26 octobre 2008

Homélie du 26 octobre 2008

Homélie du 30ème dimanche du temps ordinare - Année A
Il y a des campagnes publicitaires particulièrement dans les pays développés qui incitent à consommer cinq sortes de fruits par jour. Si consommer des fruits est si essentiel à notre santé physique et si préoccupante, convenons que ces règles diététiques ne sont pas si évidentes à appliquer. On a tous des difficultés à manger cinq fruits et légumes par jour. Cette campagne, cette incitation nous rappelle que le corps est devenu le centre de préoccupation de nos contemporains. On investit de l’argent, énormément de temps pour maintenir le corps en parfait état. C’est bien c’est même très bien mais finalement est-ce que on devrait pas s’occuper d’autre choses ? Mais qu’en est-il de notre âme ? On sait si bien gérer notre corps, et on suit scrupuleusement toutes les règles pour la maintenir jeune, solide et beau mais notre âme en prenons-nous aussi soin ?

De quel fruit notre âme a-t-elle besoin ? Avec quoi va-t-on la nourrir ? Jésus après sa résurrection avait eu au cours d’un entretien avec ses disciples à poser cette question à Pierre : Simon, fils de Jean, m'aimes-tu plus que ceux-ci ? " Il lui répondit : " Oui, Seigneur, tu sais que je t'aime. " Jésus lui dit : " Pais mes agneaux. Il lui dit à nouveau, une deuxième fois : " Simon, fils de Jean, m'aimes-tu ? " - " Oui, Seigneur, lui dit-il, tu sais que je t'aime. " Jésus lui dit : " Pais mes brebis. " Il lui dit pour la troisième fois : " Simon, fils de Jean, m'aimes-tu ? " Pierre fut peiné de ce qu'il lui eût dit pour la troisième fois : " M'aimes-tu ? ", et il lui dit : " Seigneur, tu sais tout, tu sais bien que je t'aime. " Jésus lui dit : " Pais mes brebis.
Un acharnement qui en dit long sur la préoccupation de Jésus de se sentir aimer. Un besoin qui surprend quelque peu venant du vainqueur de la mort, alors que sa renommée et ses exploits courraient les rues, on se rend compte qu’il ne se soustrait pas de ce besoin naturel et légitime de tout être humain. Voilà qui nous rassure, qui nous conforte et qui légitime le besoin d’amour que nous pouvons éprouver. Ah comme il nous ressemble. Dieu à soif d’amour surtout après nos trahisons et nos reniements. Cette série de question déconcertante à Pierre eu lieu après son triple reniement de Jésus.
Non seulement Dieu mais nous aussi les humains ; ils sont innombrables nos contemporains affamés et assoiffés d’amour, Ils attendent de nous un geste aussi vital que le pain et l’eau que leur apportons beaucoup plus spontanément. Et l’amour c’est en fait du qui perd gagne : plus vous en donné mieux, vous en recevez. Et quand les textes de ce jour nous invitent à l’amour c’est autant pour nous que pour les autres. Nous en recevons à la mesure de la largesse de notre cœur, de notre générosité.
Tu ne maltraiteras point l’immigré qui réside chez toi, tu ne l’opprimeras point, car vous étiez vous-mêmes des Immigrés en Égypte.Si tu prêtes de l’argent à quelqu’un de mon peuple, à un pauvreparmi tes frères, tu n’agiras pas envers lui comme un usurier : tu ne lui imposeras pas d’intérêts. Si tu prends en gage le manteaude ton prochain, tu le lui rendras avant le coucher du soleil. C’est tout ce qu’il a pour se couvrir ; c’est le manteau dont il s’enveloppe,la seule couverture qu’il ait pour dormir

« Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit. Voilà le grand, le premier commandement. Et voici le second, qui lui est semblable : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Tout ce qu’il y a dans l’Écriture – dans la Loi et les Prophètes – dépend de ces deux Commandements. »

"Aimez vous les uns les autres comme je vous ai aimé. Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime."

