31 janvier 2010

Homélie du 31 janvier 2010 - la liberté de Jésus

Homélie du 4ème dimanche du Temps Ordinaire - Année C
Très étrange, ce verset de l’évangile : Jésus est emmené sur un escarpement de la ville, la foule est prête à le lyncher, « et lui, passant au milieu d’eux, allait son chemin … ». On se demande bien comment il a fait !

Revenons en arrière : nous avons affaire à un renversement de foule, c’est classique, on sait comment ça fonctionne … on brûle ce que l’on a adoré …

Lorsque Jésus parle de libérer les prisonniers, lorsqu’il fait des miracles, et lorsque sa parole est considérée comme « un message de grâce », tout va bien. Mais quand il fait remarquer à des juifs qu’un syrien et une libanaise, dirait-on aujourd’hui, ont mieux accueilli les prophètes que les juifs, son discours n’est plus tolérable !

Nous avons donc affaire à un bête histoire de racisme, avant que ce soit quelque chose de religieux. Ils n’ont visiblement pas compris (nous ne sommes qu’au chapitre 4 de l’Evangile), que Jésus faisait encore pire que de dire du bien des étrangers : il disait être le Messie en personne ! Et c’est justement là que se trouve l’explication de ce verset pour le moins étrange …

Jésus est non seulement le Messie, mais il est Dieu, fils de Dieu depuis toute éternité, et c’est l’être le plus libre qui soit. Dieu est libre, et il nous donne une belle leçon de liberté, liberté contre laquelle le monde ne peut rien. Dieu a dit à Jérémie, le prophète (1ère lecture) : « ils te combattront, mais ils ne pourront rien contre toi ». Nous en avons une illustration « moderne », dans le film « le Dr Jivago », lorsqu’un prisonnier dit à son geôlier : « je suis un homme libre, lèche-bottes, et tu n’y peux rien ! »

Nous contemplons, dans ce beau verset, la liberté de Dieu, il faut la contempler pour savoir quelle sera la nôtre. Nous sommes capables d’être libres comme Jésus ! Nous allons voir comment

Prenons une exemple : celui d’une bougie : la flamme, pour brûler, a besoin d’oxygène ; sans lui, très vite, la flamme diminue et finit par mourir. Eh bien, il se passe dans l’exercice de la liberté quelque chose d’analogue au phénomène de la combustion : la liberté, pour s’épanouir a besoin d’un oxygène qu’on appelle « vérité »

Certes, c’est vrai, être libre, c’est faire ce que l’on veut : aujourd’hui, vous avez décidé de venir à la messe (vous avez bien fait …) et personne ne vous en a empêchés. Il y a bien des pays où la chose est fort différente pour les chrétiens, ils n’ont même pas cette liberté primale que nous avons …

Mais il se trouve que la liberté sans la vérité finit par se tuer elle-même, pour une raison très simple : nous sommes pécheurs, et ce que nous désirons faire librement n’est pas toujours bon pour nous ou pour les autres ; il nous faut donc l’oxygène de la vérité, afin que tout ce que nous désirons soit bon pour nous et pour les autres : c’est la liberté parfaite. L’individualisme qui règne aujourd’hui a tué la liberté, en la privant de son oxygène.

Revenons à Jésus : l’incroyable sérénité avec laquelle il se dérobe à la foule vient de ce qu’il est toujours vrai, il est la vérité en personne, puisque c’est par lui que, au commencement du monde, tout fut créé. Avant (si je puis dire) d’être ce Jésus qui a foulé la Terre, il est le Verbe de Dieu, la Parole de Dieu, celle par qui Dieu a tout créé. Il a suffit que Dieu dise « que la lumière soit » pour que la lumière fût : c’est par sa parole que Dieu a tout créé. Jésus, c’est la parole de Dieu faite chair : le voir, c’est voir celui par qui tout s’est fait (Jn I,3), et donc, c’est connaître toute la vérité.

