26 septembre 2008

Homélie du 21 septembre

Homélie du 26ème dimanche du Temps ordinaire - année A
Nous avons beau écouter cet évangile régulièrement, nous avons trois problèmes : le premier, c’est que nous écoutons toujours l’évangile de façon morale, alors que, de nature, il est d’abord spirituel, je vais donc terminer par la « lecture morale », qui est toujours fruit du spirituel. Le second problème, c’est que nous ne sommes pas juifs, et le troisième, c’est que nous souffrons du « syndrome de comparaison », dont la jalousie est la manifestation la plus fréquente …

Prenons le premier problème : nous ne sommes pas juifs. Les auditeurs de Jésus, tous juifs, ont assez rapidement pris l’habitude d’être « visés » par les paraboles du Christ, plus précisément ceux qui refusèrent de l’accueillir comme Messie ; assez fréquemment, lorsqu’il y a plusieurs groupes dans une parabole, le premier ou le plus ancien (parfois il peut s’agir d’une seule personne, je pense au frère aîné dans la parabole du Fils Prodigue) désigne le peuple juif, celui qui le premier a reçu par un choix et une tendresse particulière de Dieu, la révélation divine … mais un ancien qui refuse la nouveauté du Christ, laquelle est accueillie plus facilement parfois par quelqu’un qui « débarque » dans la connaissance de Dieu !

Ce que Jésus veut dire, donc, c’est que les juifs de son temps (et de tous les temps d’ailleurs) ne doivent pas s’étonner que d’autres peuples reçoivent une grâce équivalente à la leur bien que recevant la révélation divine beaucoup plus tard …

Travailler à la vigne, ou travailler à répandre le règne de Dieu sur la terre, rapporte autant à celui qui le fait depuis toujours, qu’à celui qui vient de se convertir. Et nous voyons immédiatement quel message s’adresse à nous, qui sommes catholiques depuis longtemps (je le suis depuis moins longtemps que beaucoup d’entre vous, mais je suis tout de même comme Obélix : « je suis tombé dedans quand j’étais petit ») : Dieu peut et veut donner autant de grâce à qui il veut, quand il veut, en fonction du travail qui est réalisé : étendre le règne de Dieu dans les cœurs, dans le monde par l’amour.

Et pour obtenir cette véritable conversion de nous réjouir de ce que n’importe qu’elle personne puisse recevoir en un instant autant et même plus que ce que nous amassons péniblement au bout de toute une vie de baptisé, il faut nous guérir du « syndrome de comparaison ».

Nous comparer les uns aux autres, ou alors comparer Benoît XVI à Jean-Paul II (c’est assez équivalent), c’est s’exposer à la tristesse, car nous trouvons toujours quelque chose de mieux à côté de nous, nous idéalisons ce qui est passé ou lointain (on pense à la chèvre de Mr Seguin …)

En revanche, se réjouir du bien qui arrive aux autres fait naître dans le cœur la joie, et notre joie alors est double : joie de ce que Dieu a fait en nous ou de nous, et joie de la même chose chez son voisin.

Le syndrome de comparaison, c’est comme la cigarette, on sait ce que c’est mauvais, mais on continue tout de même ; et savez-vous comment les fumeurs arrêtent de fumer ? D’un seul coup, brusquement, du jour au lendemain, car progressivement, paraît-il, ça ne marche pas … on pourrait essayer pour la comparaison !

Puissions-nous être des ambassadeurs de la joie, comme le Pape Benoît XVI qui nous a fait cette très grande joie de venir nous rencontrer, à Paris et à Lourdes, montrant son intérêt aux autorités de l’Etat,
Aux intellectuels, aux prêtres, aux religieuses, aux séminaristes, aux jeunes, aux français, aux évêques, aux malades, aux musulmans, aux juifs, aux chrétiens d’autres confessions, portant la joie à chacune de ces catégories, leur montrant sa confiance (souvenez-vous : « je vous fais confiance, chers jeunes »), réalisant de cette manière un parcours politique parfait, politique dans le sens le plus noble du terme : servir la vie de la cité et travailler à ce que la cité soit meilleure après son passage qu’avant …
Après la lecture spirituelle, après seulement, nous pouvons faire une lecture morale, en constatant que le maître de la vigne, Dieu, est juste, puisqu’il a donné le salaire convenu à chacun : personne n’a été trompé, et tout le monde a bien eu son salaire …

et s’il nous reste encore un sentiment d’injustice, eh bien demandons-nous comment il peut se faire que des parents qui ont plusieurs enfants puissent donner 100% de leur amour à chaque enfant au lieu de répartir en fonction de l’âge ou des mérites (ça non plus, ce n’est pas logique !). L’amour n’est pas une quantité qui se calcule, de la même façon que les choses matérielles ; il a « ses raisons que la raison ignore (Pascal) », et le bien dont il est question dans la parabole c’est l’amour.