Il y a une progression dans l’enseignement de l’agapè le mot grec qui désigne l’amour au sens chrétien. Dans un premier temps c’est une mesure draconienne si tu fais du tord à ton prochain voilà ce qui t’arrivera, la peur de la sanction, de la colère du Seigneur. Et en fait ce qui est recommandé ressemble plus à la justice qu’à l’amour qui transcende cette justice.
Puis tu aimeras ton prochain comme toi-même, l’homme est la mesure de l’amour qu’il doit avoir pour son prochain. En ajoutant les mots « comme toi-même », Jésus nous place face à un miroir devant lequel nous ne pouvons pas mentir ; il nous donne une mesure infaillible pour découvrir si nous aimons ou non notre prochain. Nous savons très bien, en toute circonstance, ce que signifie nous aimer nous-mêmes et ce que nous voudrions que les autres fassent pour nous. Jésus ne dit pas : « Fais à l'autre ce qu'il te fait ». Il s'agirait encore de la Loi du talion : « œil pour œil, dent pour dent ». Il dit : tout ce que vous voudriez que les autres fassent pour vous, faites-le pour eux, vous aussi, (cf. Mt 7, 12), ce qui est bien diffèrent.
Et enfin aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimé. Là c’est Dieu la mesure, un peu plus dure mais c’est là le vrai amour, l’agapé.

Aimer le prochain, ce n’est pas seulement donner de ce que l’on a sans engagement du cœur et de l’être. Car la mesure c’est Dieu et finalement c’est aussi lui la finalité. Dans l’histoire du jugement dernier Jésus s’identifie à ces laissés pour compte de la société. Celui qui donne sa vie pour son prochain c’est pour Dieu qu’il a donné sa vie. Nous avons spontanément moins de respect, moins d’égard pour les autres ne voyant pas directement en eux l’image de Dieu.

La charité doit être « sans artifice », c'est-à-dire sincère (textuellement : sans feinte) (Rm 12, 9) ; on doit aimer « d'un cœur pur » (1 P 1, 22). On peut en effet faire la charité et l'aumône pour de nombreuses raisons qui n'ont rien à voir avec l'amour : pour se faire valoir, pour faire croire qu'on est un bienfaiteur, pour gagner le paradis, et même à cause de remords de conscience.
Quand on parle d'amour pour le prochain, on pense immédiatement aux « œuvres » de charité, aux choses qu'il faut faire pour le prochain : lui donner à manger, à boire, aller lui rendre visite ; en somme aider son prochain. La religion chrétienne n’est pas un ensemble de pratique robotique, c’est une vie d’amour avec Dieu et les frères.
Faisons une distinction entre l’amour et ces effets. Avant toute l'action de bienfaisance vient la bienveillance ; avant de faire le bien, vient la volonté de faire le bien. Il ne s'agit donc pas d'analyser les œuvres extérieures de charité mais de faire en sorte que leur fondement réside dans un sentiment d'amour authentique et bienveillant. C’est un exercice du cœur qui consiste à regarder l’autre et à y voir mon créateur et mon Dieu. Ce n’est pas de la philanthropie qui s’arrête à l’homme.
En analysant bien la façon dont nous vivons notre amour pour le prochain, nous pouvons nous rendre compte que l'art des fausses questions pratiqué par les pharisiens n'a pas disparu de nos jours, même s'il prend des formes plus subtiles en justifiant n'importe quel comportement sous prétexte qu'il n'y a pas de solution satisfaisante. L'amour de Dieu et le culte qui doit lui être rendu, sont inséparables de tous ces préceptes révélés dans le Lévitique. Il ne donne pas priorité de l'un sur l'autre. "Voici le second qui lui est semblable".

Il n'y a qu'un seul et même amour qui signifié dans l'un comme dans l'autre texte. Jésus ne restreint pas, il ouvre la Loi et les Prophètes, ces prophètes qui ont toujours lié l'authenticité du culte au "droit et à la justice".
On vote même de nos jours des lois générales pour que les comportements particuliers soient ainsi justifiés, du nouveau pharisaïsme. L'amour ne sera jamais remplacé par un simple et précaire pacte de solidarité. Il ne sera pas remplacer par l’argent ou le matériel ou autres apports si ce geste n’est pas porté avec bienveillance, avec l’attention du cœur. L'amour est un don total, un sacrifice, une vie, un cœur à donner à donner sans compter. Il n’y a pas du côté de Dieu un vrai amour et du côté de l’homme un amour dévalué que quelques gestes pourraient contenter. C’est le même cœur.
Une femme, avec un si grand courage, et tant de compassion, avait essuyé le visage du Christ autrefois. Ce n'est pas seulement le linge qui porte l'image de la Sainte-Face, mais la femme elle-même et tous ceux qui, au cours des siècles ont eu de la compassion pour le Christ.
Puissions-nous être des Véronique de notre temps en ayant de la compassion pour le Christ dans le pauvre, le malade, le boiteux, l'abandonné, le moribond. Que notre face à face à Dieu dans la prière, nous fasse reconnaître dans ce visage défiguré des plus pauvres des pauvres celui du Christ. Et que ce regard amoureux de Dieu nous porte à l’action faisant de chacun de nous une véritable icône du Christ, une sainte icône du Christ. Amen

