelés ne se sont pas appelés eux-mêmes, c’est la plus élémentaire humilité.

« Vous êtes la lumière du monde ! » nous a dit Jésus. Comment recevez-vous cette phrase qui vous concerne vous tout autant que les contemporains de Jésus ? Je suppose que vous avez spontanément une réaction de modestie, mais j’espère que peu après vous vous dites : l’Esprit Saint a été répandu en moi, et donc, je porte en moi la lumière du monde, je suis donc bien avec toute l’Eglise la lumière du monde ! « Vous êtes … », dit Jésus « la lumière du monde », il n’a jamais dit à personne : « tu es la lumière du monde… »

Finalement, la modestie est moins intéressante, spirituellement, que la dépendance vis-à-vis de la communauté : c’est tous ensemble que nous sommes la lumière du monde.

A propos des esprits mauvais
Savez-vous ce que Jésus faisait systématiquement en arrivant quelque part avant d’enseigner quoi que ce soit ? Toujours trois choses :

Il donnait à manger à ceux qui avaient faim
Il guérissait les malades et …
Il chassait les esprits mauvais !

Les esprits mauvais n’ont pas disparu avec l’époque moderne ! Et moi, je connais trois moyens de chasser les esprits mauvais : les deux prières de l’Eglise à ce sujet et la conversion.

Les prières de l’Eglise sont l’exorcisme et la prière de délivrance. L’exorcisme, nous le laissons à l’exorciste, c’est-à-dire l’Evêque ou celui qu’il a chargé de ce ministère particulier. La prière de délivrance, quant à elle, peut être pratiquée par n’importe quel prêtre, après le sacrement de la réconciliation, pour délivrer des attaches légères à tel ou tel esprit.

« Se convertir », voilà qui résume bien l’Evangile d’aujourd’hui, que nous allons tâcher de lire avec foi … et raison ! Oui, il faut arracher son œil s’il nous conduit au péché, mais dans le sens de la radicalité, de l’immédiateté, pas au sens matériel du terme.

Origène, vous le savez, fut un très grand commentateur des Textes sacrés, mais il ne sera jamais ni canonisé ni Père de l’Eglise pour la bonne raison qu’il s’est mutilé (sexuellement) afin d’appliquer matériellement Matthieu 19,12, qui pourrait être interprété comme un appel à se mutiler pour suivre vraiment le Christ …

La purification de l’œil présente dans l’Evangile est d’une incroyable modernité, tant est présent notre attachement à la vue, nous qui passons d’un écran à l’autre toute la journée, jusque tard dans la nuit.

Cette semaine, nous pourrions faire un cadeau à Dieu : celui d’un  regard clair et pur, assorti d’une prière « Donnez-moi, Seigneur, un regard clair et pur ».

Le mois d’Octobre est surnommé « mois du rosaire » : rapprochons-nous de Marie, « Tour d’ivoire (litanies de la sainte Vierge) » qui ne donne aucune prise au démon par la pureté de ses yeux et de ses mains, elle saura bien nous rapprocher de Jésus !

P. Emmanuel d'Andigné

Homélie du 23 septembre 2012-pas de foi sans raison !


Homélie du 25ème dimanche du temps Ordinaire - Année B

« LA FOI ET LA RAISON sont comme les deux ailes qui permettent à l'esprit humain de s'élever vers la contemplation de la vérité. » C’est ainsi que débute l’encyclique « Foi et Raison » du Bienheureux Jean-Paul II.

Ce qui se passe actuellement dans le monde musulman est très intéressant et très important à observer même pour nous, du point de vue de la rencontre entre Foi et raison.

En 2006, Benoît XVI a prononcé un discours très important à Ratisbonne, en Allemagne (à lire quand on est bien en forme, c’est un texte très beau mais un peu compliqué). L’idée principale est la même que dans Fides et ratio : il y a en l’homme trois réalités, la raison, la foi (ou en attendant la capacité de se tourner vers Dieu) et la recherche de la vérité. La synthèse de ces trois réalités fera un chrétien (ou plus largement un croyant) adulte, heureux et utile à son prochain .

Il y a comme trois possibilités : la Foi sans la raison (fidéisme), la raison sans la foi (rationalisme) et la synthèse harmonieuse entre la foi et la raison.

Nous avons l’illustration moderne d’une foi sans la raison avec ce qui passe actuellement dans l’Islam, et qui produit chez ceux qui en souffrent une violence plus facile à réveiller (d’ailleurs, les parents font quotidiennement l’expérience de ce que l’impuissance à raisonner un enfant produit facilement la violence comme ultime moyen de faire avancer les choses dans le bon sens…)

La vraie question n’est pas la différence entre un Islam modéré et un Islam violent, la vraie question est la rencontre dans cette religion entre la raison et la foi … et dans la nôtre ! Nous ne sommes à l’abri de rien.

Que produit la raison sans la foi ? Benoît XVI dans le discours de Ratisbonne rappelle que la raison se « rétrécit », en quelque sorte sans la foi, même rationnellement, car elle se prive notamment de deux questions qui l’élargissent et lui donnent toute sa mesure : « d’où venons-nous ? Où allons-nous ? » La Foi répond à ces questions et permet à l’intelligence de ne pas être étriquée.

La raison sans la foi peut être intellectuelle mais pas intelligente. L’intelligence, tout le monde en est capable, même sans avoir fait des études … la foi donne une certaine intelligence, une certaine sagesse.

Pourquoi les catholiques sont-ils en pointe contre la braderie du mariage ? Attachement sentimental à des vieilles choses ? Bien sûr que non ! La foi maintient chez les catholiques un certain bon sens et une raison large et puissante. Dieu est Esprit : le fréquenter développe l’esprit, c’est tout simplement logique.