Rendons grâce à Dieu d’avoir déposé en nous l’amour et de nous avoir chargés de le répandre à notre tour.

P. Emmanuel d'Andigné

20 septembre 2008

homélie du 14 septembre 2008

FÊTE DE LA CROIX GLORIEUSE – ANNEE A
14 Septembre 2008



Pourquoi cette fête de « La Croix Glorieuse » aujourd’hui ?

La vénération de la sainte Croix en ce 14 septembre se rattache aux solennités de la dédicace, de la consécration, de la basilique de la Résurrection, église érigée sur le tombeau du Christ, en 335, l’empereur Constantin Ier ayant donné la possibilité à l’Eglise de s’établir au grand jour.

La chasuble du prêtre était verte les dimanches précédents ; elle est rouge aujourd’hui, couleur du sang versé sur la croix.

« L’exaltation de la sainte Croix » (titre exact de cette messe) est fêtée tous les ans, mais elle prend plus de relief, bien sûr, quand elle tombe un dimanche.

La croix est le signe essentiel du chrétien. Elle peut se porter sur un vêtement, avec un collier, ou de tout autre façon. Les évêques ont une croix pectorale (sur la poitrine). Beaucoup de prêtres, de religieux, de religieuses, en portent distinctement, et de nombreux laïcs également.
Toutes les prières en commun commencent par le signe de la Croix. Car, en l’accompagnant de la Parole, elle dit l’essentiel de la Foi : « Au nom du Père, et du Fils, et du saint Esprit. » Un seul Dieu, mais en trois personnes.

La Croix est pourtant un signe très paradoxal. Elle dit à la fois le meilleur et le pire. Elle est l’objet de rejet instinctif, et d’admiration absolue.

Saint Paul écrit aux Corinthiens : « Nous prêchons un Christ crucifié, scandale pour les Juifs et folie pour les païens ». Pour le monde gréco-romain, la crucifixion, la mise en croix, est un supplice réservé aux esclaves, elle n’est pas seulement une mort cruelle, mais une honte. Pour les Juifs, un condamné au gibet porte sur lui la marque de la malédiction divine.

Pour les disciples de Jésus, on se doute de leur réaction horrifiée. Pierre, qui pourtant venait de reconnaître en Jésus le Messie, ne peut tolérer l’annonce de sa souffrance et de sa mort ; à plus forte raison, comment admettre la crucifixion ?

« Jésus-Christ – nous dit Saint Matthieu - avait commencé à montrer à ses disciples qu’il lui fallait s’en aller à Jérusalem, souffrir beaucoup de la part des anciens, des grands prêtres et des scribes, être mis à mort, et, le troisième jour, ressusciter. » Pierre réagit violemment : « Non, cela ne t’arrivera pas ! »

Mais après la Pentecôte, illuminés par la gloire du Ressuscité, les disciples de Jésus proclament cette nécessité à leur tour. Ils situent le scandale de la Croix à sa vraie place dans le dessein de Dieu.
Si le Messie a été crucifié d’une manière scandaleuse, ce fut sans doute à cause de la haine de ses frères, mais ce fait acquiert une nouvelle dimension : il accomplit « ce qui avait été écrit du Christ. »

Après la guérison d’un infirme à la porte du Temple, comparaissant devant le Sanhédrin, Pierre déclare : « Sachez-le donc vous tous et tout le peuple d’Israël, c’est par le nom de Jésus, crucifié par vous, ressuscité des morts par Dieu, c’est grâce à lui que cet homme se trouve là, devant vous, guéri. »

Le Christ accomplit ce qui avait été annoncé par les Ecritures. Paul l’écrit aux Corinthiens : « Le Christ est mort pour nos péchés, il a été enseveli, il est ressuscité le troisième jour, selon les Ecritures. »
Ainsi, par le sang de sa Croix, Dieu s’est réconcilié tous les êtres. En supprimant les anciennes divisions causées par le péché, il a rétabli la paix et l’unité entre Juifs et païens pour qu’ils ne fassent plus qu’un seul corps.

