15 janvier 2008

Homélie du dimanche 13 janvier 2008

DIMANCHE DE LA FÊTE DU BAPTÊME DU SEIGNEUR
13 JANVIER 2008


Aujourd’hui se termine le temps de Noël et Epiphanie. Les ornements sont blancs. Dimanche prochain sera un dimanche du temps ordinaire, donc en vert.

Ce temps de Noël se conclut par la fête du Baptême du Seigneur.

=> Jésus avait-il besoin d’être baptisé ? Certainement NON ! C’est ce que saisit aussitôt Jean-Baptiste qui, voyant Jésus s’approcher, refuse : « C’est moi qui ai besoin de me faire baptiser par toi ! »

Cette scène de l’Evangile, étonnante et pittoresque, n’est pas seulement un beau sujet pour les artistes peintres ou les dessinateurs de vitraux, au-dessus des fonts baptismaux. Elle est d’une grande richesse doctrinale.
Derrière les réalités concrètes, matérielles : l’eau, le Jourdain, la colombe, la voix, le ciel, nous découvrons des références, des allusions à d’autres textes de la Bible qui trouvent ici leur sens plénier.
Quand le Christ remonte de l’eau de son baptême, l’Esprit-Saint, sous forme d’une colombe, descend sur lui et y demeure. Cela nous rappelle qu’à la fin du déluge, la colombe lâchée par Noé, revient avec un rameau tout frais d’olivier dans le bec. C’est un signe que la terre est de nouveau habitable.
Dans l’Ancien testament, les prophètes ont annoncé que l’Esprit du Seigneur reposerait sur le Messie espéré en vue de sa mission de Sauveur. La descente de l’Esprit-Saint sur Jésus lors de son baptême fut le signe que c’était lui qui devait venir, qu’il était le Messie, le Fils de Dieu.

Isaïe dans la première lecture disait : « Ainsi parle le Seigneur : « Voici mon serviteur… mon élu en qui j’ai mis toute ma joie. J’ai fait reposer sur lui mon esprit ; devant les nations il fera paraître le jugement que j’ai prononcé… j’ai fait de toi mon alliance avec mon peuple, et la lumière des nations. »

=> Dès le début de sa vie publique, à son baptême, Jésus est le « Serviteur » entièrement consacré à sa mission de Sauveur, qui s’accomplira par le « baptême » de sa passion. – Il se laisse compter parmi les pécheurs ; il est déjà l’Agneau de Dieu qui ôte le péché du monde. Il se soumet tout entier à la volonté de son Père : Il consent par amour à ce baptême de mort pour la rémission de nos péchés.
A cette acceptation, répond la voix du Père qui met toute sa complaisance en son Fils.
Au baptême de Jésus, « les cieux s’ouvrirent », les cieux que le péché d’Adam avait fermés ; et les eaux sont sanctifiées par la descente de Jésus et de l’Esprit.

=> Que cela signifie-t-il pour nous aujourd’hui ?
Par le baptême, le chrétien par le sacrement est assimilé à Jésus. Il doit entrer dans ce mystère d’abaissement humble et de pénitence, descendre dans l’eau avec Jésus pour remonter avec lui, renaître de l’eau et de l’Esprit pour devenir, dans le Fils, Fils bien-aimé du Père, et « vivre dans une vie nouvelle. »
Saint Grégoire de Nazianze écrivait : « Ensevelissons-nous avec le Christ par le baptême, pour ressusciter avec lui ; descendons avec lui, pour être élevés avec lui ; remontons avec lui, pour être glorifiés en lui. »
Puisque c’est aujourd’hui la fête de Saint Hilaire, évêque de Poitiers et docteur de l’Eglise, citons-le : « Tout ce qui s’est passé dans le Christ nous fait connaître qu’après le bain d’eau, l’Esprit-Saint vole sur nous du haut du ciel, et qu’adoptés par la voix du Père, nous devenons fils de Dieu. »

=> Que cette fête nous aide à prendre conscience davantage de la grandeur de notre propre baptême.
Puissions-nous partager les sentiments de saint Grégoire, évêque du IXème siècle fêté le 2 janvier, et que je cite de nouveau : « Le baptême est le plus beau et le plus magnifique des dons de Dieu. Nous l’appelons don, grâce, onction, illumination, vêtement d’incorruptibilité, bain de régénération, sceau, et tout ce qu’il y a de plus précieux. »

« Don », parce qu’il est conféré à ceux qui n’apportent rien ;
« Grâce », parce qu’il est donné même à des coupables ;
« Baptême », parce que le péché est enseveli dans l’eau ;
« Onction », parce qu’il est sacré et royal ;
« Illumination », parce qu’il est lumière éclatante ;
« Vêtement », parce qu’il voile notre honte ;
« Bain », parce qu’il lave ;
« Sceau », parce qu’il nous garde et qu’il est le signe de la « seigneurie » de Dieu.