Il y a la Foi sans la raison la raison sans la foi, et il y a … les paroissiens de sainte-Bernadette ! Ils vont opérer cette année comme l’année dernière une synthèse intelligente entre foi et raison, et voici comment (soyons pratiques) :

Pour faire grandir notre Foi, il y a bien sûr la prière (je pense au chapelet ou à l’adoration), mais aussi la pratique des sacrements (et surtout eucharistie et pardon.

Pour épanouir notre raison, nous ferons un nouvel effort de formation, au moyen des « Week-end Jeunes Familles », des parcours alpha, du catéchisme adulte, de la formation à l’évangélisation.

Dans l’Evangélisation, nous serons attentifs au grand danger de la « foi toute seule », qui empêche le dialogue avec un non-croyant. Par ailleurs, à un moment ou à un autre, les discussions s’avèreront insuffisantes, il faudra alors favoriser une rencontre personnelle avec le Christ, ce Messie crucifié dont on vient d’entendre parler dans l’Evangile, cette annonce simple qui n’est accessible que si on a un cœur d’enfant, comme vient de le dire Jésus.

C’est la Vierge Marie qui forme en nous le cœur d’enfant, c’est à elle qu’il faut demander comment faire …

P. Emmanuel d'Andigné

21 septembre 2012

Homélie du 16 septembre 2012 - avec ou sans l'Esprit Saint ?


Homélie du 24ème dimanche du temps Ordinaire - Année B

En ce presque début d’année (scolaire), nous avons la grâce par l’Eglise et les Paroles qu’elle nous propose de nous centrer sur l’ESSENTIEL.

En effet dans l’Evangile de Marc (que nous venons d’entendre), nous sommes à un point de basculement, avec la question que Jésus pose : « pour vous, qui suis-je ? » Notez la délicatesse de Jésus. D’abord il n’interroge pas les disciples tout de suite, mais il leur demande ce qu’en pensent les gens. C’est un peu ce que l’on a fait ce samedi matin en parlant du cours Alpha dans la rue. Dans un deuxième temps, cette question « qui suis-je ? » donc est posée aux disciples et nous est posée à nous, à chacun.

_ Qui est Jésus pour chacun de nous :

Un homme du passé

Un guérisseur

Celui vers qui je m’épanche uniquement dans la peine

Celui qui me conforte dans un confort spirituel

Celui que j’interpelle quand j’ai besoin

Un devoir religieux de fin de semaine

Ou Celui sur qui toute ma vie est fondée, toute ma vie repose.



Temps de silence pour recevoir la question


Pierre quant à lui a répondu, mais nous savons que sa réponse spontanée manque encore de profondeur. Et nous, où en sommes-nous aussi ?

En cette année dite de la Foi, il est heureux que nous recevions cet Evangile, car encore une fois la question de Jésus nous replonge au fondement de la Vie Chrétienne. La Vie chrétienne, la Foi chrétienne, ce n’est pas d’abord des valeurs, une morale, une éthique (dit-on maintenant) ou même à vous choquer « une vie d’amour ». La Foi chrétienne, c’est suivre quelqu’un, Jésus-Christ, pour faire la volonté du Père, vécu en Esprit.

Bien sûr des valeurs sont émergées, une morale va en découler, mais ce qui est premier, c’est « reconnaître » Jésus comme Fondement de notre vie.

Jésus va aller plus loin avec Pierre et les disciples, il va préciser : Jésus les appelle, nous appelle à la suivre, c’est déjà très bien. De la reconnaissance de Jésus comme Messie, il faut passer à l’étape « Etre son disciple ». Sinon, il s’agit d’une croyance, bonne base, mais pas suffisante.

_ Etre disciple, c’est suivre Jésus, 2ème question à se poser : est-ce que je veux être son disciple ? C’est lui qui nous le dit et il précise comment : en renonçant à soi-même, non pas dans un esprit masochiste, non pas en ayant plus de volonté propre, mais en ordonnant ma volonté à la sienne, mais pour que Lui prenne toute sa place.

Passer le volant de sa voiture. Prendre sa croix, dit Jésus, c’est assumer sa vie.

Alors là, attention : regardons bien comment est dite par Jésus cette parole : « Si quelqu’un veut marcher derrière moi, qu’il renonce à lui-même, qu’il me suive Moi. Le renoncement indispensable est encadré par la relation à Jésus. Prendre sa croix tout seul, c’est mortifère (et malheureusement beaucoup vivent cela par la force des choses, des événements). Nous devons toujours lier les deux : suivre Jésus et vivre notre vie d’homme. C’est suivre Jésus qui nous sauve. Ce ne sont pas nos œuvres qui nous sauvent, c’est Jésus. C’est, pour reprendre Isaïe, parce que « le Seigneur m’a ouvert l’oreille » que je peux vivre de la vie de Dieu.

_ Enfin, dernier point pour que la foi ne soit pas illusion ou évasion, elle doit déboucher sur un agir. C’est ce que rappelle l’épître de Jacques : « Tu prétends avoir la foi, moi je la mets en pratique ; moi, c’est par mes actes que je te montrerai ma foi. »

Oui, Dieu révélé par Jésus nous pousse à vivre et agir pour nos frères (avec) nos frères humains. Mais là aussi, attention : cet agir, cette concrétisation, cette « incarnation » de notre foi, doit toujours être en référence à Jésus qui nous a ouvert le chemin. Nous avons sans cesse à vérifier que ce que nous vivons est conforme à ce que Jésus a vécu, et à ce qu’il a annoncé.