Dans la pensée de saint Jean, la Croix n’est plus simplement une souffrance, une humiliation ; elle est déjà la gloire de Dieu anticipée.
Dans les Actes des Apôtres, saint Luc écrit : « Le Dieu de nos Pères a ressuscité Jésus que vous aviez exécuté en le pendant au bois. C’est lui que Dieu a exalté par sa droite comme Prince et Sauveur, pour donner à Israël la conversion et le pardon des péchés. »

Pour être libérés du péché, il ne nous suffit pas d’admirer ce que le Christ a fait pour nous. Il nous appelle à coopérer
« Si quelqu’un veut venir à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive. »

C’est là pour chacun de nous la difficulté. Benoit XVI ce matin, commentant la première lecture de la messe de saint Jean Chrysostome, exhortant les fidèles à renoncer aux idoles, non pas les idoles matérielles des civilisations primitives, mais celles que nous nous fabriquons : la richesse et toutes les déviations du comportement.

Jésus, qui était de condition divine, « s’est abaissé lui-même en devenant obéissant jusqu’à mourir, et à mourir sur une Croix., écrivait saint Paul aux Philippiens. » « C’est pourquoi Dieu l’a élevé au-dessus de tout. »

Puissions-nous, à l’exemple de l’Apôtre, dire en toute vérité : « Que notre seule fierté soit la Croix de Notre Seigneur Jésus-Christ. En lui, nous avons le salut, la vie et la résurrection ; par lui, nous sommes sauvés et délivrés. »

Amen
Père Jean Rouillard

Homélie du 07 septembre 2008

Homélie du 23ème dimanche du temps ordinaire, année A
« Je crois en la Sainte Eglise Catholique »

Il me semble que c’est l’une des phrases qui posent le plus grand nombre de problèmes aujourd’hui … Eh bien la liturgie de la parole nous fait faire une belle, une très belle méditation sur l’Eglise.

Evidemment, c’est l’Evangile qui est le plus clair et le plus explicite en la matière, nous y reviendrons, mais il faut commencer par le psaume :

Venez, crions de joie pour le Seigneur,
Acclamons notre rocher, notre Salut,
Allons jusqu’à lui en rendant grâce,
Par nos hymnes de fête acclamons-le

Entrez, inclinez-vous, prosternez-vous,
Adorons le Seigneur qui nous a fait …

L’Eglise est avant tout ce qui rassemble les adorateurs de Dieu, les chanteurs de Dieu, ceux qui expriment leur gratitude à Dieu, ceux qui font la fête pour Dieu …

Il est notre Dieu,
Nous sommes le peuple qu’il conduit
Ecoutons aujourd’hui sa Parole …


Il y a une attitude fondamentale d’amour d’adoration (Dieu est Dieu ! C’est le cri premier de l’adoration) d’écoute qui est à la base du mystère de l’Eglise. Il faut sans cesse redire cela, pour que nous conservions la fraîcheur et la joie et qu’aucune poussière ne vienne se déposer sur une religion à laquelle on risque de s’habituer, et qui pourrait bien ne plus rien nous faire… Péguy disait : « il y a quelque chose de pire qu’un chrétien mauvais, c’est un chrétien habitué ».

Et puis bien sûr, quand on médite sur l’Eglise, il faut interroger le Christ qui en donne une magnifique définition :

« tout ce que vous aurez lié sur la terre sera lié dans les cieux, et tout ce que vous aurez délié sur la terre sera délié dans les cieux. »

Dieu veut que son amour, sa grâce, son salut passent par l’Eglise (on se souvient du film avec Pierre Fresnay « Dieu a besoin des hommes » …) : c’est la raison pour laquelle on a pu dire « hors de l’Eglise, point de Salut » …

Cela ne signifie pas que Dieu ne peut sauver que dans les limites visibles de l’Eglise Catholique (Dieu est propriétaire de son Salut, il sauve qui il veut, quand il le veut …), mais cela signifie que la grâce, l’amour, le salut ne tombent pas sur la terre comme un météorite (ce qui serait une atteinte à la liberté et à la dignité de l’homme) ; Dieu veut passer par des hommes qui sur la terre lient certaines choses et en délient d’autres. Pour que le salut de Dieu ait un visage humain. Ce visage, c’est celui du Christ, vrai homme et vrai Dieu, c’est lui qui, le premier, a établi une jonction, à fait se rejoindre Dieu et l’homme donnant une incomparable dignité à l’homme, le rendant responsable de son propre Salut.