Jésus dit donc toujours la vérité, son intention est toujours éclairée par la vérité et la flamme de sa liberté, personne ne peut l’éteindre, à moins que, de lui-même, il se laisse « éteindre (« ma vie, nul ne la prend, mais c’est moi qui la donne ») » : afin qu’il puisse, en vérité, accompagner tous les pécheurs, accompagner tous les souffrants, accompagner tous les mourants … et les entraîner tous dans la résurrection.

Objection votre honneur ! C’est trop facile pour Jésus d’être parfaitement libre . « Il est trop fort, Jésus ! » Comme diraient les jeunes … et nous non !

Là, il s’agit de ne pas commettre d’erreur : Jésus n’était pas un surhomme, c’était un homme, avec tout ce que cela comporte et c’est nous qui sommes moins humains, à chaque fois que n’imitons pas Jésus, car le péché est étranger à la nature de l’homme et que Jésus était sans péché …

Voilà pourquoi Saint Augustin disait : " La première liberté, c'est donc de ne pas commettre de péchés graves... comme l'homicide, l'adultère, les souillures de la fornication, le vol, la tromperie, le sacrilège et toutes les autres fautes de ce genre. Quand un homme s'est mis à renoncer à les commettre - et c'est le devoir de tout chrétien de ne pas les commettre -, il commence à relever la tête vers la liberté, mais ce n'est qu'un commencement de liberté, ce n'est pas la liberté parfaite... » In Iohannis Evangelium Tractatus, 41, 10 : CCL 36, 363

Autrement dit, la liberté, ici-bas, est une libération en réalité, et un combat en effet, pour toujours plus de vérité et donc de liberté.

Comment ne pas penser à Benoît XVI ? Il y a des gens qui veulent lyncher le Pape, parce que la vérité n’est pas forcément pas à la mode et qu’il y a certains racismes médiatiques qui se déversent sans vergogne dans nos oreilles. « Et lui, passant au milieu d’eux, va son chemin … »

"La visite à la synagogue n’aura pas lieu !!!" Disaient des journalistes au mois de décembre, en apprenant la décision de rendre possible la béatification de Pie XII. Non seulement la visite a eu lieu, mais elle s’est très bien passée … « Et lui, passant au milieu d’eux, va son chemin … »

"N’ayez pas peur", disait déjà Jean-Paul II (après Jésus !). « N’ayez peur de personne, disait st Paul, le jugement appartient à Dieu ». La peur et le péché sont les deux drames qui nous empêchent d’être libres.

Ecoutons, Jésus, enfin, qui nous dit (selon saint Jean, chapitre 8) : 32 « Si vous demeurez fidèles à ma parole, vous êtes vraiment mes disciples ; alors vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous rendra libres. » 33 Ils lui répliquèrent : « Nous sommes les descendants d'Abraham, et nous n'avons jamais été les esclaves de personne. Comment peux-tu dire : 'Vous deviendrez libres' ? » 34 Jésus leur répondit : « Amen, amen, je vous le dis : tout homme qui commet le péché est esclave du péché. 35 L'esclave ne demeure pas pour toujours dans la maison ; le fils, lui, y demeure pour toujours. 36 Donc, si c'est le Fils qui vous rend libres, vous serez vraiment libres. ! »

P. Emmanuel d'Andigné

Homélie du 17 janvier 2010 ; l'unité de l'Eglise

Homélie du 2ème dimanche du Temps Ordinaire - année C
Je voudrais ce soir vous raconter deux anecdotes : elles ne sont pas de même nature, mais toutes deux apportent des éléments de formation pour entrer dans cette semaine de prière pour l’unité des chrétiens. J’ai vécu moi-même la première, et la seconde m’a été contée la semaine dernière, par une religieuse de Jérusalem …

