28 septembre 2007

Homélies

Homélie du 25ème dimanche du Temps Ordinaire C - 22/23 septembre

On se demande parfois : quelle est la volonté de Dieu ? Eh bien nous avons eu la réponse dans la deuxième lecture : « Dieu veut que tous les hommes soient sauvés … »

Cela signifie d’abord que tous ne le sont pas, cela signifie ensuite qu’il faut les sauver de quelque chose. Enfin, cela signifie que nous devons collaborer à cette volonté de Dieu, que nous sommes sûrs de faire la volonté de Dieu si nous avons en tête, je cite, « que tous les hommes soient sauvés ».

Que tous les hommes ne soient pas « tirés d’affaire » -pour prendre une expression qui n’est pas évangélique, que tous les hommes n’aient pas atteint le bonheur ou que tous les hommes n’aient pas acquis la connaissance de Dieu, l’amour de Dieu et du prochain, c’est une évidence, et pour les hommes du temps de Jésus et pour notre temps aussi …

En revanche, la question de savoir de quoi il faut être sauvés, n’était pas du tout évidente à l’époque de Jésus et peut-être encore moins aujourd’hui, en France … en effet, à l’époque du Christ, en Palestine et dans toute la région, la guerre, les ennemis, les disettes étaient monnaie courante … de sorte que les contemporains du Christ ont espéré que celui-ci venait renverser l’envahisseur donner du pain et la paix à Israël et avec Zacharie disaient volontiers « salut qui nous arrache à l’ennemi, à la main de tous nos oppresseurs ».

Ils furent déçus (d’autres furent émerveillés), lorsqu’ils constatèrent que Jésus déplaça le débat sur deux sujets principaux : la question de la beauté du cœur –qui implique la notion de péché, et la question de la vie –qui implique la réalité de la mort et de la résurrection.

Et nous alors ? De quoi avons-nous besoin d’être sauvés ?
Ce soir, nous allons rentrer chez nous, nous aurons de quoi manger, de quoi dormir, de quoi nous divertir avec les très hautes performances intellectuelles que l’on peut voir chaque jour à la télévision (…). La France est en paix, elle est simplement ici ou là gendarme du monde, la guerre est loin pour nous … et puis comme l’a écrit Maurice Druon : « j’ai pas tué, j’ai pas volé, mais j’ai cru Madelaine » … alors quoi ? De quoi serions-nous sauvés ?

Eh bien la réponse est la même aujourd’hui qu’elle l’était au temps du Christ : Dieu veut ennoblir notre cœur, Il veut le sauver de la vulgarité et de la laideur, du péché et Dieu qui a voulu la vie veut redonner la vie à ceux qui l’ont perdue ou qui vont la perdre, c’est –à-dire tous les hommes.

C’est Dieu qui sauve, mais nous, nous devons préparer le terrain, afin que tous les hommes puissent travailler à la noblesse de leur cœur, en s’attachant au bien, en éliminant tout ce qui déplaît à Dieu, à l’intérieur et autour de nous. C’est finalement une sorte de conversion permanente, or celui qui se convertit sauve au moins une personne et sans doute d’autres avec lui (on connaît ce récit de la conversion de Matthieu qui révèle qu’après celle-ci, beaucoup de publicains et de pécheurs venaient à Jésus).

L’objectif, nous le connaissons : que tous soient sauvés. La question est comment ? Jésus donne aujourd’hui deux axes à celui qui veut se sauver et participer au salut des autres : ce qu’on pourrait appeler l’éloge de l’habileté, mais aussi le test des pauvres.

l’éloge de l’habileté.
La parabole du gérant malhonnête illustre une parole du Christ que nous devrions apprendre par cœur : « soyez habiles comme des serpents et candides comme des colombes ». Nous autres, catholiques, nous avons peur de l’argent, nous croyons qu’en ayant ou qu’en maniant beaucoup d’argent, nous nous mettons du mauvais côté … « faites-vous des amis avec l’argent trompeur », nous dit Jésus.

