25 avril 2008

Homélies

Homélie du 3ème dimanche de Pâques- 06 avril 2008
Nous voici parvenus au 3ème dimanche de pâques … la viande et le chocolat ont repris toutes les places d’honneur dans nos repas, ils n’ont sans doute jamais quitté nos esprits pendant le carême …

Il apparaît clairement à tout le monde que le carême est un temps de conversion, la nourriture étant ce langage universel qui n’est que la partie visible de ce retour à Dieu que nous faisons chaque année.

Conversion. Ce mot signifie « retournement ». Le récit du pèlerinage d’Emmaüs est un récit de conversion, mais pas d’une conversion type « carême », une conversion type « pâques » … c’est bien une conversion n’est-ce pas, puisque les disciples allaient de Jérusalem à Emmaüs, et ils se retournent, rebroussent chemin, vers Jérusalem. Emmaüs, c’est le récit d’une conversion !

Il nous reste à savoir de quelle conversion il s’agit … et l’Evangile nous dit qu’« ils s’arrêtèrent, tout tristes ». Avant le retournement, avant la conversion, ils sont tristes et le texte poursuit : « notre cœur n’était-il pas tout brûlant, tandis qu’il nous parlait sur la route ? »

Comment la joie de Dieu est-elle entrée dans le monde ? Par la bonne nouvelle de la résurrection … la conversion d’Emmaüs, c’est donc le passage de la tristesse à la joie, et c’est une véritable conversion. J’en tire deux conclusions pour nous, aujourd’hui :

La première est que pour se retourner vers Dieu, pour se convertir, il y a les efforts de carême et la joie de Pâques, les deux ! Et à vrai dire, si j’osais une comparaison, je dirais que les efforts de carême sont à la joie de Pâques ce que le démarreur est au moteur dans une voiture. Nous avons besoin du démarreur, mais c’est le moteur qui fait avancer la voiture : nous avons besoin des efforts de carême, mais c’est la joie de Pâques qui fait avancer la foi. Il est nécessaire de reconnaître le mal qui est en nous pour l’extirper, car c’est un frein à l’irruption de la joie de Dieu, mais c’est encore plus nécessaire de comprendre à quel point la joie de Dieu a le désir d’entrer dans le monde.

Et la deuxième conclusion que je tire de la conversion d’Emmaüs m’est fournie parle texte lui-même : celui qui s’est retourné sur le chemin grâce à la rencontre de Jésus ne peut pas s’empêcher de partager sa découverte et donc de répandre la joie dans le monde.

Voici ce que nous a dit le Pape Benoît XVI , le 24 avril 2005, alors qu’il est un tout jeune Pape, je le cite : "Chacun de nous est voulu, chacun est aimé, chacun est nécessaire. Il n’y a rien de plus beau que d’être rejoints, surpris par l’Évangile, par le Christ. Il n’y a rien de plus beau que de le connaître et de communiquer aux autres l’amitié avec lui. La tâche du pasteur, du pêcheur d’hommes, peut souvent apparaître pénible. Mais elle est belle et grande, parce qu’en définitive elle est un service rendu à la joie, à la joie de Dieu qui veut faire son entrée dans le monde."

Le pêcheur d’homme, c’est chacun de nous, l’évangélisation est un service rendu à la joie.

Cependant, je ne voudrais pas terminer sans remarquer quelque chose avec vous : Jésus marche avec les disciples d’Emmaüs, sans doute pendant un long moment, dans le sens Jérusalem-Emmaüs, c’est-à-dire en accompagnant longuement leur « parcours de tristesse ». Cela signifie que nous devons marcher avec ceux qui « s’arrêtent, tout tristes »…c’est dans la mesure où nous aurons été capables de les accompagner longuement que nous pourrons créer les conditions de leur retour à la joie par l’annonce de la Résurrection.

Soyons donc dans la joie, non seulement d’avoir reçu nous-mêmes cette bonne nouvelle, mais d’avoir été nommés par Dieu, sans aucun mérite de notre part, les ambassadeurs de la joie.

P. Emmanuel d'Andigné

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