1ère anecdote : Nicolas à Gethsémani.
Lorsque je suis arrivé à Jérusalem, il y a dix ans, pour faire des études bibliques et archéologiques, j’avais depuis assez longtemps l’habitude de consacrer une heure, chaque jeudi soir, à l’adoration eucharistique. C’est donc assez naturellement (la force de l’habitude, peut-être) que j’ai demandé au prieur du couvent des dominicains la permission d’exposer le saint-Sacrement le jeudi soir, pendant une heure. Quelques jours après que la permission me fut accordée, un vieux prêtre qui me paraissait fort sage me dit : « tu sais, Emmanuel, je ne sais pas si tu as bien fait de lancer cette adoration, vis-à-vis des protestants, c’est sans doute maladroit, ils n’ont pas cette habitude, et c’est mauvais pour l’œcuménisme … ». J’étais préoccupé, car tiraillé entre la joie et la force que m’apportait l’adoration d’une part et d’autre part le conseil d’un homme d’expérience qui allait dans le sens inverse …quelques jours plus tard, alors que ladite conversation m’était sortie de l’esprit, j’annonce à table, un dimanche, que je vais célébrer la messe à Gethsémani ; aussitôt, le seul étudiant protestant de la maison, avec qui je m’entendais fort bien, me dit « je viens avec toi ! » ; nous voici donc tous deux marchant vers Gethsémani, à vingt minutes de marche de l’Ecole. A la fin de la messe, le franciscain qui était de service annonce une demi-heure d’adoration suite à la messe ; je vais donc discrètement voir mon « confrère » étudiant et je lui glisse que je vais, pour ma part, rester à l’adoration, et lui suggère de « faire ce qu’il veut », persuadé qu’une telle prière le rebuterait beaucoup ; « je reste », me dit-il ; à la fin de l’adoration, nous remontons tous deux vers l’Ecole, et il me confie : « pendant l’adoration, j’avais des pointes dans le cœur » ; je traduis : ce garçon a été touché par une grâce venant de la passion du Christ, à Gethsémani ( !), durant une très catholique adoration du Saint-Sacrement …

Je racontais cette histoire à un prêtre plein de sagesse que je connais et qui n’est pas de la paroisse : « mais oui, bien sûr ! Me dit-il, l’adoration fait partie du trésor de l’Eglise Catholique, il faut non seulement la conserver, mais l’offrir aux autres confessions comme un cadeau »

De cet épisode, je tire une conclusion très simple : Au lieu de rogner des petits morceaux de foi catholique pour pouvoir créer une plateforme commune avec les autres confessions chrétiennes, il est plus épanouissant, plus juste et surtout plus efficace, de rester ce que nous sommes, de cultiver les trésors qu’il y a chez nous, et de les offrir à nos frères chrétiens qui en sont dépourvus, éventuellement, en raison de leur tradition propre.

Bien entendu, la loyauté exige que nous soyons capables du mouvement inverse : recevoir des autres confessions (orthodoxes et protestantes notamment) le trésor qu’elles ont su développer, et qui , bien qu’existant depuis toujours chez nous, ont connu un certain « sommeil », notamment dans la pratique habituelle des fidèles.

A vrai dire, il y a tout ce qu’il faut chez nous, pour connaître Jésus-Christ, l’aimer et en être sauvés (c’est le premier sens du mot « catholique » « qui recèle tous les moyens de salut » … « universel » est le second sens de ce mot, et il va bien avec le premier sens) ; il y a tout ce qu’il faut, mais il y a tout de même des points d’attention dans d’autres traditions qui sont de nature à nous faire grandir, outre que la prière pour l’unité, c’est la prière de Jésus (« que tous soient ‘un’», disait-il déjà il y a 2000 ans …), et nous ne devons pas nous habituer à être divisés …

Je crois qu’on peut comparer l’oecuménisme aux efforts que font les époux pour s’ajuster l’un à l’autre : être unis, pour des époux, ce n’est pas pour l’homme être un peu moins homme pour s’adapter à sa femme ou pour la femme un peu moins femme pour s’adapter à son mari, mais c’est au contraire être pleinement homme et pleinement femme pour que l’unité soit un enrichissement et non une frustration qui ne produirait rien de bon.