En lançant le Synode, notre évêque a chargé une commission spéciale de réfléchir à cette question : quelles nouvelles sources de financement pourrions-nous trouver pour le diocèse ? Cette excellente question contribue fort heureusement à nous décomplexer sur la question de l’argent, afin d’en faire un outil efficace au service de notre mission d’Evangélisation.
Et la paroisse ? Pourquoi ne se poserait-elle pas la même question ? Je vous la pose ! Nous y répondrons tranquillement.

Il est vrai que l’argent, comme le pouvoir, par exemple, a une sérieuse tendance à être maître plutôt que serviteur … mais si nous le tenons « en laisse », l’argent est un excellent serviteur, il peut donner un sérieux coup de pouce à l’évangélisation (Internet, télévision, radio …). Jésus fait donc aujourd’hui l’éloge de l’habileté, mais il nous demande, et je termine par là, de faire sur nous-même ce que j’appellerai « le test des pauvres ».

Le test des pauvres.
« On juge la qualité d’une communauté chrétienne à l’attention qu’elle apporte aux pauvres », disait Jean-Paul II. Cette attention à ceux qui sont dans le besoin (matériel, psychologique, spirituel) se situe à plusieurs niveaux : personnel, paroissial, et même universel. Régulièrement, à chacun de ces niveaux, il faut se poser la question de savoir quelle attention nous portons aux pauvres.

Le psaume d’aujourd’hui, et en général tous les psaumes sont un cri, et Dieu nous a révélé qu’il entendait toujours le cri du pauvre. Il nous faut donc savoir que nous soyons riches ou pauvres être du côté des pauvres, nous aurons alors la certitude d’être du côté de Dieu.

Le service ou le rejet du pauvre est un signe très sûr, un « test » de l’action réelle de Dieu dans un cœur ou dans une communauté chrétienne.
P. Emmanuel d'Andigné

Catéchèses du lundi - questions/réponses

Questions relatives à la catéchèse du lundi 16 septembre (l'Eglise)

1) Peut-on dire que le Motu Proprio va favoriser une Eglise "une" ?
Oui, sans hésiter ! C'est dans ce but, justement, que le Pape Benoït XVI a pris cette courageuse décision, qui va contribuer à apaiser les relations encore difficiles entre des catholiques traditionnalistes et le Saint-Siège. Certains de nos frères avaient ainsi quitté l'Eglise pour des questions de rite ou en raison de leurs craintes vis-à-vis du Concile Vatican II, ils vont de plus en plus comprendre qu'il y a de la place pour tout le monde dans la Maison du Père et pour eux en l'occurrence. Cependant, l'unité est une oeuvre à laquelle tous doivent participer : cela signifie que, après ce geste du Saint-Père, ceux de nos frères qui sont attachés à la forme ancienne du rite romain doivent aussi à leur tour faire un pas pour l'unité ; cela signifie entre autres recevoir humblement le dernier Concile comme un don de l'Esprit Saint et considérer avec respect et intelligence la forme nouvelle du rite romain (dite "de Paul VI") . Le chemin vers l'unité est toujours difficile, mais c'est le seul possible, car c'est la volonté de Dieu, et on s'oppose à Dieu quand on maintient des divisions même au nom de grands principes. Je termine par une suggestion : je vous invite à lire, dans ce blog (voir au mois d'août), deux documents très courts. Le Motu proprio lui-même (dont tout le monde parle mais que personne n'a lu), mais aussi la lettre du Pape aux Evêques, qui est très belle et très instructive.

2) la recherche de la vérité engendre différents courants à partir de l'Evangile depuis le Christ : ces différentes "interprétations" ou courants de pensée sont-ils de simples reflets de la faiblesse de l'homme à comprendre, ou/et une richesse qui permet de progresser vers une Eglise Une ?
On ne peut jamais dire que la division qui existe entre les chrétiens peut être en quelque manière une bonne chose, même quand on a l'espérance que la diversité qui en jaillit devienne une source de richesse ! La division est toujour mauvaise et gravement contraire à la volonté de Dieu. Cependant, à l'heure d'aujourd'hui, lorsque, concrètement, je discute avec un orthodoxe, par exemple, je peux en effet m'enrichir de son point de vue, car sa tradition religieuse a insisté sur des points que moi, catholique, j'ai tendance à négliger, en raison de l'histoire de l'Occident. Nous devons donc, même si c'est très difficile, à la fois lutter cçontre les divisions et reconnaître par ailleurs qu'un frère chrétien d'une autre confession peut m'apporter une richesse.
P. Emmanuel d'Andigné

