26 juin 2007

Catéchèses

Catéchèse du 18 juin 2007 - "Je crois en l'Esprit Saint"
l’exposé


l’image de l’Iceberg est toujours convenable pour le sujet d’aujourd’hui : on peut dire des choses sur l’Esprit Saint, on peut comprendre l’Esprit Saint (il y a toujours une partie visible, dans un Iceberg), mais d’une manière imparfaite, évidemment (la plus grande partie de l’Iceberg échappe à notre vue). Faisons simplement deux remarques :
1) il est absurde de penser que Jésus nous ait révélé une chose impossible à comprendre pour le plaisir de nous embrouiller l’esprit ! Nous sommes donc bien capables de comprendre ne serait-ce qu’un peu l’Esprit Saint …
2) nous devrons toujours nous souvenir qu’on ne peut pas faire complètement le « tour » de l’Esprit Saint, car c’est une personne, et –qui plus est- une personne divine …

Voilà le nœud du problème, et ce qui rend si difficile notre compréhension de l’Esprit Saint : nous sommes en présence d’une personne qui n’est qu’Esprit ; il nous faut accepter de qualifier de « personne » un Esprit sans corps … comme c’est le cas, d’ailleurs, pour les anges et les démons, ou même pour la personne du Père (même si la figure du Père nous est familière en vertu du fait que nous en avons un sur la terre)

Le Catéchisme aborde la question de l’Esprit Saint de façon théologique, symbolique et historique ; nous allons essayer de faire de même, avec des mots plus simples et quelques images. Nous allons essayer d’aborder la personne adorable de l’Esprit par ces trois « portes ».

Première porte : la théologie :

L’Esprit est souvent défini comme l’amour qui relie le Fils au Père … est-ce compliqué ? Pas plus que le don réciproque des époux ! Ce que je donne à mon épouse, avant tout, et finalement … c’est moi-même (c’est à dire que l’amour qui me relie à mon épouse, ce n’est pas tant quelque chose [comme les cadeaux, le temps passé, la fidélité …] que quelqu’un que je donne, une personne : moi-même) !

Par ailleurs, la théologie nous enseigne que l’Esprit et le Fils sont en quelque sorte les « missionnaires » du Père : l’un est visible (le Christ) et l’autre invisible (l’Esprit) ; soyons simplement très attentifs à ne pas, à ne jamais séparer ces deux missionnaires, même si, c’est vrai, la mission visible est identifiable facilement par les 33 années de mission du Christ et qu’on a la tentation de reléguer la mission invisible de l’Esprit dans les périodes qui se trouvent avant et après la venue du Christ.

Cette approche (théologique) est la plus difficile … ouvrons maintenant une autre porte pour découvrir dans un autre angle la même réalité.

Deuxième porte : les symboles de l’Esprit Saint :

On compare celui-ci à de multiples réalités dans l’Ecriture … voyez plutôt !
L’Eau, d’abord, car elle donne la vie, elle s’adapte à chaque être (un beau texte d’un père de l’Eglise fait remarquer que la même eau fait s’épanouir des plantes très différentes, en respectant la nature propre de chacun.
Le Feu : il transforme en lui-même ce qu’il touche (ainsi, l’Esprit Saint travaille à faire grandir la ressemblance avec lui-même).
La nuée et la lumière, quant à elles, se sont manifestées surtout durant l’exode (Ancien Testament) et la Transfiguration (dans le Nouveau Testament) ; on a bien vite, dans l’histoire de l’Eglise, fait le rapprochement entre cette « nuée » et l’ombre que projettent les mains du prêtre sur l’hostie au moment de la consécration !
Le sceau, lui, montre l’action indélébile, de l’Esprit, et en particulier dans trois des sept sacrements (baptême, ordre, et confirmation, qu’on appelle « sacrements à caractère »).
La main a également été utilisée par le Christ comme symbole de l’Esprit, dans le geste de l’imposition des mains.
Le doigt, aussi (c’est moins connu) : Jésus expulse les démons, Dieu écrit dans les cœurs et sur les tables de la Loi … par le « doigt » de Dieu, l’Esprit Saint.
La colombe, le plus célèbre des symboles, est quant à elle signe d’Espérance (on pense à l’Arche de Noé), mais aussi d’onction (le jour du baptême du Christ).
Le souffle, enfin, car origine et destination de l’Esprit nous sont inconnues (comme celles du vent), bien que son action soit visible et certaines dans ses effets.

