19 avril 2008

Homélies

Homélie du Jeudi saint 2008 - 20 mars 2008
Quelle que soit l’ancienneté des églises, il y a le plus souvent des marches pour accéder au chœur … j’aime particulièrement les marches : elles sont évocatrices, à mon avis, de beaucoup de réalités spirituelles. Et ça marche très bien ( !) pour le mystère du Jeudi et du Vendredi saint …

Il me semble que l’on peut comparer les trois jours saints, à trois marches que Jésus franchit lui-même, que nous franchissons liturgiquement et dans la foi, et que nous franchirons dans la réalité, avec l’aide de Dieu.

Ces trois marches se résument dans un seul mot qu’elle « décline » en quelque sorte, comme dans ces langues étrangères ou un même mot a plusieurs terminaisons selon le rôle qu’il joue dans la phrase.

Ce mot est bien sûr le mot de « service ». Voici, selon moi, comment Jésus le décline : Jésus franchit aujourd’hui la première marche, la plus simple, celle qui se voit le plus facilement, c’est une introduction : la marche du soin des autres …

Ce geste oriental du lavement des pieds est bien connu et finalement assez banal à l’époque de Jésus … mais aujourd’hui, c’est un geste très fortement symbolique. « si tu es prêtre, c’est d’abord pour servir » nous rappelle ce rite que les curés du monde entier et même le Pae et les Evêques réalisent le Jeudi saint …

je note avec vous quelque chose d’important : Jésus tient un équilibre entre maître et serviteur ; ce n’est pas de la démagogie, cela veut dire que des hiérarchies doivent subsister (il faut des maîtres, des patrons, des chefs …, pourvu que l’essence de cette structuration soit bien le service et non la soif de pouvoir. Ceci est valable pour tous ceux qui ont une responsabilité (je pense aux chefs d’entreprises, aux directeurs, aux professeurs, aux cadres, et à tous les éducateurs et en premier lieu les parents).

Cette première marche du service, le soin des autres, est à l’image de ce que fut la vie de Jésus, cherchant à montrer qu’il s’intéresse à chacun de nous et qu’aucune prière ne le rebute (y compris quand un enfant, j’ai déjà vu cela, remercie Jésus parce qu’il a retrouvé son nounours …)

Vendredi saint, c’est toujours le même service que Jésus veut rendre, mais à un degré supérieur : c’est la marche du sacrifice. « Ceci est mon corps livré pour vous … ceci est la coupe de mon Sang … ». Le grand service que je m’apprête à vous rendre, dit Jésus, c’est le don de moi-même. Parce que, au fond, c’est bien de donner de son temps à celui qui en a besoin (Il ne faut pas sauter la première marche trop vite, même sous prétexte d’une réalité spirituelle plus haute) mais donner de sa personne, c’est évidemment plus percutant et c’est un plus grand service : N’est-ce pas ce que vous avez fait le jour où vous vous êtes mariés ? N’est-ce pas ce que nous avons fait, le jour où nous sommes devenus prêtres ? « Ceci est mon corps livré pour toi, … ceci est mon corps livré pour vous … ».

Le jeudi saint et le vendredi saint, c’est déjà la fête de l’engagement autant que du sacerdoce : Vous qui êtes jeunes (ou vous les enfants), pensez à cela, préparez-vous à vous engager en prenant d’abord des petits engagements, puis des engagements de plus en plus grands, et puis un jour franchissez la deuxième marche, offrez-vous vous-mêmes comme Jésus l’a fait. Ce sera le plus grand service … Ce ne sera pas chose facile, mais une voie de vrai bonheur !

C’est samedi soir que nous verrons Jésus franchir la troisième marche : celle de la résurrection. Que Jésus nous enseigne le soin des autres, c’est une chose, qu’il connaisse la souffrance du don total de soi, c’en est une autre, mais tout cela sans la résurrection, cela serait doublement ennuyeux : d’abord qu’on n’a pas envie de consentir au sacrifice, au don de soi s’il n’y a pas au bout du compte une voie lumineuse et belle et ensuite parce que cette résurrection est pour nous une introduction au ciel : la liturgie, c’est le ciel sur la terre, depuis que Jésus est ressuscité, nous avons, nous autres, qui sommes de la terre, un pied dans le ciel. Quel beau service Jésus nous rend-il ainsi !
Evidemment, une fois que l’on a vu Jésus franchir les marches, il nous reste deux choses à faire :
nous émerveiller de cet exemple et de cette réalité, prenons le temps de l’émerveillement ...
et faire de même ! Que Dieu nous l’accorde et nous en donne la force, amen
P. Emmanuel d'Andigné

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