Abbé Cyrille Bouda

18 octobre 2008

Homélie du 19 octobre 2008

Homélie du 29ème dimanche du temps ordinaire - Année A
L’année qui a suivi les JMJ de 1997, un groupe d’angevins (dont je fus) fut invité au Liban pour y séjourner une quinzaine de jours ; au cours de l’une des journées, un ermite rencontré dans la « Vallée Sainte » me déclarait : « la perfection de la vie chrétienne, c’est la vie monastique et la perfection de la vie monastique, c’est la vie érémitique » … autrement dit, prêtres diocésains, époux, célibataires dans le monde, ne peuvent prétendre à la perfection évangélique et donc à la sainteté !

Il avait raison sur au moins un point : celui qui veut être saint trouvera dans un monastère ou un ermitage les conditions en principe idéales pour parvenir à la sainteté. Mais on peut se poser une question : y a-t-il, dans l’histoire de l’Eglise, tant de saints moines et ermites que cela ?

Cependant, de toutes façons, depuis que Jean-Paul II a canonisé les époux Quattrocchi, le 21 octobre 2001, et parce que Benoît XVI a décidé de béatifier les époux Martin ensemble, lui aussi, en tant qu’époux chrétiens, et non en tant que l’un et l’autre saints séparément, il ne nous est plus permis de croire que la sainteté est réservé à une élite, moines, religieux, prêtres, consacrés en général ...

« Soyez saints », n’a cessé de dire Dieu à son peuple et après Dieu, les saints eux-mêmes au cours de 2000 ans de christianisme.

Il me semble que c’est Saint François de Sales qui ouvrit, au XVIIème siècle, la voie de la sainteté aux laïcs, je lui laisse la parole : « C’est une erreur, et même une hérésie, de vouloir bannir la vie dévote de la compagnie des soldats, de la boutique des artisans, de la cour des princes, du ménage des gens mariés (Introduction à la vie dévote) ».

Deux siècles plus tard, Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus, la fille de Louis et Zélie Martin, confirme la doctrine de saint François de Sales, en insistant sur le fait que la grâce de Dieu s’épanouit de manière originale en chacun de nous. Je lui laisse la parole : « Il a mis devant mes yeux le livre de la nature et j'ai compris que toutes les fleurs qu'Il a créées sont belles, que l'éclat de la rose et la blancheur du Lys n'enlèvent pas le parfum de la petite violette ou la simplicité ravissante de la pâquerette... J'ai compris que si toutes les petites fleurs voulaient être des roses, la nature perdrait sa parure printanière, les champs ne seraient plus émaillés de fleurettes...
Ainsi en est-il dans le monde des âmes qui est le jardin de Jésus. Il a voulu créer les grands saints qui peuvent être comparés aux Lys et aux roses mais il en a créé aussi de plus petits et ceux-ci doivent se contenter d'être des pâquerettes ou des violettes destinées à réjouir les regards du bon Dieu lorsqu'il les abaisse à ses pieds, la perfection consiste à faire sa volonté, à être ce qu'Il veut que nous soyons...
(Manuscrit A) ».

Un siècle plus tard, la doctrine de la sainteté des laïcs reçoit une nouvelle impulsion, avec Saint José-Maria Escriva de Balaguer, le fondateur de l’Opus Dei, c’est une véritable « démocratisation » de la sainteté : « Il importe de répéter sans cesse que Jésus ne s’est pas adressé à un groupe de privilégiés mais qu’Il est venu nous révéler l’amour universel de Dieu. Tous les hommes sont aimés de Dieu et Il attend de tous leur amour. De tous, quels que soient leurs conditions personnelles, leur position sociale, leur profession ou leur métier ». Tous, où qu’ils se trouvent, quel que soit leur état : des agents de bourse, des ouvriers d’usine, des programmateurs informaticiens, des vendeurs, des étudiants, des retraités, tous ! sont appelés à la sainteté non pas en dépit de leur vie dans le monde, mais précisément dans et à travers les situations et les activités qui tissent leur vie quotidienne (homélie « vers la sainteté ») ».

