25 mars 2008

Homélies

DIMANCHE DES RAMEAUX – ANNEE A
16 MARS 2008


Cette messe des Rameaux était précédée par le récit de l’entrée triomphale de Jésus à Jérusalem. Ce sont des acclamations joyeuses de toutes parts. Hosanna au Fils de David ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! Hosanna au plus haut des cieux !

La foule est enthousiaste. Elle ne sait comment honorer cet homme en qui elle voit le Messie tant attendu. Tout ce qui est à sa portée est bon pour manifester la dignité et la grandeur de celui qui arrive humblement monté sur une ânesse. Certains se souviennent de la Parole du prophète : « Dites à la fille de Sion : « Voici ton Roi qui vient vers toi, humble, monté sur une ânesse. » L’agitation gagna toute la ville, intriguée par ce personnage surprenant. « Et les foules répondaient : « C’est le Prophète Jésus, de Nazareth en Galilée. »

Puis nous venons d’entendre le récit de ce qui s’est passé quatre jours plus tard. C’est l’horreur, c’est la ruine, c’est l’échec total, la tristesse sans borne. A l’acclamation glorieuse, succède l’ignominie et le désespoir.
Si nous relisons chaque année l’histoire dramatique, cruelle et odieuse de la Passion de Jésus, ce n’est pas seulement pour nous lamenter sur la versatilité et la méchanceté de l’homme, mais pour mieux saisir à quel point Dieu aime cette humanité si décevante, er nous laisser éclairer par le sens ce cette mort qui doit nous mener, nous aussi, sur le chemin de la Résurrection.

Isaïe, dans la première lecture, nous disait s’être laissé instruire pour savoir à son tour « réconforter celui qui n’en peut plus. » Il ne s’est pas révolté, car, dit-il, « Le Seigneur vient à mon secours… Je sais que je ne serai pas confondu. »

Le psaume qui suit exprime tout d’abord le désarroi de celui qui se sent abandonné. Il détaille les souffrances et les affronts qui seront infligés au crucifié. Mais il se poursuit par un appel confiant : « Toi Seigneur, ne sois pas loin : ô ma force, viens vite à mon aide. »

Saint Paul, en écrivant aux Philippiens, souligne cette mystérieuse opposition entre la grandeur infinie de celui qui et Fils de Dieu, « dans la condition de Dieu, » l’égal de Dieu, et l’extrême abaissement, le dépouillement total de celui qui, non seulement a pris la condition de serviteur, mais a été insulté, humilié, écrasé, jusqu’à mourir sur la croix, comme le dernier des malfaiteurs.

Mais aussitôt, l’apôtre montre que, de cette mort, jaillit la vie. Ce condamné, apparemment anéanti, « Dieu l’a élevé au-dessus de tout : il lui a conféré le nom qui surpasse tous les noms, afin qu’au nom de Jésus, aux cieux, sur terre, et dans l’abîme, tout être vivant tombe à genoux, et que toute langue proclame : « Jésus-Christ est le Seigneur », pour la gloire de Dieu le Père. »


Ces pages de l’Evangile que nous venons de relire brossent un tableau très sombre de l’humanité, de l’humanité d’il y a 2000 ans en Palestine, mais également de l’humanité de tous les temps et de tous les lieux.

Le cœur humain est capable du meilleur et du pire. Nous voyons dans ces pages un condensé de toutes les attitudes les plus diverses et les plus contradictoires. C’est un jour les acclamations, et le lendemain les crachats et les cris de haine. C’est le mensonge, la justice bafouée, c’est la peur du regard des autres, on se range prudemment du côté du plus fort, on hurle avec les loups, ou bien on se cache, on s’enfuit, on se défile pour ne pas avoir d’ennuis, on s’en lave les mains. Les lâchetés, les rancœurs, les haines s’expriment de mille manières.

Face à ces lamentables comportements, nous admirons le courage et la fidélité de certains, peu nombreux, de Marie broyée de douleur, des saintes Femmes éplorées devant tant de souffrance, des quelques âmes droites révoltées devant tant d’horreurs.

Et au-dessus de tout, il y a Jésus, acceptant ce calvaire, s’offrant pour racheter tous les péchés du monde, tous nos péchés.


Que ces jours saints nous remettent en face de nos responsabilités de chrétiens, et nous fassent accueillir largement la grâce d’une plus grande fidélité à notre Sauveur.


