14 avril 2012

Homélie du Jeudi 5 avril 2012-quand le sang purifie

Homélie du Jeudi saint 2012- Année B

Ex 12, 1-8.11-14   /   Ps 115   /   1 Co 11, 23-26   /   Jn 13, 1-15

Cette page d’Evangile nous replace avant la fête de la Pâque juive.

Comme d’habitude les apôtres avaient dû parcourir des kilomètres à pied sous le soleil avec le Seigneur. Ils avaient sans doute les pieds couverts de poussière et de blessures.

De façon rituelle, ils s’étaient lavés et purifiés en prenant un bain avant la fête religieuse qui approchait, d’autant plus naturellement qu’avec la poussière rencontrée sur les routes ce n’était sûrement pas un luxe.

Et voilà que Jésus s’approche et, à genoux, il se met à leur laver les pieds.

Ce n’est pas rien de laver les pieds comme un esclave.

Jésus fait le premier pas (Dieu prend toujours l’initiative). Il se fait serviteur. Si les premiers disciples ne disent trop rien, par contre pour Pierre cela ne va pas de soi.

« Toi Seigneur, tu veux me laver les pieds ».

Oui, l’amour que Jésus porte à Pierre et aux autres disciples va jusqu’à vouloir leur laver les pieds.

C’est en même temps un exemple qu’il leur donne.

Un jour je ne serai plus avec vous et ce que je fais aujourd’hui il vous faudra donc le faire à ma place, être serviteurs à ma place, être serviteurs les uns envers les autres.

Oui, l’Amour de mon Père que je vous transmets aujourd’hui passe par le service de vos frères.

Mais le message de Jésus ne s’arrête pas là.

Car que se passe-t-il ? C’est Dieu, c’est Jésus qui se met à genoux pour les purifier. C’est Dieu qui pose un regard sur l’homme, sur Pierre, et qui donne à l’homme, à Pierre, toute sa valeur.

Pour célébrer la Pâques de Jésus, il faut que Jésus lui-même les purifie.

Et cet abaissement ne s’arrêtera pas là. Le Seigneur s’abaissera jusqu’à sa passion, jusqu’à la croix, et la mort de la croix.

C’est dire que seule sa mort, seul son sang versé par amour pour nous pouvait purifier nos cœurs.

Ce n’est qu’en se sachant aimé de cette façon que le cœur de l’homme est vraiment purifié. Ce que nous dit Jésus (sa Parole, son enseignement) est source d’amour et purification de nos cœurs.

Un peu plus tard (Jn 15,3), Jésus leur dira : « Vous, déjà, vous êtes purs à cause de la Parole que je vous ai dite ».

Jésus nous purifie par l’eau et par sa Parole.

Il nous a purifiés par l’eau le jour de notre baptême, et maintenant à chaque fois que nous recevons le pardon par le sacrement de réconciliation et à chaque fois que sa Parole nous envahit intérieurement.

Il faut nous laisser aimer pour qu’il puisse nous purifier. Il faut laisser l’amour de Jésus entrer dans nos cœurs.

En étant serviteur, en vous aimant, j’ai purifié vos cœurs et je vous ai conduit à l’Amour de mon Père.

Sommes-nous capables d’aimer comme Jésus et de nous mettre au service de nos frères ?

Si nous nous laissons aimer par Jésus et purifier par lui, alors nous pourrons aimer les autres, nous serons le relais de son amour.

En ce Jeudi saint, Jésus vient poser un regard sur nous. Il nous aime. Laissons-nous entraîner dans cette démarche d’amour. Quel regard portons-nous sur Jésus. Quel regard portons-nous sur nous-mêmes, étant aimés à ce point. Ne le laissons pas seul ce soir, restons avec lui.

Le mystère pascal va se dérouler devant nous. Prions pour qu’il transforme notre cœur et notre vie. Ainsi soit-il.

Jean-Paul Rousseau, diacre

Homélie du 1er avril 2012-quel genre de personne êtes-vous ?

Homélie du jour des Rameaux - année B

Beaucoup de gens passent directement de la "case" Rameaux" à la "case "Pâques", c'est ce qui explique qu'on écoute la Passion deux fois en 5 jours, car pour  tous ceux qui n'iront pas à l'Office du Vendredi saint, il est nécessaire d'entendre le récit de la passion et de la mort de Jésus pour pouvoir comprendre quelque chose à la résurrection, le dimanche d'après. L'Eglise, dans sa sagesse, a jugé qu'il valait mieux faire écouter deux fois la Passion plutôt que de prendre le risque que beaucoup de gens passent à côté de ce récit incontournable.

Cependant, j'encourage beaucoup ceux d'entre vous qui le peuvent à participer aussi à la messe du jeudi, et aux offices du vendredi et du samedi, c'est une véritable "retraite dans la ville", un itinéraire spirituel de haute qualité.