De ces symboles, je tire deux conclusions : l’Esprit est très actif, omniprésent, d’un générosité stupéfiante et en même temps impossible à cerner complètement, puisque nous sommes obligés d’utiliser toutes sortes d’images … Notons en outre une chose intéressante pour nous, à savoir que cette sur-activité de l’Esprit s’accompagne d’une paix et d’une constance qui nous indiquent que la puissance de Dieu réside plus dans l’intensité intérieure que dans le nombre d’activités extérieures.

Troisième porte : l’histoire d’Israël et mon histoire personnelle

le Catéchisme aborde deux histoires : celle d’Israël, des disciples de Jésus, où l’Esprit prépare, éclaire, pousse, favorise, selon les besoins du temps … mais aussi l’histoire personnelle. De même que l’Esprit a été présent à chaque instant de la grande aventure de la Révélation, de même, il est présent à chaque instant de notre vie, pour nous préparer, nous éclairer, etc …la liturgie, les sacrements sont là pour témoigner de cette action du Saint Esprit, mais c’est finalement toute la vie (en particulier dans les choix moraux) que cette action doit se développer en nous. Dans les catéchèses de l’année prochaine (2007-2008), nous aborderons cette question des sacrements (ici à sainte Bernadette) et celle de la morale (sans doute à la cathédrale).

La principale difficulté est de savoir si c’est effectivement le saint-Esprit qui travaille en nous ou non, voilà pourquoi saint Paul nous donne une liste non-exhaustive de ce qu’il appelle les « fruits » de l’Esprit. Le Catéchisme en donne la liste (n°736), liste encourageante et inquiétante à la fois, encourageante, car il y en toujours au moins un qui nous correspond, inquiétante, car il est manifeste que nous empêchons souvent l’Esprit d’agir en nous !

Dans le livre d’Isaïe (11,2), sont abordés les dons de l’Esprit de Dieu (sagesse, intelligence, science, conseil, piété, crainte de Dieu et force) : cette liste (qui ne prétend pas non plus à l’exhaustivité !) nous permet de dire tout d’abord que le don de Dieu est plénier (c’est ce que veut indiquer le chiffre 7), mais il tente aussi de décrire toute la subtilité e tous les efforts déployés par lui pour nous conduire à la Béatitude. Voici un court extrait d’un texte publié dans « croire.com », par Christèle Javary, tentative intéressante pour cerner chacun des dons, en les distinguant des six autres. « L’intelligence nous révèle qui est Dieu et la sagesse nous donne le désir de répondre à son amour. Le conseil, ou discernement, nous permet de saisir quelle est la volonté de Dieu, tandis que la force nous donne le courage d’agir selon cette volonté. La connaissance (on dit aussi la science) nous ouvre à la contemplation de Dieu, qui suscite en notre cœur l’esprit d’adoration (terme que le rituel de la confirmation préfère, avec raison, à la crainte !) Enfin, la piété, ou affection filiale, nous pousse à faire à Dieu l’offrande de notre vie, pour nous attacher à son amour et en vivre ».
Terminons simplement par le rôle de l’Eglise dans la découverte et l’accueil de l’Esprit Saint, je vous propose une petite image. Comparons l’Eglise à une voiture, dans laquelle se trouvent deux missionnaires et un chauffeur. Les deux missionnaires sont le Fils et l’Esprit, le chauffeur en ce moment s’appelle Benoît XVI … cette petite image suggère que c’est dans l’Eglise que l’Esprit agit, d’une manière habituelle et certaine, mais il peut, souverainement, faire avancer des choses en ouvrant la fenêtre ou en téléphonant sur son portable. Cette image (très faible, j’en conviens) nous permet à la fois de dire que la totalité de l’œuvre de Dieu se réalise dans l’Eglise Catholique (et non pas que chaque religion aurait un « petit bout » de la Vérité ou de l’Esprit saint), mais que l’Eglise n’est pas propriétaire du don de Dieu et que celui-ci peut faire du bien en dehors des frontières visibles de l’Eglise. L’Eglise, ce sera le thème de la prochaine catéchèse (17 sept : « je crois en l’Eglise, une sainte, catholique et apostolique »).
Notez que le calendrier 2007-8 des activités de la paroisse est disponible à partir du 30 juin dans le fond de l’église.
P. Emmanuel d'Andigné

Homélies

Homélie du 11ème dimanche du temps ordinaire - 17 juin 2007
Que pouvons-nous retenir de cette scène entre le Simon le pharisien, la femme et Jésus. ?
L’évangile dit que cette femme est une pécheresse et on pense qu’elle est connue comme telle dans la ville. Elle avait déjà sans doute vu Jésus qu’elle sait bien le reconnaître au milieu de la foule des convives.

