28 septembre 2007

Catéchèses

Catéchèse du lundi 16 septembre "Je crois l'Eglise, une sainte, catholique et apostolique"
Introduction
J’ai connu il y a quelques années une étudiante, très engagée dans le scoutisme, et très active dans sa paroisse. Tout ou presque dans la religion lui « allait », mais quelque chose la chiffonnait : « pourquoi faudrait-il passer par un prêtre pour recevoir le pardon de ses péchés ? »En réalité, son problème n’était pas la question de se reconnaître pécheur, ni même de douter que Dieu puisse pardonner ses péchés, mais sa question était : l’Eglise peut-être véritablement faire le lien entre Dieu et les hommes ?
L’Eglise est un mystère de médiation, elle est médiatrice des grâces de Dieu, Dieu veut que sa grâce passe par des hommes dans cet ensemble qu’on appelle « l’Eglise ». Cet état de choses est difficile à accepter, car ce que nos yeux nous montrent est très imparfait : chrétiens et prêtres sont tous évidemment très imparfaits. Lorsque nous étudierons la question des sacrements, nous verrons que ceux-ci reposent entièrement sur le fait que le don de Dieu passe par des êtres humains, passe par l'Eglise.
Je voudrais ajouter, avant de poursuivre l'exposé, que croire aimer et espérer sont inséparables les uns des autres : dire « je crois en l'Eglise » ou bien dire « j'aime l'Eglise » ou bien encore « je place mon espérance dans l'Eglise » est fondamentalement une seule et même chose. Celui qui n’aime pas l’Eglise ne pourra jamais dire en toute vérité le dimanche à la messe « je crois en l'Eglise, une sainte catholique et apostolique ». Tout ce qui e qui va suivre dépend de cela …

Tout ceci nous amène à contempler ce que j'appellerais volontiers les deux paradoxes de l’Eglise :


1) elle est à la fois humaine & divine … comme le Christ, doit-on dire ! … (« n’est-il pas le fils du charpentier ? », se disaient les contemporains de Jésus, qui eux aussi auraient sans doute préféré que le Christ soit plus simple à comprendre, seulement humain ou seulement divin) ; on dit parfois que l’Eglise est « le Christ continué », c’est assez vrai ! Le catéchisme de l'Eglise catholique utilise une belle image : elle compare l'Eglise à la Lune et le soleil au Christ …ce qui signifie qu’elle reflète vraiment et fidèlement le mystère du Christ tout en n’étant pas elle-même Dieu. L'Eglise n'est pas le Christ, mais elle reflète vraiment sa lumière. Dans le « je crois en Dieu » en latin, on fait une distinction entre Credo in Deum et credo Ecclesiam (je crois en Dieu et je crois l’Eglise –on enlève le « en ») ; dans le texte français, on utilise la même expression pour désigner la foi en Dieu et la foi en l'Eglise, ce qui prête à confusion. En fin de compte, le texte latin est plus clair ! Dans certaines langues, la traduction suit plus fidèlement le texte latin et aide mieux à comprendre la différence qu’il y a entre croire en Dieu et croire l’Eglise. On pourra se reporter au beau texte de saint Bernard dans le CEC : « Il appartient en propre à l'Eglise d'être à la fois humaine et divine, visible et riche de réalités invisibles, fervente dans l'action et occupée à la contemplation, présente dans le monde et pourtant étrangère. Mais de telle sorte qu'en elle ce qui est humain est ordonné et soumis au divin; ce qui est visible, à l'invisible; ce qui relève de l'action, à la contemplation; et ce qui est présent, à la cité future que nous recherchons » CEC n°771.

2) elle est « féminine » et « masculine » à la fois

Masculine.
Lorsque les évêques du monde entier se sont réunis à Rome pour le concile Vatican II, un grand nombre d'entre eux ont désiré que l'on redécouvre que l'Eglise était avant tout « le peuple de Dieu ». Le peuple de Dieu, et non pas simplement une sorte de pyramide au sommet de laquelle se trouverait le Pape et à la base laquelle on trouverait « les simples laïcs ». On connaît le mot célèbre de saint Augustin : «avec vous je suis chrétien, pour vous je suis évêque ». À vrai dire, cette idée n'est pas neuve, elle s'enracine dans l'histoire d'Israël qui avait déjà conscience à cette époque d'être « le peuple de Dieu ». Par ailleurs, il faut bien reconnaître que avant le concile Vatican II, il existait dans l'Eglise catholique assez peu de réflexion sur le mystère de l’Eglise : on avait donc assez peu réfléchi sur ce que l'on appelle le « sacerdoce baptismal », c'est-à-dire la capacité de tous les baptisés de remplir une véritable charge et de ne pas tout reposer sur les seuls prêtres ou évêques. Dans tout cet ensemble de choses, nous restons dans une conception de l’Eglise que je qualifierais plutôt de « masculine », en ce sens qu’on considère cette question surtout sous l’angle de l’organisation, la place de la hiérarchie... Il nous reste donc à découvrir ce que des auteurs ont appelé « la féminité de l’Eglise ».
Féminine.
Au moment du concile Vatican II, on se demandait s'il fallait écrire un document spécial sur la Vierge Marie (son culte, son importance, sa place...) ou alors s'il fallait plutôt parler d’elle en complément du discours sur l’Eglise. C'est cette deuxième possibilité qui fut choisie : aux sept chapitres qui traitent du mystère de l’Eglise dans le concile, on ajouta un huitième, consacré à Marie modèle est mère de l’Eglise. Lorsque vous lirez ce qui concerne l’Eglise dans le catéchisme de l’Eglise catholique, vous constaterez que d’une façon semblable à celle utilisée par le concile Vatican II, la méditation sur la vierge Marie conclut en beauté l'exposé sur l’Eglise. Marie révèle à l’Eglise ce qu'elle est, les femmes dans l’Eglise révèlent à l'ensemble de l’Eglise ce qu'est l’Eglise : une vierge, une mère, une épouse qui met au monde le Christ, sans que cette fécondité repose sur un homme ou sur des hommes, mais uniquement sur l'Esprit de Dieu. L’Eglise a ceci de « féminin » qu'elle met au monde le Christ dans un mystère de fécondité. Je vous suggère de découvrir les quelques livres de Lucienne Sallé, l'une des premières femmes à avoir travaillé au Vatican et qui fut chargée par le Pape Jean-Paul II de réfléchir à la question et à la place de la femme aujourd'hui dans l’Eglise et dans le monde. (« Femme au Vatican », « femme pour l'aimer »...).