En tous les cas, j’attire votre attention sur tous les personnages qui composent ce récit : il y a les apôtres, très proches du Christ, les disciples spontanés, enthousiastes pour le Messie qu’ils découvrent, Batimée, qui vient d’être guérit, les marchands qui se trouvaient là en se demandant à quoi rime cette agitation, les hostiles lointains, les comploteurs du Sanhédrin … bref, ils incarnent toutes les attitudes possibles face au Christ.

Eh bien, tous ces personnages, je le crois, sont en nous ! La grâce que nous pouvons demander à Dieu, aujourd’hui et toute la semaine, c’est de nous convertir, c’est-à-dire d’unifier notre être intérieur, de façon à ce qu’il n’y  ait plus que des voix concordantes, qui tour à tour disent « merci », ou « je veux rester près de toi », ou « hosannah ! ».

Peut-être estimez-vous qu’il n’y a pas en vous l’hostilité ou le complot contre Jésus, et pourtant, si l’on en croit Saint jean, il n’y a pas de dichotomie, de séparation entre l’amour de Jésus et l’amour d’autrui, de sorte que celui qui est hostile à son frère est hostile à Dieu et inversement ; tous les personnages de la Passion sont en nous, il s’agit de nous convertir !

P. Emmanuel d'Andigné




Beaucoup de personnages

08 avril 2012

Homélie du 25 mars 2012-prenez-vous pour Saint Augustin !

Homélie du 5ème dimanche de carême - année B

Bernard, Alice, Victor et Tylor seront baptisés dans deux semaines, au cours de la veillée pascale … lorsque nous y serons, serons-nous spectateurs ou acteurs ? Je vous laisse imaginer ma préférence ! Leur baptême est l’occasion pour nous de renouveler de façon spéciale notre propre engagement vis-à-vis de Dieu dans la Foi, plutôt que d’être attendris par une scène touchante …

Le Carême est un itinéraire symbolique de 40 jours, pour donner un sens et une valeur à l’itinéraire de toute la vie, tâchons de prendre cela au sérieux. Je connais deux personnages célèbres qui affectionnent les itinéraires spirituels : saint Jean et saint Augustin. Ils se ressemblent non seulement parce que l’un a fait de l’autre un commentaire très célèbre, mais aussi parce que Saint Augustin a décrit son propre itinéraire dans les fameuses « Confessions » …

De saint Augustin, tout le monde a retenu le « viveur » devenu évêque, avec les deux parties assez distinctes de sa vie, séparées par la conversion et le baptême, mais soyons plus précis. Trois éléments au moins ont été indispensables dans cet itinéraire  de la conversion de saint Augustin, des témoins, une âpre recherche de la vérité, et enfin la lutte contre le péché.

En ce qui concerne les témoins, on peut en distinguer de deux sortes, les « grands » et les « petits » : j’entends par « grands » ceux qui sont très célèbres, eux-mêmes canonisés et aujourd’hui assez populaires, je pense à sainte Monique et à saint Ambroise. De sainte Monique on connaît bien les larmes et la prière qui obtinrent le retour à la religion de son enfant terrible. De saint Ambroise, on retiendra – grâce aux « Confessions »- l’écoute attentive et l’amour de la vérité ; saint Augustin a été sensible à cette écoute, à tel point qu’il écrira : « Je me mis à l’aimer, non pas d’abord comme un maitre de vérité, mais comme un homme bienveillant pour moi » (Confessions, livre 5, chapitre 13). Contrairement à ce que l’on pourrait penser, il n’était pas si bon orateur que Faustus, cet Evêque manichéen qui hypnotisait les foules par la verve de ses discours ; mais le force de la vérité est de s’imposer quels que soit ses atours !

Regardons maintenant ceux que j’appelle –sans doute mal- les « petits » témoins : Victorinus, Ponticianus, … sont-ils des noms qui vous disent quelque chose ? Bien sûr que non ! Et pourtant, ils ont joué, tour à tour, un rôle non négligeable dans l’itinéraire de celui qui recherchait ardemment la vérité ; ils se sont trouvés au bon moment et au bon endroit, pour conduire cet homme au Christ !

Les témoins d’aujourd’hui, ce sont les saints et … les paroissiens qui nous entourent : nos saint Ambroise d’aujourd’hui, et nos Victorinus aussi.

Quels que soient les témoins, la recherche de la Vérité a donc été pour Saint Augustin une quête sans relâche. Longtemps distrait et séduit par l’illusion plaisante de la rhétorique, de la beauté du langage (Faustus, alors, a brillé ), le jeune homme devra rencontrer longuement saint Ambroise pour s’en débarrasser au profit d’un vrai repos pour l’intelligence et le cœur.
Mais cette découverte de la vérité qui donne le repos n’a pas suffi pour que la conversion soit achevée. Il manquait encore un troisième élément : la lutte contre le péché. Converti dans sa tête et dans son cœur, Augustin restera longtemps très sensuel et avouera humblement que ce fut le plus dur et le dernier combat qu’il eut à remporter (comme quoi, les sacrifices de carême ne sont pas idiots ou superflus, ils sont placés, quelque part, sur notre itinéraire de conversion, et ils représentent pour nous une aide précieuse).