Catéchèses

Catéchèse du lundi 16 septembre "Je crois l'Eglise, une sainte, catholique et apostolique"
Introduction
J’ai connu il y a quelques années une étudiante, très engagée dans le scoutisme, et très active dans sa paroisse. Tout ou presque dans la religion lui « allait », mais quelque chose la chiffonnait : « pourquoi faudrait-il passer par un prêtre pour recevoir le pardon de ses péchés ? »En réalité, son problème n’était pas la question de se reconnaître pécheur, ni même de douter que Dieu puisse pardonner ses péchés, mais sa question était : l’Eglise peut-être véritablement faire le lien entre Dieu et les hommes ?
L’Eglise est un mystère de médiation, elle est médiatrice des grâces de Dieu, Dieu veut que sa grâce passe par des hommes dans cet ensemble qu’on appelle « l’Eglise ». Cet état de choses est difficile à accepter, car ce que nos yeux nous montrent est très imparfait : chrétiens et prêtres sont tous évidemment très imparfaits. Lorsque nous étudierons la question des sacrements, nous verrons que ceux-ci reposent entièrement sur le fait que le don de Dieu passe par des êtres humains, passe par l'Eglise.
Je voudrais ajouter, avant de poursuivre l'exposé, que croire aimer et espérer sont inséparables les uns des autres : dire « je crois en l'Eglise » ou bien dire « j'aime l'Eglise » ou bien encore « je place mon espérance dans l'Eglise » est fondamentalement une seule et même chose. Celui qui n’aime pas l’Eglise ne pourra jamais dire en toute vérité le dimanche à la messe « je crois en l'Eglise, une sainte catholique et apostolique ». Tout ce qui e qui va suivre dépend de cela …

Tout ceci nous amène à contempler ce que j'appellerais volontiers les deux paradoxes de l’Eglise :


1) elle est à la fois humaine & divine … comme le Christ, doit-on dire ! … (« n’est-il pas le fils du charpentier ? », se disaient les contemporains de Jésus, qui eux aussi auraient sans doute préféré que le Christ soit plus simple à comprendre, seulement humain ou seulement divin) ; on dit parfois que l’Eglise est « le Christ continué », c’est assez vrai ! Le catéchisme de l'Eglise catholique utilise une belle image : elle compare l'Eglise à la Lune et le soleil au Christ …ce qui signifie qu’elle reflète vraiment et fidèlement le mystère du Christ tout en n’étant pas elle-même Dieu. L'Eglise n'est pas le Christ, mais elle reflète vraiment sa lumière. Dans le « je crois en Dieu » en latin, on fait une distinction entre Credo in Deum et credo Ecclesiam (je crois en Dieu et je crois l’Eglise –on enlève le « en ») ; dans le texte français, on utilise la même expression pour désigner la foi en Dieu et la foi en l'Eglise, ce qui prête à confusion. En fin de compte, le texte latin est plus clair ! Dans certaines langues, la traduction suit plus fidèlement le texte latin et aide mieux à comprendre la différence qu’il y a entre croire en Dieu et croire l’Eglise. On pourra se reporter au beau texte de saint Bernard dans le CEC : « Il appartient en propre à l'Eglise d'être à la fois humaine et divine, visible et riche de réalités invisibles, fervente dans l'action et occupée à la contemplation, présente dans le monde et pourtant étrangère. Mais de telle sorte qu'en elle ce qui est humain est ordonné et soumis au divin; ce qui est visible, à l'invisible; ce qui relève de l'action, à la contemplation; et ce qui est présent, à la cité future que nous recherchons » CEC n°771.