Sans doute mêlée à la foule, elle l’avait entendu exposer sa doctrine de pénitence et de pardon. La mansuétude avec laquelle elle l’avait vu accueillir les foules l’avaient touchée. Un changement s était opéré en elle, le regret de se vie coupable et un désir est né, celui désir de suivre les enseignements du prophète de Nazareth.

Elle s’approche de plus près de Jésus et elle constate qu’il ne la repousse pas. Elle se laisse aller à une crise de larmes provoquée par la joie autant que par le repentir de ses fautes. Elle ne prononce pas une parole mais ses actions sont suffisamment éloquentes pour exprimer les sentiments dont elle était remplie.
Jésus devant cette attitude reste comme impassible. Et le pharisien qui lui offre le repas se méprend de son comportement. Jésus saisit alors l’occasion pour parler au cœur de chacun d’eux. Il sait que dans l’intime de son cœur, le pharisien remettait en cause le pouvoir de ce prophète apparemment incapable de savoir quelle était cette femme qui l’approchait. Venu pour les malades, Jésus saisit l’exemple d’une malade pour réveiller les pseudo bien portants. La parabole va servir à tous.

Jésus fait comprendre avec beaucoup de délicatesse au pharisien, qu’il est lui-même un des débiteurs de la parabole, l’autre étant la femme pécheresse. Dieu a remis leur dette à tous deux indépendamment de la gravité de leurs fautes respectives, et avant même qu’ils ne sollicitent son pardon. Mais tous deux n’ont pas pris conscience dans la même mesure, de la miséricorde divine. En bon pharisien, Simon se considère justifié en raison de son observance de la Loi. Comment pourrait-il dès lors discerner en Jésus le Sauveur qui le rétablit devant Dieu dans la justice ? Aussi la reconnaissance et l’amour sont-ils absents du repas qu’il offre à Jésus – repas qui n’est convivial qu’en apparence.

La femme par contre - dont le nom n’est pas mentionné parce qu’elle représente l’humanité pécheresse mais repentante - a compris que Dieu annule la dette de ses enfants pécheurs, non pas en raison de l’amour que ceux-ci lui témoigneraient - comment le pourraient-ils puisqu’ils sont coupés de la source de la charité ? - mais tout au contraire : afin qu’ils puissent l’aimer, en découvrant la gratuité de sa miséricorde.

La femme dans ce récit est un bel exemple du pouvoir transformateur de l’amour du Christ. Elle portait le fardeau d’une vie de péché qui laissait son âme assoiffée de vérité et de bonté. Quand elle a entendu Jésus prêcher pour la première fois, nous pouvons imaginer son immense espérance qu’une vie meilleure était peut-être possible. Quand elle a frayé son chemin à l’intérieur de la maison de Simon, son cœur brisé avait grand besoin de guérison. Dans l’élan de son esprit de repentir, ses larmes coulent à flots, et lavent les pieds de Jésus. Quelle scène émouvante ! Comme le cœur du Seigneur a été bouleversé ! Cela lui donne la consolation de voir les fruits visibles de sa mission qui est d’apporter le pardon et le salut au monde. Ce même sens d’émerveillement et de gratitude doit imprégner chacune de nos confessions ce sacrement pour le quel hélas il y a beaucoup de désaffection ! Nos vies remplies d’amour devraient être le signe pour tous que nous avons bel et bien fait l’expérience du pardon de Jésus.
Parfois, nous agissons comme Simon. Nous avons des idées préconçues sur la conduite que Dieu devrait tenir. « Si Dieu m’aimait vraiment, il ferait ceci, il n’aurait pas permis cela… » L’humilité est une condition fondamentale à une relation profonde avec Jésus. Puisse l’eucharistie de ce jour nous obtenir les grâces de l’humilité, de la simplicité et la droiture dans nos relations avec ceux que nous rencontrerons. Amen.
P. Joseph Kinda

14 juin 2007

Homélies

Homélie de la fête du Corps et du Sang du Seigneur (fête Dieu) - 10 juin 2007
Nous nous demandons, parfois, comment faire la volonté de Dieu,quelle est cette volonté, comment savoir ce qui est important et ce qui ne l’est pas …

