25 mars 2008

Homélies

DIMANCHE DES RAMEAUX – ANNEE A
16 MARS 2008


Cette messe des Rameaux était précédée par le récit de l’entrée triomphale de Jésus à Jérusalem. Ce sont des acclamations joyeuses de toutes parts. Hosanna au Fils de David ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! Hosanna au plus haut des cieux !

La foule est enthousiaste. Elle ne sait comment honorer cet homme en qui elle voit le Messie tant attendu. Tout ce qui est à sa portée est bon pour manifester la dignité et la grandeur de celui qui arrive humblement monté sur une ânesse. Certains se souviennent de la Parole du prophète : « Dites à la fille de Sion : « Voici ton Roi qui vient vers toi, humble, monté sur une ânesse. » L’agitation gagna toute la ville, intriguée par ce personnage surprenant. « Et les foules répondaient : « C’est le Prophète Jésus, de Nazareth en Galilée. »

Puis nous venons d’entendre le récit de ce qui s’est passé quatre jours plus tard. C’est l’horreur, c’est la ruine, c’est l’échec total, la tristesse sans borne. A l’acclamation glorieuse, succède l’ignominie et le désespoir.
Si nous relisons chaque année l’histoire dramatique, cruelle et odieuse de la Passion de Jésus, ce n’est pas seulement pour nous lamenter sur la versatilité et la méchanceté de l’homme, mais pour mieux saisir à quel point Dieu aime cette humanité si décevante, er nous laisser éclairer par le sens ce cette mort qui doit nous mener, nous aussi, sur le chemin de la Résurrection.

Isaïe, dans la première lecture, nous disait s’être laissé instruire pour savoir à son tour « réconforter celui qui n’en peut plus. » Il ne s’est pas révolté, car, dit-il, « Le Seigneur vient à mon secours… Je sais que je ne serai pas confondu. »

Le psaume qui suit exprime tout d’abord le désarroi de celui qui se sent abandonné. Il détaille les souffrances et les affronts qui seront infligés au crucifié. Mais il se poursuit par un appel confiant : « Toi Seigneur, ne sois pas loin : ô ma force, viens vite à mon aide. »

Saint Paul, en écrivant aux Philippiens, souligne cette mystérieuse opposition entre la grandeur infinie de celui qui et Fils de Dieu, « dans la condition de Dieu, » l’égal de Dieu, et l’extrême abaissement, le dépouillement total de celui qui, non seulement a pris la condition de serviteur, mais a été insulté, humilié, écrasé, jusqu’à mourir sur la croix, comme le dernier des malfaiteurs.

Mais aussitôt, l’apôtre montre que, de cette mort, jaillit la vie. Ce condamné, apparemment anéanti, « Dieu l’a élevé au-dessus de tout : il lui a conféré le nom qui surpasse tous les noms, afin qu’au nom de Jésus, aux cieux, sur terre, et dans l’abîme, tout être vivant tombe à genoux, et que toute langue proclame : « Jésus-Christ est le Seigneur », pour la gloire de Dieu le Père. »


Ces pages de l’Evangile que nous venons de relire brossent un tableau très sombre de l’humanité, de l’humanité d’il y a 2000 ans en Palestine, mais également de l’humanité de tous les temps et de tous les lieux.

Le cœur humain est capable du meilleur et du pire. Nous voyons dans ces pages un condensé de toutes les attitudes les plus diverses et les plus contradictoires. C’est un jour les acclamations, et le lendemain les crachats et les cris de haine. C’est le mensonge, la justice bafouée, c’est la peur du regard des autres, on se range prudemment du côté du plus fort, on hurle avec les loups, ou bien on se cache, on s’enfuit, on se défile pour ne pas avoir d’ennuis, on s’en lave les mains. Les lâchetés, les rancœurs, les haines s’expriment de mille manières.

Face à ces lamentables comportements, nous admirons le courage et la fidélité de certains, peu nombreux, de Marie broyée de douleur, des saintes Femmes éplorées devant tant de souffrance, des quelques âmes droites révoltées devant tant d’horreurs.

Et au-dessus de tout, il y a Jésus, acceptant ce calvaire, s’offrant pour racheter tous les péchés du monde, tous nos péchés.


Que ces jours saints nous remettent en face de nos responsabilités de chrétiens, et nous fassent accueillir largement la grâce d’une plus grande fidélité à notre Sauveur.


Amen
Père Jean Rouillard

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