2) elle est « féminine » et « masculine » à la fois

Masculine.
Lorsque les évêques du monde entier se sont réunis à Rome pour le concile Vatican II, un grand nombre d'entre eux ont désiré que l'on redécouvre que l'Eglise était avant tout « le peuple de Dieu ». Le peuple de Dieu, et non pas simplement une sorte de pyramide au sommet de laquelle se trouverait le Pape et à la base laquelle on trouverait « les simples laïcs ». On connaît le mot célèbre de saint Augustin : «avec vous je suis chrétien, pour vous je suis évêque ». À vrai dire, cette idée n'est pas neuve, elle s'enracine dans l'histoire d'Israël qui avait déjà conscience à cette époque d'être « le peuple de Dieu ». Par ailleurs, il faut bien reconnaître que avant le concile Vatican II, il existait dans l'Eglise catholique assez peu de réflexion sur le mystère de l’Eglise : on avait donc assez peu réfléchi sur ce que l'on appelle le « sacerdoce baptismal », c'est-à-dire la capacité de tous les baptisés de remplir une véritable charge et de ne pas tout reposer sur les seuls prêtres ou évêques. Dans tout cet ensemble de choses, nous restons dans une conception de l’Eglise que je qualifierais plutôt de « masculine », en ce sens qu’on considère cette question surtout sous l’angle de l’organisation, la place de la hiérarchie... Il nous reste donc à découvrir ce que des auteurs ont appelé « la féminité de l’Eglise ».
Féminine.
Au moment du concile Vatican II, on se demandait s'il fallait écrire un document spécial sur la Vierge Marie (son culte, son importance, sa place...) ou alors s'il fallait plutôt parler d’elle en complément du discours sur l’Eglise. C'est cette deuxième possibilité qui fut choisie : aux sept chapitres qui traitent du mystère de l’Eglise dans le concile, on ajouta un huitième, consacré à Marie modèle est mère de l’Eglise. Lorsque vous lirez ce qui concerne l’Eglise dans le catéchisme de l’Eglise catholique, vous constaterez que d’une façon semblable à celle utilisée par le concile Vatican II, la méditation sur la vierge Marie conclut en beauté l'exposé sur l’Eglise. Marie révèle à l’Eglise ce qu'elle est, les femmes dans l’Eglise révèlent à l'ensemble de l’Eglise ce qu'est l’Eglise : une vierge, une mère, une épouse qui met au monde le Christ, sans que cette fécondité repose sur un homme ou sur des hommes, mais uniquement sur l'Esprit de Dieu. L’Eglise a ceci de « féminin » qu'elle met au monde le Christ dans un mystère de fécondité. Je vous suggère de découvrir les quelques livres de Lucienne Sallé, l'une des premières femmes à avoir travaillé au Vatican et qui fut chargée par le Pape Jean-Paul II de réfléchir à la question et à la place de la femme aujourd'hui dans l’Eglise et dans le monde. (« Femme au Vatican », « femme pour l'aimer »...).

3) Approfondissons le mystère … les 4 « notes » de l’Eglise :

On dit de l’Eglise qu'elle est une, sainte, catholique, apostolique. Ces quatre caractéristiques sont traditionnellement appelées les « notes » de l’Eglise. Voyons ce que signifient ces quatre termes.
L’Eglise est Une par son fondateur, tout d’abord. Jésus, en effet, est l'unique Sauveur et il n'a fondé qu’une seule Eglise pour répandre le salut dans le monde. L’Eglise est une aussi dans sa finalité, qui est d’annoncer le seul et unique Jésus-Christ pour que tous les hommes soient sauvés par lui. J'ai pu constater avec joie l'année dernière que la question de l'unité de l’Eglise avait à vos yeux une grande importance, nous devons donc travailler à ce que l'unique Eglise que Jésus a fondée redevienne une, c'est certainement la volonté de Dieu.
L’Église est sainte par son contact permanent avec le Christ, elle ne fait qu’un avec son époux. Elle est certes composée de pécheurs, mais il n'en demeure pas moins que Dieu réside en elle, que Dieu la sanctifie en permanence, malgré la faiblesse des pécheurs qui la constituent. C'est dans ce sens qu'il faut comprendre la démarche de repentance désirée est mise en oeuvre par le Pape Jean-Paul II en l'an 2000 : cette repentance concernait les fils de l’Eglise et les fautes qu'ils ont commises à l'égard des peuples ou des autres confessions chrétiennes, mais une lecture attentive de tous les textes vous montrera que jamais le Pape ne remet en question (évidemment) la sainteté de l’Eglise ! Par ailleurs, on dit que les membres de l’Eglise sont « saints », car de la même façon que l’Eglise dans son ensemble, le contact permanent avec Dieu les rend saints. L’expression « communion des saints », signifie donc deux choses : le fait de communier aux choses saintes et le fait d'être en lien avec tous les autres saints de l’Eglise ici-bas et au ciel…
L’Eglise est catholique : ce mot de catholique à deux sens. Le premier sens est le plus connu, c’est celui d’« universel ». Cela signifie que la religion catholique a pour vocation de se répandre dans le monde entier et a pour caractéristique de convenir à tous les peuples et à toutes les cultures de tous les temps. Cependant, ce même mot de catholique (qui mot à mot veut dire « total » ou « complet ») signifie que dans l’Eglise catholique on trouve la plénitude des moyens de salut : il y a vraiment tout ce qu'il faut dans cette Eglise pour être sauvé, rien ne manque dans l’Eglise pour acquérir le salut.
L’Église, enfin, est appelée « apostolique » pour signifier le lien avec les apôtres (apostoloï, en grec). À l'époque de la rédaction du credo, il était indispensable de certifier que cette église dite catholique avait bien pour socle permanent les apôtres, les douze apôtres. En outre, dire que l’Eglise est apostolique signifie qu'elle garde fidèlement l'enseignement des apôtres et qu'elle ne veut pas s'en écarter. Enfin, on peut dire que d'une certaine manière, elle est toujours enseignée par les apôtres, elle est enseignée siècle après siècle par les successeurs légitimes des apôtres que sont les évêques.

