28 février 2008

Homélie du 17 février

2ème DIMANCHE DE CARÊME – ANNEE A
17 FEVRIER 2008


Le temps du Carême nous fait revivre intensément les dernières semaines de Jésus qui vont l’amener à monter à Jérusalem pour y mourir.

A la question de Jésus à ses disciples : « Et vous, qui dites-vous que je suis ? », Pierre avait répondu : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu Vivant. » Ce qui lui avait valu l’approbation du Maître : « Heureux es-tu, Simon, c’est mon Père qui est aux cieux qui t’a révélé cela. » « Et moi je te le déclare : Tu es Pierre, et sue cette pierre, je bâtirai mon Eglise, et la puissance de la mort n’aura pas de force contre elle. »

Pierre pouvait se sentir satisfait et rassuré. Et pourtant l’Evangéliste poursuit : « A partir de ce moment, Jésus Christ commença à montrer à ses disciples qu’il lui fallait s’en aller à Jérusalem, souffrir beaucoup de la part des anciens, des grands prêtres et des scribes, être mis à mort et, le troisième jour, ressusciter. »
Ce que Pierre ne peut admettre : « Dieu t’en préserve, Seigneur ! Non, cela ne t’arrivera pas ! » « Tes vues ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes » répliqua Jésus, en précisant : « Si quelqu’un veut venir à ma suite, qu’il renonce à lui-même et prenne sa croix, et qu’il me suive. »

C’est dans ce contexte que Jésus se montre « transfiguré » à Pierre, Jacques et Jean. Extraordinaire vision : « Son visage resplendit comme le soleil, ses vêtements devinrent blancs comme la lumière. »

L’apparition de Moïse et d’Elie, qui vécurent de nombreux siècles plus tôt, est aussi surprenante. On interprète souvent leur présence comme symbolisant la Loi et les prophètes. Ils représentent plus probablement les précurseurs et les témoins de l’Alliance de Dieu avec son peuple.

Dans son émerveillement, Pierre voudrait que ce temps de bonheur et de plénitude se poursuive longtemps, d’où sa proposition illusoire à Jésus : « Si tu le veux, je vais dresser ici trois tentes, une pour Toi, une pour Moïse, une pour Elie. » Mais aussitôt une nuée lumineuse les recouvrit. La « nuée » est la manifestation de la présence divine.
C’est de cette nuée que vient la voix disant : « Celui-ci est mon Fils Bien Aimé, écoutez-le ! » La scène se conclut par les mots de Jésus : « relevez-vous, soyez sans crainte ! »

On sait à quel point Pierre, Jacques et Jean auront eu besoin de se souvenir de cette transfiguration, lorsqu’ils seront près de Jésus en agonie au jardin de Gethsémani, et plus encore lorsqu’ils le verront mort sur la Croix.

Ce qui a été révélé aux Apôtres est également destiné à chacun d’entre nous aujourd’hui. Sans doute nous est-il arrivé de connaître des jours heureux où nous voudrions que le temps s’arrête pour en profiter longuement…
Mais la vie continue avec ses beaux jours, mais aussi viennent les épreuves, les échecs, les souffrances, les doutes, les tentations de découragement.
Jésus nous dit : « Relevez-vous, soyez sans crainte ! » Il nous demande de lui faire confiance, à Lui, qui selon les mots de Saint Paul à Timothée, lui qui « s’est manifesté en détruisant la mort, et en faisant resplendir la vie et l’immortalité par l’annonce de l’Evangile. »
Sans doute nous ne le voyons pas transfiguré. Nous ne le voyons que sous l’aspect d’une simple hostie. Mais après la Transfiguration, Pierre, Jacques et Jean ne voyaient qu’un homme, que rien ne distinguait des autres hommes, souvent critiqué ou méprisé. C’est pourtant le même qui était tout rayonnant de gloire divine. Et dans l’humble hostie, c’est encore le même.

On peut dire tout autant que l’Immaculée Conception qu’admirait Bernadette Soubirous à Lourdes, si belle que la voyante estimait impossible de la représenter, cette Vierge était la même que Marie à Nazareth ne se distinguant guère des autres femmes. Elle était pourtant aussi sainte il y a deux mille ans.

En effet, « l’homme voit ce qui paraît, mais le Seigneur scrute le cœur », lisons-nous dans le premier Livre des Rois.
Cela nous invite à ne pas juger notre prochain d’après nos impressions, mais à estimer que tout être humain a une valeur qui nous échappe et mérite le respect quelque soient les apparences. C’est une créature aimée de Dieu et pour laquelle le Christ a donné sa vie.

« Dieu nous a sauvés, écrit encore Saint Paul, il nous a donné une vocation sainte, non pas à cause de nos propres actes, mais à cause de son projet à lui et de sa grâce. »

Continuons notre carême en lui renouvelant notre confiance. « Seigneur, ton amour soit sur nous, comme notre espoir est en Toi. »
Amen
Père Jean Rouillard

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