Amen
Père Jean Rouillard

22 mars 2008

Homélies

09 mars 2008- Homélie du 5ème dimanche de carême-année A
Dans la 1ère lecture, Dieu nous a dit : « je mettrai en vous mon esprit et vous vivrez ! » Nous sommes tellement habitués à entendre certaines phrases, que nous ne les écoutons presque plus. « Je mettrai en vous mon esprit et vous vivrez ! Mais ! Nous avons déjà la vie … et nous avons déjà un esprit … aurions-nous besoin d’une vie supplémentaire ?

Il faut savoir une chose : le peuple juif, à qui Dieu s’est révélé en premier, a été longtemps le seul peuple de la région qui ne croyait pas en une vie après la mort. Il a fallu de nombreux siècles et l’inspiration divine pour que peu à peu l’idée progresse et qu’on entende Marthe dire dans l’Evangile : « je crois qu’il ressuscitera au dernier jour ».

Aujourd’hui, pour nous, c’est différent, il est bien ancré dans notre mentalité que nous vivrons après la mort, seul le mode exact nous pose problème évidemment, matérialistes et positivistes que nous sommes. Et donc, que signifie pour nous « je mettrai en vous mon esprit et vous vivrez ? »

Il me semble que cette phrase a trois sens : le premier concerne le don de la vie éternelle (« je vais ouvrir vos tombeaux », continue le prophète dans la première lecture), le second concerne l’action de Dieu dans l’histoire (« je vous installerai sur votre terre ») et le troisième concerne le surcroît de vie que donne la fréquentation de Dieu.

Pour ce qui est de la vie éternelle, le premier sens, c’est très logique : le créateur de la vie veut rétablir la vie lorsque celle-ci a été enlevée : la résurrection est la suite logique de la création ; Dieu ne se résout pas à la disparition de ce qu’il a créé.

Le second aspect, lui, est sans doute plus difficile à appréhender pour nous, et en particulier nous français, chatouilleux que nous sommes sur la question de la séparation entre pouvoir temporel et pouvoir spirituel : « je vous installerai sur votre terre » signifie que Dieu ne se contente pas de la seule question du souffle vital : il intervient dans l’histoire. l’Ecriture sainte n’est-elle pas remplie d’événements ou le peuple juif et par la suite les apôtres et disciples de Jésus ont constaté l’action de Dieu dans l’histoire ? On a dit que Jean-Paul II avait contribué à la chute du mur … il serait plus juste de dire : c’est Dieu qui a fait chuter le mur, grâce un instrument surtout abandonné à Dieu dans la prière quotidienne : Jean-Paul II. Et si Dieu intervient dans l’histoire en général, il est logique, et c’est le cas, qu’il intervienne dans notre histoire personnelle (les exemples foisonnent, je pense à ce jeune homme qui m’a raconté hier qu’il était tombé très bas au sens propre et au sens figuré et que Dieu l’a relevé ; il employait l’expression « Jésus est ressuscité, il m’a ressuscité ! » . On connaît aussi de nombreux récits célèbres, le 17 mars prochain, Steven Gunnel va venir à Angers raconter son histoire, à la fois extraordinaire et simple.

Dieu donne la vie éternelle, Dieu intervient dans l’histoire pour redonner vie à ceux qui en ont besoin et enfin, troisième sens de cette phrase de la première lecture : Dieu veut nous donner un surcroît de vie.

On dit que les animaux ont un instinct vital qu’on appelle « instinct de survie » … eh bien Dieu aujourd’hui, nous promet la vie, pas la survie ! Il me semble que cela signifie une plénitude de vie, une vie plus intense, une aventure intérieure, qui n’est autre qu’un avant-goût du ciel. Cette vie plus intense, se manifeste par la charité en actes et par la fidélité et la profondeur de la prière.

Il nous reste deux semaines à peine de carême, il s’agit de vivre ! De vivre plus intensément, alors que nous avons souvent l’impression du contraire. Deux expressions sont amusantes à ce sujet : un « viveur » (pour qui le carême est une bigoterie ou une épreuve) et quelqu’un de « vivant » : soyons des vivants (ce n’est pas la question de l’énergie ou de la jeunesse, mais de l’intensité intérieure de chacun d’entre nous).

Le 08 mars, c’est la Journée de la Femme, Marthe et Marie sont en effet des modèles pour nous, mais bien sûr, le plus grand et le plus beau modèle, c’est Marie, mère de Jésus, à qui nous pouvons confier tous nos efforts et nos labeurs.