Terminons notre parcours avec Jean-Paul II, à qui nous devons la première canonisation d’un couple en tant que tel ; la doctrine s’enrichit donc d’une dimension nouvelle, puisque non seulement les laïcs sont appelés à la sainteté, mais c’est dans l’exercice même des vertus conjugales et familiales que les époux trouvent la voie de la sainteté ! Ecoutons-le : « la richesse de foi et d'amour des époux Luigi et Maria Beltrame Quattrocchi est une démonstration vivante de ce que le Concile Vatican II a affirmé à propos de l'appel de tous les fidèles à la sainteté, en spécifiant que les époux poursuivent cet objectif "propriam viam sequentes", "en suivant leur propre voie" (Lumen gentium, n. 41). Cette indication précise du Concile trouve aujourd'hui sa réalisation effective avec la première béatification d'un couple d'époux: leur fidélité à l'Evangile et l'héroïcité de leurs vertus ont été constatées à partir de leur vie comme époux et comme parents (homélie de la béatification de 2001) ».

Nous verrons bien ce que Benoît XVI dira à l’occasion de cette béatification de 2008, lui-même et à travers son légat, mais les époux chrétiens sont en tout état de cause aujourd’hui encouragés d’une manière très forte, l’Eglise veut leur montrer le prix qu’ils ont à ses yeux, que leur mission est belle et indispensable et que l’Esprit Saint est déposé avec force en eux par le sacrement du mariage. Je leur souhaite de développer cette grâce particulière, par exemple en renouvelant aujourd’hui leur « oui » initial, ou alors en se replongeant dans le rituel du mariage, les lectures de leur mariage …
P. Emmanuel d'Andigné

13 octobre 2008

Homélie du 12 octobre 2008

Homélie du 28ème dimanche du temps ordinaire - Année A
Il n’y a pas si longtemps (2 semaines), j’ai eu l’occasion de vous parler de ce reproche que Jésus fait à ceux qui, connaissant bien la religion juive, n’ont pas la simplicité et la foi profonde de le reconnaître comme Messie. Dans cette parabole, c’est encore le cas, il dit aux juifs : « vous êtes les premiers invités, vous étiez les premiers sur la liste des fils de Dieu … et vous avez trouvé mieux à faire que de venir au festin, au moment où le Messie est là ! ».

Mais cette fois-ci nous allons plus loin : même ceux qui viennent en dernier, autrement dit les non-juifs, les païens convertis au christianisme, se voient ajouter une exigence, « mettre le vêtement de noce » … on pense évidemment au baptême, et alors on se dit : « il suffit d’être baptisé, et on est accepté au ciel, puisque le festin dont parlait Isaïe et celui dont parle Jésus, c’est le ciel ».

Mais évidemment, cela paraît un peu facile, et le ton de la parabole nous montre d’ailleurs un Dieu piquant une colère, une sainte colère, une colère amoureuse, de sorte que l’entrée au ciel, le salut, n’est pas le fruit d’un automatisme un peu niais à la Jacques Martin (« tout le monde a gagné »), mais il s’agit de quelque chose qui suppose un effort.

Alors nous interrogeons saint Pierre, le premier Pape, à propos du baptême, et voici ce qu’il nous dit : « être baptisé, ce n’est pas être purifiés de souillure extérieures, mais s’engager envers Dieu avec une conscience pure ».

Il y a donc d’un côté la promesse d’un festin, l’invitation au festin d’amour de Dieu, et une invitation large (Mt 28,16) … et de l’autre une exigence « revêtir le vêtement de noce », c’est –à-dire changer de vêtement, quitter le vêtement de l’esprit du monde, revêtir le vêtement de « l’engagement envers Dieu avec une conscience droite ».

L’éducation chrétienne des enfants consiste donc en cela : annoncer un festin -l’amour- et rappeler une exigence –l’engagement. Selon les périodes de la vie, les moments de la vie familiale aussi, ou l’éducation qu’on a reçue, on a tendance à n’écouter que l’un des deux aspects, mais il faut tenir les deux, et les annoncer toujours en même temps, de la façon la plus équilibrée possible.

