10 janvier 2008

Catéchèses

La confirmation – 17 décembre 2007

Introduction :
Je commence par vous rappeler qu’il existe 3 « familles » de sacrements : les sacrements de l’initiation (baptême, eucharistie, confirmation), les deux sacrements de guérison (pardon et onction des malades), les deux sacrements de communion (mariage et ordre). Par ailleurs, il existe une autre manière de « classer » les sacrements, et cette fois en deux familles : les sacrements « à caractère » (qui sont indélébiles et que l’on ne reçoit qu’une fois) et les autres … le baptême est un sacrement à caractère, et c’est le premier des sacrements de l’initiation.
Il est toujours bon de rappeler que l’Eucharistie constitue le « sommet » des 7 sacrements (l’expression est de Vatican II), et que par conséquent, en l’occurrence, le baptême est orienté tout entier vers l’Eucharistie (car ce sacrement nous fait revivre le mystère de Pâques, central dans la vie du Christ et central dans la vie chrétienne).

Définitions de la confirmation : « par le sacrement de confirmation, le lien des baptisés avec l’Eglise est rendu plus parfait, ils sont enrichis d’une force spéciale de l’Esprit Saint et obligés ainsi plus strictement à répandre et à défendre la foi par la parole et par l’action en vrais témoins du Christ » dit le CEC au n° 1285.

Un peu plus loin, le Catéchisme définit la confirmation comme « effusion plénière de l’Esprit Saint » (1302). A partir de ces deux définitions, nous allons tâcher d’en dire un peu plus …

les « deux » effusions

1) on désigne par le terme d’«effusion » cette « descente » de l’Esprit Saint en quelqu’un, et celle-ci peut se produire avant ou après le sacrement de la confirmation : Dieu prépare la grande effusion sacramentelle ou alors il la vivifie d’une manière spéciale après que le sacrement a eu lieu. Ce fut le cas de Claudel, comme vous le savez, qui entra, ce jour-là dans Notre-Dame de Paris, tandis que l’on chantait les vêpres et qui fut si fortement visité par l’Esprit Saint qu’il ressortit de l’église avec la foi catholique ! Par ailleurs, plus proches de nous, les communautés du renouveau charismatique pratiquent ce qu’elles appellent tout bonnement « l’effusion de l’Esprit », moment de prière communautaire préparé par une formation adéquate, au cours duquel on demande une descente spéciale de l’Esprit Saint dans le cœur.
2) Cependant, l’effusion plénière de l’Esprit de Dieu se déroule pendant le sacrement lui-même, qui est comme une sorte de « Pentecôte personnelle », elle constitue la base de l’action permanente de l’Esprit de Dieu en nous. Rien ne peut remplacer, à la vérité, cette effusion plénière qu’on nomme « confirmation ».
3) Pour terminer sur ce chapitre de l’effusion, il faut bien dire que, en fait, dans tous les sacrements il y a une effusion de l’Esprit, car on ne voit pas comment il serait possible que la grâce de Dieu puisse descendre sous quelque forme que ce soit sans que l’Esprit de Dieu en soit l’agent principal. Cela ne minimise pas du tout la spécificité de la confirmation, qui est au contraire appelée « effusion plénière » pour montrer son importance et son caractère unique.

les 7 dons et les 12 fruits

Celui qui reçoit l’Esprit de Dieu en lui reçoit ses « sept dons », selon l’expression du prophète Isaïe, reprise par la tradition chrétienne. Ces 7 dons viennent « couronner » les trois dons qui nous sont faits au baptême (Foi, Espérance et Charité), qu’on appelle les vertus théologales. Voici la liste de ces dons : sagesse, intelligence, science, piété et crainte de Dieu, conseil et force.

Celui qui a reçu l’Esprit de Dieu et les 7 dons qui l’accompagnent se voit en quelque sorte « transformé » et cette transformation produit des fruits, se reconnaît à certains fruits ; la tradition de l’Eglise en a énuméré 12 : charité, joie, paix, patience, longanimité, bonté, bénignité, mansuétude, fidélité, modestie, continence et chasteté.

Face à ces deux listes, on se bute évidemment à la difficulté de la distinction réelle entre chaque don ou chaque fruit … il ne faut sans doute pas résoudre ce problème comme une exercice de chimie, il s’agit de grâce, il s’agit d’amour qui agit dans un cœur, on ne peut pas « saucissonner » les accents de l’amour humain et de l’amour divin en les rangeant dans des tiroirs bien étanches. 7 exprime la perfection du don de Dieu, 12 nous rappelle les 12 tribus d’Israël et les 12 apôtres, ces beaux fruits de l’action de Dieu quand il vint à la rencontre des hommes.

