Nous continuons, aujourd’hui, à explorer le trésor de la messe … J’ai défini, souvenez-vous, la Liturgie de la Parole comme une « conversation amoureuse ». Dieu parle le premier et l’homme répond à l’initiative aimante et gratuite de Dieu.
Dans la Liturgie de l’Eucharistie, c’est le mouvement inverse ! Nous apportons à Dieu le pain et le vin (nous lui apportons notre travail, notre vie) et il nous apporte le corps et le sang de Jésus. Mais nous pouvons aller plus loin dans cette description.
Le problème est que, la liturgie eucharistique est si riche que, à vouloir tout dire, on risque de ne rien dire d’important, j’ai donc fait un choix : j’ai choisi de ne vous parler que de deux choses : Pourquoi dit-on que la messe est un sacrifice ? Alors que, visiblement, on ne sacrifie rien du tout (et en plus ce mot fait plutôt peur …) ; et deuxièmement : comment se fait-il que Jésus soit présent dans une hostie ?
Pourquoi dit-on que la messe est un sacrifice ?
A vrai dire, il est une phrase qui résume assez bien la messe, et vous la connaissez par cœur : « Heureux les invités au repas du Seigneur, voici l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde ». Dans cette phrase, vous avez le fond et la forme de l’eucharistie. La forme, c’est celle d’un repas : un rassemblement, une table, du pain, du vin, de l’eau, des chants (on ne chante pas à table, c’est vrai, mais on fait là une exception, comme dans un repas de fête …) et enfin ce qui semble bien une distribution de nourriture … A celui qui la regarde de loin, la messe a toutes les caractéristiques d’un repas. C’est du reste très logique, puisque c’est au cours d’un repas que Jésus inventa la messe ; et d’ailleurs, l’un des premiers noms donné à la messe fut « le repas du Seigneur ».
Mais à celui qui regarde de plus près, la messe apparaît clairement comme un sacrifice. « Heureux les invités au repas … » certes, mais, « voici l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde ». En effet, cette table autour de laquelle nous sommes rassemblés se nomme « autel », autrement dit « lieu du sacrifice ». C’est sur un autel (pierre posée sur un lieu élevé) que l’on offrait des sacrifices à Dieu et en particulier des agneaux : « Voici l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde ».
Cette phrase de Jean-Baptiste nous montre bien que Jésus s’est donné en sacrifice, a été offert en sacrifice sur la croix, pour obtenir du Père le pardon des péchés et la vie éternelle. La messe est un sacrifice, et plus exactement, puisque le sacrifice de Jésus a déjà et une pour toute été offert, la messe est le renouvellement non-sanglant du sacrifice de Jésus sur la croix. Autrement dit, nous sommes à chaque messe aux pieds de la croix, la liturgie de l’Eucharistie est ce moment extraordinaire où cet événement de la crucifixion est rendu vraiment présent ; cet événement nous rejoint aujourd’hui, ce sacrifice unique est actualisé, rendu actuel, principalement pour deux raisons : cet homme crucifié qu’on appelle Jésus est aussi le Fils de Dieu, et ce qu’il a fait ce jour-là peut donc traverser les frontières du temps, dans les deux sens … et ce prodige, deuxième raison, est réalisé par l’Esprit Saint. Le grand acteur de la liturgie de la parole est aussi celui de la liturgie de l’Eucharistie.
L’Esprit saint est évidemment, aussi, celui qui réalise ce prodige de la présence de Jésus dans l’hostie consacrée. Comment se fait-il que Jésus soit présent dans une hostie ?
Je vous propose, pour répondre à cette question, de mettre à contribution votre cœur et votre intelligence …Lorsque Jésus institue l’Eucharistie, il dit clairement, ce soir-là : « ceci est mon corps … ceci est mon sang … faites cela en mémoire de moi ». Peut-être pouvons-nous tout simplement, dans un premier temps, avec notre cœur, faire confiance aveuglément aux paroles de Jésus : il nous a dit qu’à chaque fois que nous serions réunis en son nom, et que nous prendrions du pain, du vin et un peu d’eau en prononçant ces paroles « ceci est mon corps livré pour vous … ceci est mon sang, versé pour vous », il serait vraiment là … cela devrait nous suffire … il nous l’a dit, c’est vrai !
Cependant, nous avons le droit (et même le devoir !) de mettre en œuvre notre intelligence aussi, et voici ce qu’elle nous dit : avant la consécration, une hostie, c’est deux choses : une substance (du pain) et des apparences (rond, plat, blanc, un certain goût …). Tous les êtres ont une substance et des apparences.
Lorsque l’Esprit Saint descend sur cette hostie (on appelle ce moment l’épiclèse « l’appel », en grec), au moment où le prêtre met ses deux mains au-dessus du pain et du vin, il ne change pas les apparences (rond, plat, blanc, un certain goût …). …), mais il change la substance (ce n’est plus du pain, cela devient le corps du Christ), il transforme la substance, et elle seulement ; voilà pourquoi on appelle ce moment « transsubstantiation » au fond, c’est simple …
Autre chose : Jésus est tout entier présent dans chacune des parties d’une hostie, raison pour laquelle le prêtre procède après la communion à une « purification » des vases sacrés, pour ne pas perdre ne serait-ce qu’une parcelle du corps précieux de Jésus. Il est ressuscité, et voilà pourquoi, et voilà comment il peut se rendre présent dans toutes les messes, dans toutes les hosties, et même les plus petites parties d’entre elles !
La liturgie eucharistique renouvelle de façon non-sanglante pour nous aujourd’hui le sacrifice de Jésus sur la croix : en communiant, nous recevons vraiment Jésus, lui-même, sa mort et sa résurrection font leur entrée en nous, et cette nourriture nous ouvre le ciel …
En répondant à deux petites questions, nous avons à peine effleuré le sujet, de sorte que parmi les mille choses que l’on pourrait dire, il nous en reste neuf cent quatre-vingt dix-huit à découvrir, à contempler, je vous invite à participer à la catéchèse du mois de janvier (sur l’Eucharistie en général), nous aborderons d’autres aspects du même trésor … et l’Esprit Saint nous conduira dans la vérité toute entière !
Soyons très fidèles à cette merveille qu’on appelle la messe, chaque dimanche, sans aucune exception : « tu sanctifieras le jour du Seigneur », nous dit le 3ème commandement …
P. Emmanuel d'Andigné
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