N’opposons pas, comme on le fait si souvent, action et contemplation : l’un et l’autre s’auto alimentent. La vraie prière mène à l’action et à poser des gestes justes. Nous avons peut-être à nous adresser, les uns et les autres, dans la relation personnelle, à Dieu, à Jésus, à l’Esprit.

Je veux finir par ce très beau texte de Ignace de Lattaquvé en juillet 1998 (Métropolite orthodoxe) :

Sans l’Esprit-Saint Dieu est loin. Le Christ est dans le passé.

L’Evangile est une lettre morte. L’Eglise est une simple organisation.

L’autorité est une domination. La mission est une propagande.

Le culte est une évocation. L’agir chrétien est une morale d’esclave.

Mais avec l’Esprit-Saint,

Le cosmos soulevé gémit dans l’enfantement du royaume.

Le Christ ressuscité est là. L’Evangile est une puissance de vie.

L’Eglise est une communion trinitaire. L’autorité est un service libérateur.

La mission est une Pentecôte. La liturgie est mémorial et anticipation.

L’agir humain est déifié.

En cette année de la Foi, demandons la grâce de découvrir encore plus qui est Jésus, et de progresser en Lui, pour être davantage ses disciples.


Alain Curtet – Diacre (paroisses Saint Léonard- Sainte Madeleine)

Homélie du 09 septembre 2012-sans Dieu, l'homme est un loup pour l'homme

Homélie du 23ème dimanche du temps Ordinaire - Année B


« L’homme est un loup pour l’homme »
Savez-vous qui a prononcé cette phrase ? Celui qui l’a rendue célèbre, c’est Thomas Hobbes (rien à voir avec le Nouvel Obs !…)

Précisons que dans la pensée de Hobbes, il faut fonder la politique sur un pacte qui relie les citoyens et non sur la religion ou la tradition (ça commence mal !)

Mais ce n’est pas lui qui a dit ça le premier … il s’agit de Plaute (254 avant Jésus-Christ), qui utilisé cette phrase de façon légère et pas du tout philosophique, et voici exactement ce qu’il a dit : « Quand on ne le connaît pas, l’homme n’est pas un homme, c’est un loup pour l’homme (Asinaria) »

Il n’y a donc aucune théorie compliquée sur la méchanceté des hommes, mais simplement une description amusée sur la méfiance pour l’étranger, dans tous les sens du terme …

Cette phrase a disparu, curieusement, pendant le développement du christianisme, Moyen-âge compris ! Elle a réapparu dans la mal nommée « renaissance », et a connu jusqu’au XXème siècle un grand succès : Erasme, Rabelais, Montaigne, Agrippa d'Aubigné, Francis Bacon, Hobbes, Schopenhauer et Sigmund Freud l’ont reprise à leur compte.

Autrement dit, lorsque Dieu est présent dans la pensée et dans la société, les hommes comprennent qu’ils ont le même Père, que par conséquent, qu’ils sont frères, et que, en principe, on ne tape pas sur son frère !

On devrait donc dire : SANS DIEU …l’homme est en effet un loup pour l’homme. Nous récoltons aujourd’hui les fruits pourris d’une philosophie qui s’est détournée de Dieu depuis le 16ème siècle (naissance du rationalisme), et son dernier-né est le fameux individualisme dont tout le monde parle aujourd’hui et dont l’origine est évidemment la disparition de Dieu.

Si nous devons faire réussir tous ensemble le parcours Alpha, ce n’est pas pour reposer les nerfs de ceux qui en sont responsables (encore que c’est sympa de le faire…) ; si nous devons faire réussir Alpha et tout œuvre d’évangélisation, c’est parce que le cœur des hommes d’aujourd’hui est comme la terre dont parle Isaïe : « L'eau jaillira dans le désert, des torrents dans les terres arides. Le pays torride se changera en lac ; la terre de la soif en eaux jaillissantes. »

Il y a trois soifs et trois faims : la soif et la faim tout court (il ne faut jamais l’oublier, celle-là) ; la soif et la faim d’être aimés par nos semblables ; la soif et la faim d’être aimés par Dieu.

Lorsque Dieu a créé le Ciel et la terre, il fait du chaos un cosmos (du désordre un ordre) et une fois le cosmos confié à l’homme, celui-ci a pris le contrôle –et c’est bien ! Mais il s’est peu à peu relâché, et a installé un faux ordre, un semblant d’ordre, ce que Saint Jean appelle « l’Esprit du monde ». Et c’est ce faux ordre que Dieu entend renverser

Saint Jacques, dans la deuxième lecture, a les pieds sur terre : il sait que, même dans une communauté chrétienne, nous avons tendance à oublier l’échelle des valeurs de Dieu, et nous appliquons l’échelle des valeurs terrestres, puissance, richesse, puissance intellectuelle sont mieux considérées que faiblesse, pauvreté et insuffisance intellectuelle…

Eh bien nous qui célébrons le Christ ressuscité dans la chapelle Notre-Dame de Lourdes alias paroisse Sainte-Bernadette, faisons comme à Lourdes, où les malades, les enfants, les plus faibles sont prioritaires, en remettant, finalement les choses dans le même ordre que Dieu : l’ordre de la charité.