Lorsque le Concile Vatican II aborde la question de l’œcuménisme, il l’aborde de très belle manière, dans le document Unitatis Redintegratio, disponible sur ce blog et facilement sur Internet. Ce document se réjouit des initiatives déjà existantes et il énonce –je cite- « les principes catholiques de l’œcuménisme » (autrement dit, le point de départ est bien la foi catholique, le trésor qu’est le nôtre) ; dans un troisième temps , il énonce les points communs entre toutes les confessions et les trésors qui se trouvent dans d’autres confessions, et enfin, il énonce quelques règles pour bien vivre l’effort vers l’unité.
Voici une partie de la conclusion de ce beau document :
« C'est ainsi que maintenant, après avoir exposé brièvement les conditions d'exercice de l'action œcuménique, et indiqué les principes qui doivent la diriger, nous tournons avec confiance le regard vers l'avenir. Le Concile exhorte les fidèles à s'abstenir de toute légèreté, de tous zèle imprudent, qui pourraient nuire au progrès de l'unité. Leur activité œcuménique ne peut être, en effet, que pleinement et sincèrement catholique, c'est-à-dire fidèle à la vérité reçue des Apôtres et des Pères, et conforme à la foi que l'Église catholique a toujours professée … »

2ème anecdote : Jean-Paul II au Calvaire
J’ai une autre anecdote à vous offrir, qui me fut contée la semaine dernière à Jérusalem. Lors de son voyage en Terre Sainte, le Pape Jean-Paul II suivait un itinéraire minuté, comme on l’imagine, tout étant calculé pour que toutes les sensibilités soient respectées ; le dernier jour, il déclare : « je veux aller prier au Calvaire … » ; on essaye de l’en dissuader, en raison du fait notamment que le calvaire est « tenu » par les grecs orthodoxes, raison pour laquelle le programme officiel l’avait soigneusement évité ; mais le Saint-Père redit son intention d’aller y prier ; branle-bas de combat, on ferme les boutiques, on bloque les rues, et le pape arrive au pied des nombreuses marches qui montent vers le Calvaire ; arrivé en haut des marches, le malheureux homme est tout essoufflé, et le moine grec, qui vient à peine d’apprendre que le pape est arrivé, ne sachant pas quoi faire pour l’accueillir, lui propose de s’asseoir sur l’énorme fauteuil qui est à droite en entrant ; ce fauteuil est strictement réservé au patriarche grec, et quiconque, même par mégarde, s’y assoit crée facilement une esclandre, surtout s’il n’est pas grec ; mais le moine n’a pas su résister au vénérable Jean-Paul II, et aucun incident n’eut lieu, on sentait bien qu’il n’y avait aucune provocation, et que le Pape souhaitait prier et s’imprégner en pèlerin de la grâce des lieux ; on alla chercher chez les franciscains un siège catholique (ça existe !), et le pape eut la délicatesse de quitter dès qu’il le pu le siège de l’autre patriarche …

La sainteté est forcément œcuménique ; ce n’est pas l’œcuménisme qui produit la sainteté, c’est plutôt le contraire : un saint, c’est un homme unifié, et qui par conséquent, rayonne et diffuse l’unité qu’il a à l’intérieur de lui-même.

N’ayez pas peur d’être des saints, vous serez des artisans d’unité et de paix. Amen

P. Emmanuel d'Andigné

29 janvier 2010

Homélie du 10 janvier 2010

Fête du Baptême du Seigneur, année C


Notre Dieu est un dieu qui se fait proche et qui se laisse approcher.

Nous avons fêté le jour de Noël la naissance de son Fils Jésus au milieu de nous, au milieu du peuple que son Père avait choisi. Notre Dieu se fait proche.

Jésus n’est pas venu sur notre terre pour rester seul dans un coin en compagnie de son Père Les bergers puis les mages sont venus le vénérer. Il est venu épouser notre humanité et vivre au milieu de nous. Notre Dieu se laisse approcher.

Nous célébrons aujourd’hui le baptême de Jésus. C’est le premier acte de sa vie publique.

Le baptême donné par Jean-Baptiste n’était pas un rite singulier, mais l’utilisation d’un rite ancien pour ceux qui voulaient changer de vie, grandir dans la vie spirituelle et être purifiés des fautes passées. Ce baptême préparait ainsi le peuple aux temps nouveaux annoncés dans l’Ancien Testament et qui devaient bientôt commencer.