L’Eglise nous enseigne que le baptême est nécessaire au salut pour ceux auxquels l’Evangile a été annoncé et qui ont eu la possibilité de demander ce sacrement. Mais elle ajoute que : « Tout homme qui, ignorant l’Evangile du Christ et son Eglise, cherche la vérité et fait la volonté de Dieu selon qu’il la connaît, peut être sauvé. On peut supposer que de telles personnes auraient désiré explicitement le baptême si elles en avaient connu la nécessité. »

Le Concile Vatican II nous rappelle que les baptisés, « devenus fils de Dieu par la régénération baptismale, sont tenus de professer devant les hommes la foi que par l’Eglise ils ont reçue de Dieu et de participer à l’activité apostolique et missionnaire du Peuple de Dieu. » - G rande et belle mission !

Amen.

Père Jean ROUILLARD

11 janvier 2008

Homélie

4° DIMANCHE DE L’AVENT 23 DECEMBRE 2007


Si vous avez participé aux messes dominicales au cours de l’Avent dans cette église de sainte Bernadette, vous vous rappelez que les homélies se proposaient de réfléchir sur les 4 parties de la célébration eucharistique.
Le premier dimanche présentait le rite d’ouverture qui a pour but de constituer le rassemblement des fidèles autour du prêtre et de préparer l’assemblée à entendre la parole de Dieu et à célébrer l’Eucharistie , notamment par la prière pénitentielle.

Le deuxième dimanche développait la liturgie de la Parole, constituée par des lectures bibliques avec des chants intercalaires, puis l’homélie, la profession de foi et la prière universelle.

Le troisième dimanche, le sujet était la liturgie eucharistique proprement dite, qui reproduit l’essentiel de la dernière Cène de Jésus, le soir du Jeudi Saint puis le Notre Père et la communion .

Nous arrivons au quatrième dimanche .Il reste à voir le rite de conclusion avec la bénédiction du prêtre et le renvoi de l’assemblée. Cette dernière partie est très courte .Elle n’est pas négligeable pour autant. Et il ne convient pas de s’en dispenser.
Les plus âgés parmi nous rappellent parfois ce qu’on apprenait autrefois pour être en règle avec les obligations de l’Eglise :
Pour ne pas manquer au devoir de la messe il faut arriver avant que le calice ne soit découvert ( car il y avait toujours un voile de couleur le recouvrant ) et partir après la communion du prêtre ( car aux grands messes seul le prêtre communiait)
C’était le strict minimum. Cela fait sourire aujourd’hui, c’est assez caricatural, c’était se contenter de la seule troisième partie de la messe .Il s’agit là d’un légalisme qui n’avait pour but que de tranquilliser à bon compte sa conscience. Et c’est tout à fait étranger à l’esprit de la messe dominicale.

Pour s’en convaincre il suffit de remonter à l’étymologie du mot « messe ».
En latin, la messe se terminait par Ite missa est ,que l’on traduit en simplifiant un peu trop par : allez la messe est dite .En réalité le mot « missa » a la même origine que les mots « mission » , « missionnaire ».Il s’agit d’un envoi , non pas pour signifier que tout est fini , mais pour témoigner de ce que l’on a reçu .
Si l’on vient à la messe pour profiter de ce qu’on peut entendre en le gardant pour soi, sans aucun souci de le partager, c’est une forme d’égoïsme bien étranger à l’esprit de la vie chrétienne.
C’est comparable à cette réflexion que l’on entend assez souvent : je ne vais pas à la messe parce que cela ne m’apporte rien.
Si l’on a la foi seulement grosse comme une graine de moutarde, il est impossible qu’une messe n’apporte rien, quand bien même l’homélie serait nulle , les chants ratés et la voix du prêtre désagréable !
Les textes bibliques donnent matière à réflexion pour tout être humain, même pour quelqu’un qui ne partage pas la foi chrétienne.
Dans toutes les prières prononcées, soit par le célébrant, soit par l’assemblée, chacun peut retrouver de nombreux points qui touchent sa vie ou la vie des gens proches ou dont on a eu des échos .Avec un minimum de bonne volonté on reçoit beaucoup, même si l’on n’en a pas conscience à un moment donné.
La communion doit nous unir au Christ venu pour nous faire partager sa vie .Jésus vient pour nous donner sa paix , sa joie , son amour .Il est l’Emmanuel : Dieu avec nous , comme le dit le prophète Isaïe et que rappelle l’Evangile .