P. Emmanuel d'Andigné

20 septembre 2012

Homélie du 02 septembre- le carré apostolique

Homélie du 22ème dimanche du Temps Ordinaire - Année B

Aujourd’hui, je voudrais vous faire une homélie « carrée » ! En forme de carré, plus précisément … je vais vous expliquer pourquoi. Mais auparavant, je voudrais vous rappeler un principe d’interprétation de l’Ecriture sainte chez les Pères de l’Eglise : on interprète d’abord l’Ecriture par l’Ecriture, parce qu’il est bien évident qu’il n’est pas de meilleur commentateur de la parole de Dieu que Dieu lui-même ! D’ailleurs, tout le Nouveau Testament s’est construit sous la forme d’un commentaire de l’Ancien …



Les pères de l’Eglise ont donc pratiquement toujours interprété l’Ecriture par l’Ecriture, en utilisant des citations de la Bible pour commenter d’autres textes de la Bible. A ce principe, ils ajoutèrent le repère du Credo et de l’enseignement des Apôtres, pour ne pas partir dans des chemins de traverse. Autrement dit, les Pères se posaient deux questions fac à un texte biblique :



- A quel texte biblique ce texte me fait-il penser ?

- Mon interprétation est-elle conforme au Credo et à l’enseignement des Apôtres en général, tel qu’il est consigné dans le Nouveau Testament ?



Aujourd’hui, comme vous, j’entends Jésus dire : « Vous laissez de côté le commandement de Dieu pour vous attacher à la tradition des hommes. »



Cette phrase, isolée, sans le reste de l’Evangile a l’air de dire : « laissons tomber les règlements, les lois, les prescriptions, en matière de religion, seul l’amour compte, on peut donc tout faire, par exemple en liturgie, puisque Jésus vient de dire que les traditions empêchent d’observer le commandement de Dieu, l’Amour »



Mais Jésus a dit aussi :



Mt 5, 17 « Ne pensez pas que je suis venu abolir la Loi ou les Prophètes : je ne suis pas venu abolir, mais accomplir. Amen, je vous le dis : Avant que le ciel et la terre disparaissent, pas une lettre, pas un seul petit trait ne disparaîtra de la Loi jusqu'à ce que tout se réalise. Donc, celui qui rejettera un seul de ces plus petits commandements, et qui enseignera aux hommes à faire ainsi, sera déclaré le plus petit dans le Royaume des cieux. Mais celui qui les observera et les enseignera sera déclaré grand dans le Royaume des cieux ».



Dans le même genre, voici une texte du Concile Vatican II (Sacrosanctum Concilium, sur la liturgie [n°22]) : « c’est pourquoi absolument personne d’autre (que les Evêques), même prêtre, ne peut, de son propre chef, ajouter, enlever ou changer quoi que ce soit dans la liturgie. »



Alors quoi ? Jésus est-il progressiste, tradi’, anarchiste, rubriciste ???



Pour répondre à ces quatre mauvaises questions, Jésus a dit (Mt 23, 23) : « Malheureux êtes-vous, scribes et pharisiens hypocrites, parce que vous payez la dîme sur la menthe, le fenouil et le cumin, mais vous avez négligé ce qu'il y a de plus grave dans la Loi : la justice, la miséricorde et la fidélité. Voilà ce qu'il fallait pratiquer sans négliger le reste. »



Jésus nous donne là une très belle définition de l’amour : une foule de détails auxquels il faut se soumettre sans cesse (n’est-ce pas ce que vous vivez dans le mariage ?) et un élan du cœur qui ne se trouve pas dans les détails, mais qui leur donne un sens, une cohérence, un goût, et un quelconque intérêt.



Et c’est là qu’intervient le carré !



Jésus a confié l’Eglise aux 12 apôtres. On pourrait dire 14, puisque Judas a fait défection, que Saint Matthias l’a remplacé, et que Saint Paul fut désigné après la Pentecôte par jésus lui-même sur le chemin de Damas.



Quatre d’entre les douze « dominent le champ des forces » nous dit le théologien Suisse Balthazar, leur rôle fut déterminant dans les débuts de l’Eglise.



Pierre incarne l’autorité, il se « retrouve » chez tout responsable dans l’Eglise. Paul, lui, incarne la liberté dans l’Esprit Saint : il serait le « progressiste » de la bande, mais aussi le «charismatique», ce qui brouille un peu les cartes d’aujourd’hui et tant mieux. Jacques, quant à lui est sensible à la Tradition : il serait le « tradi’ » du groupe ! Jean, enfin, incarne d’avantage l’Amour : il serait le « spirituel » parmi les Apôtres.



Chacun a donc incarné un des aspects de l’amour tel qu’il fut révélé par Jésus, avec deux précisions :



1) Chacun des quatre a bien été un membre de l’Eglise, aucun d’eux ne s’est retiré pour défendre son idée, la durcir et se croire au principe de l’Eglise.



2) Chacun des quatre a porté maladroitement sa charge, d’où les dissensions, les controverses, les échanges houleux …



Ce qui est bon dans le « carré apostolique », pour nous aujourd’hui, c’est qu’il nous guérit d’un bi-polarisme qui détruit l’Eglise et qui la dénature, parce que nous sommes influencés par la mentalité politique française qui fait qu’on doit être de droite ou de gauche pour savoir qui on est.



Ce qui est bon dans le « carré apostolique », c’est qu’il montre la complexité des tendances dans l’Eglise, et j’espère bien que vous vous êtes reconnus dans au moins deux personnages, voire trois … si vous vous êtes reconnus dans un seul personnage, inquiétez-vous !



Les physiciens nous disent qu’un « champ de forces » peut être électrique, magnétique, ou gravitationnel : même sans savoir précisément ce que cela peut vouloir dire, il est aisé de comprendre qu’il s’agit de mouvement, et d’un mouvement provoqué par les tensions entre les diverses forces en présence.



En Dieu, il y a un « mouvement » trinitaire, une circulation amoureuse, qui débouche sur la création, afin de faire profiter à d’autres de l’amour qui est en Dieu.