Le Père Matthieu Rougé, lorsqu’il s’est adressé aux lycéens de Mongazon, leur a raconté l’anecdote suivante : un ministre du gouvernement vient à mourir, et bien entendu, sa sépulture a lieu à sainte-Clotilde, église fréquentée par de nombreux hommes politiques ; en guise de sermon, le Père Matthieu raconte qu’il eut de nombreuses conversations avec cet homme, avant sa mort, apprenant qu’il lisait régulièrement la Bible, à la recherche de la Vérité ; au fur et à mesure qu’il parlait –dit-il-, il voyait la stupéfaction s’afficher sur le visage des autres membres du gouvernement, qui n’auraient pas soupçonné un instant une telle recherche spirituelle chez leur collègue …

Tous les hommes cherchent la Vérité, c’est certain, et les témoins qu’ils vont rencontrer, aujourd’hui, … c’est nous !

P. Emmanuel d'Andigné

03 avril 2012

Homélies

DIMANCHE 18 Mars 2012



Les lectures de ce dimanche nous disent que Dieu a choisi pour son peuple un roi selon son cœur, David. Il doit être un bon berger, qui guide son troupeau par le juste chemin vers la lumière.

« Vivez comme des fils de la lumière » reprendra saint Paul répondant aux Ephésiens.

Après le long récit que nous venons d’entendre, relevons rapidement le comportement des différents acteurs.

Jésus, tout d’abord. Il sort du temple, et il vient manifester l’action de Dieu qui l’a envoyé. _ Il y a un temps pour prier et un temps pour agir _ Jésus voit un homme qui souffre de son état, il est aveugle.

Comment réagissent les disciples ? Pour eux, l’infirmité de cet homme, sa cécité, est due au péché… son péché ou le péché de ses parents ?

Jésus, après avoir déclaré : « Je suis la lumière du monde », accomplit un geste symbolique. La boue ne peut pas guérir des yeux… Se laver dans la piscine de Siloé suffit à donner la vue à l’aveugle. Jésus manifeste qu’il est l’envoyé de Dieu.

Regardons maintenant les voisins. Ils sont intrigués par ce qu’ils entendent dire. Ce sont des badauds, des curieux, qui hésitent à reconnaître ce mendiant aveugle. Alors on lui fait raconter son aventure. Et là interviennent des pharisiens.

Pour certains, il n’y a pas de doute : l’aveugle est un pécheur et celui qui l’aurait guéri aussi, puisqu’il n’observe pas le repos du sabbat. D’autres sont perplexes : « Comment un homme pécheur pourrait-il accomplir des signes pareils ? »

Alors on questionne les parents qui reconnaissent que l’homme guéri est bien leur fils, mais ne veulent rien dire de plus, « car ils avaient peur des Juifs », qui « s’étaient déjà mis d’accord pour exclure de la synagogue tous ceux qui déclareraient que Jésus est le Messie », écrit l’évangéliste saint Jean.

Les pharisiens reviennent à la charge : « Nous savons, nous, que cet homme est un pécheur. » _ Le miraculé, profitant de ces discussions contradictoires, devient plus audacieux, et même malicieux : « serait-ce que vous voulez devenir ses disciples ? »… « Dieu n’exauce pas les pécheurs… » _ ce qui exaspère les pharisiens, qui deviennent injurieux et finissent par expulser l’homme guéri.

Le calme étant revenu, Jésus intervient de nouveau et pose la question essentielle : « Crois-tu au Fils de l’homme ? » _ Le mendiant guéri, dans sa droiture et sa simplicité, répond : « Je crois Seigneur » et se prosterne.

Jésus en tire la conclusion, avec tout le symbolisme de la lumière : « Je suis venu en ce monde… pour que ceux qui ne voient pas puissent voir, et que ceux qui voient deviennent aveugles. »

Des pharisiens ont bien compris : « Serions-nous des aveugles, nous aussi ? »

Cette question se pose à chacun de nous au cours de ce Carême. Nous avons vu comment, devant tout événement, nous pouvons réagir de façons très diverses : avec objectivité, simplicité, ou au contraire, avec des idées préconçues, des a priori, de la malveillance, de l’agressivité, de l’indifférence ou du mépris.

Il en est ainsi dans nos rapports avec les autres en toutes circonstances, dans nos relations familiales ou professionnelles, dans nos discussions sur des sujets variés, notamment là où les oppositions peuvent être très fortes, telles que la religion ou la politique.

Où est alors la recherche de la lumière, de la vérité ?

Ecoutons saint Paul : « Vivez comme des fils de la lumière _ or la lumière produit tout ce qui est bonté, justice et vérité _ et sachez reconnaître ce qui est capable de plaire au Seigneur. »

Amen.

Père Jean Rouillard