L’Eglise est donc « sacrement du Salut (l’expression est de Vatican II) ». Dieu veut sauver ce qui se mettent « à deux ou à trois », ceux qui forment une communauté, plutôt que de répandre une énergie aveugle, telle qu’on prétend la capter dans le New Age, par exemple.

"Si deux d’entre vous se mettent d’accord pour demander quelque chose, ils l’obtiendront de mon Père qui est aux cieux"

Nous avons là quelque chose d’encore plus beau : l’Eglise est le lieu où Jésus nous écoute ! Nous écoutons Jésus bien sûr, mais avons-nous conscience qu’il nous écoute, lui aussi ?! Si nous avions à donner une définition de l’Eglise, dirions-nous « l’Eglise est le lieu ou Jésus nous écoute » ? …

"Quand deux ou trois sont réunis en mon nom,
Je suis là au milieu d’eux …"


La méditation continue : l’Eglise est ce lieu où Jésus est vraiment, substantiellement, réellement présent : « Je suis là au milieu de vous », vient-il de nous dire, à nous aussi …

Si je devais, donc, risquer une définition de l’Eglise, je pourrais dire : l’Eglise est ce que Dieu a choisi pour sauver tous les hommes, où les hommes sont écoutés par Dieu, par laquelle Dieu descend vers l’homme qui monte vers lui. Il me semble que cette définition évangélique est assez éloignée de celle que le monde donne de l’Eglise, considérée comme une administration qui gère de la religion. Peut-être que cette définition froide et fausse vient de ce que l’Eglise a quelque chose de prophétique et je termine avec ce dernier aspect, justement souligné par le prophète Ezéchiel.

Parler au nom du Seigneur, c’est difficile : c’est vrai du prophète, c’est vrai de l’Eglise … il faut bien que de temps à autre, on aborde des sujets qui fâchent ; pas par plaisir, mais par nécessité. Et l’Eglise comme le prophète devra toujours souffrir de la vérité qu’elle annonce.

Mais Jésus insiste sur ce que Ezéchiel déjà dit six-cent ans avant lui : il est toujours meilleur de reprendre une personne individuellement que de former autour de lui une communauté de réprobation ; ce qui au fond, obéit au bon sens le plus élémentaire …

Mystère d’adoration, de chant, d’amour, d’annonce de la vérité, d’écoute de Dieu, de Salut, l’Eglise est belle, elle n’est pas simplement un objet de foi, mais aussi un objet d’amour et d’émerveillement. Que Dieu dépose en nous l’amour de l’Eglise !

P. Emmanuel d'Andigné

02 septembre 2008

Homélie du 31 Août 2008

22ème DIMANCHE du Temps Ordinaire – ANNEE A
31 Août 2008



Pour le retour des vacances, il faut bien reconnaître que les lectures de cette messe ne sont pas très réjouissantes !

« Tout le monde se moque de moi », dit le prophète Jérémie. – « Je vous exhorte, ajoute Saint Paul, à offrir votre vie à Dieu en sacrifice saint ». Il se fait l’écho de la parole même de Jésus, qui commence à montrer à ses disciples qu’il va lui falloir beaucoup souffrir et être tué. Et il conclut : « Si quelqu’un veut marcher derrière moi, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive ».

Heureusement, le verset d’introduction à l’Evangile nous disait, de façon plus encourageante : « Que le Père de Notre Seigneur Jésus-Christ illumine nos cœurs ; qu’il nous fasse voir quelle espérance nous ouvre son appel ».

En quelques lignes, Jérémie nous en dit long sur son aventure spirituelle : le Seigneur l’appelle, il est touché : « Je me suis laissé séduire », dit-il. Dans sa mission de prophète, il est contesté par les autorités du Temple. Certains prêtres vont jusqu’à dire : « Cet homme mérite la peine capitale ». Jérémie essaie de se défendre : « C’est le Seigneur qui m’a envoyé prophétiser… Mais maintenant, améliorez votre conduite, votre manière d’agir, écoutez l’appel du Seigneur votre Dieu… Quant à moi, je suis en votre pouvoir ; faites de moi ce qui vous plaît, ce qui vous paraît juste. Sachez bien cependant que si vous me tuez, vous serez coupables – vous-mêmes, cette ville et ses habitants – du meurtre d’un innocent, car c’est vraiment le Seigneur qui m’a envoyé prononcer toutes ces paroles pour que vous les entendiez ».