Il y a sûrement plusieurs réponses à cette vaste question, mais parmi elles, l’une est née en France, c’était au début du 17ème siècle, on appelle cette réponse « l’Ecole Française de Spiritualité ». Les grands noms de cette école sont : St Vincent de Paul, Pierre de Bérulle, St François de Sales, Madame Acarie …

On connaît quelques uns de ces noms, mais on connaît en général moins bien ce fourmillement extraordinaire de personnages hauts en couleur, et la grande fécondité spirituelle de cette période. Comme à toutes les périodes de l’histoire, les saints se connaissaient, ils se fréquentaient, se rencontraient souvent et se demandait eux aussi « comment faire la volonté de Dieu ? »

Tout a commencé, en fait, il faut bien le reconnaître, en Espagne à la fin du XVIème siècle : un certain Jean de la Croix et une certaine Thérèse d’Avila font parler d’eux, tout simplement, si j’ose dire, en réformant l’ordre du Carmel, en revenant à une pratique plus sérieuse de la vie religieuse, en revenant à quelque chose de plus évangélique (il est vrai qu’il y a toujours un danger dans la religion, celui de perdre la fraîcheur des premiers temps et de s’installer dans une pratique qui devient alors une coquille vide …). Lorsque ce vent de réforme commence à souffler en France (notamment sous l’influence de Pierre de Bérulle) le raisonnement de l’Ecole Française est simple : nous devons écouter l’Evangile, contempler la personne et les actes de Jésus, puis peu à peu entrer dans les sentiments de Jésus, se demander comment il ressentait les choses à cette époque, et enfin imiter, au plus près, ses actes et sa pensée.

Prenons l’exemple de l’Evangile d’aujourd’hui. Jésus fait trois choses : il parle du Règne de Dieu, il guérit les malades, il donne du pain à une foule affamée.

La question que l’on aurait posée au XVIIème siècle aurait été double : quels sont les sentiments que Jésus éprouve dans cette page d’Evangile ? Comment vais-je pouvoir l’imiter ?

Sa guérison des malades et son souci de faire manger ceux qui ont faim révèlent qu’il ne reste pas insensible à la détresse, que son cœur s’émeut de voir ses frères dans le besoin. L’Ecriture ne dit-elle pas : « si quelqu’un voit son frère qui est dans le besoin sans se laisser attendrir, comment l’amour de Dieu pourrait-il résider en lui (1ère lettre de saint Jean chapitre 3) ? ». Cela signifie pour moi, pour nous, que nous pouvons faire deux choses : la première toujours, la seconde dès que possible
1) maintenir notre cœur en éveil pour les pauvres
2) leur venir en aide concrètement dans l’action

Bien entendu, avec nos propres forces, c’est « mission impossible », et voilà pourquoi Il faut la Pentecôte et concrètement aujourd’hui la confirmation, afin que l’Esprit de Jésus se diffuse de plus en plus dans le nôtre et produise le même sentiment de compassion, d’amour réel pour ceux qui ont une pauvreté.

Mais Jésus parle aussi, il ne fait pas qu’agir, il fait partager, en fait, cette expérience de son Père qu’on appelle la prière, et nous savons que sa prière était filiale, puisque la seule prière formelle qu’il ait enseignée à ses disciples était le Notre Père … le Père régnait en lui par l’amour, et je dois étendre ce règne en moi, par une pratique régulière de la prière.

Et alors, comme naturellement, nous nous mettrons à parler, chacun à notre manière, à l’image de cet étudiant que j’ai rencontré l’autre jour, qui me disait, avec des phrases un peu hachées, qu’il avait régulièrement l’occasion de dire, assez naturellement, à ses compères qu’il participait à l’aumônerie, constatant malgré lui la portée assez grande de son témoignage. Et pourtant, pour autant que j’ai pu en juger, ce n’était pas un orateur, il était plutôt timide ! Tout le monde est capable d’évangéliser, tout le monde, sans aucune exception : il suffit que nous fréquentions le Christ, et que nous l’imitions …

Donnez-leur vous-même à manger … là, Jésus sort de l’écran, tel Woody Allen, et il nous dit : ne vous découragez pas ! Il vous semble qu’il y a peu de moyens, ayez confiance en moi ! Ce n’est pas vous qui multipliez les pains, c’est moi, cependant je veux que cela passe par vous, donnez-leur vous-même à manger. Donnez-leur la nourriture de la terre, il en faut, mais aussi la nourriture du ciel, c’est-à-dire la très sainte Eucharistie que nous fêtons spécialement aujourd’hui
P. Emmanuel d'Andigné

Catéchèses

Questions relatives à la catéchèse du 21 mai

1ère question : Comment transmettre aux autres notre goût du ciel ?
Il me semble que la première chose est de cultiver en nous ce goût du ciel, de le goûter concrètement dans la prière et la transmission se comporte comme un débordement du cœur qui est déjà touché par Dieu .