P. Emmanuel d'Andigné

Homélies

02 mars 2008-homélie du 4ème dimanche de carême Année A
Jésus guérit l’aveugle, nous connaissons bien cette histoire … Les Pères de l’Eglise (ces ecclésiastiques des premiers siècles du christianisme qui ont formé la conscience chrétienne dans un trésor inouï de littérature spirituelle) voulaient saisir toute la profondeur du texte biblique, ils donc mis au point une « méthode » pour aller vraiment au fond des choses. Ils ont déterminé quatre « sens » de l’Ecriture, et voici quels noms ils leur ont donné : le sens littéral, le sens moral, le sens allégorique, le sens anagogique (j’expliquerai des deux derniers termes !)

Quel est le sens littéral de l’évangile d’aujourd’hui ? : Jésus guérit un aveugle qui bien sûr est un mendiant, car à moins d’avoir une famille qui les soutenait, ils étaient à cette époque contraints à la mendicité. Toujours dans ce sens « littéral », nous prenons le temps d’affirmer que Jésus a bien guéri des personnes et continue aujourd’hui à le faire (on pense à Lourdes, en particulier, ici, mais c’est vrai en de nombreux endroits du monde)

Voyons maintenant le sens moral (qui est souvent le sens unique que l’on cherche dans l’Evangile ou dans le discours de l’Eglise) : Jésus fait ce qui est bien, même le jour du sabbat (faux problème posé par les pharisiens qui finalement, on le sent bien détournent la religion pour faire tomber un concurrent). En face de Jésus, un aveugle fait confiance et nous enseigne à être confiants à notre tour. Voilà deux belles leçons de morale que nous donne l’Evangile de l’Aveugle-né.

Qu’est-ce que le sens allégorique ? Cela signifie que le texte renferme une signification particulière, spirituelle, qui est de nature à nous éclairer sur notre relation avec Dieu ou avec les autres, au plan spirituel : Jésus enseigne en l’occurrence qu’il n’y a pas forcément de rapport entre souffrance et péché (pas forcément, cela signifie que parfois ce peut être le cas !). Par ailleurs, nous sommes aveugles, admettons-le -aveuglés par le péché, nous devons faire acte de foi, en nous inspirant par exemple de la confiance d’une certaine Bernadette qui se mit un jour à gratter le sol pour faire jaillir une source … Dieu nous purifie, donc, de notre cécité spirituelle par le baptême. Seulement attention : il y a une véritable démarche de l’aveugle : « être baptisé, nous dit Saint Pierre, ce n’est pas être purifié de souillures extérieures, mais c’est s’engager envers Dieu avec une conscience pure » 1 P 3,20. Dieu nous sauve, certes, mais avec notre collaboration !

Terminons par le sens « anagogique » : il s’agit de ce que le texte nous apprend sur la vie spirituelle avant et après la mort. Au Ciel, nous serons dans un dialogue éternellement amoureux et confiant, comme ce dialogue entre Jésus et l’aveugle, nous serons illuminés, alors que, ici-bas, nous sommes dans l’obscurité de la foi …

Les « quatre sens de l’Ecriture », correspondent à la façon de lire la Bible des Pères, ce qui est une indication précieuse mais pas unique. Retenons simplement trois choses pour aujourd’hui : il ne faut jamais oublier ou mépriser le sens littéral d’un texte, ne pas le réduire non plus à son seul sens moral et enfin interroger le texte avec l’aide de l’Esprit Saint, lui qui fut sans doute l’inspirateur de cette méthode des Pères
P. Emmanuel d'Andigné

16 mars 2008

Homélies

24 février 2008 - Homélie du 3ème dimanche du carême -Année A
« Lex orandi Lex credendi ». Connaissez-vous ce vieil adage latin ? Il signifie (mot à mot) : « loi de la prière, loi de la foi », ou si vous préférez : « à la manière dont l’Eglise prie, vous pouvez savoir ce en quoi elle croit »

Que dit la préface d’aujourd’hui ? Ou pour poser la même question différemment : Comment la tradition catholique a-t-elle compris ce texte de la samaritaine ?

Voici ce que dit la préface : En demandant à la Samaritaine de lui donner à boire, Jésus faisait à cette femme le don de la foi. Il avait un si grand désir d'éveiller la foi dans son cœur, qu'il fit naître en elle l'amour même de Dieu.

