26 août 2008

Homélie du 24 août 2008

21ème DIMANCHE du Temps Ordinaire – ANNEE A
24 Août 2008



« Jésus était venu dans la région de Césarée de Philippe. » - Pour les personnes qui ont fait un pèlerinage en Terre Sainte, on peut rappeler que cette ville se situe tout au nord d’Israël, au nord donc du lac de Galilée, près des sources du Jourdain. Elle fut construite en l’année 2 ou 3 avant Jésus-Christ par Hérode Philippe en l’honneur d’Auguste. Elle s’appelle actuellement Banijas.

« Qui est le Fils de l’homme ? » demande Jésus à ses disciples.
Pour la plupart des biblistes, cette appellation « Fils de l’homme » se rattache au livre de Daniel. Selon celui-ci, le Fils de l’homme vient au dernier jour juger les pêcheurs et sauver les justes. En le désignant ainsi, la communauté primitive manifeste une originalité qu’on peut attribuer à Jésus. Elle montre en Jésus celui qui anticipe le jugement avec autorité, sauvant les pêcheurs et inaugurant l’ère messianique.
Le Fils de l’homme est maître du Sabbat. Mais il va être livré aux mains des hommes, dont il doit souffrir beaucoup ; il sera rejeté par les anciens, les grands prêtres et les scribes. Il sera mis à mort, et, trois jours après, il ressuscitera. En ce Serviteur de Dieu, sont unies paradoxalement la gloire et la croix.

Manifestement, les disciples se posent beaucoup de questions sur l’identité de Jésus. Leurs réponses montrent que les opinions étaient variées. Mais tous voyaient en lui un personnage exceptionnel, peut-être un Prophète ressuscité ?

Simon-Pierre donne d’emblée la bonne réponse : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant. » Jésus lui évite aussitôt tout sentiment d’orgueil pour cette lumineuse affirmation : « Ce n’est pas la chair et le sang, c’est-à-dire ta simple intelligence d’homme faillible, ce n’est pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela, mais mon Père qui est aux cieux. »

« Heureux es-tu, Simon, fils de Yonas. »
Il est heureux d’avoir été choisi pour une telle révélation. Mais la charge qui va lui être confiée est redoutable : « Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise. »
Il a immédiatement l’assurance que les puissances infernales ne l’abattront pas : « La puissance de la mort ne l’emportera pas sur elle. » Pierre ne tardera pas à expérimenter les difficultés de l’entreprise.

La hauteur de la responsabilité confiée est vertigineuse : « Je te donnerai les clefs du Royaume des cieux : tout ce que tu auras lié sur la terre sera lié dans les cieux, et tout ce que tu auras délié sur la terre sera délié dans les cieux. »
Cette déclaration de Jésus correspond au rôle éminent que Pierre a joué aux premiers jours de l’Eglise. La tradition catholique se réfère à ce texte pour fonder la doctrine selon laquelle les successeurs de Pierre, les papes, héritent de sa primauté.

Jésus promet à Pierre le pouvoir de lier et de délier, c’est-à-dire d’interdire ou de permettre, d’introduire dans la communauté religieuse ou d’en exclure.
L’image des clefs fait allusion à l’autorité, au pouvoir.

Elle se trouve déjà dans le livre d’Isaïe, dans la première lecture.
Le Seigneur chasse de son poste un haut fonctionnaire, le gouverneur Shevna, maître du palais, qui ne pensait qu’à lui-même, et il mettra sur l’épaule d’Eliakim « la clé de la maison de David. » « Il sera un père pour les habitants de Jérusalem et pour la maison de Juda. » « S’il ouvre, personne ne fermera, s’il ferme, personne n’ouvrira. »

Ces textes nous rappellent le respect que nous devons à l’autorité du pape et des évêques. Il est fréquent d’entendre des gens se dire d’accord avec Jésus-Christ et l’Evangile, mais en désaccord avec l’Eglise, ou du moins avec des directives importantes de l’Eglise.
C’est oublier que les instructions du pape et des évêques n’ont d’autre but que de nous guider concrètement dans la fidélité aux commandements de Dieu, c’est-à-dire à la mise en œuvre de notre amour pour Dieu et le prochain.

Bien sûr, il ne faut pas mettre sur le même plan des détails liturgiques ou canoniques, susceptibles de changer, et des orientations morales fondamentales.
C’est un devoir pour ceux qui ont reçu mission de gouverner l’Eglise d’intervenir pour mettre en garde contre les erreurs et les déviations, et d’indiquer l’authentique route de la foi.

C’est un devoir pour tous de se conformer aux prescriptions de l’autorité, même si parfois nous n’en comprenons pas tout l’intérêt ou si les conséquences ne nous plaisent guère.

Disons avec Saint Paul : « Quelle profondeur dans la richesse, la sagesse et la science de Dieu ! Ses décisions sont insondables, ses chemins sont impénétrables ! » Mais de toutes manières,
« A lui la gloire pour l’éternité ! »


Amen
Père Jean Rouillard

Homélie du 27 Juillet 2008

17ème DIMANCHE du Temps Ordinaire – ANNEE A
27 Juillet 2008



Dimanche dernier la parabole de l’ivraie se terminait ainsi : « De même que l’on enlève l’ivraie pour la jeter au feu, ainsi en sera-t-il à la fin du monde. Le Fils de l’Homme enverra ses anges et ils enlèveront de son Royaume tous ceux qui font tomber les autres et ceux qui commettent le mal et ils les jetteront dans la fournaise : là il y aura des pleurs et des grincements de dents. Alors les justes resplendiront comme le soleil dans le Royaume de leur Père »
Aujourd’hui Jésus conclut la parabole du filet de la même façon : « les Anges viendront séparer les méchants des justes et les jetteront dans la fournaise, là où il y aura des pleurs et des grincements de dents »
Ces terribles menaces ont pour but de nous faire prendre conscience de la gravité de nos choix.

Le Christ nous propose un trésor qui vaut la peine de tout sacrifier pour se le procurer. Ce trésor n’est rien de moins que partager sa gloire dans le Royaume des cieux. C’est ce qu’écrivait Saint Paul aux Romains : « Quand les hommes aiment Dieu, il les appelle à être l’image de son Fils…Il en fait des justes, il leur donne sa gloire. »
La première lecture nous donne un magnifique exemple de fidélité à l’appel de Dieu.
Le Seigneur se manifeste parfois par des songes. Ce fut le cas pour le jeune Salomon sur la colline de Gabaon, la nuit .Il entend le Tout-Puissant disposé à lui donner tout ce qu’il demandera. On s’attendrait à l’entendre solliciter la richesse, les honneurs, les succès militaires, la gloire.
Or sa réponse est tout imprégnée d’humilité, de réalisme, de conscience de sa faiblesse face à la redoutable mission, de succéder à son père dans la responsabilité de roi d’un peuple nombreux.
La requête est donc d’une grande sagesse : » Donne à ton serviteur un cœur attentif pour qu’il sache gouverner ton peuple et discerner le bien et le mal »
La prière du début de la messe nous faisait demander au Seigneur « que sous sa conduite, en faisant un bon usage des biens qui passent, nous puissions déjà nous attacher à ceux qui demeurent »
Il ne nous est pas demandé de mépriser, de nier les dons et les biens que nous avons reçus mais d’en faire bon usage.
Comme il est toujours plus facile de remarquer les défauts chez les autres que chez soi ! On ne manquera pas de penser aux sportifs, aux champions qui ont de puissants muscles, qui s’entrainent aux prix d’efforts considérables. Leur courageuse persévérance est admirable .Par ailleurs il est très bon que des chercheurs mettent au point des substances chimiques qui stimulent, qui dopent des cœurs faibles.
Mais que des sportifs les utilisent frauduleusement pour l’emporter sur d’autres par orgueil, ou pour gagner d’avantage d’argent, voilà un bien mauvais usage de ce qui est détourné de son but.
L’auteur du psaume disait : »Mon bonheur c’est la loi de ta bouche, plus qu’un monceau d’or ou d’argent…Plus que de l’or le plus précieux, je me règle sur chacun de tes préceptes, je hais tout chemin d mensonge »
Et que dire de ces anciens chefs d’états poursuivis aujourd’hui pour génocides ? Ils avaient en main le pouvoir, c'est-à-dire la possibilité et le devoir de gouverner dans le sens de la justice, du respect de la personne et de la paix. Ce pouvoir ils l’ont confisqué pour accomplir toutes sortes de méfaits : réduire à l’esclavage leurs adversaires, les éliminer après d’atroces souffrances infligées par des bourreaux et des tortionnaires complices.
On dira que ce sont des cas extrêmes. Sans doute .Mais ces scélérats ne sont pas devenus tels du jour au lendemain. Peut-être ont-ils quelques excuses pour n’avoir pas profité de formation morale.
Toujours est-il que ce sont des choix successifs ou des petites choses qui forment la personnalité de chacun.
La perle qui nous est proposée et qui justifie que l’on sacrifie tout le reste c’est le Royaume de Dieu
« Quelle merveille, tes exigences disent encore les psaumes, aussi mon âme les garde ! »

En ce jour où nous fêtons les grands-parents de Jésus qui ont été choisis pour mettre au monde la Reine des cieux , prions Sainte Anne et Saint Joachim et la Vierge Marie pour tous les éducateurs , afin qu’ils sachent guider les jeunes sur le chemin qui mène au vrai bonheur, nous rappelant ce que Jésus a dit aux Apôtres « Je suis le chemin , la vérité et la vie ».


Amen
Père Jean Rouillard

Homélie du 20 Juillet 2008

16ème DIMANCHE du Temps Ordinaire – ANNEE A
20 Juillet 2008



Dimanche dernier nous avons entendu la parabole du semeur. Aujourd’hui se poursuivent les paraboles du Royaume des cieux avec l’ivraie, la graine de moutarde et le levain.

Les citadins ne connaissent guère l’ivraie. Un gros dictionnaire me dit que ce nom vient du latin ebrius qui signifie « ivre » (d’où l’ébriété), à cause de la vertu enivrante de cette plante. L’ivraie commune a des graines vénéneuses. Elle est envahissante dans les champs de céréales, et difficile à extirper, parce que ses graines peuvent garder pendant longtemps en terre leur pouvoir germinatif.

L’image est très parlante si on la transpose dans la vie de l’Eglise.
Dès le départ, le collège des Apôtres autour de Jésus a connu des oppositions très fortes, du dehors ou du dedans : les pharisiens et les scribes sont les plus souvent cités, des chefs religieux ou civils, Judas et combien d’autres. Tout au long de l’histoire, des adversaires de toutes sortes ont enrayé la bonne marche du peuple de Dieu, et on ne voit pas comment on aurait pu les supprimer.

« L’ivraie, ce sont les fils du Mauvais » dit Jésus. Mais il y a aussi l’ivraie dans le cœur de chacun. Ces petites graines vénéneuses sont peut-être venues de l’extérieur : lectures, spectacles, conversations néfastes, exemples regrettables, et l’on risque de les laisser se développer complaisamment .Il n’est pas facile ensuite de les extirper.

Ne rêvons pas d’un monde où il n’y aurait que de bonnes graines tombées dans la bonne terre. Il nous est demandé non pas de condamner ce monde, de nous lamenter ou de nous voiler les yeux mais d’essayer d’être des fils de lumière, des « fils du Royaume » dans un environnement souvent perverti.

Le livre de la Sagesse nous donnait cette prière : « Ta force, Seigneur est à l’origine de ta justice et ta domination sur toute chose te rend patient envers toute chose »
De ce que Dieu est patient, n’allons pas en tirer la conclusion que nous avons bien le temps de nous convertir, d’arracher l’ivraie de nos vies. Soyons patients envers les autres, supportant leurs défauts, l’aidant à s’en corriger si possible.
Mais soyons impatients et exigeants envers nous-mêmes.

La parabole de la graine de moutarde était destinée à donner confiance aux disciples de Jésus. Les herboristes savent que la graine de moutarde blanche, si petite qu’elle soit, est à développement extrêmement rapide. La croissance de l’Eglise au temps des Apôtres fut remarquablement vigoureuse, s’étendant à une partie de la Méditerranée.

L’image du levain dans la pâte nous indique qu’une très petite quantité de ferment actif est capable de transformer une masse volumineuse. C’est la mission du chrétien dans le monde. Mais par lui-même il ne peut rien.
L’Apôtre Paul, si actif, si énergique, intelligent et organisé, avait fortement conscience de son incapacité absolue, s’il n’était aidé de l’Esprit Saint. C’est ce qu’il écrivait aux Romains.
« L’Esprit-Saint vient au secours de notre faiblesse car nous ne savons pas prier comme il faut…L’Esprit lui-même intervient pour nous …Dieu sait qu’en intervenant pour les fidèles, l’Esprit veut ce que Dieu veut ».

Si Le pape Benoît XVI est parti de l’autre côté de la planète, malgré la fatigue du voyage, c’est bien pour soutenir et animer la foi de ces jeunes qu’ils soient à Sydney ou ailleurs dans le monde. Ces jeunes qui font confiance à l’Evangile, qui veulent être fidèle au Christ, convaincus que lui seul peut donner au monde la paix et le bonheur.
Au cours de cette messe, unissons nos prières et notre action de grâce à toutes celles des jeunes autour du Pape, de leurs accompagnateurs et de l’Eglise entière.

Amen
Père Jean Rouillard