08 mars 2008

catéchèses du lundi

Les sacrements - Le sacrement du pardon– 18 février 2008


Introduction :
Je commence par vous rappeler qu’il existe 3 « familles » de sacrements : les sacrements de l’initiation (baptême, eucharistie, confirmation), les deux sacrements de guérison (pardon et onction des malades), les deux sacrements de communion (mariage et ordre). Par ailleurs, il existe une autre manière de « classer » les sacrements, et cette fois en deux familles : les sacrements « à caractère » (qui sont indélébiles et que l’on ne reçoit qu’une fois) et les autres … le pardon n’est pas un sacrement à caractère, puisqu’on le reçoit autant de fois que nécessaire.
Il est toujours bon de rappeler que l’Eucharistie constitue le « sommet » des 7 sacrements (l’expression est de Vatican II), et que par conséquent, en l’occurrence, le sacrement du pardon est orienté tout entier vers l’Eucharistie et en dépend entièrement comme d’une source : le pardon des péchés vient du sacrifice du Christ, et celui-ci nous est rendu présent par l’Eucharistie.

Définition de ce sacrement :
elle nous est donnée par le Catéchisme (n°1422) de la manière suivante (c’est une citation du Concile Vatican II) : "Ceux qui s'approchent du sacrement de Pénitence y reçoivent de la miséricorde de Dieu le pardon de l'offense qu'ils lui ont faite et du même coup sont réconciliés avec l'Eglise que leur péché a blessée et qui, par la charité, l'exemple, les prières, travaille à leur conversion" (LG 11).

Il est bon, tout d’abord, de distinguer trois réalités qui ne se recoupent pas entièrement : le péché, la faute et l’amour ...
La faute est transgression d’une règle, que celle-ci soit conforme ou non à la volonté de Dieu.
Le péché est une blessure infligée à l ‘amour : l’amour divin nous défend de faire certaines choses qui sont jugées mauvaises par Dieu. Le péché est donc une offense faite à l’amour de Dieu.

Les noms de ce sacrement
Par le mot de Pardon, on souligne le rôle de la Grâce Divine qui se penche vers l’homme et donc on insiste sur l’action de Dieu ; il y a bien sûr l’action de notre nature, qui se repent, mais l’acteur principal est bien sûr Dieu lui-même !

Confession. Ce mot a en réalité deux sens : on confesse l’amour de Dieu (c’est-à-dire qu’on l’affirme fortement), et dans le même temps on confesse son péché (on le reconnaît en présence de Dieu). Je vous donnerai volontiers un conseil, afin de donner tout son sens à votre « confession »: commencer la réception de ce sacrement par une action de grâce, un remerciement à Dieu pour toutes ses merveilles ; il me semble que cela équilibre la relation que nous avons avec Dieu.

Le mot « Pénitence », quant à lui, évoque un ensemble plus grand que celui seul du sacrement, une « batterie de mesures » qui exprime notre chemin de conversion. C’est l’image de l’écho qui me vient : la grande pénitence est vécue dans le sacrement et toutes les autres formes de pénitence se comportent comme un écho de celle-ci. Il existe mille formes de pénitence, qu’on peut regrouper en deux « familles » : les pénitences extérieures (privation de nourriture, privation de l’alleluia pendant le carême) et la pénitence intérieure, cette attitude fondamentale du cœur lorsqu’il se retourne vers Dieu.

Se retourner vers Dieu, tel est bien le sens du mot « conversion », autre nom pour ce sacrement : si nos confessions ne débouchent pas sur une véritable conversion, alors nous faisons de ce sacrement un effacement magique de nos péchés et non une avancée spirituelle.

Réconciliation est sans doute le mot le plus utilisé en France aujourd’hui.
Dieu, en fait réalise quatre réconciliations (cf. livre de la Genèse, le premier péché) : avec Dieu, bien sûr, mais aussi avec les autres, avec soi-même et avec la nature ; ce sont ces quatre équilibres qui sont rompus par le péché et rétablis par la grâce.
La réconciliation n’est donc pas seulement un acte individuel, mais aussi un acte ecclésial, c’est une réconciliation avec l’Eglise : c’est la dimension communautaire de ce sacrement, souligné par l’Apocalypse, comme en témoigne le catéchisme (1429 : « La seconde conversion a aussi une dimension communautaire. Cela apparaît dans l'appel du Seigneur à toute une Eglise: "Repends-toi!" (Ap 2,5 2,16) »)

Que se passe-t-il avant, pendant et après le sacrement ?