4) et du coup , quelles relations l’Eglise catholique peut-elle entretenir avec les autres religions ?
Dire que l'on croit en la sainte Eglise catholique ne signifie pas que l'on méprise les autres religions ou les autres confessions chrétiennes ! Il s'agit simplement d'être très sûrs de cette Eglise et d'être très attachés à elle tout en disant ceci : Il y a des recherches authentiques de la vérité chez tous les hommes, il y a dans toutes les religions d'excellentes choses que nous devons et pouvons reconnaître, mais un certains nombre d’erreurs sont mêlées à ces belles choses, de sorte qu’on ne peut pas adhérer à ces autres religions. Les membres des autres Eglises ou religions sont considérés comme des frères au même titre que tous les hommes à qui nous devons le respect et l'attention. Par ailleurs, il y a dans toutes les religions ce que l'on appelle des « pierres d’attente évangéliques », ce qui veut dire que dans une religion il y a un certain nombre d'éléments qui font que les croyants de cet religion pourront un jour adhérer au Christ, croire en lui, être sauvés par Lui, car ces bons éléments préparent le cœur des croyants à recevoir la lumière de la vérité (« Je suis, dit Jésus, le chemin, la vérité et la vie »).
P. Emmanuel d'Andigné

26 septembre 2007

Homélies

Homélie du 24ème dimanche du Temps Ordinaire C (rentrée paroissiale) - 15/16 septembre 2007
Depuis le mois de juin de cette année, commence à circuler dans la paroisse le « programme d’année 2007-2008» … Je voudrais en faire avec vous une lecture spirituelle, elle s’articulera autour de quelques mots-clé qui nous indiquent, déjà par eux-mêmes, tout un programme spirituel.

Famille. Ce mot revient 9 fois dans le programme. Il serait beau que nous formions, dans cette paroisse, comme une vraie famille, c’est-à-dire un ensemble où l’on ne s’est pas choisis et où les liens sont si forts que nous réussissons à dépasser nos inévitables différences. Apprenons à comprendre que notre voisin n’ait pas le même « carburant » que nous et qu’il puisse tout de même faire partie de la famille, car c’est notre frère plus que notre voisin. Avec un tel état d’esprit, peu à peu, nous découvrirons que les autres ont des richesses insoupçonnées, et nous saurons aussi enrichir les autres de ce qui nous habite.