2° question : De quelle manière leur en parler ?
Ceci concerne plus le public auquel on s’adresse, s’il s’agit d’enfants ne pas avoir peur de leur parler du ciel parce qu’il n’est pas impossible qu’ils le comprennent mieux que nous .

Quant aux adultes, je crois que les mots les plus simples sont les plus justes car de toutes façons du grand théologien au simple curé de paroisse la description du ciel est quelque chose d’insuffisant dont nous ne pouvons avoir qu’une idée parcellaire ainsi que le montre l’image de l’iceberg que j’ai utilisée précédemment dans une catéchèse.
P. Emmanuel d'Andigné

02 juin 2007

Homélies

Homélie de la fête de la Sainte Trinité - 02 et 03 juin 2007
Au cours de la préparation au mariage, je demande aux fiancés : qu’est-ce qui caractérise la prière chrétienne, selon vous ? Un grand silence, hélas, souvent me répond … Les Musulmans prient, les Juifs prient, les Bouddhistes aussi etc … Qu’est-ce qui caractérise la prière chrétienne ?

La fête d’aujourd’hui nous donne des pistes pour répondre à cette question, car la prière chrétienne est unique en son genre, il n’existe aucun équivalent dans les autres religions du monde : la prière chrétienne est trinitaire, elle s’inspire de la Trinité, elle s’explique par la trinité, elle s’éclaire au moyen de la trinité, la prière chrétienne est trinitaire !

Je crois en un seul Dieu, dit-on dans le credo, c’est à Abraham que nous devons la découverte du Dieu unique, sa révélation, alors qu’Abraham était né dans une civilisation polythéiste …

Je crois en un seul Dieu, Créateur, Personnel, à qui on s’adresse quand on prie : sur ce point, nous sommes d’accord avec juifs et musulmans qui s’adressent aussi à un Dieu unique, se réclamant du même Abraham …

En revanche, nous nous écartons là du bouddhisme, pour lequel Dieu n’est pas une réalité extérieure, une personne différente de nous, nous ne parlons vraiment pas de la même chose lorsque nous prononçons le mot « Dieu ».

En aucun cas cela ne signifie qu’il faille renoncer au dialogue et à l’estime mutuelle, mais cela signifie simplement que le mot « prier » pour un chrétien (un juif, un musulman) n’a pas la même signification que pour un bouddhiste. Si vous avez bien suivi les rencontres d’Assise, en 1986, 1993 et 2002, vous avez su que pour la photo et pour la déclaration commune sur la quête de paix, il y a unanimité… Mais la prière, elle, s’est faite à différents endroits, car elle est de nature différente dans les différentes religions…

Ainsi donc, comme les juifs et les musulmans, nous nous adressons à Quelqu’un quand nous prions, mais c’est là qu’intervient la différence chrétienne : notre prière est trinitaire

Un seul Dieu, trois personnes : il y a trois personnes en Dieu. Le Père engendre éternellement le Fils, Il aime le Fils, le Fils aime le Père, et l’amour qui relie le Père au Fils s’appelle le saint-Esprit. Malgré cette distinction entre les trois personnes divines, il y a une très profonde unité, si profonde d’ailleurs, qu’en réalité, il n’y a qu’un seul Dieu ! Et voilà qui change tout pour la prière …

Par le baptême, nous devenons vraiment fils de Dieu, ce n’est pas une image, tandis que les fils d’Israël ont conscience de venir de Dieu, de sorte qu’il est comme un Père, mais ce n’est pas une réalité comme pour nous, nous sommes nous réellement, profondément, fils et filles de Dieu, au sens le plus familial du terme … par adoption certes, et non par nature, mais nous sommes vraiment ses fils !

La prière chrétienne, par conséquent, est un acte filial, c’est une relation intime entre un fils et son Père, il y a une proximité jamais égalée dans aucune religion, car Dieu s’est fait homme, cette proximité est physique, ce qui est impossible en Islam et en judaïsme.