Avant.
le baptême a pour effet premier l’effacement du péché originel, mais la concupiscence demeure après cette grande purification : il est donc nécessaire de recourir à la miséricorde pour tous les péchés commis après le baptême.
Voilà pourquoi, peu de temps avant la confession, une préparation est nécessaire, qui doit viser la contrition (regret profond), et non l’attrition (peur du châtiment, des conséquences de la faute). La contrition parfaite obtient le pardon des péchés (même pour les péchés mortels pourvu qu’on ait l’intention d’une confession prochaine)

Pendant.
Rappelons quelque chose de peu connu : le ministre principal et premier de ce sacrement est l’Evêque, même si, bien sûr, on a souvent affaire à ses « bras » que sont les prêtres (ceux-ci tiennent leur pouvoir de leur évêque).
Par ailleurs, n’ayez pas peur du regard du prêtre ! C’est un pécheur et il se réjouit toujours beaucoup d’administrer ce sacrement de guérison. Enfin, je vous invite à prendre le temps de regarder la formule d’absolution, si riche et si belle : Que Dieu notre Père vous montre sa miséricorde; par la mort et la résurrection de son Fils il a réconcilié le monde avec lui et il a envoyé l'Esprit Saint pour la rémission des péchés. Par le ministère de l'Église qu'il vous donne le pardon et la paix. Et moi, au nom du Père et du Fils + et du Saint-Esprit, je vous pardonne tous vos péchés.
Enrichissons-nous, comme nous y invite le catéchisme de la formule byzantine (CEC, n°1481) : "Que le Dieu, qui par le prophète Nathan, a pardonné à David lorsqu'il eut confessé ses propres péchés, et à Pierre lorsqu'il eut pleuré amèrement, et à la courtisane lorsqu'elle eut répandu ses larmes sur ses pieds, et au pharisien, et au prodigue, que ce même Dieu vous pardonne, par moi, pécheur, en cette vie et dans l'autre et qu'Il vous fasse comparaître sans vous condamner à son redoutable tribunal, Lui qui est béni dans les siècles des siècles. Amen."

Après, évidemment, vous connaissez le secret absolu qui entourera votre confession, il ne souffre aucune exception.
La doctrine des Indulgences, quant à elle, contribue à parachever la conversion … Voici (rapidement) en quoi consiste ce que Paul VI appelait « la doctrine des indulgences », le mieux est de prendre un exemple. Si je commets un péché, cet acte mauvais a plusieurs conséquences : il m’éloigne de Dieu, de sorte qu’il a comme une « résonance » éternelle, que l’on appelle « peine éternelle ». Mais il a aussi une autre résonance qu’on appelle « peine temporelle », c’est-à-dire qu’il m’alourdit aujourd’hui, maintenant, et il alourdit l’humanité d’un poids qui freine notre épanouissement spirituel et notre bonheur. Par le sacrement de la Réconciliation, on s’en doute, la peine « éternelle » est enlevée, puisque Dieu, depuis son éternité, rétablit la communion entre lui et le pécheur. L’Indulgence, quant à elle, enlève la peine « temporelle » du péché, tout simplement ; elle est donc un grand service rendu à celui qui la demande, mais aussi à toute l’humanité. Notons, d’ailleurs, car c’est important, que l’on peut demander l’Indulgence pour quelqu’un d’autre que pour soi, pourvu que ce soit un défunt. Ajoutons, enfin, que tout cela fait partie de toutes les choses que nous faisons, dans notre vie de tous les jours et à travers les sacrements pour nous convertir et progresser dans l’amour des autres et de Dieu. Il est symptomatique que la demande de l’Indulgence soit impossible sans la réception du sacrement du Pardon et d’un acte précis (un pèlerinage à Lourdes, en l’occurrence) qui manifeste une démarche, un pas vers Dieu qui n’est autre qu’un acte de conversion.
ATTENTION : la catéchèse initialement prévue le 17 mars sur l'onction des malades et repoussée au mois d'avril ; je vous invite à participer, plutôt, au témoignage donné par Steven Gunnel sur sa conversion, ce même 17 mars, à 20h30 à l'église Notre-Dame

P. Emmanuel d'Andigné

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