Jésus fait donc le don de la foi à cette femme et pourtant … si l’on faisait un Sondage aujourd’hui, les gens répondraient sans doute (peut-être même les catholiques !) : la foi est une décision personnelle et uniquement cela.

Si telle est la vérité, alors celui qui est faible se découragera, le plus souvent, et celui qui est fort risque de passer de la présomption au découragement, sûr de lui quand tout va bien et anéanti quand vient l’épreuve.

En demandant à la Samaritaine de lui donner à boire, Jésus faisait à cette femme le don de la foi. La foi est un don de Dieu ! Quelle bonne nouvelle ! Nous ne sommes pas seuls dans cette aventure de la foi … le faible peut avoir confiance : il constamment soutenu dans son acte de foi ; le fort est préservé, quant à lui, puisqu’il n’est plus tout seul, de la vanité et de la pusillanimité (= cet autre forme d’orgueil qui consiste à se rabaisser faussement et donc empêcher Dieu d’accomplir en soi des merveilles).

Une question devient alors nécessaire : comment Jésus s’y prend-il pour donner la foi ? Eh bien regardons l’Evangile :

1) il prend du temps avec une seule personne … n’aurait-il pas été plus efficace d’aller sur la place du village ? Il aurait pu ainsi évangéliser directement plus de monde en moins de temps. Mais le « calcul » de Jésus s’avère juste, puisque cette personne a la charge d’évangéliser les autres, ce qu’elle fait avec succès ! J’aime comparer –pour les opposer- la foi et un cageot de pommes : si dans mon cageot j’ai 20 pommes et que j’en donne deux, il ne m’en restera plus que 18, c’est mathématique ; si je donne l’Evangile, non seulement je ne perds rien, mais celui-ci a grandi en moi au fur et à mesure qu’il « sortait » de moi.

2) il donne la foi en demandant quelque chose ! A deux reprises seulement dans tous les évangiles, Jésus dit qu’il a soif (ici et sur la croix) ! « I Thirst », telle est la devise des Missionnaires de la Charité, les « sœurs de Mère Teresa » : cette congrégation se propose d’étancher la soif de Jésus dans les pauvres. Jésus a soif d’eau, mais il a soif d’amour aussi et surtout. Et donc, il veut dépendre de nous, magnifique humilité du Dieu Tout-Puissant … Jésus fait don à cette femme de la foi en attendant sa réponse, il veut que l’homme remporte une partie de la victoire dans sa lutte pour la foi …

3) Dernière étape, il oblige la personne à puiser profondément en elle. Le puits est en effet comparable au cœur de l’homme. C’est ce qui fait dire à Saint Augustin : « Mais quoi! vous étiez au dedans, moi au dehors de moi-même; et c'est au dehors que je vous cherchais; » Et puisque nous sommes dans l’interprétation mystique, que représente donc cette eau ? Jésus lui-même répond, trois chapitres plus loin, chapitre 7, verset 37 : « Le dernier jour de la fête, le grand jour, Jésus, debout, s'écria: "Si quelqu'un a soif, qu'il vienne à moi, et qu'il boive, celui qui croit en moi!" selon le mot de l'Ecriture: de son sein couleront des fleuves d'eau vive. Il parlait de l'Esprit que devaient recevoir ceux qui avaient cru en lui; car il n'y avait pas encore d'Esprit, parce que Jésus n'avait pas encore été glorifié ». Celui qui nous donne de croire,
C’est l’Esprit de Dieu ! N’est-ce pas ce que confirme la préface d’aujourd’hui : Il avait un si grand désir d'éveiller la foi dans son cœur, qu'il fit naître en elle l'amour même de Dieu.

Il nous reste une dernière question : pourquoi lire ce texte en plein carême ?

Cette femme vit en état de péché, et nous sommes tous comme elle, le carême est là pour nous purifier, à son exemple, de la même façon qu’elle. Par la foi et par l’amour, qui sont comme un seul don de Dieu, nous nous purifions chaque jour pour nous rapprocher de Dieu. Et cette purification du carême se passe en un dialogue de 40 jours, entre deux personnes qui ont soif : Dieu et chacun de nous. Il est béni, ce dialogue respectueux et vrai que nous avons avec Jésus !

Pendant ce carême, reconnaissons notre péché, demandons l’Esprit-Saint, pour croire et pour aimer.