Dans une paroisse, le « champ de forces » éduqué dans l’amour divin par Dieu lui-même, permet par le mouvement ainsi produit de faire profiter à d’autres l’amour qui est en Dieu : c’est ni plus ni moins l’évangélisation !



Le baptême est une nouvelle naissance, assurée par une mère, l’Eglise, et voilà pourquoi on a dit que Marie était une « première Eglise ». Cette mère qui communique à l’Eglise toutes les qualités maternelles et féminines dont l’Eglise a besoin pour conserver les pieds sur terre et ne pas diviser la famille : l’Evangélisation est une Visitation, de sorte que la communauté chrétienne qui vient d’accueillir en elle le Sauveur ne peut pas s’empêcher de communiquer sa joie à ceux qui attendent un Messie.



P. Emmanuel d'Andigné

homélie du 26 août 2012- les auditeurs de Jésus n'étaient pas naïfs


Homélie du 21ème dimanche du Temps Ordinaire - Année B


« Ce que Jésus a dit est intolérable, on ne peut pas continuer à l’écouter ! » cette réaction de nombreux disciples après la déclaration de Christ : « celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle, » cette exclamation montre bien que les auditeurs de Jésus n’étaient pas tous des naïfs, des admirateurs crédules ou des gens peu évolués prêts à admettre tout ce que disaient des beaux parleurs… Ils avaient du bon sens et refusaient de croire en ce qui leur paraissait contraire à la raison.



Jésus laisse même entrevoir qu’il vient de beaucoup plus haut que la simple humanité. « Et quand vous verrez le Fils de l’homme monter là où il était auparavant ?... »



Or Jésus s’était montré particulièrement provocant : « Moi je suis le pain vivant, qui est descendu du Ciel : si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement. Le pain que je donnerai, c’est ma chair, donnée pour que le monde ait la vie. » Nous nous rappelons l’Evangile de dimanche dernier : les Juifs discutaient entre eux : « Comment cet homme-là peut-il nous donner sa chair à manger ? »



Pour ajouter foi aux paroles du Christ, il faut donc de très sérieuse raisons et accepter que Dieu intervienne en notre monde.

Ces paroles très surprenantes de Jésus amènent chacun à prendre ses responsabilités : « A partir de ce moment, beaucoup de ses disciples s’en allèrent et cessèrent de marcher avec lui. »



La question est posée directement aux douze : « Voulez-vous partir vous aussi ? »

Cette même question est posée à chacun d’entre nous, aux heures de choix décisifs sans doute, mais aussi chaque fois que nous avons à user de notre liberté d’action.



C’est de toutes les époques, et déjà de nombreux siècles avant Jésus-Christ, Josué réunissait les chefs, les juges et les commissaires, et disait à tout le peuple : « S’il ne vous plaît pas de servir le seigneur, choisissez aujourd’hui qui vous voulez servir : les dieux que vos pères servaient au-delà de l’Euphrate, ou les dieux des Amorites dont vous habitez le pays. »

Et Josué déclare son choix : « Moi et les miens, nous voulons servir le Seigneur. »

Ce qui amène le peuple à répondre dans le même sens : « Plutôt mourir que d’abandonner le Seigneur pour servir d’autres dieux ! » Puis le peuple chante les louanges de ce Seigneur qui l’a fait monter du pays d’Egypte, maison d’esclavage… et a opéré de grands prodiges, le protégeant tout au long du chemin.



« Choisissez aujourd’hui qui vous voulez servir ! » C’est la question que le Seigneur pose aux parents dès la naissance, pour le baptême, puis lorsque les enfants atteignent l’âge du catéchisme ; c’est la question qu’il pose quelques années plus tard lorsque les mêmes enfants prononcent leur Profession de Foi. C’est toujours la même question pour l’orientation de la vie, la réponse à une éventuelle vocation, le projet d’une union conjugale : mariage religieux, cérémonie seulement civile, « PACS », union dite « libre. »



La lettre de saint Paul aux Ephésiens, la page lue aujourd’hui, dépasse de loin les considérations pratiques, avec les calculs des avantages et inconvénients d’ordre financier ou administratif en ce qui concerne le mariage. « Vous les hommes, aimez votre femme à l’exemple du Christ : il a aimé l’Eglise, il s’est livré pour elle… C’est comme cela que le mari doit aimer sa femme : comme son propre corps… C’est ce que fait le Christ pour l’Eglise, parce que nous sommes les membres de son Corps. Comme dit l’Ecriture : à cause de cela, l’homme quittera son père et sa mère, et tous deux ne feront plus qu’un. Ce mystère est grand : je le dis en pensant au Christ et à l’Eglise. »



Voilà comment l’Apôtre considère la soumission dans le mariage : « Soyez soumis les uns aux autres… par respect pour le Christ. » La référence est l’union du Christ et de l’Eglise, union d’amour. Il en est de même de la soumission du Christ à son Père. Bien sûr les pensées du Seigneur sont bien au-dessus des nôtres, et nous avons quelque peine à les saisir. « Les paroles que je vous ai dites, précise Jésus, sont Esprit et elles sont Vie… C’est l’Esprit qui fait vivre, la chair n’est capable de rien… » « Voilà pourquoi je vous ai dit que personne ne peut venir à moi si cela ne lui est pas donné par le Père. »



Que le Père nous donne de répondre avec la même confiance que Simon-Pierre : « Seigneur, vers qui pourrions-nous aller ? Tu as les paroles de la vie éternelle. »



Goûtez et voyez comme est bon le Seigneur !



