23 février 2008

Catéchèse du Lundi 21 janvier

Catéchèse pour adultes du 21 janvier 2008 "Le sacrement de l’Eucharistie"

Le Catéchisme de l’Église Catholique (n° 1322 – 1419) développe la question de l’Eucharistie dans un foisonnement qui est à l’image de la richesse de ce sacrement : on peine à « ranger » dans des cases logiquement encastrées ce véritable « sacrement du Salut » qu’est l’Eucharistie… L’Eucharistie est au cœur de tous les sacrements. Tout part d’elle et tout y revient.

Les deux surprises que Jésus a faites aux hommes.
Israël, au cours de son histoire, s’est posé deux grandes familles de questions :
1) Combien y a-t-il de dieux ? Le dieu d’Israël est-il plus grand que les autres ? Le « Shema Israël » (Deutéronome 6, 4 : « Écoute, Israël ! Le Seigneur notre Dieu est le Seigneur UN.) est la réponse que tout juif encore aujourd’hui répète sans cesse.
2) Yahweh a déjà « sauvé » son peuple à plusieurs occasions : Comment Dieu sauve-t-il définitivement son peuple ? Ce serait par le Messie annoncé par les Prophètes, l’Oint (= le Christ, c’est le même mot), envoyé par Dieu ; au moment-même de la venue de Jésus, les Juifs pensent que ce « Messie » devrait être un homme, et à la fois religieux, politique, économique. Jean le Baptiste annonce que Jésus est ce sauveur. Et c’est alors qu’Israël a deux grandes surprises :
1ère surprise : Jésus le Messie n’est pas un Messie politique, ni économique.
2ème surprise : la Passion, sa Mort et sa Résurrection n’étaient pas « au programme » du Messie attendu.

L’Eucharistie est un « mémorial » de la Passion, « renouvellement non-sanglant du sacrifice du Christ ». La Passion, la Mort et la Résurrection de Jésus le Christ sont là devant nous pendant la messe. Un mémorial est deux choses à la fois : tandis que la mémoire seule enferme dans le passé, le mémorial, lui, se souvient et actualise les événements, on peut dire que c’est « le passé rendu présent ».

Jésus est présent dans l’Eucharistie…, de façon "mémoriale". À chaque messe, je suis au pied de la croix, et je reçois le Salut. Jésus est présent de plusieurs manières : présent dans l’assemblée (Mt 18, 20 : « Là où deux ou trois se trouvent réunis en mon nom, je suis au milieu d’eux ») ; présent par sa Parole (liturgie de la Parole) ; présent dans le prêtre (Christ-prêtre) et dans le diacre (Christ-serviteur, allusion au Lavement des pieds) (c’est à cause de cela que lors de la bénédiction solennelle avant l’Envoi, le prêtre ou le diacre bénit les fidèles et ne demande pas la bénédiction sur lui en même temps) ; il est présent dans l’Autel (baisé par le prêtre tout au début) : « Il est à lui seul l’Autel, le Prêtre et la Victime (hostia en latin) » ; il est celui sur lequel reposent tous nos sacrifices ; la petite goutte d’eau versée dans le vin représente notre participation (modeste), par nos petits sacrifices, au sacrifice du Christ ; il est présent dans les pauvres et les malades spécialement (c’est toute la spiritualité de Mère Térésa) ; il est présent, enfin, au plus haut point dans les espèces eucharistiques (c’est ce que l’on appelle couramment la « Présence réelle »).