3) Approfondissons le mystère … les 4 « notes » de l’Eglise :

On dit de l’Eglise qu'elle est une, sainte, catholique, apostolique. Ces quatre caractéristiques sont traditionnellement appelées les « notes » de l’Eglise. Voyons ce que signifient ces quatre termes.
L’Eglise est Une par son fondateur, tout d’abord. Jésus, en effet, est l'unique Sauveur et il n'a fondé qu’une seule Eglise pour répandre le salut dans le monde. L’Eglise est une aussi dans sa finalité, qui est d’annoncer le seul et unique Jésus-Christ pour que tous les hommes soient sauvés par lui. J'ai pu constater avec joie l'année dernière que la question de l'unité de l’Eglise avait à vos yeux une grande importance, nous devons donc travailler à ce que l'unique Eglise que Jésus a fondée redevienne une, c'est certainement la volonté de Dieu.
L’Église est sainte par son contact permanent avec le Christ, elle ne fait qu’un avec son époux. Elle est certes composée de pécheurs, mais il n'en demeure pas moins que Dieu réside en elle, que Dieu la sanctifie en permanence, malgré la faiblesse des pécheurs qui la constituent. C'est dans ce sens qu'il faut comprendre la démarche de repentance désirée est mise en oeuvre par le Pape Jean-Paul II en l'an 2000 : cette repentance concernait les fils de l’Eglise et les fautes qu'ils ont commises à l'égard des peuples ou des autres confessions chrétiennes, mais une lecture attentive de tous les textes vous montrera que jamais le Pape ne remet en question (évidemment) la sainteté de l’Eglise ! Par ailleurs, on dit que les membres de l’Eglise sont « saints », car de la même façon que l’Eglise dans son ensemble, le contact permanent avec Dieu les rend saints. L’expression « communion des saints », signifie donc deux choses : le fait de communier aux choses saintes et le fait d'être en lien avec tous les autres saints de l’Eglise ici-bas et au ciel…
L’Eglise est catholique : ce mot de catholique à deux sens. Le premier sens est le plus connu, c’est celui d’« universel ». Cela signifie que la religion catholique a pour vocation de se répandre dans le monde entier et a pour caractéristique de convenir à tous les peuples et à toutes les cultures de tous les temps. Cependant, ce même mot de catholique (qui mot à mot veut dire « total » ou « complet ») signifie que dans l’Eglise catholique on trouve la plénitude des moyens de salut : il y a vraiment tout ce qu'il faut dans cette Eglise pour être sauvé, rien ne manque dans l’Eglise pour acquérir le salut.
L’Église, enfin, est appelée « apostolique » pour signifier le lien avec les apôtres (apostoloï, en grec). À l'époque de la rédaction du credo, il était indispensable de certifier que cette église dite catholique avait bien pour socle permanent les apôtres, les douze apôtres. En outre, dire que l’Eglise est apostolique signifie qu'elle garde fidèlement l'enseignement des apôtres et qu'elle ne veut pas s'en écarter. Enfin, on peut dire que d'une certaine manière, elle est toujours enseignée par les apôtres, elle est enseignée siècle après siècle par les successeurs légitimes des apôtres que sont les évêques.

4) et du coup , quelles relations l’Eglise catholique peut-elle entretenir avec les autres religions ?
Dire que l'on croit en la sainte Eglise catholique ne signifie pas que l'on méprise les autres religions ou les autres confessions chrétiennes ! Il s'agit simplement d'être très sûrs de cette Eglise et d'être très attachés à elle tout en disant ceci : Il y a des recherches authentiques de la vérité chez tous les hommes, il y a dans toutes les religions d'excellentes choses que nous devons et pouvons reconnaître, mais un certains nombre d’erreurs sont mêlées à ces belles choses, de sorte qu’on ne peut pas adhérer à ces autres religions. Les membres des autres Eglises ou religions sont considérés comme des frères au même titre que tous les hommes à qui nous devons le respect et l'attention. Par ailleurs, il y a dans toutes les religions ce que l'on appelle des « pierres d’attente évangéliques », ce qui veut dire que dans une religion il y a un certain nombre d'éléments qui font que les croyants de cet religion pourront un jour adhérer au Christ, croire en lui, être sauvés par Lui, car ces bons éléments préparent le cœur des croyants à recevoir la lumière de la vérité (« Je suis, dit Jésus, le chemin, la vérité et la vie »).
P. Emmanuel d'Andigné

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