Amen.

Père Jean Rouillard

01 septembre 2012

Homélie du 19 août 2012-conseils d'un roi à son fils


Homélie du 20ème dimanche du Temps Ordinaire-Année B

Pour une fois, pour l’homélie, je voudrais vous lire un texte tout fait ! Ce sont les circonstances-liturgiques- qui me poussent à ce choix : en effet, jeudi dernier nous fêtions Saint Etienne, roi de Hongrie et samedi prochain -25 août-, nous fêtons saint Louis, roi de France, or ces deux rois ont comme caractéristique commune d’avoir écrit un splendide testament spirituel à leurs fils, chacun à son époque (Xème pour Saint Etienne, XIIIème pour Saint Louis).

Le contexte a changé, mais la noblesse du cœur, l’intelligence du cœur : la sagesse (1ère lecture), ça ne se démode pas …

J’ai choisi de vous lire un extrait de la lettre de saint Louis à son fils, comme un testament spirituel, texte que l’on trouve dans le bréviaire des prêtres et des religieux, je trouve vraiment dommage que ce texte leurs soient exclusivement réservé !!!

Avant de lire : trois précisions

1) Saint Louis a vécu de 1214 à 1270 dans le très mal nommé Moyen-Age. « Moyen-âge » … quel drôle de nom !!! C’est un nom donné par une époque qui s’est elle-même appelée « renaissance », un peu comme si on a avait connu un âge d’or dans l’Antiquité et après une obscure période barbare, on renaissait …

L’obscure période barbare a porté un très grand nombre de saints, St Bruno, St Bernard, St Thomas d’Aquin, Saint Albert le Grand, Saint Dominique, Saint François et sainte Claire d’Assise, St Antoine de Padoue, sainte Jeanne d’Arc … ce qui pour une époque barbare n’est pas si mal, non ?

L’obscure période barbare a construit les plus belles cathédrales de France et d’Europe Reims, Paris, Chartres, Rouen, Amiens, … Angers !

Bref, on devrait essayer de trouver un autre nom pour cette période de grande fécondité spirituelle et culturelle dans laquelle fut écrite cette magnifique lettre que je vais vous lire.

2) Deuxièmement, il est frappant de constater que dans cette lettre Dieu a la première place, et même que sans lui, l’édifice du discours s’écroule. Beaucoup de gens, en dehors de l’église, pensent que les catholiques sont des gens comme tout le monde, mais avec une option, quelque chose en plus, un supplément d’âme … Pour saint Louis, vous allez voir, il en va tout autrement : enlevez Dieu, il n’y a plus rien !

Ça nous fait du bien, aujourd’hui, en France, de nous rappeler que Dieu pour nous n’est pas en plus du reste, mais donne un sens à tout le reste, de manière structurelle, structurante, essentielle.

3) Troisième et dernière précision : il nous faut vraiment invoquer l’Esprit Saint. Bon, il faut toujours le faire avant une homélie, pour que celle-ci ne soit pas un discours raté ou réussi, mais un canal de grâce … mais en tous les cas, aujourd’hui, pour qu’il nous aide à transposer ce que nous allons entendre à chacune de nos situations …

Aucun de nous n’est appelé à devenir roi de France, mais l’immense majorité des chrétiens sont des laïcs, et donc, le discours de ce fidèle laïc révèle une âme, une Sagesse, qui nous seront très profitables. Puissions-nous être sages, nous aussi, chacun selon notre état, et transmettre aux enfants une vraie sagesse chrétienne :

« Cher fils, je t'enseigne premièrement que tu aimes Dieu de tout ton cœur et de tout ton pouvoir, car sans cela personne ne peut rien valoir.
Tu dois te garder de toutes choses que tu penseras devoir lui déplaire et qui sont en ton pouvoir, et spécialement tu dois avoir cette volonté que tu ne fasses un péché mortel pour nulle chose qui puisse arriver, et qu'avant de faire un péché mortel avec connaissance, que tu souffrirais que l'on te coupât les jambes et les bras et que l'on t'enlevât la vie par le plus cruel martyre.

Si Notre Seigneur t'envoie persécution, maladie ou autre souffrance, tu dois la supporter débonnairement, et tu dois l'en remercier et lui savoir bon gré, car il faut comprendre qu'il l'a fait pour ton bien. De plus, tu dois penser que tu as mérité ceci (et encore plus s'il le voulait) parce que tu l'as peu aimé et peu servi, et parce que tu as fait beaucoup de choses contre sa volonté.

Si Notre Seigneur t'envoie prospérité, santé du corps ou autre chose, tu dois l'en remercier humblement, et puis prendre garde qu'à cause de cela il ne t'arrive pas de malheur causé par orgueil ou par une autre faute, car c'est un très grand péché de guerroyer Notre Seigneur de ses dons.

Cher fils, je t'enseigne que tu entendes volontiers le service de la sainte Église, et quand tu seras à l'église, garde toi de perdre ton temps et de parler vaines paroles. Dis tes oraisons avec recueillement ou par bouche ou de pensée, et spécialement sois plus recueilli et plus attentif à l'oraison pendant que le corps de Notre Seigneur jésus Christ sera présent à la messe, et puis aussi pendant un petit moment avant.

Cher fils, je t'enseigne que tu aies le cœur compatissant envers les pauvres et envers tous ceux que tu considéreras comme souffrants ou de cœur ou de corps ; et selon ton pouvoir soulage-les volontiers ou de soutien moral ou d'aumônes.