La question que l’on est en droit de se poser naturellement est pourquoi Jésus se fait-il baptiser, lui le Fils de Dieu, lui l’homme sans péchés ? En fait, on verrait plutôt l’inverse, Jésus baptisant Jean-Baptiste. Cela paraîtrait plus normal.

Mais si l’on étudie de plus près la vie de Jésus, l’on s’aperçoit que depuis sa naissance il a eu une existence tout à fait ordinaire pour un enfant juif. Il a été circoncis et il a été présenté au Temple. Il s’est rendu seul à Jérusalem, certes en inquiétant Marie et Joseph, mais c’était le pèlerinage habituel des juifs pratiquants.

Il priait avec les psaumes. Il était fidèle aux exigences de la loi juive et de cette façon, de même que les juifs pieux, il se fait baptiser par Jean-Baptiste.

Cette fidélité à la loi et aux coutumes du peuple juif est déjà un premier enseignement. Jésus veut signifier qu’il est solidaire de tout son peuple. Non seulement il observe la loi, mais il partage la condition humaine dans tous ses aspects.

En se faisant baptiser, Jésus nous montre qu’il connaît bien notre humanité, qu’il est solidaire de nos inquiétudes, de nos désirs, de nos appels à quelque chose de vrai et de pur. Il intègre totalement l’aspiration de l’homme pêcheur qui supplie Dieu de le sauver et de le purifier.

Il se montre aussi comme celui qui est envoyé par le Père, qui est rempli de l’Esprit Saint, cet amour divin qui les anime et dont la mission, toujours par solidarité avec tous les hommes, sera d’accomplir cette libération ultime, nous délivrer une fois pour toutes de la mort par sa passion, sa propre mort et sa résurrection.

Avec l’intervention de l’Esprit Saint, on quitte définitivement l’Ancienne Alliance pour entrer dans la Nouvelle Alliance. C’en est fini de la colère de Dieu qui menaçait l’humanité pécheresse. C’est la fin d’un ciel fermé sans communication.

C’est d’ailleurs l’attente du peuple juif depuis plusieurs siècles. Le prophète Isaïe disait « Ah, si tu déchirais les cieux et si tu descendais, … tel un feu qui brûle des taillis, tel un feu qui fait bouillonner les eaux » (Is 63, 19 – 64, 1).

Trois éléments : le ciel, les eaux, le feu.

C’est maintenant un ciel qui s’ouvre, un Dieu qui tend la main et qui communique en nous envoyant l’Esprit Saint. Les eaux sont présentes, car ceci se passe au bord du Jourdain. Et le feu est là aussi : Jean-Baptiste nous dit que Jésus nous baptisera dans l’Esprit Saint et dans le feu. Le feu reçu par les apôtres le jour de la Pentecôte.

Ici, l’Esprit Saint se présente sous la forme d’une colombe, symbole de douceur et de fragilité.

Cette douceur et cette force à la fois sont les signes de l’amour d’un Dieu qui nous aime, qui nous envoie son Fils et qui nous transmet son Esprit Saint.

En ce début d’année, je formule le souhait que nous puissions dans notre vie personnelle et communautaire, par la prière et par les sacrements, reconnaître et rencontrer celui qui s’est fait proche en venant habiter parmi nous et revêtir notre condition humaine. Sachons lui laisser la place qui lui revient au fond de notre cœur. Ainsi soit-il.

Jean-Paul Rousseau, diacre

28 janvier 2010

Homélie du 03 janvier 2010

FÊTE de l’Epiphanie – ANNEE B


3 janvier 2010


« Debout, Jérusalem ! Resplendis : elle est venue ta lumière, et la gloire du Seigneur s’est levée sur toi ! » Ainsi commençait la première lecture, du livre d’Isaïe.

La liturgie a repris cette acclamation joyeuse se référant à une toute autre époque. Nous sommes au VIème siècle avant Jésus-Christ. Jérusalem avait été prise et détruite par Nabuchodonosor. Après l’exil des Hébreux à Babylone, c’est Cyrus qui est vainqueur de cette ville. Son édit permet le retour en Palestine.