Le lien entre baptême et confirmation

A la lecture du CEC, il apparaît que l’un et l’autre forment un tout presque indissociable, de sorte que, là aussi, les distinguer l’un de l’autre n’est pas chose facile. Je vous propose une comparaison (très faible) : imaginez un papier à entête « Paroisse sainte-Bernadette », elle comporte donc déjà une série d’informations de sorte qu’on saura d’où vient l’éventuel futur courrier, il appartient à la paroisse ; imaginez maintenant une lettre écrite dessus : elle comporte des informations supplémentaires qui viennent de la même paroisse, réalisée par les mêmes personnes, mais à vrai dire, sans cette lettre écrite sur le papier à entête, celui-ci n’a pas encore montré toute son efficacité et son intérêt. Pareillement, le sacrement du baptême n’est pas ni magique ni suffisant pour faire un chrétien intégral, il lui faut une nouvelle « écriture » de Dieu, une nouvelle intervention de Dieu qui fait que le chrétien est envoyé là où il faut et comme il le faut, conformément aux promesses de son baptême.

l’Orient, on le sait, insiste sur le lien qui unit baptême et confirmation (et même avec l’Eucharistie), car ces trois actes sacramentels sont réalisés le même jour et dans la même célébration ! L’Occident, lui, insiste davantage sur le lien à l’Eglise (c’est uniquement l’Evêque qui confirme). Un vieux rite de l’Eglise de Rome (une double onction d’huile le jour du baptême) a permis de dissocier, en Occident, baptême et confirmation, pour en faire deux célébrations séparées et du coup deux étapes dans la vie du baptisé. Aujourd’hui, en effet, il y a une onction d’huile le jour du baptême et une autre le jour de la confirmation.

Cependant, Orient et Occident sont bien d’accord sur le fond de la question (le don de l’Esprit Saint) et ils sont d’accord, également sur le fait que tout part de l’Evêque, car il a reçu la plénitude du sacrement de l’ordre.

Aujourd’hui, comment est célébré ce sacrement ?

Voici comment se déroule le rite de la confirmation :
Renouvellement des promesses du baptême (qui souligne le LIEN AVEC LE BAPTEME)
Imposition des mains (qui souligne la MISSION)
L’Onction d’huile (car nous sommes CHRETIENS, c’est-à-dire « oints », « baignés » par l’Esprit de Dieu, conformément à la tradition juive de mettre de l’huile sur la tête de celui qui était revêtu d’une mission spéciale) ; cette onction est accompagnée dune phrase : « sois marqué de l’Esprit Saint, le don de Dieu ». Cette phrase souligne que Dieu fait certes des dons (des grâces), mais il fait aussi et surtout le Don de Soi (la grâce)
Enfin, l’Evêque fait au confirmé une « accolade » -la « p’tite claque », comme disent les jeunes- (pour illustrer le LIEN AVEC L’EGLISE).

A quel âge recevoir ce sacrement ?

En cas de danger de mort, n’importe quand ! En Orient, on reçoit la confirmation juste après le baptême ; en Occident, on a choisit « l’âge de la discrétion », ce qui permet une certaine interprétation d’un diocèse à l’autre. Lisez attentivement le n°1308 : attention à la tentation occidentale de ne considérer que la démarche de l’homme dans le sacrement de confirmation et de ne pas suffisamment insister, comme on sait le faire en Orient, sur l’action de Dieu.

Quel ministre peut conférer le sacrement ?

le ministre « originaire » de la confirmation est l’Evêque : celui-ci est toujours à l’origine de ce sacrement. Le ministre ordinaire (celui qui habituellement administre le sacrement) est l’Evêque en Occident, le prêtre en Orient . Le ministre extraordinaire (dans certaines circonstances, comme par exemple le trop grand nombre de célébrations en Anjou) peut être le prêtre en Occident.

Conclusion
Il me semble qu’il se passe dans la confirmation quelque chose d’équivalent à ce qui se passe dans le mariage : après le grand oui du grand jour, il faut bien l’écho quotidien de grand oui, et redire oui à son conjoint chaque jour et à quelques moments-clé ; après le grand jour de la confirmation, nous devons renouveler sans cesse le don de l’Esprit en l’appelant : « Viens, Esprit Saint ! »

P. Emmanuel d'Andigné

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