C’est une prière filiale, car nous sommes vraiment fils adoptifs de Dieu, et cet amour qui nous relie au Père, ce n’est pas quelque chose, c’est quelqu’un : le saint-Esprit. Nous sommes baignés, si je puis dire, dans l’Esprit Saint, c’est lui qui nous pousse à prier, Il nous accompagne dans la prière, Il nous donne les mots qu’il faut, Il nous donne même le désir de prier, sans lui nous ne pourrions pas prier : nous prions comme on dit « dans l’Esprit-Saint ».

Autrement dit, et c’est cela qui est extraordinaire dans la prière chrétienne : la prière est un acte divin ; non pas seulement un acte humain très beau, mais un acte divin fait par un homme, car Dieu s’est fait homme pour que l’homme prie Dieu à la manière de Dieu, On ne trouve cela nulle part ailleurs …

Nous sommes loin d’avoir exploré toutes les richesses de notre propre religion, nous devons vraiment faire un effort, intellectuel et spirituel, pour mieux la connaître et surtout pour mieux la vivre. Et alors autour de nous, on sentira comme une sorte de « touche trinitaire », une révélation de Dieu, et tant mieux ! Parce que seul Dieu peut combler notre cœur et le cœur de tout homme
P. Emmanuel d'Andigné

01 juin 2007

Homélies

Homélie du jour de la Pentecôte - 27 mai 2007

A la faveur du synode diocésain en marche, le père évêque veut marquer l'importance de l'action de 1''Esprit saint dans cette grande démarche. C'est pourquoi il célèbre en ce jour de pentecôte, le sacrement de la confirmation d'une façon qui me semble-t-il est une première dans le diocèse. Tous les confirmandi du diocèse au cours d'une et seule célébration, vont recevoir le don du Saint Esprit et être envoyés dans le monde. Dans une lettre pastorale pour la pentecôte, l'évêque consacre sa pensée sur La troisième personne de la Trinité et son rôle dans la vie des croyants, accepterez-vous qu'ensemble on en parle aussi brièvement?
La confirmation trouve son origine dans le Livre des Actes des Apôtres (8,15-17 et 19,1-7). Elle se recevait immédiatement après le baptême et ne constituait pas un sacrement particulier; elle était une partie de l'initiation chrétienne, un complément du baptême par l'imposition des mains. Lorsque le baptême n'était pas donné par un apôtre, il était complété. par l'imposition des mains faite par un apôtre. Cette imposition des mains donnait l'Esprit
Pendant l'imposition des mains, l'évêque demande à Dieu de donner en plénitude l'Esprit qui reposait sur son fils Jésus : l'esprit de sagesse et d'intelligence, l'esprit de conseil et de force, l'esprit de connaissance et d'affection filiale et l'esprit d'adoration.
Cette demande est inspirée par un texte du prophète Isaïe (11,2­3) qui décrit les dons que le messie recevra de Dieu. La tradition chrétienne a beaucoup insisté sur sept dons de l'Esprit. Mais nous devons savoir que cette liste n'est pas limitative. Les béatitudes sont aussi des dons de l'Esprit. A quoi nous sert-il de recevoir ces dons? Le chrétien qui reçoit la confirmation, reçoit une mission de témoignage.
De même que les apôtres, remplis de l'Esprit saint à la Pentecôte, se sont mis à annoncer la Bonne nouvelle, de même les dons de l'Esprit à la confirmation appellent au témoignage et donnent l'aptitude au témoignage. Le confirmé témoigne pour bâtir l'Église, il rend témoignage au Christ pour l'édification de son Corps. Le confirmé est appelé à prendre une part active à la vie de l'Église. Il y a multiple façons d'être engagé dans l'Eglise. Cette
démarche ne vient pas toute seule, car l'être humain est spontanément tourné vers lui-même et ses propres intérêts plutôt que vers les autres. La société ambiante valorise surtout l'esprit de compétition qui prône le dépassement, non de soi, mais des autres. L'objectif à atteindre est la réalisation de soi au mépris des autres, par l'accumulation de richesses, d'honneurs, en renversant tout ce qui, et tous ceux qui, font obstacle à l'ascension vers les plus hauts sommets que l'on se fixe comme objectifs. Il y a là une certaine forme d'engagement, mais uniquement envers et au profit de soi-même et qui entraîne la réalisation d'exploits extraordinaires suscitant l'admiration des autres, voire des foules. Pour le chrétien, son engagement n'a de sens que s'il profite à ses frères. Comme son Seigneur venu pour servir et non pour être servi, il s'engage et trouve son épanouissement et son bonheur dans la joie qu'il peut apporter à ses semblables. Démarche opposée à cette inclinaison naturelle vers soi, et que celui qui reçoit l'Esprit de force peut poser
Ce sacrement est nécessaire pour vivre une vie chrétienne authentique, car la force de l'Esprit est indispensable pour vivre en vrai témoin du Christ. C'est un manque important de ne pas avoir reçu tous les dons de l'Esprit.
De plus, il y a des cas où la confirmation est obligatoire comme pour la mission de parrain ou marraine de baptême et de confirmation (canon 874). Le code de droit canonique demande aussi que l'on n'admette pas au mariage des fiancés non confirmés sauf ({ s'il existe un grave inconvénient}) (canon 1065). Malheureusement, comme pour d'autres choses encore, l'Eglise accuse un relâchement à ce niveau et il convient que chacun de nous redonne à l'Esprit saint sa place dans sa vie afin de comprendre sa présence et son action. Puisse l'esprit de pentecôte nous obtenir de le connaitre davantage et de vivre par lui en véritables disciples du Christ, joyeux de répandre sa Bonne nouvelle parmi les hommes. Amen
P. Joseph Kinda

