22 mars 2008

Homélies

09 mars 2008- Homélie du 5ème dimanche de carême-année A
Dans la 1ère lecture, Dieu nous a dit : « je mettrai en vous mon esprit et vous vivrez ! » Nous sommes tellement habitués à entendre certaines phrases, que nous ne les écoutons presque plus. « Je mettrai en vous mon esprit et vous vivrez ! Mais ! Nous avons déjà la vie … et nous avons déjà un esprit … aurions-nous besoin d’une vie supplémentaire ?

Il faut savoir une chose : le peuple juif, à qui Dieu s’est révélé en premier, a été longtemps le seul peuple de la région qui ne croyait pas en une vie après la mort. Il a fallu de nombreux siècles et l’inspiration divine pour que peu à peu l’idée progresse et qu’on entende Marthe dire dans l’Evangile : « je crois qu’il ressuscitera au dernier jour ».

Aujourd’hui, pour nous, c’est différent, il est bien ancré dans notre mentalité que nous vivrons après la mort, seul le mode exact nous pose problème évidemment, matérialistes et positivistes que nous sommes. Et donc, que signifie pour nous « je mettrai en vous mon esprit et vous vivrez ? »

Il me semble que cette phrase a trois sens : le premier concerne le don de la vie éternelle (« je vais ouvrir vos tombeaux », continue le prophète dans la première lecture), le second concerne l’action de Dieu dans l’histoire (« je vous installerai sur votre terre ») et le troisième concerne le surcroît de vie que donne la fréquentation de Dieu.

Pour ce qui est de la vie éternelle, le premier sens, c’est très logique : le créateur de la vie veut rétablir la vie lorsque celle-ci a été enlevée : la résurrection est la suite logique de la création ; Dieu ne se résout pas à la disparition de ce qu’il a créé.

Le second aspect, lui, est sans doute plus difficile à appréhender pour nous, et en particulier nous français, chatouilleux que nous sommes sur la question de la séparation entre pouvoir temporel et pouvoir spirituel : « je vous installerai sur votre terre » signifie que Dieu ne se contente pas de la seule question du souffle vital : il intervient dans l’histoire. l’Ecriture sainte n’est-elle pas remplie d’événements ou le peuple juif et par la suite les apôtres et disciples de Jésus ont constaté l’action de Dieu dans l’histoire ? On a dit que Jean-Paul II avait contribué à la chute du mur … il serait plus juste de dire : c’est Dieu qui a fait chuter le mur, grâce un instrument surtout abandonné à Dieu dans la prière quotidienne : Jean-Paul II. Et si Dieu intervient dans l’histoire en général, il est logique, et c’est le cas, qu’il intervienne dans notre histoire personnelle (les exemples foisonnent, je pense à ce jeune homme qui m’a raconté hier qu’il était tombé très bas au sens propre et au sens figuré et que Dieu l’a relevé ; il employait l’expression « Jésus est ressuscité, il m’a ressuscité ! » . On connaît aussi de nombreux récits célèbres, le 17 mars prochain, Steven Gunnel va venir à Angers raconter son histoire, à la fois extraordinaire et simple.

Dieu donne la vie éternelle, Dieu intervient dans l’histoire pour redonner vie à ceux qui en ont besoin et enfin, troisième sens de cette phrase de la première lecture : Dieu veut nous donner un surcroît de vie.

On dit que les animaux ont un instinct vital qu’on appelle « instinct de survie » … eh bien Dieu aujourd’hui, nous promet la vie, pas la survie ! Il me semble que cela signifie une plénitude de vie, une vie plus intense, une aventure intérieure, qui n’est autre qu’un avant-goût du ciel. Cette vie plus intense, se manifeste par la charité en actes et par la fidélité et la profondeur de la prière.

Il nous reste deux semaines à peine de carême, il s’agit de vivre ! De vivre plus intensément, alors que nous avons souvent l’impression du contraire. Deux expressions sont amusantes à ce sujet : un « viveur » (pour qui le carême est une bigoterie ou une épreuve) et quelqu’un de « vivant » : soyons des vivants (ce n’est pas la question de l’énergie ou de la jeunesse, mais de l’intensité intérieure de chacun d’entre nous).

Le 08 mars, c’est la Journée de la Femme, Marthe et Marie sont en effet des modèles pour nous, mais bien sûr, le plus grand et le plus beau modèle, c’est Marie, mère de Jésus, à qui nous pouvons confier tous nos efforts et nos labeurs.

P. Emmanuel d'Andigné

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