Prière et action. Ces deux mots sont présents finalement partout, mais affleurent particulièrement (ce sont deux exemples), dans les 24h d’adoration et dans le « concert de l’amitié » (19 janvier). Ces deux mots ne s’opposent pas ! Ils se complètent, au contraire, et se soutiennent l’un l’autre. Celui qui prie, si sa prière est vraiment un acte spirituel de bonne qualité, ne pourra pas ne pas se mettre à agir : l’action au service des autres, et en particulier à l’égard des plus pauvres, est un moyen de savoir si notre prière est vraie. D’un autre côté, celui qui agit au nom de l’Evangile ne pourra pas longtemps tenir sans venir souvent à la source, aux pieds du Christ : la prière est la nourriture des aventuriers de l’Evangile. Bien entendu, ces moments de prière qui figurent dans le programme n’épuisent pas le sujet : vous priez sûrement dans le secret de vos chambres et de vos maisons et il y a d’autres moments de ressourcement (je pense en particulier aux soirées « lire l’Evangile », l’adoration avant ou après la messe de semaine, etc …). Permettez-moi de reprendre à mon compte un néologisme qui a cours dans les milieux de jeunes catholiques depuis quelques années : la contemplaction, qui se veut être la recherche de l’harmonie entre prière et action. Faisons de cette année une année de contemplaction !

Pardon. Ce mot revient trois fois dans le programme. Il concerne les enfants du Catéchisme : il s’agit de trois cérémonies pénitentielles avec absolution individuelle, afin que les enfants soient initiés au beau sacrement du Pardon. Une fois de plus, les enfants nous montrent l’exemple … J’ai eu la surprise de constater, en arrivant l’année dernière, que les permanences de confessions étaient désertées par les paroissiens, tandis que la procession de communion voit défiler des centaines de personnes … Une paroissienne, à qui je m’en était ouvert, m’a répondu : « mais vous savez, Mon Père, certains vont ailleurs, car il est parfois plus facile de se confesser à un prêtre qu’on ne côtoie pas habituellement. ». « Tant mieux ! » me suis-je dit alors, « je rends grâce à Dieu de ce que mes paroissiens vont encombrer les confessionnaux des paroisses avoisinantes !… » En effet, si j’en juge par mon expérience personnelle, de baptisé, je comprends mal qu’on puisse communier très régulièrement et négliger le sacrement du pardon : plus je m’approche du corps du Christ, plus il me paraît nécessaire de recourir à ce magnifique sacrement de la miséricorde !

Formation. Ce mot est représenté dans le programme de l’année par des sigles tels que « KTDA », « KT adulte », « FEV », et qui sont des formations pour les adultes. Ce mot a été prononcé par 100 % des équipes synodales de la paroisse, et mis en valeur par un très grand nombre d’équipes dans le diocèse. C’est dire que le désir de formation est fort aujourd’hui ! Le KTDA (Catéchisme découverte Adultes) nous a été demandé par des personnes qui s’approchent de l’Eglise, mais à qui il manque souvent quelques bases indispensables, une initiation simple à la religion catholique. Le « KT adulte », lui, s’adresse à ceux qui veulent structurer leur foi, attendu que leur connaissance du christianisme est correcte (cette année, le KT adulte portera sur les sacrements). Quant à la « FEV » (formation à l’évangélisation), elle se propose de faire « passer à la vitesse supérieure » ceux qui ont le désir d’aller trouver les non-chrétiens, car, on le sait bien, Il y a des cœurs prêts à recevoir l’Evangile, mais pas grand monde pour l’annoncer : en lisant ensemble pendant deux mois l’encyclique « Evangelii Nuntiandi » ( Paul VI), nous creuserons en nous le désir le l’Evangélisation et nous trouverons des moyens concrets d’évangéliser nos voisins, nos amis …
Demandons à la Vierge Marie,Notre-Dame de Lourdes, qui a une tendresse particulière pour cette paroisse, de nous accompagner tout au long de cette année, elle nous enseignera comment résumer tous ces mots-clé par le grand mot-clé de l’Eglise et de l’Evangile également : l’AMOUR !
P. Emmanuel d'Andigné

22 septembre 2007

Homélies

Homélie du 23ème dimanche du temps ordinaire Année C - 08/09 sept 2007

« Si quelqu’un vient à moi sans me préférer à son père, sa mère …celui qui ne porte pas sa croix, ne peut pas être mon disciple »
Eh bien voilà un mois de septembre qui commence fort ! …