Prends garde que tu sois si bon en toutes choses qu'il soit évident que tu reconnaisses les générosités et les honneurs que Notre Seigneur t'a faits de sorte que, s'il plaisait à Notre Seigneur que tu aies l'honneur de gouverner le royaume, tu sois digne de recevoir l'onction avec laquelle les rois de France sont sacrés.

Cher fils, s'il advient que tu deviennes roi, prends soin d'avoir les qualités qui appartiennent aux rois, c'est-à-dire que tu sois si juste que, quoi qu'il arrive, tu ne t'écartes de la justice. Et s'il advient qu'il y ait querelle entre un pauvre et un riche, soutiens de préférence le pauvre contre le riche jusqu'à ce que tu saches la vérité, et quand tu la connaîtras, fais justice.

Sois bien diligent de protéger dans tes domaines toutes sortes de gens, surtout les gens de sainte Église ; défends qu'on ne leur fasse tort ni violence en leurs personnes ou en leurs biens.

Cher fils, je t'enseigne que tu sois toujours dévoué à l'Église de Rome et à notre Saint-Père le Pape, et lui portes respect et honneur comme tu le dois à ton père spirituel.

Mets grande peine à ce que les péchés soient supprimés en ta terre, c'est-à-dire les vilains serments et toute chose qui se fait ou se dit contre Dieu ou Notre-Dame ou les saints : péchés de corps, jeux de dés, tavernes ou autres péchés. Fais abattre tout ceci en ta terre sagement et en bonne manière.

Cher fils, je te donne toute la bénédiction qu'un père peut et doit donner à son fils, et je prie Notre Seigneur Dieu Jésus-Christ que, par grande miséricorde et par les prières et par les mérites de sa bienheureuse Mère, la Vierge Marie, et des anges et des archanges, de tous les saints et de toutes les saintes, il te garde et te défende que tu ne fasses chose qui soit contre sa volonté, et qu'il te donne grâce de faire sa volonté afin qu'il soit servi et honoré par toi ; et puisse-t-il accorder à toi et à moi, par sa grande générosité, qu'après cette mortelle vie nous puissions venir à lui pour la vie éternelle afin de le voir, aimer et louer sans fin. Amen. »

Bonus Internet :

Conseils de Saint Etienne (1er roi de Hongrie ; 970-1038) à son fils

 Avant tout, mon très cher fils, je te l'ordonne, je te le conseille et je t'y invite : Si tu veux faire honneur à la couronne royale, tu garderas la foi catholique et apostolique avec tant de zèle et d'exactitude que tu donnes l'exemple à tous ceux que Dieu a soumis à ton autorité; c'est alors que tous les hommes d'Église reconnaîtront en toi, à juste titre, cette profession de véritable christianisme sans laquelle, sache-le bien, on ne t'appellera pas chrétien ou fils de l'Église.

Dans notre palais royal, après la foi, c'est l'Église qui occupe la seconde place, elle qui a été semée d'abord par son chef, le Christ. Ensuite, ses membres, c'est-à-dire les Apôtres et les saints Pères, l'ont transplantée, solidement bâtie et répandue dans tout l'univers. Et bien qu'elle engendre toujours de nouveaux enfants, il y a des lieux précis où son antiquité est tenue pour certaine.

Cette Église, mon très cher fils, dans notre royaume est encore qualifiée de jeune et de toute nouvelle ; et c'est pourquoi elle a particulièrement besoin de protecteurs attentifs et clairvoyants. Sans cela, le bienfait que la bonté divine nous a accordé sans aucun mérite de notre part sera détruit et anéanti par ton inertie, ta paresse et ta négligence.

Mon fils très aimable, douceur de mon cœur, espoir de ma descendance future, je t'en prie et je te l'ordonne: par tous les moyens et en toutes choses, pratique la bonté en étant bienveillant non seulement envers tes parents et tes alliés, envers les princes, les chefs, les riches, les voisins et les compatriotes, mais aussi envers les étrangers et tous ceux qui s'adressent à toi. Car une vie de bonté te conduit au sommet de la béatitude. Sois miséricordieux envers tous ceux qui souffrent violence, gardant toujours au fond de toi l'exemple du Seigneur : C'est la miséricorde que je désire et non les sacrifices. Sois patient envers tous, non seulement envers les puissants, mais aussi envers ceux qui sont dépourvus de puissance.

Sois fort, enfin, pour que la prospérité ne te rende pas trop fier, ni l'adversité trop abattu. Sois humble aussi, pour que ce soit Dieu qui t'élève, ici-bas et dans le monde futur. Sois modéré et ne châtie ni ne condamne personne outre mesure. Sois doux, pour ne jamais violer la justice. Aie le cœur noble ; n'inflige jamais de honte à qui que ce soit, par un premier mouvement. Sois chaste, pour éviter toutes les corruptions de la volupté comme un aiguillon de mort.

Toutes les vertus que je viens de rappeler composent la couronne d'un roi : sans elles, personne ne peut régner ici-bas, ni parvenir au royaume éternel.

Texte tel qu’il apparaît dans le livre de la Liturgie des Heures, à la fête du 16 août

P. Emmanuel d'Andigné

Homélie du 12 août 2012-sportifs de Dieu !


Homélie du 19ème dimanche du Temps Ordinaire- Année B

En écoutant les textes de l’Ecriture, il ne faut pas trop vite aller à l’interprétation, comme si nous devions très vite et forcément trouver un sens caché ou des applications pratiques immédiates. Commenter ces textes signifie aussi s’émerveiller devant eux et devant certaines affirmations ; les vacances sont propices à l’émerveillement devant la nature, émerveillons-nous un peu pour commencer devant la réalité de ce que nous vivons en ce moment-même.