Saint Paul au début de la lettre qu’il adresse aux Romains se dit « appelé par Dieu pour être apôtre » c'est-à-dire « envoyé ». Il est mis à part pour annoncer la Bonne Nouvelle que Dieu avait promise par ses prophètes.
Il montre la tâche qu’il doit accomplir :
« Pour que le nom de Jésus Christ soit honoré nous avons reçu par lui grâce et mission d’Apôtre afin d’amener à l’obéissance de la foi toutes les nations païennes dont vous faites partie, vous aussi que Jésus Christ a appelés »
Puis Paul adresse une bénédiction à ses Romains.
Deux mille ans plus tard, l’Eglise à la fin de chaque messe nous donne la bénédiction de la part de Dieu , le Père , Fils et Esprit Saint avant de nous dire : « Allez dans la paix du Christ »
A nous de porter cette paix, non pas peut-être par des paroles, mais par tout un comportement habituel qui témoigne de l’amour que nous portons au prochain, quel qu’il soit.
Pour que nous en soyons capables : « Viens Emmanuel, viens nous sauver ! »

AMEN

Père Jean ROUILLARD

10 janvier 2008

Catéchèses

La confirmation – 17 décembre 2007

Introduction :
Je commence par vous rappeler qu’il existe 3 « familles » de sacrements : les sacrements de l’initiation (baptême, eucharistie, confirmation), les deux sacrements de guérison (pardon et onction des malades), les deux sacrements de communion (mariage et ordre). Par ailleurs, il existe une autre manière de « classer » les sacrements, et cette fois en deux familles : les sacrements « à caractère » (qui sont indélébiles et que l’on ne reçoit qu’une fois) et les autres … le baptême est un sacrement à caractère, et c’est le premier des sacrements de l’initiation.
Il est toujours bon de rappeler que l’Eucharistie constitue le « sommet » des 7 sacrements (l’expression est de Vatican II), et que par conséquent, en l’occurrence, le baptême est orienté tout entier vers l’Eucharistie (car ce sacrement nous fait revivre le mystère de Pâques, central dans la vie du Christ et central dans la vie chrétienne).

Définitions de la confirmation : « par le sacrement de confirmation, le lien des baptisés avec l’Eglise est rendu plus parfait, ils sont enrichis d’une force spéciale de l’Esprit Saint et obligés ainsi plus strictement à répandre et à défendre la foi par la parole et par l’action en vrais témoins du Christ » dit le CEC au n° 1285.

Un peu plus loin, le Catéchisme définit la confirmation comme « effusion plénière de l’Esprit Saint » (1302). A partir de ces deux définitions, nous allons tâcher d’en dire un peu plus …

les « deux » effusions

1) on désigne par le terme d’«effusion » cette « descente » de l’Esprit Saint en quelqu’un, et celle-ci peut se produire avant ou après le sacrement de la confirmation : Dieu prépare la grande effusion sacramentelle ou alors il la vivifie d’une manière spéciale après que le sacrement a eu lieu. Ce fut le cas de Claudel, comme vous le savez, qui entra, ce jour-là dans Notre-Dame de Paris, tandis que l’on chantait les vêpres et qui fut si fortement visité par l’Esprit Saint qu’il ressortit de l’église avec la foi catholique ! Par ailleurs, plus proches de nous, les communautés du renouveau charismatique pratiquent ce qu’elles appellent tout bonnement « l’effusion de l’Esprit », moment de prière communautaire préparé par une formation adéquate, au cours duquel on demande une descente spéciale de l’Esprit Saint dans le cœur.
2) Cependant, l’effusion plénière de l’Esprit de Dieu se déroule pendant le sacrement lui-même, qui est comme une sorte de « Pentecôte personnelle », elle constitue la base de l’action permanente de l’Esprit de Dieu en nous. Rien ne peut remplacer, à la vérité, cette effusion plénière qu’on nomme « confirmation ».
3) Pour terminer sur ce chapitre de l’effusion, il faut bien dire que, en fait, dans tous les sacrements il y a une effusion de l’Esprit, car on ne voit pas comment il serait possible que la grâce de Dieu puisse descendre sous quelque forme que ce soit sans que l’Esprit de Dieu en soit l’agent principal. Cela ne minimise pas du tout la spécificité de la confirmation, qui est au contraire appelée « effusion plénière » pour montrer son importance et son caractère unique.