Quand Isaïe écrit, Jérusalem sort à peine de l’humiliation, elle a retrouvé son autel, mais attend encore la restauration de son temple, une population plus nombreuse et une tranquillité plus grande.

Plongée dans la nuit, Jérusalem sera comme irradiée de façon définitive ; délaissée, elle retrouvera ses enfants et une foule d’étrangers qui la doteront de matériaux précieux et d’offrandes pour son temple. On entrevoit pour le peuple de Dieu conversion et extraordinaire croissance. « Regarde, s’émerveille Isaïe, l’obscurité recouvre la terre, les ténèbres couvrent les peuples ; mais sur toi se lève le Seigneur, et sa gloire brille sur toi. »

C’est un chant de victoire, d’allégresse devant cet avenir prometteur : « les nations marcheront vers ta lumière, Seigneur, et les rois vers la clarté de ton aurore. »

Des foules viendront de loin, Madian, Epha. Les gens de Saba désignent des tribus arabes, à l’est du golfe d’Aqaba.

Le psaume de cette messe reprend cette expression de bonheur : « Parmi toutes les nations, Seigneur, on connaîtra ton salut. » « Tu délivreras le pauvre qui appelle et le malheureux sans recours. »

La Lettre de saint Paul aux Ephésiens s’inscrit tout à fait dans cette ligne. L’Apôtre sait qu’il vient des ténèbres de l’erreur. Il a persécuté les chrétiens, jusqu’à ce que la lumière de Dieu le terrasse : « Par révélation –écrit-il- il m’a fait connaître le mystère du Christ. »
« Ce mystère, c’est que les païens sont associés au même héritage, au même corps, au partage de la même promesse, dans le Christ Jésus, par l’annonce de l’Evangile. »

L’Epiphanie, c’est la manifestation du salut apporté par l’Enfant-Dieu à l’humanité tout entière.

Dans ce récit écrit par Saint Matthieu se dévoilent déjà des façons très diverses d’accueillir ce salut.

Les Mages se sont laissé guider par une mystérieuse étoile, lumière perceptible sans doute par les cœurs droits, simples, à la recherche sincère de la vérité. Ils parcourent un long chemin dans la confiance, dans la foi. Ils sont pourtant encore dans l’obscurité. Arrivant à Jérusalem, ils posent cette question : « Où est le Roi des Juifs qui vient de naître ?... Nous sommes venus nous prosterner devant lui. »

Cette visite vient aux oreilles d’Hérode. Et déjà, lundi dernier, le 28 décembre, l’Eglise a commémoré le massacre des Saints Innocents, selon ce qu’a écrit l’évangéliste Matthieu : « Hérode, voyant que les Mages l’avaient trompé, entra dans une violente fureur. Il envoya tuer tous les enfants de moins de deux ans à Bethléem et dans toute la région, d’après la date qu’il s’était fait préciser par les Mages. »

Les Mages, eux, éprouvèrent une très grande joie en voyant « l’Enfant avec Marie sa mère ; et, tombant à genoux, ils se prosternèrent. »

Les présents offerts par les Mages : l’or, l’encens et la myrrhe, représentent, comme vous le savez, la royauté de Jésus, sa divinité et l’annonce de sa mort et de son ensevelissement. Ainsi sont préfigurés les aspects essentiels de la mission du Sauveur.

Il nous appartient aujourd’hui d’être des vrais adorateurs du Seigneur, de lui rendre grâces pour tout l’amour qu’il apporte à notre monde, pour le sens qu’il donne à nos existences de croyants, aux joies comme aux souffrances. C’est en témoignant plus d’amour à notre prochain que nous nous montrerons des apôtres auprès de ceux qui cherchent la vraie lumière.

Que le Seigneur nous donne d’être toujours plus fidèles à notre vocation de disciples du Christ, c’est le vœu que je forme au début de cette année 2010 et la prière que j’adresse à Dieu pour chacun et chacune d’entre nous.

Amen
Père Jean Rouillard