P. Emmanuel d'Andigné

08 mars 2008

message spécial

ATTENTION : la catéchèse initialement prévue le 17 mars sur l'onction des malades et repoussée au mois d'avril ; je vous invite à participer, plutôt, au témoignage donné par Steven Gunnel sur sa conversion, ce même 17 mars, à 20h30 à l'église Notre-Dame
P. Emmanuel d'Andigné

catéchèses du lundi

Les sacrements - Le sacrement du pardon– 18 février 2008


Introduction :
Je commence par vous rappeler qu’il existe 3 « familles » de sacrements : les sacrements de l’initiation (baptême, eucharistie, confirmation), les deux sacrements de guérison (pardon et onction des malades), les deux sacrements de communion (mariage et ordre). Par ailleurs, il existe une autre manière de « classer » les sacrements, et cette fois en deux familles : les sacrements « à caractère » (qui sont indélébiles et que l’on ne reçoit qu’une fois) et les autres … le pardon n’est pas un sacrement à caractère, puisqu’on le reçoit autant de fois que nécessaire.
Il est toujours bon de rappeler que l’Eucharistie constitue le « sommet » des 7 sacrements (l’expression est de Vatican II), et que par conséquent, en l’occurrence, le sacrement du pardon est orienté tout entier vers l’Eucharistie et en dépend entièrement comme d’une source : le pardon des péchés vient du sacrifice du Christ, et celui-ci nous est rendu présent par l’Eucharistie.

Définition de ce sacrement :
elle nous est donnée par le Catéchisme (n°1422) de la manière suivante (c’est une citation du Concile Vatican II) : "Ceux qui s'approchent du sacrement de Pénitence y reçoivent de la miséricorde de Dieu le pardon de l'offense qu'ils lui ont faite et du même coup sont réconciliés avec l'Eglise que leur péché a blessée et qui, par la charité, l'exemple, les prières, travaille à leur conversion" (LG 11).

Il est bon, tout d’abord, de distinguer trois réalités qui ne se recoupent pas entièrement : le péché, la faute et l’amour ...
La faute est transgression d’une règle, que celle-ci soit conforme ou non à la volonté de Dieu.
Le péché est une blessure infligée à l ‘amour : l’amour divin nous défend de faire certaines choses qui sont jugées mauvaises par Dieu. Le péché est donc une offense faite à l’amour de Dieu.

Les noms de ce sacrement
Par le mot de Pardon, on souligne le rôle de la Grâce Divine qui se penche vers l’homme et donc on insiste sur l’action de Dieu ; il y a bien sûr l’action de notre nature, qui se repent, mais l’acteur principal est bien sûr Dieu lui-même !

Confession. Ce mot a en réalité deux sens : on confesse l’amour de Dieu (c’est-à-dire qu’on l’affirme fortement), et dans le même temps on confesse son péché (on le reconnaît en présence de Dieu). Je vous donnerai volontiers un conseil, afin de donner tout son sens à votre « confession »: commencer la réception de ce sacrement par une action de grâce, un remerciement à Dieu pour toutes ses merveilles ; il me semble que cela équilibre la relation que nous avons avec Dieu.

Le mot « Pénitence », quant à lui, évoque un ensemble plus grand que celui seul du sacrement, une « batterie de mesures » qui exprime notre chemin de conversion. C’est l’image de l’écho qui me vient : la grande pénitence est vécue dans le sacrement et toutes les autres formes de pénitence se comportent comme un écho de celle-ci. Il existe mille formes de pénitence, qu’on peut regrouper en deux « familles » : les pénitences extérieures (privation de nourriture, privation de l’alleluia pendant le carême) et la pénitence intérieure, cette attitude fondamentale du cœur lorsqu’il se retourne vers Dieu.

Se retourner vers Dieu, tel est bien le sens du mot « conversion », autre nom pour ce sacrement : si nos confessions ne débouchent pas sur une véritable conversion, alors nous faisons de ce sacrement un effacement magique de nos péchés et non une avancée spirituelle.

Réconciliation est sans doute le mot le plus utilisé en France aujourd’hui.
Dieu, en fait réalise quatre réconciliations (cf. livre de la Genèse, le premier péché) : avec Dieu, bien sûr, mais aussi avec les autres, avec soi-même et avec la nature ; ce sont ces quatre équilibres qui sont rompus par le péché et rétablis par la grâce.
La réconciliation n’est donc pas seulement un acte individuel, mais aussi un acte ecclésial, c’est une réconciliation avec l’Eglise : c’est la dimension communautaire de ce sacrement, souligné par l’Apocalypse, comme en témoigne le catéchisme (1429 : « La seconde conversion a aussi une dimension communautaire. Cela apparaît dans l'appel du Seigneur à toute une Eglise: "Repends-toi!" (Ap 2,5 2,16) »)

Que se passe-t-il avant, pendant et après le sacrement ?