Catéchèses

Catéchèse du 21 mai - l’exposé : "Il est ressuscité et monté aux cieux"
Un jour, un prêtre s’adressait à des enfants … il leur montre alors un timbre-poste et leur demande : « si vous aviez à résumer toute la Foi chrétienne sur ce timbre, quelle phrase mettriez-vous ? » Après avoir laissé dire quelques belles phrases qui en fait conviennent à beaucoup de religions, il finit par dire : « le Christ est ressuscité ». Cette anecdote illustre la catéchèse d’aujourd’hui, nous allons contempler cette affirmation, qui est vraiment spécifique du Christianisme, avec celle qui concerne l’Incarnation : « Jésus, vrai Dieu, fait homme, vrai homme, est ressuscité des morts, lui qui était vraiment mort sur la croix ». Je vais tâcher de répondre à quelques questions simples que l’on se pose à ce sujet.

1) sur quoi notre foi repose-t-elle ?

L’éducation ? L’habitude ? Des évènements historiques extraordinaires (comme les miracles par exemple) ? Il y a deux types de réponses à cette question : sur le plan personnel, il est vrai qu’on arrive à la fois souvent par l’éducation, ou une conversion, un événement marquant … mais lorsque, tous ensemble, quel que soit notre itinéraire personnel, nous nous demandons ce qui fonde notre foi, alors les critères personnels ne suffisent plus … nous affirmons, donc, que notre foi repose sur le témoignage des apôtres qui l’ont vu vivant ! Il est vraiment ressuscité ! Pour être plus précis, cette affirmation qui nous vient des apôtres repose elle-même sur deux réalités, à savoir le tombeau vide et les rencontres des apôtres avec le ressuscité.
Il faut noter un numéro important du Catéchisme (le n° 643) qui tâche d’analyser le doute qui pourrait subsister en nous à propos de la réalité de la résurrection (ne s’agirait-il pas du délire exalté d’un petit groupe d’illuminés ?) : au contraire, ; l’Evangile nous montre des disciples découragés, faibles et couards, n’ayant pas tous cru tout de suite, ayant douté de la parole des femmes … et devenus étrangement confiants et intrépides (on pense à la Pentecôte).

Aujourd’hui (le Catéchisme ne le mentionne pas), une menace plus récente pèse sur notre foi en la résurrection : Jésus serait vivant de façon purement psychologique par son souvenir dans nos cœurs, mais ce n’est pas une réalité historique et physique (souvenez-vous du film « Pocahontas », dans lequel, au moment de la mort de l’un des héros, celui-ci dit à celle qui l’aime « je serai toujours vivant dans ton cœur »). Il est sans doute vrai qu’il y a une certaine forme de présence et de vie de quelqu’un de mort par le souvenir que nous avons de lui, mais il faut le redire avec netteté : Jésus est vraiment, corporellement, historiquement, physiquement ressuscité, avec un vrai corps d’homme, sans quoi l’affirmation de la résurrection n’aurait plus aucune consistance ni aucune crédibilité, la foi chrétienne accorde beaucoup d’importance à l’histoire !

