24 février 2008 - Homélie du 3ème dimanche du carême -Année A
« Lex orandi Lex credendi ». Connaissez-vous ce vieil adage latin ? Il signifie (mot à mot) : « loi de la prière, loi de la foi », ou si vous préférez : « à la manière dont l’Eglise prie, vous pouvez savoir ce en quoi elle croit »
Que dit la préface d’aujourd’hui ? Ou pour poser la même question différemment : Comment la tradition catholique a-t-elle compris ce texte de la samaritaine ?
Voici ce que dit la préface : En demandant à la Samaritaine de lui donner à boire, Jésus faisait à cette femme le don de la foi. Il avait un si grand désir d'éveiller la foi dans son cœur, qu'il fit naître en elle l'amour même de Dieu.
Jésus fait donc le don de la foi à cette femme et pourtant … si l’on faisait un Sondage aujourd’hui, les gens répondraient sans doute (peut-être même les catholiques !) : la foi est une décision personnelle et uniquement cela.
Si telle est la vérité, alors celui qui est faible se découragera, le plus souvent, et celui qui est fort risque de passer de la présomption au découragement, sûr de lui quand tout va bien et anéanti quand vient l’épreuve.
En demandant à la Samaritaine de lui donner à boire, Jésus faisait à cette femme le don de la foi. La foi est un don de Dieu ! Quelle bonne nouvelle ! Nous ne sommes pas seuls dans cette aventure de la foi … le faible peut avoir confiance : il constamment soutenu dans son acte de foi ; le fort est préservé, quant à lui, puisqu’il n’est plus tout seul, de la vanité et de la pusillanimité (= cet autre forme d’orgueil qui consiste à se rabaisser faussement et donc empêcher Dieu d’accomplir en soi des merveilles).
Une question devient alors nécessaire : comment Jésus s’y prend-il pour donner la foi ? Eh bien regardons l’Evangile :
1) il prend du temps avec une seule personne … n’aurait-il pas été plus efficace d’aller sur la place du village ? Il aurait pu ainsi évangéliser directement plus de monde en moins de temps. Mais le « calcul » de Jésus s’avère juste, puisque cette personne a la charge d’évangéliser les autres, ce qu’elle fait avec succès ! J’aime comparer –pour les opposer- la foi et un cageot de pommes : si dans mon cageot j’ai 20 pommes et que j’en donne deux, il ne m’en restera plus que 18, c’est mathématique ; si je donne l’Evangile, non seulement je ne perds rien, mais celui-ci a grandi en moi au fur et à mesure qu’il « sortait » de moi.
2) il donne la foi en demandant quelque chose ! A deux reprises seulement dans tous les évangiles, Jésus dit qu’il a soif (ici et sur la croix) ! « I Thirst », telle est la devise des Missionnaires de la Charité, les « sœurs de Mère Teresa » : cette congrégation se propose d’étancher la soif de Jésus dans les pauvres. Jésus a soif d’eau, mais il a soif d’amour aussi et surtout. Et donc, il veut dépendre de nous, magnifique humilité du Dieu Tout-Puissant … Jésus fait don à cette femme de la foi en attendant sa réponse, il veut que l’homme remporte une partie de la victoire dans sa lutte pour la foi …
3) Dernière étape, il oblige la personne à puiser profondément en elle. Le puits est en effet comparable au cœur de l’homme. C’est ce qui fait dire à Saint Augustin : « Mais quoi! vous étiez au dedans, moi au dehors de moi-même; et c'est au dehors que je vous cherchais; » Et puisque nous sommes dans l’interprétation mystique, que représente donc cette eau ? Jésus lui-même répond, trois chapitres plus loin, chapitre 7, verset 37 : « Le dernier jour de la fête, le grand jour, Jésus, debout, s'écria: "Si quelqu'un a soif, qu'il vienne à moi, et qu'il boive, celui qui croit en moi!" selon le mot de l'Ecriture: de son sein couleront des fleuves d'eau vive. Il parlait de l'Esprit que devaient recevoir ceux qui avaient cru en lui; car il n'y avait pas encore d'Esprit, parce que Jésus n'avait pas encore été glorifié ». Celui qui nous donne de croire,
C’est l’Esprit de Dieu ! N’est-ce pas ce que confirme la préface d’aujourd’hui : Il avait un si grand désir d'éveiller la foi dans son cœur, qu'il fit naître en elle l'amour même de Dieu.
Il nous reste une dernière question : pourquoi lire ce texte en plein carême ?
Cette femme vit en état de péché, et nous sommes tous comme elle, le carême est là pour nous purifier, à son exemple, de la même façon qu’elle. Par la foi et par l’amour, qui sont comme un seul don de Dieu, nous nous purifions chaque jour pour nous rapprocher de Dieu. Et cette purification du carême se passe en un dialogue de 40 jours, entre deux personnes qui ont soif : Dieu et chacun de nous. Il est béni, ce dialogue respectueux et vrai que nous avons avec Jésus !