Avant.
le baptême a pour effet premier l’effacement du péché originel, mais la concupiscence demeure après cette grande purification : il est donc nécessaire de recourir à la miséricorde pour tous les péchés commis après le baptême.
Voilà pourquoi, peu de temps avant la confession, une préparation est nécessaire, qui doit viser la contrition (regret profond), et non l’attrition (peur du châtiment, des conséquences de la faute). La contrition parfaite obtient le pardon des péchés (même pour les péchés mortels pourvu qu’on ait l’intention d’une confession prochaine)

Pendant.
Rappelons quelque chose de peu connu : le ministre principal et premier de ce sacrement est l’Evêque, même si, bien sûr, on a souvent affaire à ses « bras » que sont les prêtres (ceux-ci tiennent leur pouvoir de leur évêque).
Par ailleurs, n’ayez pas peur du regard du prêtre ! C’est un pécheur et il se réjouit toujours beaucoup d’administrer ce sacrement de guérison. Enfin, je vous invite à prendre le temps de regarder la formule d’absolution, si riche et si belle : Que Dieu notre Père vous montre sa miséricorde; par la mort et la résurrection de son Fils il a réconcilié le monde avec lui et il a envoyé l'Esprit Saint pour la rémission des péchés. Par le ministère de l'Église qu'il vous donne le pardon et la paix. Et moi, au nom du Père et du Fils + et du Saint-Esprit, je vous pardonne tous vos péchés.
Enrichissons-nous, comme nous y invite le catéchisme de la formule byzantine (CEC, n°1481) : "Que le Dieu, qui par le prophète Nathan, a pardonné à David lorsqu'il eut confessé ses propres péchés, et à Pierre lorsqu'il eut pleuré amèrement, et à la courtisane lorsqu'elle eut répandu ses larmes sur ses pieds, et au pharisien, et au prodigue, que ce même Dieu vous pardonne, par moi, pécheur, en cette vie et dans l'autre et qu'Il vous fasse comparaître sans vous condamner à son redoutable tribunal, Lui qui est béni dans les siècles des siècles. Amen."

Après, évidemment, vous connaissez le secret absolu qui entourera votre confession, il ne souffre aucune exception.
La doctrine des Indulgences, quant à elle, contribue à parachever la conversion … Voici (rapidement) en quoi consiste ce que Paul VI appelait « la doctrine des indulgences », le mieux est de prendre un exemple. Si je commets un péché, cet acte mauvais a plusieurs conséquences : il m’éloigne de Dieu, de sorte qu’il a comme une « résonance » éternelle, que l’on appelle « peine éternelle ». Mais il a aussi une autre résonance qu’on appelle « peine temporelle », c’est-à-dire qu’il m’alourdit aujourd’hui, maintenant, et il alourdit l’humanité d’un poids qui freine notre épanouissement spirituel et notre bonheur. Par le sacrement de la Réconciliation, on s’en doute, la peine « éternelle » est enlevée, puisque Dieu, depuis son éternité, rétablit la communion entre lui et le pécheur. L’Indulgence, quant à elle, enlève la peine « temporelle » du péché, tout simplement ; elle est donc un grand service rendu à celui qui la demande, mais aussi à toute l’humanité. Notons, d’ailleurs, car c’est important, que l’on peut demander l’Indulgence pour quelqu’un d’autre que pour soi, pourvu que ce soit un défunt. Ajoutons, enfin, que tout cela fait partie de toutes les choses que nous faisons, dans notre vie de tous les jours et à travers les sacrements pour nous convertir et progresser dans l’amour des autres et de Dieu. Il est symptomatique que la demande de l’Indulgence soit impossible sans la réception du sacrement du Pardon et d’un acte précis (un pèlerinage à Lourdes, en l’occurrence) qui manifeste une démarche, un pas vers Dieu qui n’est autre qu’un acte de conversion.
ATTENTION : la catéchèse initialement prévue le 17 mars sur l'onction des malades et repoussée au mois d'avril ; je vous invite à participer, plutôt, au témoignage donné par Steven Gunnel sur sa conversion, ce même 17 mars, à 20h30 à l'église Notre-Dame

P. Emmanuel d'Andigné