les 7 dons et les 12 fruits

Celui qui reçoit l’Esprit de Dieu en lui reçoit ses « sept dons », selon l’expression du prophète Isaïe, reprise par la tradition chrétienne. Ces 7 dons viennent « couronner » les trois dons qui nous sont faits au baptême (Foi, Espérance et Charité), qu’on appelle les vertus théologales. Voici la liste de ces dons : sagesse, intelligence, science, piété et crainte de Dieu, conseil et force.

Celui qui a reçu l’Esprit de Dieu et les 7 dons qui l’accompagnent se voit en quelque sorte « transformé » et cette transformation produit des fruits, se reconnaît à certains fruits ; la tradition de l’Eglise en a énuméré 12 : charité, joie, paix, patience, longanimité, bonté, bénignité, mansuétude, fidélité, modestie, continence et chasteté.

Face à ces deux listes, on se bute évidemment à la difficulté de la distinction réelle entre chaque don ou chaque fruit … il ne faut sans doute pas résoudre ce problème comme une exercice de chimie, il s’agit de grâce, il s’agit d’amour qui agit dans un cœur, on ne peut pas « saucissonner » les accents de l’amour humain et de l’amour divin en les rangeant dans des tiroirs bien étanches. 7 exprime la perfection du don de Dieu, 12 nous rappelle les 12 tribus d’Israël et les 12 apôtres, ces beaux fruits de l’action de Dieu quand il vint à la rencontre des hommes.

Le lien entre baptême et confirmation

A la lecture du CEC, il apparaît que l’un et l’autre forment un tout presque indissociable, de sorte que, là aussi, les distinguer l’un de l’autre n’est pas chose facile. Je vous propose une comparaison (très faible) : imaginez un papier à entête « Paroisse sainte-Bernadette », elle comporte donc déjà une série d’informations de sorte qu’on saura d’où vient l’éventuel futur courrier, il appartient à la paroisse ; imaginez maintenant une lettre écrite dessus : elle comporte des informations supplémentaires qui viennent de la même paroisse, réalisée par les mêmes personnes, mais à vrai dire, sans cette lettre écrite sur le papier à entête, celui-ci n’a pas encore montré toute son efficacité et son intérêt. Pareillement, le sacrement du baptême n’est pas ni magique ni suffisant pour faire un chrétien intégral, il lui faut une nouvelle « écriture » de Dieu, une nouvelle intervention de Dieu qui fait que le chrétien est envoyé là où il faut et comme il le faut, conformément aux promesses de son baptême.

l’Orient, on le sait, insiste sur le lien qui unit baptême et confirmation (et même avec l’Eucharistie), car ces trois actes sacramentels sont réalisés le même jour et dans la même célébration ! L’Occident, lui, insiste davantage sur le lien à l’Eglise (c’est uniquement l’Evêque qui confirme). Un vieux rite de l’Eglise de Rome (une double onction d’huile le jour du baptême) a permis de dissocier, en Occident, baptême et confirmation, pour en faire deux célébrations séparées et du coup deux étapes dans la vie du baptisé. Aujourd’hui, en effet, il y a une onction d’huile le jour du baptême et une autre le jour de la confirmation.

Cependant, Orient et Occident sont bien d’accord sur le fond de la question (le don de l’Esprit Saint) et ils sont d’accord, également sur le fait que tout part de l’Evêque, car il a reçu la plénitude du sacrement de l’ordre.

Aujourd’hui, comment est célébré ce sacrement ?