Notre foi nous met en contact avec Dieu ! Un jeune d’aujourd’hui dirait « c’est juste énorme ! » … et bien que ce langage ne soit pas forcément le nôtre et qu’il offense quelque peu le français, il serait bon que nous prenions exemple sur leur capacité d’aujourd’hui à s’émerveiller en utilisant volontiers des superlatifs et des mots grandiers. Le tout est de savoir de quelle manière et avec quels mots nous allons nous nous émerveiller.

Par ailleurs, nous recevons un pain vivant (Jésus lui-même), notre nourriture spirituelle, c’est Dieu lui-même … on ne peut pas mieux se nourrir que de se nourrir de Dieu !

« Goutez et voyez : le Seigneur est bon », dit le psaume, pour nous conduire dans la contemplation de la chance que nous avons, de la grâce, devrais-je dire !

« fortifié par cette nourriture, il marcha quarante jours et quarante nuits jusqu'à l'Horeb, la montagne de Dieu. », nous dit la première lecture : n’est-ce pas exactement ce que nous faisons à la messe ?

« Tu es le pain vivant venu du ciel, Seigneur Jésus. Qui mange de ce pain vivra pour toujours », dit le trait de l’Evangile

Nous aurons le loisir, au moment de la consécration et au moment de la communion, de voir puis de goûter que le Seigneur est bon, qu’il est là !

Or, le but poursuivi par Jésus dans ce discours dit « du pain de vie » est le Salut, la vie éternelle : « celui qui croit en moi a la vie éternelle. » ; « ce pain-là, qui descend du ciel, celui qui en mange ne mourra pas. Moi, je suis le pain vivant, qui est descendu du ciel : si quelqu'un mange de ce pain, il vivra éternellement. »

Le salut est aussi le but ultime des écrits de Saint Paul, et je pense en particulier au chapitre 9 de la Première lettre aux Corinthiens, dans lequel celui-ci commente l’actualité sportive de ces derniers jours !

Même si vous ne vous intéressez pas beaucoup au sport, vous ne pouvez pas échapper à « londonomania », et d’ailleurs, plutôt que de vouloir y échapper, il me semble plus profitable de l’utiliser en vue du Salut, comme le fait St Paul (1, Cor 9), voici ce qu’il dit :

1 Cor 9,24 « Vous savez bien que, dans les courses du stade, tous les coureurs prennent le départ, mais un seul gagne le prix. Alors, vous, courez de manière à l'emporter.
25 Tous les athlètes à l'entraînement s'imposent une discipline sévère ; ils le font pour gagner une couronne de laurier qui va se faner, et nous, pour une couronne qui ne se fane pas.
26 Moi, si je cours, ce n'est pas sans fixer le but ; si je fais de la lutte, ce n'est pas en frappant dans le vide.
27 Mais je traite durement mon corps, et je le réduis en esclavage, pour ne pas être moi-même disqualifié après avoir annoncé aux autres la Bonne Nouvelle. »

Il faut préciser que, juste avant ce passage très actuel, Saint Paul déclare
« 19 Oui, libre à l'égard de tous, je me suis fait le serviteur de tous afin d'en gagner le plus grand nombre possible. »
« 22 Avec les faibles, j'ai été faible, pour gagner les faibles. Je me suis fait tout à tous pour en sauver à tout prix quelques-uns.
23 Et tout cela, je le fais à cause de l'Évangile, pour bénéficier, moi aussi, du salut. »

Cela veut dire que l’évocation des jeux du stade par Saint Paul reste dans la ligne imprimée par Jésus dans son discours : il s’agit d’être sauvé et de participer au salut des autres.

« Tous les coureurs prennent le départ, mais un seul gagne le prix. Alors, vous, courez de manière à l'emporter. »

Non, nous ne sommes pas automatiquement sauvés par un Dieu qui est si gentil qu’il ne pourrait pas ne pas sauver tout le monde ; nous sommes créés à l’image et à la ressemblance de Dieu, et de ce fait, nous sommes libres, nous devons courir afin de l’emporter.

Pour cela le programme est simple : faire entrer en nous la mort de Jésus (c’est-à-dire crucifier le mal et le péché en nous) afin de ressusciter comme lui.

Pour y parvenir, Saint Paul nous donne la solution, que nous donnent les athlètes d’aujourd’hui  -je cite : « Tous les athlètes à l'entraînement s'imposent une discipline sévère ; ils le font pour gagner une couronne de laurier qui va se faner, et nous, pour une couronne qui ne se fane pas. »

Un athlète, l’autre jour expliquait qu’il devait se lever à 5h du matin pour pouvoir courir à 11h dans des bonnes conditions … qui de nous se lève si tôt pour prier ??? Il faut de la discipline spirituelle, pour pouvoir entrer sur le podium du Ciel, où heureusement il y a un peu plus de trois places …

Il faut profiter de l’Eté pour remettre les pendules à l’heure, revoir son entraînement, s’imposer des rythmes … et ce qui met de l’oxygène, c’est que chacun joue sa spécialité (on ne demande pas à un jockey de jouer au basket … il y a 26 disciplines différentes aux JO cette année)

Bien sûr, les athlètes font très attention à ce qu’ils mangent, et de même, nous tâcherons pendant cet Eté de nous nourrir comme il faut : L’Ecriture sainte, bien sûr, à la messe, et puis des vies de saints

On sait bien que la médaille d’argent remportée par les « braqueuses » va relancer le basket en France, il en est de même pour la sainteté !

Tout cela contribue à notre culture, pour qu’en nous, la connaissance et l’amour se rejoignent, et que nous soyons des sportifs de Dieu !

P. Emmanuel d'Andigné