Les adolescents, on le sait, crient souvent leur grand besoin d’affection, de tendresse, mais repoussent tout aussi fréquemment les manifestations de tendresse de leurs parents … nous faisons pareil avec Dieu ! Nous n’aimons pas les exigences ou les reproches, mais nous en avons besoin et plus encore de nous entendre dire qu’il nous aime.

Une fois qu’on a mis en évidence cet équilibre entre l’amour et l’exigence, il est bon de débusquer une bonne vieille hérésie, celle de Marcion …

En lisant St Paul (vers 100 après JC), tout seul et trop vite, celui-ci croit s’apercevoir que le Dieu du Nouveau Testament est complètement différent du Dieu de l’Ancien Testament : le Dieu du Nouveau serait bon et aimable, le Dieu de l’Ancien serait colérique et vengeur (cela ne vous rappelle rien ? ) …

Il décide donc de rejeter l’Ancien Testament et de ne garder que le Nouveau, et encore ce qui n’est pas trop marqué par l’Ancien dans le Nouveau … il est arrivé ce qui devait arriver : il ne restait plus grand chose du Nouveau testament (truffé de citations de l’Ancien), et Marcion dû fonder une nouvelle église qui a disparu en peu de temps.

C’est très répandu aujourd’hui, n’est-ce pas, que de considérer l’Ancien Testament comme un repère de dureté et de violence et le Nouveau comme un jardin d’agrément où les oiseaux gazouillent…

En réalité, c’est bien le même Dieu, très amoureux de nous, du livre de la Genèse à celui de l’Apocalypse qui connaît des colères et a des exigences et nous déclare son amour à tout moment opportun.

Et je voudrais terminer en évoquant un autre moment de l’histoire, plus récent, et qui permettra à ces textes d’aujourd’hui d’avoir un véritable écho, une véritable action en nous. Sous la pression notamment du marxisme, et aussi parce que l’après-guerre a généré une frénésie de consommation et de confort matériel, on a progressivement dans l’Eglise Catholique mis de côté la préoccupation du Ciel, pour ne plus s’attacher qu’à un Salut sur la terre et on s’est lancé, généreusement, dans des œuvres à caractère social.

Dans ces textes, on le voit bien, le festin est spirituel, il emprunte des images très terre à terre, mais il est presque exclusivement spirituel. Et le pape Benoît XVI a rappelé récemment aux prêtres que l’Eglise doit se distinguer par sa connaissance experte des choses spirituelles, (et notamment dans l’art de la prière), d’autant plus que de nombreuses actions sociales sont maintenant relayées par les états eux-mêmes, et que nous devons répondre à la soif spirituelle qui étreint tout homme normalement constitué.

Et nous commencerons en lui disant : « tout ce que tu auras aimé sur la terre, pourvu que cela légitime et bon (la viande et le vin d’Isaïe !), tu en seras comblé au Ciel, car Dieu veut combler ses enfants et leur donner encore plus de bonheur dans le Ciel qu’ici-bas sur la terre »

« heureux les invités au repas du Seigneur » : la messe est l’anticipation du Ciel, c’est « le Ciel sur la terre », « c’est déjà demain » a dit une grand marque … demain commence aujourd’hui, demandons à la maîtresse de maison la Très Sainte Vierge Marie, de nous aider à mettre la table et à préparer le festin !

P. Emmanuel d'Andigné

homélie du 05 Octobre 2008

Homélie du 27ème dimanche du Temps Ordinaire - Année A
J’ai désormais la coutume de faire une lecture spirituelle de l’année qui s’annonce, une fois que les démarrages ont eu lieu et que c’est « la rentrée paroissiale ». Aujourd’hui, Dieu nous offre une image, celle de la vigne : elle va donc « colorer » toute la perspective de l’année. Nous sommes « la vigne du Seigneur » et on peut même dire « un coteau plantureux », ici à Sainte-Bernadette ! Nous allons simplement nous demander comment cette vigne va, cette année, produire un beau raisin, un très bon vin !