Voici comment se déroule le rite de la confirmation :
Renouvellement des promesses du baptême (qui souligne le LIEN AVEC LE BAPTEME)
Imposition des mains (qui souligne la MISSION)
L’Onction d’huile (car nous sommes CHRETIENS, c’est-à-dire « oints », « baignés » par l’Esprit de Dieu, conformément à la tradition juive de mettre de l’huile sur la tête de celui qui était revêtu d’une mission spéciale) ; cette onction est accompagnée dune phrase : « sois marqué de l’Esprit Saint, le don de Dieu ». Cette phrase souligne que Dieu fait certes des dons (des grâces), mais il fait aussi et surtout le Don de Soi (la grâce)
Enfin, l’Evêque fait au confirmé une « accolade » -la « p’tite claque », comme disent les jeunes- (pour illustrer le LIEN AVEC L’EGLISE).

A quel âge recevoir ce sacrement ?

En cas de danger de mort, n’importe quand ! En Orient, on reçoit la confirmation juste après le baptême ; en Occident, on a choisit « l’âge de la discrétion », ce qui permet une certaine interprétation d’un diocèse à l’autre. Lisez attentivement le n°1308 : attention à la tentation occidentale de ne considérer que la démarche de l’homme dans le sacrement de confirmation et de ne pas suffisamment insister, comme on sait le faire en Orient, sur l’action de Dieu.

Quel ministre peut conférer le sacrement ?

le ministre « originaire » de la confirmation est l’Evêque : celui-ci est toujours à l’origine de ce sacrement. Le ministre ordinaire (celui qui habituellement administre le sacrement) est l’Evêque en Occident, le prêtre en Orient . Le ministre extraordinaire (dans certaines circonstances, comme par exemple le trop grand nombre de célébrations en Anjou) peut être le prêtre en Occident.

Conclusion
Il me semble qu’il se passe dans la confirmation quelque chose d’équivalent à ce qui se passe dans le mariage : après le grand oui du grand jour, il faut bien l’écho quotidien de grand oui, et redire oui à son conjoint chaque jour et à quelques moments-clé ; après le grand jour de la confirmation, nous devons renouveler sans cesse le don de l’Esprit en l’appelant : « Viens, Esprit Saint ! »

P. Emmanuel d'Andigné

08 janvier 2008

Homélies

16 décembre 2007 / catéchèse sur la messe - troisième partie : la "liturgie Eucharistique"

Nous continuons, aujourd’hui, à explorer le trésor de la messe … J’ai défini, souvenez-vous, la Liturgie de la Parole comme une « conversation amoureuse ». Dieu parle le premier et l’homme répond à l’initiative aimante et gratuite de Dieu.

Dans la Liturgie de l’Eucharistie, c’est le mouvement inverse ! Nous apportons à Dieu le pain et le vin (nous lui apportons notre travail, notre vie) et il nous apporte le corps et le sang de Jésus. Mais nous pouvons aller plus loin dans cette description.

Le problème est que, la liturgie eucharistique est si riche que, à vouloir tout dire, on risque de ne rien dire d’important, j’ai donc fait un choix : j’ai choisi de ne vous parler que de deux choses : Pourquoi dit-on que la messe est un sacrifice ? Alors que, visiblement, on ne sacrifie rien du tout (et en plus ce mot fait plutôt peur …) ; et deuxièmement : comment se fait-il que Jésus soit présent dans une hostie ?

Pourquoi dit-on que la messe est un sacrifice ?

A vrai dire, il est une phrase qui résume assez bien la messe, et vous la connaissez par cœur : « Heureux les invités au repas du Seigneur, voici l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde ». Dans cette phrase, vous avez le fond et la forme de l’eucharistie. La forme, c’est celle d’un repas : un rassemblement, une table, du pain, du vin, de l’eau, des chants (on ne chante pas à table, c’est vrai, mais on fait là une exception, comme dans un repas de fête …) et enfin ce qui semble bien une distribution de nourriture … A celui qui la regarde de loin, la messe a toutes les caractéristiques d’un repas. C’est du reste très logique, puisque c’est au cours d’un repas que Jésus inventa la messe ; et d’ailleurs, l’un des premiers noms donné à la messe fut « le repas du Seigneur ».

Mais à celui qui regarde de plus près, la messe apparaît clairement comme un sacrifice. « Heureux les invités au repas … » certes, mais, « voici l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde ». En effet, cette table autour de laquelle nous sommes rassemblés se nomme « autel », autrement dit « lieu du sacrifice ». C’est sur un autel (pierre posée sur un lieu élevé) que l’on offrait des sacrifices à Dieu et en particulier des agneaux : « Voici l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde ».