La forme de la messe : la doctrine des deux tables.
On a toujours considéré, dans l’Eglise, que la messe comportait deux « tables » : la Table de la Parole, et la Table de l’Eucharistie, qui sont comme les deux grandes parties de la messe. Saint Justin le Martyr décrit ainsi, vers 155, la célébration de l’Eucharistie :
"Le jour qu’on appelle jour du soleil [Sunday !], a lieu le rassemblement en un même endroit de tous ceux qui habitent la ville ou la campagne. On lit les mémoires des apôtres et les écrits des prophètes, autant que le temps le permet. Quand le lecteur a fini, celui qui préside prend la parole pour inciter et exhorter à l’imitation de ces belles choses. Ensuite, nous nous levons tous ensemble et nous faisons des prières pour nous-mêmes (…) et pour tous les autres, où qu’ils soient, afin que nous soyons trouvés justes par notre vie et nos actions et fidèles aux commandements, pour obtenir ainsi le salut éternel.
Quand les prières sont terminées, nous nous donnons un baiser les uns aux autres. Ensuite on apporte à celui qui préside du pain et une coupe d’eau et de vin mélangés. Il les prend et fait monter louanges et gloire vers le Père de l’univers, par le nom du Fils et du Saint-Esprit et il rend grâce (en grec : eucharistein) longuement de ce que nous avons été jugés dignes de ces dons. Quand il a terminé les prières et les actions de grâce, tout le peuple présent pousse une acclamation en disant : Amen.
Lorsque celui qui préside a fait l’action de grâce et que le peuple a répondu, ceux que chez nous on appelle diacres distribuent à tous ceux qui sont présents du pain, du vin et de l’eau « eucharistiés » et ils en apportent aux absents."

La forme de la messe dépend étroitement de Jésus : ce qu’il a fait et dit le soir de la Cène donne la forme et le fond de ce que nous faisons à sa suite. La Messe, en outre, dépend des apôtres : ils ont eu pour charge de transmettre tout ce que Jésus a dit et fait, c’est ce que l’on appelle le « dépôt de la Foi » (« Je crois en l’Église » consiste à dire que nous croyons que ce que les apôtres nous ont transmis est bien ce qui vient de Jésus lui-même). Enfin, il faut dire aussi que la Messe dépend étroitement du judaïsme, et ce pour deux raisons :
1) elle a la forme d’un repas pascal juif ;
2) dans sa forme-même, elle comporte des « bénédictions (héritées de la liturgie domestique juive) », des longues prières très « juives », avec ce double regard (en arrière et vers le haut) par lequel on contemple les merveilles de Dieu dans le passé et sa majesté encore présente) : on voit cela dans la préface, le canon, etc… Nous sommes des Juifs qui croient en Jésus.

Les neuf noms de la messe en disent long sur sa nature : Eucharistie ( = dire merci, à la façon juive, la messe est une action de grâce) ; le repas du Seigneur (c’est au cours d’un repas, n’est-ce pas, que Jésus a institué l’Eucharistie) ; la fraction du pain (pensons aux disciples d’Emmaüs qui ont reconnu Jésus à ce geste, comme nous le faisons nous-mêmes) ; l’assemblée (« à chaque fois que deux ou trois d’entre vous serez réunis en mon nom, je serai là au milieu d’eux ») ; le mémorial (de la Passion et de la Résurrection) ; le Saint sacrifice (car c’est le sacrifice en effet de Jésus, rendu présent par la messe, qui est pour nous source de Salut) ; la Sainte et divine liturgie (expression en usage surtout chez les Orthodoxes en particulier et les Orientaux en général) ; la Communion (d’où l’expression « communion des Saints », car nous communions aux « choses saintes », le corps et le sang du Christ) ; la messe ( du latin « mittere » = ce mot évoque l’envoi en mission).
Le mot « Cène » désigne le repas du soir, repas au cours duquel Jésus institua l’Eucharistie ; ce terme est utilisé par les Protestants ainsi que le mot « culte ».

Les trois « gros mots » de ce soir : anamnèse, doxologie, épiclèse. Anamnèse signifie « souvenir » : on se souvient de l’événement central du Salut. Doxologie signifie « dire la gloire », ce mot désigne ce moment où l’on invoque, en conclusion de la prière eucharistique les Trois Personnes divines : « Par Lui, avec Lui et en Lui… ». « Épiclèse » désigne le moment où les mains du prêtre sont étendues sur le pain et le vin pour que l’Esprit-Saint procède à la transsubstantiation.

En conclusion, trois effets principaux de l’Eucharistie :
1) La sanctification des fidèles, ou pour le dire n d’autres termes, leur transformation progressive en vue de la sainteté.
2) La Rédemption ( = rachat) ou Salut : nous sommes pécheurs, la messe nous arrache au mal et au péché.
3) La constitution de la communauté chrétienne, c’est principalement par la messe que l’on construit une communauté ; l’Eucharistie est donc un principe d’unité, et c’est pourquoi résonne douloureusement cette division entre chrétiens qui nous empêche de célébrer tous la même Eucharistie.
Père Emmanuel d’Andigné

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