Je ne décris pas toutes les activités de l’année, vous avez la feuille … il est cependant quelque chose qui n’est pas écrit sur le programme, mais qui est d’une importance capitale : la qualité de la vie fraternelle (je veux parler des pots à la sortie de la messe, l’accueil de groupes de multiples sensibilités, le chocolat chaud de Noël … attention ! Ce n’est pas une affaire de bons sentiments, je veux parler de la vertu théologale de Charité, puisée en Dieu dans la prière et l’Adoration (notamment les 24h trois fois dans l’année). « l’amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par l’Esprit Saint », dit Saint-Paul, « c’est à l’amour que vous aurez les uns pour les autres qu’on reconnaîtra que vous êtes mes disciples », dit Jésus.

Cette « qualité de vie fraternelle » est aussi une condition indispensable pour l’évangélisation, car après qu’une personne a découvert Jésus, quel visage de l’Eglise va-t-il rencontrer dans la paroisse ? « Voyez comme ils s’aiment ! » s’écriait Tertullien au 2ème siècle en voyant les premiers chrétiens.

Mais avant l’évangélisation (à l’extérieur de la vigne), il faut s’attarder un instant sur ce qui se passe à l’intérieur de la paroisse : je pense en particulier à tout le domaine de la formation.

En tête de la formation, bien sûr, la Parole de Dieu, je pense en particulier à la lecture en continu de St Marc le 13 octobre, évangéliste choisi car son évangile sera lu de décembre 2008 à décembre 2009 , pour la nouvelle année liturgique ; en continuité avec cette soirée, la constitution des groupes de lecture de l’Evangile selon st Marc, et enfin, les soirées « lire l’Evangile » chaque mois …

et pour prolonger l’effet de la parole de Dieu dans la vie concrète, la catéchèse adulte inaugure cette année son troisième volet : la morale ! les JMJ ont été une aventure merveilleuse, mais qui nous a aussi interpellés sur la question de la morale, un grand besoin de repères chez ces jeunes qui par ailleurs sont pleins de promesses et d’enthousiasme ! J’invite particulièrement les jeunes à participer à cette année de catéchèse …

Voici ce qu’écrivit Benoît XVI, au mois de mai dernier, lors de la célébration du 40ème anniversaire de « Humanae Vitae » : « On assiste toujours plus souvent, hélas, à de tristes événements qui concernent des adolescents, dont les réactions manifestent une connaissance incorrecte du mystère de la vie et des implications risquées de leurs gestes. L'urgence de la formation, à laquelle je fais souvent référence, voit dans le thème de la vie l'un de ses thèmes privilégiés. Je souhaite vraiment que l'on réserve, notamment aux jeunes, une attention toute particulière, afin qu'ils puissent apprendre le véritable sens de l'amour […]. Donner de fausses illusions dans le domaine de l'amour ou tromper sur les responsabilités authentiques que l'on est appelé à assumer avec l'exercice de sa propre sexualité ne fait pas honneur à une société qui se réclame des principes de la liberté et de la démocratie. »

Nous commençons le 20 octobre.

Jusqu’à présent, nous étions plutôt à l’intérieur de la vigne, qui se construit dans la vie fraternelle, la prière et la formation… et le beau raisin qui va naître de tout cela, j’en suis sûr, ne pourra pas ne pas profiter à ceux qui ne connaissent pas bien l’Eglise et le Christ c’est le domaine de l’Evangélisation et je termine par là : le raisin produit dans la vigne ne sert pas seulement à celui qui l’exploite, mais aussi à d’autres à qui il est fourni !

A partir de Janvier, nous allons lancer dans la paroisse les « cours ALPHA », série de dix repas pris le soir une fois par semaine, au cours desquels on aborde quelques sujets très simples et très essentiels pour faire découvrir la foi chrétienne à ceux qui la voient de loin. Pour démarrer en janvier, le 06 décembre aura lieu une formation spécifique « alpha », et pour bien se redire, préalablement, ce qu’est l’évangélisation, une formation spécifique, surnommée « FEV », commence mercredi prochain, et chaque mercredi en octobre et novembre.

Chacun peut, à son niveau, participer à un « cours Alpha » : orateur / responsable des fleurs / cuisine / accueil / animation des petits groupes / prière … nous formons un corps, n’est-ce pas, et chaque membre est utile et indispensable !

Et la participation de toute la paroisse, quoi qu’il arrive et quel que soit l’engagement que vous prendrez, c’est de vivre intensément du Christ et avec les autres, et nous revenons ainsi au point de départ … Je vous souhaite une belle année pastorale. Amen

P. Emmanuel d'Andigné