Evidemment, si nous recevons cet Evangile comme la parole de quelqu’un de supérieur et de distant, comme la parole de quelqu’un qui ne se rend pas compte de ce que représente avoir des très proches ou les perdre, avoir de véritables souffrances … alors elle est pratiquement inacceptable. Mais il est bon d’écouter cet Evangile en ayant plusieurs choses en tête :

Premièrement, celui qui nous parle a porté effectivement sa croix : l’incompréhension lorsqu’il parlait (« ces paroles sont dures, qui peut les entendre ? »), le rejet par les scribes et les pharisiens, c’est-à-dire les élites religieuses et politiques, la passion, évidemment, et la croix, proprement dite :
Jésus n’est pas distant, Il ne nous parle pas de haut, même si, bien sûr, sa charité et son rayonnement font que nous le regardons d’en-bas … Jésus ne formule jamais d’exigence pour les autres, sans qu’il se l’attribue à lui-même, d’abord (montrant par là l’exemple à tous ceux qui ont la charge de l’éducation et de l’enseignement) !

Deuxièmement, si Jésus formule cet exigence très forte, c’est dans le but de nous faire parvenir au bonheur, ainsi que l’indique le tout début du grand discours de Jésus sur la montagne (Voir l’Evangile selon saint Matthieu, chapitres 5 et suivants) : « heureux, heureux, heureux … »

Ce que Jésus prépare, avec une voix douce parfois et avec une voix forte aujourd’hui, c’est notre bonheur ! Ceci nous indique que celui qui veut être heureux doit apprendre à porter les croix, à porter sa croix.

Cet Evangile fait partie de tous ceux qui nous aident à comprendre la morale catholique, elle fonctionne de cette manière : à l’imitation de Jésus, elle formule des vérités crues, elle persévère dans un discours net, elle formule des exigences fortes, car son fondateur lui a enseigné que, en fait, le chemin qui conduit au bonheur n’est pas un chemin de facilité, qu’il est étroit de toutes façons, non pas en vertu d’une décision idéologique, mais parce que c’est ainsi … la vie est faite comme ça ! La morale chrétienne est une morale du bonheur, pas un morale du devoir, mais dans laquelle le devoir joue un rôle de préparation pour garantir un bonheur durable et profond. Récemment, une étude montrait que les adolescents se plaignent du manque d’autorité des adultes ! C’est un comble, c’est une première dans l’histoire récente ! Jésus veut notre bonheur, et il sait que celui-ci passe par un chemin étroit (« le chemin de la vie est un chemin étroit, ceux qui l’on suivi ont découvert la joie … » chantait Patrick Richard.

Enfin, troisième lumière qui éclaire et l’Evangile et la morale : la prière, bien sûr ! Celui qui prie développe en lui l’intimité avec Dieu, il comprend mieux, de l’intérieur, ce que Dieu veut, comme un ami qu’on comprend sans qu’on ait besoin d’échanger des mots. Il est certain que celui qui prie aura moins de mal qu’un autre à accepter les passages difficiles de l’Evangile et de la morale catholique.

Demandons à la Vierge Marie, dont nous venons de fêter la naissance (08 septembre) de nous faire comprendre par le cœur ce que nos esprits pourraient avoir compris et invoquons avec elle l’Esprit très saint de Dieu pour qu’il nous fasse comprendre, et qu’il nous donne d’aimer ce que nous aurons compris.
P. Emmanuel d'Andigné

