23 février 2008

Homélie du 20 janvier

Homélie du 20 janvier 2008 - 2ème dimanche du temps ordinaire, année A
Nous n’avons aucun mal, n’est-ce pas, à nous identifier à Jean-baptiste … ce « personnage » est vraiment un miroir pour chacun de nous : Jean-Baptiste annonce quelqu’un de plus grand que lui … n’est-ce pas ce que nous faisons nous aussi ? Il est inférieur à celui qu’il annonce, comme nous ! Mais comme nous aussi, il est en première ligne : je veux dire que c’est Jean-Baptiste que l’on a vu en premier, et le premier visage du christianisme aujourd’hui, avant le visage-même du christ, c’est le nôtre !

Jésus ne s’est pas annoncé lui-même, tout seul, Il s’est laissé annoncé par Jean le Baptiste, et aujourd’hui encore, il se laisse annoncer par nous, et Dieu sait si c’est audacieux, à la limite de l’inconscience …

l’Evangile d’aujourd’hui est un miroir, mais ce miroir reflète également le mystère de l’Eglise : tout ce qui concerne Jean-Baptiste s’applique très bien à l’Eglise dans son ensemble :

- Elle annonce un plus grand que lui
- elle est en première ligne, elle est le visage que Jésus prend aujourd’hui

et puis j’ajoute un élément, auquel on ne penserait pas spontanément, peut-être, mais qui est clairement exprimé : Jean-Baptiste prépare la venue de Jésus par un baptême de conversion. La conversion précède l’arrivée de Jésus, il faut se convertir avant que Jésus ne vienne couronner de succès notre recherche du Bien, du Beau du Vrai, et donc de Dieu. Je vois deux applications concrètes à cette conversion qui est évoquée dans l’Evangile :

La première, c’est le rôle que joue l’Eglise dans le monde d’aujourd’hui, la seconde, c’est la semaine de prière pour l’unité des chrétiens : lorsque l’Eglise se prononce sur un sujet de société et s’il s’agit d’un sujet délicat qui touche la vie, la mort ou l’amour, elle se bute souvent à l’incompréhension, justement parce que sa seule présence et plus encore son discours, sont un appel à la conversion.

Et d’ailleurs, cet appel s’adresse d’abord aux catholiques eux-mêmes, de sorte que parfois, quand nous sommes confrontés à une hostilité quant à ce discours, nous craignons d’être mal vus, d’être rejetés, nous « polissons » le message officiel, afin qu’il soit mieux reçu par celui qui est hostile et que par la même occasion, il ne nous force pas à la conversion ! Heureusement que Jean-Baptiste n’a pas eu peur des quolibets et de la prison, il aurait failli à sa mission …

Comme Jean-Baptiste à cette époque, l’Eglise prépare la venue de Jésus par l’appel à la conversion, et ceci concerne la semaine de prière pour l’unité des chrétiens … Bien entendu, nous allons faire des prières, des évènements auront lieu autour de cette semaine, mais ce qui importe le plus, c’est la conversion, et celle-ci consiste d’abord, il me semble, à ne pas nous résigner à cette division qui existe actuellement parmi les disciples du Christ : si déjà nous souffrons de que nous ne sommes pas unis, si déjà nous trouvons anormal que les disciples d’un même Seigneur ne soient pas unis, c’est le début de la conversion.

Ensuite, pour éviter que ce problème ne reste faussement à l’extérieur de nous, nous pourrions regarder en nous-mêmes les racines de cette division : le péché, bien sûr, qui est en nous la division la plus profonde et qui agit comme une source de toutes les divisions.

Mais il y a aussi ce qui est suggéré par une belle prière pour l’unité et qui dit ceci : « Donne-nous la loyauté de reconnaître et le courage de rejeter ce qui se cache en nous d'indifférence, de méfiance et même d'hostilité mutuelles. » Cela se passe de commentaires …

La semaine de prière pour l’unité est un grand service rendu à chacun de nous, d’abord, à l’Eglise, ensuite (Jésus n’en a fondé qu’une !) et enfin au monde, puisque Jésus, lorsqu’il a prié pour l’unité (Jn 17), a dit (je résume) : « qu’ils soient un … afin que le monde reconnaisse que tu m’as envoyé »

On ne peut pas terminer sans mentionner le rôle essentiel de l’Esprit Saint, mentionné trois fois (chiffre hautement symbolique), et qui indique qu’il est l’agent principal dans cette œuvre de l’unité retrouvée des disciples de Jésus.

Prière pour l'unité : "Seigneur, qui, à la veille de mourir pour nous, as prié pour que tous tes disciples soient parfaitement un, comme Toi en Ton Père et Ton Père en Toi, fais-nous ressentir douloureusement l'infidélité de notre désunion. Donne-nous la loyauté de reconnaître et le courage de rejeter ce qui se cache en nous d'indifférence, de méfiance et même d'hostilité mutuelles. Accorde-nous de nous rencontrer tous en Toi, afin que, de nos âmes et de nos lèvres, monte incessamment ta prière pour l'unité des Chrétiens, telle que Tu la veux, par les moyens que Tu veux. En Toi, qui es la charité, fais-nous trouver la voie qui conduit à l'Unité dans l'obéissance à Ton amour et à Ta vérité. Amen."
P. Emmanuel d'Andigné

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