En butte aux injures et à la moquerie, Jérémie est tenté de se taire. Il se disait : « Je ne penserai plus au Seigneur, je ne parlerai plus en son nom ».
« Mais, ajoute-t-il, il y avait en moi comme un feu dévorant, au plus profond de mon être. Je m’épuisais à le maîtriser sans y réussir ». Jérémie, courageusement, reste fidèle à sa mission.

L’Eglise fêtait jeudi Saint Augustin. Le jeune et brillant intellectuel né au milieu du IX ème siècle en Afrique du Nord avait été élevé dans la foi chrétienne. Poursuivant ses études en Italie, il prit ses distances avec la foi de son enfance et la morale qui en découle. Après un certain égarement, lui aussi éprouva un feu intérieur lui faisant redécouvrir le chemin de la vérité et du véritable Amour. Il devint le grand penseur, prêtre, puis évêque d’Hippone (dans l’actuelle Algérie) où il se dépensa sans compter au service de son peuple jusqu’à sa mort en l’année 430.

Vendredi, c’était une autre très grande figure de l’Eglise qui était fêtée, Jean-Baptiste. Lui aussi, parlant au nom de Jésus son cousin, n’a pas manqué à son devoir de dire la vérité au roi Hérode, ce qui lui valut d’être décapité le jour même.

Quand Jésus annonça ce qui devait lui arriver : la grande souffrance et la mort, on comprend que Pierre ait réagi vigoureusement. Il venait de déclarer : « Tu es le Messie, le Fils du Dieu vivant ». Il avait été approuvé par Jésus lui-même. Comment admettre qu’il soit victime, qu’il soit vaincu ? Ne devait-il pas, au contraire, gouverner, dominer, régner ? La répartie de Pierre semble celle du bon sens, de l’évidence : « Dieu t’en garde, Seigneur, cela ne t’arrivera pas » - « Tes pensées, répond Jésus, ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes ».

Il ne nous est pas naturel de penser comme Dieu. Saint Paul écrit aux Romains : « Ne prenez pas pour modèle le monde présent, mais transformez-vous en renouvelant votre façon de penser pour savoir reconnaître quelle est la volonté de Dieu : ce qui est bon, ce qui est capable de lui plaire, ce qui est parfait ».

Offrir sa personne et sa vie en sacrifice saint, c’est essayer de répondre à chaque instant aux appels du Seigneur. C’est cela qui est difficile, qui demande du renoncement, qui peut aller jusqu’à l’héroïsme. C’est cela porter sa croix. C’est cela accepter la souffrance par fidélité à son devoir, ce qui est l’expression de « la volonté de Dieu ».

Jésus ne nous dit pas de chercher un moyen de nous faire souffrir sans nécessité. Ce serait absurde ! Il nous dit que si nous voulons être fidèles à notre vocation chrétienne, inévitablement, nous rencontrerons des privations, des efforts pénibles, des contradictions, des critiques, et peut-être des persécutions.

C’est d’ailleurs ce que nous enseigne l’expérience de tous les jours. On ne fait rien de grand sans mal, dans tous les domaines. Les jeux olympiques nous ont montré une nouvelle fois toutes les souffrances que s’imposent les athlètes dans l’espoir de monter sur le podium. Et les jeunes, à la veille de la rentrée, savent bien, que pour réussir dans ses études, il faut se donner du mal. La tricherie peut faire illusion pendant quelque temps, mais elle aboutit à la déchéance et à la honte. On ne se moque pas de Dieu.

Tout ce qui est accompli dans le sens de l’amour, du don de soi à Dieu, au prochain, a de la valeur aux yeux du Seigneur. Tout ce qui va dans le sens de l’égoïsme, de l’orgueil, du mépris de l’autre, c’est cela : « perdre sa vie, la gâcher ». Nous sommes avertis : « Le Fils de l’homme viendra avec ses anges dans la gloire de son Père ; alors il rendra à chacun selon sa conduite ».

Amen
Père Jean Rouillard