Pendant ce carême, reconnaissons notre péché, demandons l’Esprit-Saint, pour croire et pour aimer.
P. Emmanuel d'Andigné
Que dit la préface d’aujourd’hui ? Ou pour poser la même question différemment : Comment la tradition catholique a-t-elle compris ce texte de la samaritaine ?
Voici ce que dit la préface : En demandant à la Samaritaine de lui donner à boire, Jésus faisait à cette femme le don de la foi. Il avait un si grand désir d'éveiller la foi dans son cœur, qu'il fit naître en elle l'amour même de Dieu.
Jésus fait donc le don de la foi à cette femme et pourtant … si l’on faisait un Sondage aujourd’hui, les gens répondraient sans doute (peut-être même les catholiques !) : la foi est une décision personnelle et uniquement cela.
Si telle est la vérité, alors celui qui est faible se découragera, le plus souvent, et celui qui est fort risque de passer de la présomption au découragement, sûr de lui quand tout va bien et anéanti quand vient l’épreuve.
En demandant à la Samaritaine de lui donner à boire, Jésus faisait à cette femme le don de la foi. La foi est un don de Dieu ! Quelle bonne nouvelle ! Nous ne sommes pas seuls dans cette aventure de la foi … le faible peut avoir confiance : il constamment soutenu dans son acte de foi ; le fort est préservé, quant à lui, puisqu’il n’est plus tout seul, de la vanité et de la pusillanimité (= cet autre forme d’orgueil qui consiste à se rabaisser faussement et donc empêcher Dieu d’accomplir en soi des merveilles).
Une question devient alors nécessaire : comment Jésus s’y prend-il pour donner la foi ? Eh bien regardons l’Evangile :
1) il prend du temps avec une seule personne … n’aurait-il pas été plus efficace d’aller sur la place du village ? Il aurait pu ainsi évangéliser directement plus de monde en moins de temps. Mais le « calcul » de Jésus s’avère juste, puisque cette personne a la charge d’évangéliser les autres, ce qu’elle fait avec succès ! J’aime comparer –pour les opposer- la foi et un cageot de pommes : si dans mon cageot j’ai 20 pommes et que j’en donne deux, il ne m’en restera plus que 18, c’est mathématique ; si je donne l’Evangile, non seulement je ne perds rien, mais celui-ci a grandi en moi au fur et à mesure qu’il « sortait » de moi.
2) il donne la foi en demandant quelque chose ! A deux reprises seulement dans tous les évangiles, Jésus dit qu’il a soif (ici et sur la croix) ! « I Thirst », telle est la devise des Missionnaires de la Charité, les « sœurs de Mère Teresa » : cette congrégation se propose d’étancher la soif de Jésus dans les pauvres. Jésus a soif d’eau, mais il a soif d’amour aussi et surtout. Et donc, il veut dépendre de nous, magnifique humilité du Dieu Tout-Puissant … Jésus fait don à cette femme de la foi en attendant sa réponse, il veut que l’homme remporte une partie de la victoire dans sa lutte pour la foi …
3) Dernière étape, il oblige la personne à puiser profondément en elle. Le puits est en effet comparable au cœur de l’homme. C’est ce qui fait dire à Saint Augustin : « Mais quoi! vous étiez au dedans, moi au dehors de moi-même; et c'est au dehors que je vous cherchais; » Et puisque nous sommes dans l’interprétation mystique, que représente donc cette eau ? Jésus lui-même répond, trois chapitres plus loin, chapitre 7, verset 37 : « Le dernier jour de la fête, le grand jour, Jésus, debout, s'écria: "Si quelqu'un a soif, qu'il vienne à moi, et qu'il boive, celui qui croit en moi!" selon le mot de l'Ecriture: de son sein couleront des fleuves d'eau vive. Il parlait de l'Esprit que devaient recevoir ceux qui avaient cru en lui; car il n'y avait pas encore d'Esprit, parce que Jésus n'avait pas encore été glorifié ». Celui qui nous donne de croire,
C’est l’Esprit de Dieu ! N’est-ce pas ce que confirme la préface d’aujourd’hui : Il avait un si grand désir d'éveiller la foi dans son cœur, qu'il fit naître en elle l'amour même de Dieu.
Il nous reste une dernière question : pourquoi lire ce texte en plein carême ?
Cette femme vit en état de péché, et nous sommes tous comme elle, le carême est là pour nous purifier, à son exemple, de la même façon qu’elle. Par la foi et par l’amour, qui sont comme un seul don de Dieu, nous nous purifions chaque jour pour nous rapprocher de Dieu. Et cette purification du carême se passe en un dialogue de 40 jours, entre deux personnes qui ont soif : Dieu et chacun de nous. Il est béni, ce dialogue respectueux et vrai que nous avons avec Jésus !
Pendant ce carême, reconnaissons notre péché, demandons l’Esprit-Saint, pour croire et pour aimer.
P. Emmanuel d'Andigné
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