08 avril 2012

Homélie du 25 mars 2012-prenez-vous pour Saint Augustin !

Homélie du 5ème dimanche de carême - année B

Bernard, Alice, Victor et Tylor seront baptisés dans deux semaines, au cours de la veillée pascale … lorsque nous y serons, serons-nous spectateurs ou acteurs ? Je vous laisse imaginer ma préférence ! Leur baptême est l’occasion pour nous de renouveler de façon spéciale notre propre engagement vis-à-vis de Dieu dans la Foi, plutôt que d’être attendris par une scène touchante …

Le Carême est un itinéraire symbolique de 40 jours, pour donner un sens et une valeur à l’itinéraire de toute la vie, tâchons de prendre cela au sérieux. Je connais deux personnages célèbres qui affectionnent les itinéraires spirituels : saint Jean et saint Augustin. Ils se ressemblent non seulement parce que l’un a fait de l’autre un commentaire très célèbre, mais aussi parce que Saint Augustin a décrit son propre itinéraire dans les fameuses « Confessions » …

De saint Augustin, tout le monde a retenu le « viveur » devenu évêque, avec les deux parties assez distinctes de sa vie, séparées par la conversion et le baptême, mais soyons plus précis. Trois éléments au moins ont été indispensables dans cet itinéraire  de la conversion de saint Augustin, des témoins, une âpre recherche de la vérité, et enfin la lutte contre le péché.

En ce qui concerne les témoins, on peut en distinguer de deux sortes, les « grands » et les « petits » : j’entends par « grands » ceux qui sont très célèbres, eux-mêmes canonisés et aujourd’hui assez populaires, je pense à sainte Monique et à saint Ambroise. De sainte Monique on connaît bien les larmes et la prière qui obtinrent le retour à la religion de son enfant terrible. De saint Ambroise, on retiendra – grâce aux « Confessions »- l’écoute attentive et l’amour de la vérité ; saint Augustin a été sensible à cette écoute, à tel point qu’il écrira : « Je me mis à l’aimer, non pas d’abord comme un maitre de vérité, mais comme un homme bienveillant pour moi » (Confessions, livre 5, chapitre 13). Contrairement à ce que l’on pourrait penser, il n’était pas si bon orateur que Faustus, cet Evêque manichéen qui hypnotisait les foules par la verve de ses discours ; mais le force de la vérité est de s’imposer quels que soit ses atours !

Regardons maintenant ceux que j’appelle –sans doute mal- les « petits » témoins : Victorinus, Ponticianus, … sont-ils des noms qui vous disent quelque chose ? Bien sûr que non ! Et pourtant, ils ont joué, tour à tour, un rôle non négligeable dans l’itinéraire de celui qui recherchait ardemment la vérité ; ils se sont trouvés au bon moment et au bon endroit, pour conduire cet homme au Christ !

Les témoins d’aujourd’hui, ce sont les saints et … les paroissiens qui nous entourent : nos saint Ambroise d’aujourd’hui, et nos Victorinus aussi.

Quels que soient les témoins, la recherche de la Vérité a donc été pour Saint Augustin une quête sans relâche. Longtemps distrait et séduit par l’illusion plaisante de la rhétorique, de la beauté du langage (Faustus, alors, a brillé ), le jeune homme devra rencontrer longuement saint Ambroise pour s’en débarrasser au profit d’un vrai repos pour l’intelligence et le cœur.
Mais cette découverte de la vérité qui donne le repos n’a pas suffi pour que la conversion soit achevée. Il manquait encore un troisième élément : la lutte contre le péché. Converti dans sa tête et dans son cœur, Augustin restera longtemps très sensuel et avouera humblement que ce fut le plus dur et le dernier combat qu’il eut à remporter (comme quoi, les sacrifices de carême ne sont pas idiots ou superflus, ils sont placés, quelque part, sur notre itinéraire de conversion, et ils représentent pour nous une aide précieuse).

Le Père Matthieu Rougé, lorsqu’il s’est adressé aux lycéens de Mongazon, leur a raconté l’anecdote suivante : un ministre du gouvernement vient à mourir, et bien entendu, sa sépulture a lieu à sainte-Clotilde, église fréquentée par de nombreux hommes politiques ; en guise de sermon, le Père Matthieu raconte qu’il eut de nombreuses conversations avec cet homme, avant sa mort, apprenant qu’il lisait régulièrement la Bible, à la recherche de la Vérité ; au fur et à mesure qu’il parlait –dit-il-, il voyait la stupéfaction s’afficher sur le visage des autres membres du gouvernement, qui n’auraient pas soupçonné un instant une telle recherche spirituelle chez leur collègue …

Tous les hommes cherchent la Vérité, c’est certain, et les témoins qu’ils vont rencontrer, aujourd’hui, … c’est nous !

P. Emmanuel d'Andigné

Aucun commentaire: