22 avril 2008

Homélies

HOMELIE DU VENDREDI SAINT 2008 ANNEE A

21 MARS 2008

« Porter sa croix », « subir un vrai calvaire », ce sont autant d’expressions qui nous rappellent le Vendredi Saint. Le récit de la Passion de Jésus accumule toutes les formes du mal, de la souffrance physique extrême à la douleur morale la plus insupportable qui soit. Qui peut d’ailleurs comprendre, imaginer ce qu’a souffert Jésus ? C’est un mystère insondable.

Comment est-il possible que le Fils de Dieu, le Maître de l’Univer, en soit rendu à être vaincu par ses créatures, à être la victime innocente qui n’échappe pas à la barbarie de ses injustes accusateurs ? Cela dépasse notre entendement.

Mais c’est un drame annoncé et accepté, si nous nous reportons à l’Ancien Testament.

Nous avons entendu la grande prophétie du Serviteur Souffrant, du livre d’Isaïe. Dans la description des épreuves de ce mystérieux personnage, nous retrouvons de multiples traits correspondant exactement à la Figure du Christ :

« Il était méprisé, abandonné de tous, homme de douleur, familier de la souffrance, semblable au lépreux dont on se détourne. »

« Maltraité, il n’ouvre pas la bouche. »

Il est « comme un agneau conduit à l’abattoir. »

Mais le prophète donne déjà un sens à ce déchainement de violences.

« Nous l’avons méprisé… Pourtant, c’était nos souffrances qu’il portait, nos douleurs dont il était chargé… C’est à cause de nos fautes qu’il a été transpercé, c’est par nos péchés qu’il a été broyé. Le châtiment qui nous obtient la paix est tombé sur lui. »

Et la raison, le sens, de tant de souffrances nous est donné :

« C’est par ses blessures que nous sommes guéris. »

« Parce qu’il a connu la souffrance, le Juste, mon serviteur, justifiera les multitudes, il se chargera de leurs péchés. »

« Il s’est dépouillé lui-même jusqu’à la mort, il a été compté avec les pécheurs, alors qu’il portait le péché des multitudes et qu’il intercédait pour les pécheurs. »

Lui, le Juste, l’Innocent, il a pris la place du coupable, du malfaiteur, pour le sauver.

« Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour celui qu’on aime. »

Notre imagination est horrifiée par la description de tant de tortures. Or, nous devrions être plus encore confondus par la preuve de tant d’amour du Sauveur pour chacun et chacune d’entre nous.

La Croix ne doit pas nous rappeler uniquement la mort.

Elle doit nous faire voir avant tout la libération du mal, obtenue par l’amour. Alors que le prophète Isaïe a écrit plusieurs siècles avant Jésus, la lettre aux Hébreux date du début du christianisme. Elle nous dit :

« Avançons donc avec pleine assurance vers le Dieu tout puissant qui fait grâce, pour obtenir miséricorde et recevoir, en temps voulu, la grâce de son secours. »

« Tenons donc ferme l’affirmation de notre foi. »

Une femme est restée ferme, Marie au pied de la croix.

Dans son extrême douleur, elle entend son Fils Jésus lui dire, en lui montrant l’Apôtre Jean : « Femme, voici ton Fils. »

Dernier détachement.

Et, à cet instant, Marie nous est donnée pour Mère.

Le Vendredi Saint nous fait penser plus particulièrement aux personnes les plus éprouvées, les plus souffrantes, de notre entourage, mais aussi de tous les pays, notamment les pays en guerre.

Que notre prière soit à l’image de celle de David dans le psaume :

« Moi, je suis sûr de toi Seigneur… Tu es mon Dieu ! Mes jours sont dans ta main : délivre-moi des mains hostiles qui s’acharnent… Sauve-moi par ton amour. « Christ, mort pour nos péchés, » tu es « ressuscité pour notre vie ! »

Amen

Père Jean Rouillard

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