Cette phrase de Jean-Baptiste nous montre bien que Jésus s’est donné en sacrifice, a été offert en sacrifice sur la croix, pour obtenir du Père le pardon des péchés et la vie éternelle. La messe est un sacrifice, et plus exactement, puisque le sacrifice de Jésus a déjà et une pour toute été offert, la messe est le renouvellement non-sanglant du sacrifice de Jésus sur la croix. Autrement dit, nous sommes à chaque messe aux pieds de la croix, la liturgie de l’Eucharistie est ce moment extraordinaire où cet événement de la crucifixion est rendu vraiment présent ; cet événement nous rejoint aujourd’hui, ce sacrifice unique est actualisé, rendu actuel, principalement pour deux raisons : cet homme crucifié qu’on appelle Jésus est aussi le Fils de Dieu, et ce qu’il a fait ce jour-là peut donc traverser les frontières du temps, dans les deux sens … et ce prodige, deuxième raison, est réalisé par l’Esprit Saint. Le grand acteur de la liturgie de la parole est aussi celui de la liturgie de l’Eucharistie.

L’Esprit saint est évidemment, aussi, celui qui réalise ce prodige de la présence de Jésus dans l’hostie consacrée. Comment se fait-il que Jésus soit présent dans une hostie ?

Je vous propose, pour répondre à cette question, de mettre à contribution votre cœur et votre intelligence …Lorsque Jésus institue l’Eucharistie, il dit clairement, ce soir-là : « ceci est mon corps … ceci est mon sang … faites cela en mémoire de moi ». Peut-être pouvons-nous tout simplement, dans un premier temps, avec notre cœur, faire confiance aveuglément aux paroles de Jésus : il nous a dit qu’à chaque fois que nous serions réunis en son nom, et que nous prendrions du pain, du vin et un peu d’eau en prononçant ces paroles « ceci est mon corps livré pour vous … ceci est mon sang, versé pour vous », il serait vraiment là … cela devrait nous suffire … il nous l’a dit, c’est vrai !

Cependant, nous avons le droit (et même le devoir !) de mettre en œuvre notre intelligence aussi, et voici ce qu’elle nous dit : avant la consécration, une hostie, c’est deux choses : une substance (du pain) et des apparences (rond, plat, blanc, un certain goût …). Tous les êtres ont une substance et des apparences.

Lorsque l’Esprit Saint descend sur cette hostie (on appelle ce moment l’épiclèse « l’appel », en grec), au moment où le prêtre met ses deux mains au-dessus du pain et du vin, il ne change pas les apparences (rond, plat, blanc, un certain goût …). …), mais il change la substance (ce n’est plus du pain, cela devient le corps du Christ), il transforme la substance, et elle seulement ; voilà pourquoi on appelle ce moment « transsubstantiation » au fond, c’est simple …

Autre chose : Jésus est tout entier présent dans chacune des parties d’une hostie, raison pour laquelle le prêtre procède après la communion à une « purification » des vases sacrés, pour ne pas perdre ne serait-ce qu’une parcelle du corps précieux de Jésus. Il est ressuscité, et voilà pourquoi, et voilà comment il peut se rendre présent dans toutes les messes, dans toutes les hosties, et même les plus petites parties d’entre elles !

La liturgie eucharistique renouvelle de façon non-sanglante pour nous aujourd’hui le sacrifice de Jésus sur la croix : en communiant, nous recevons vraiment Jésus, lui-même, sa mort et sa résurrection font leur entrée en nous, et cette nourriture nous ouvre le ciel …

En répondant à deux petites questions, nous avons à peine effleuré le sujet, de sorte que parmi les mille choses que l’on pourrait dire, il nous en reste neuf cent quatre-vingt dix-huit à découvrir, à contempler, je vous invite à participer à la catéchèse du mois de janvier (sur l’Eucharistie en général), nous aborderons d’autres aspects du même trésor … et l’Esprit Saint nous conduira dans la vérité toute entière !
Soyons très fidèles à cette merveille qu’on appelle la messe, chaque dimanche, sans aucune exception : « tu sanctifieras le jour du Seigneur », nous dit le 3ème commandement …

P. Emmanuel d'Andigné