Homélies

Homélie du 15 août 2007
Le 15 Août est la grande fête religieuse en France. Il n'en est pas de même dans les autres pays. En Suisse par exemple, la rentrée scolaire est déjà faite et les écoliers travaillent aujourd'hui comme n'importe quel autre jour.
Avant la révolution, de nombreuses fêtes religieuses étaient chômées comme l'Annonciation St Pierre et St Paul etc ... Lors du Concordat signé entre Bonaparte et le pape Pie VII , en 1801 pour régler les relations entre l'Eglise et l'Etat, le pape avait concédé à Bonaparte que le nombre de fêtes d'obligation soit réduit à 4 : Noël, l'Ascension, l'Assomption et la Toussaint, Bonaparte acceptant de son côté que le chômage soit légal ces jours-là.
Lorsque le concordat fut dénoncé par Combes en 1905 cette obligation légale n'a pas été remise en cause .
C'est le pape Pie XII qui a proclamé comme un dogme l'Assomption de la Vierge Marie le 1er Novembre 1950. Il l'a fait en ces termes:
«Nous affirmons, nous déclarons et nous définissons comme un dogme divinement révélé que l'Immaculée Mère de Dieu, Marie toujours vierge, préservée par Dieu de toute atteinte de la faute originelle, ayant accompli le cours de sa vie terrestre, fut élevée corps et âme à la gloire du ciel et exaltée par le Seigneur comme la Reine de l'univers pour être ainsi plus entièrement conforme à son Fils, Seigneur des Seigneurs victorieux du péché et de la mort ».
Bien sûr cette affirmation n'ajoutait pas une doctrine nouvelle, elle déclarait certaine et non discutable pour les catholiques une foi très largement partagée par l'ensemble des chrétiens depuis l'origine.
De la même manière avaient été proclamées la Maternité divine, sainte Marie mère de Dieu au concile d' Ephèse en 431, la virginité perpétuelle de Marie au concile de Latran en 649 et son Immaculée conception par Pie IX en 1854.
Cette foi générale parmi les chrétiens d'Orient est le plus souvent désignée sous le nom de la « dormition de la Vierge ». C'est ainsi que la cathédrale de Moscou porte ce vocable « Notre Dame de la Dormition ».
On célébrait déjà cette fête à Antioche au IVème siècle, en Palestine au Vème Saint Grégoire de Tours en est le théoricien au VIC siècle.
Saint Jean de Damas au VIIIème siècle s'exprime ainsi dans une homélie : «Aujourd'hui la Vierge immaculée, qui ne s'est attachée à rien de terrestre, la Vierge toute nourrie de pensées célestes n'a pas été rendue à la terre ... Celle qui en effet apporta la vie à tous, comment aurait-elle été finalement soumise à la mort ? En vrai fille de l'ancien Adam, elle soit subir la sentence portée contre son père et sa descendance. Son Fils même, qui est la vie, ne l'a pas refusée. La mère du Dieu vivant mérite bien aujourd'hui de lui être associée ... Comment la mort l'aurait-elle gardée? Comment la corruption aurait-elle envahi ce corps où toute la vie a été accueillie? »
Au XIIIème siècle , ce sont des grands théologiens qui développent les raisons d'affirmer la foi en l'Assomption de Marie .On peut citer Albert le Grand, Saint Thomas d'Aquin, Saint Bonaventure.
Pourquoi cette fête est-elle fixée au 15 Août? Il semble que cette date ait été choisie en Orient par l'empereur Maurice à la fin du VIème siècle pour commémorer l'inauguration d'un église dédiée à la Vierge montée au ciel.
Plus près de nous le 15 Août fut longtemps la fête nationale en France et Louis XIII consacrant la France à Notre Dame, demanda même qu'on fit ce jour-là dans chaque paroisse une procession en 1 'honneur de la Vierge .
Nous pouvons rappeler aujourd'hui le souvenir de saint Maximilien Kolbe qui mourrait il y a 66 ans au camp de concentration d'Auschwitz. Dans sa grande confiance à l'égard de la Vierge , il écrivait : «Il ne fait aucun doute que la volonté de Marie ne soit pour nous exactement la volonté de Dieu ... Laissons­-nous diriger par elle , laissons-nous conduire par sa main , soyons sous sa conduite tranquilles et confiants: elle s'occupera de tout pour nous , elle pourvoira à tout , elle subviendra promptement aux besoins du corps et de l'âme»
Je terminerai par une prière de Benoît XVI dans son encyclique «Dieu est Amour» :
« Sainte Marie, mère de Dieu,
Tu as donné au monde la vraie lumière, Jésus ton Fils - Fils de Dieu.
Tu t'es abandonnée complètement à l'appel de Dieu
Et tu es devenue la source de la bonté qui jaillit de Lui. Montre nous Jésus, conduis nous vers Lui.
Enseigne nous à le connaître et à l'aimer,
afin que nous puissions nous aussi, devenir capables d'un amour vrai et être sources d'eau vive au milieu d'un monde assoiffé» .
AMEN
P. Jean Rouillard