2) comment s’est passée la résurrection ?

le Catéchisme dit que l’événement est « transcendant » : ce mot signifie que la résurrection échappe à notre perception sensible, car cette intervention divine est beaucoup trop grande pour nos yeux ou même notre intelligence. C’est la raison pour laquelle aucun témoin n’a assisté au phénomène lui-même, mais plutôt à sa conséquence : il était là, parlant, montrant la plaie de son côté, mangeant, buvant …

3) à quoi ressemble un corps ressuscité ?

Il est important de redire que c’est un vrai corps (Jésus mange, les fantômes –qui d’ailleurs n’existent pas- ne peuvent pas manger …) ; par ailleurs, ce corps n’est pas soumis à l’espace ou au temps comme les nôtres aujourd’hui le sont (il donne l’impression de « traverser » les murs, il « apparaît », c’est-à-dire qu’en réalité, il suffit qu’il pense à un endroit en voulant y être pour qu’il y soit, de façon instantanée) ; enfin, il peut prendre diverses formes, ainsi que le fait remarquer le Catéchisme : la forme d’un « jardinier », par exemple, ou alors d’autres formes, comme le suggère MARC 16,12, sans pourtant donner de précisions (on pense aussi aux disciples d’Emmaüs).

4) qui a ressuscité Jésus ?

le Catéchisme nous rappelle que c’est une œuvre de la Trinité, et non pas seulement de l’une des personnes divines. Dieu le Père réalise par l’Esprit-Saint une ré-unification de l’âme et du corps de Jésus (voir le n° 650). Le Verbe de Dieu, quant à lui, seconde personne de la sainte trinité, s’était « uni » à un vrai corps et une vraie âme, jusqu’au moment où a eu lieu la mort, c’est-à-dire la séparation de ce corps et de cette âme : la résurrection est aussi cette « œuvre » du Verbe de Dieu, qui unit à nouveau le corps et l’âme qui avait été séparés par la mort.

5) qui est concerné par la résurrection de Jésus ?

Tous les hommes le sont, l’humanité toute entière est la bénéficiaire privilégiée
et même la destination de cette résurrection : c’est POUR NOUS que Jésus est ressuscité. Dieu, en effet, n’avait pas besoin de prouver qu’il est maître de la vie, qu’il a pouvoir sur la vie. Dieu a ressuscité son Fils afin que nous puissions nous aussi ressusciter à notre tour.

6) et l’Ascension ?

le Catéchisme ne dit pas grand chose sur la question, sans doute parce que la résurrection et l’ascension appartiennent à un seul mouvement : Jésus monté au cieux est le même que Jésus ressuscité, il est déjà dans la condition céleste. D’ailleurs, nous aussi, nous serons plongés dans la sainte Trinité lorsque nous ressusciterons, nous y sommes déjà un peu par la foi et complètement à la résurrection : nous sommes déjà « citoyens des cieux », nous devons nous « asseoir à côté » de Dieu, comme le Christ Jésus.
Juste avant cet événement de l’Ascension, Jésus déclare (Mt 28,16) : « allez, de toutes les nations faites des disciples, baptisez-les au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit, et voici que moi, je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin des temps ». Par l’Ascension, Jésus nous entraîne avec lui dans les cieux et notre joie, c’est d’entraîner avec nous ceux qui nous entourent !

Conclusion : en quoi cet enseignement nous lance-t-il dans l’Evangélisation ?
Au fur et à mesure que nous suivons les pas de Jésus dans l’Evangile, nous comprenons de quelle manière nous pouvons participer (humblement, certes, mais réellement) : en l’imitant, au plus près. Tout d’abord, vivre la condition de nos contemporains, être des citoyens d’ici-bas, être pour nos contemporains des compagnons de route. Ensuite, nous devons faire des miracles, c’est-à-dire des choses un peu extraordinaires qui révèlent l’amour de Dieu (Donner un pardon impossible, donner sa vie aux pauvres, ne jamais se décourager, découvrir des formes simples d’héroïsme quotidien …). Puis, comme le Christ, enseigner, réfuter, refuser l’injustice, se mettre en colère si c’est nécessaire, écouter, pardonner, questionner … mourir, mais mourir à la gloire des hommes, au péché et à tout ce qui avilit l’humanité … et enfin ressusciter, ce qui signifie se relever après chaque chute, annoncer la vie après la mort, s’habituer déjà à dialoguer amoureusement avec Dieu. Ainsi, nous serons déjà un peu aux cieux, en ce sens que nous pourrons en connaissance de cause parler du ciel, être remplis d’espérance !
P. Emmanuel d'Andigné