20 septembre 2008

Homélie du 07 septembre 2008

Homélie du 23ème dimanche du temps ordinaire, année A
« Je crois en la Sainte Eglise Catholique »

Il me semble que c’est l’une des phrases qui posent le plus grand nombre de problèmes aujourd’hui … Eh bien la liturgie de la parole nous fait faire une belle, une très belle méditation sur l’Eglise.

Evidemment, c’est l’Evangile qui est le plus clair et le plus explicite en la matière, nous y reviendrons, mais il faut commencer par le psaume :

Venez, crions de joie pour le Seigneur,
Acclamons notre rocher, notre Salut,
Allons jusqu’à lui en rendant grâce,
Par nos hymnes de fête acclamons-le

Entrez, inclinez-vous, prosternez-vous,
Adorons le Seigneur qui nous a fait …

L’Eglise est avant tout ce qui rassemble les adorateurs de Dieu, les chanteurs de Dieu, ceux qui expriment leur gratitude à Dieu, ceux qui font la fête pour Dieu …

Il est notre Dieu,
Nous sommes le peuple qu’il conduit
Ecoutons aujourd’hui sa Parole …


Il y a une attitude fondamentale d’amour d’adoration (Dieu est Dieu ! C’est le cri premier de l’adoration) d’écoute qui est à la base du mystère de l’Eglise. Il faut sans cesse redire cela, pour que nous conservions la fraîcheur et la joie et qu’aucune poussière ne vienne se déposer sur une religion à laquelle on risque de s’habituer, et qui pourrait bien ne plus rien nous faire… Péguy disait : « il y a quelque chose de pire qu’un chrétien mauvais, c’est un chrétien habitué ».

Et puis bien sûr, quand on médite sur l’Eglise, il faut interroger le Christ qui en donne une magnifique définition :

« tout ce que vous aurez lié sur la terre sera lié dans les cieux, et tout ce que vous aurez délié sur la terre sera délié dans les cieux. »

Dieu veut que son amour, sa grâce, son salut passent par l’Eglise (on se souvient du film avec Pierre Fresnay « Dieu a besoin des hommes » …) : c’est la raison pour laquelle on a pu dire « hors de l’Eglise, point de Salut » …

Cela ne signifie pas que Dieu ne peut sauver que dans les limites visibles de l’Eglise Catholique (Dieu est propriétaire de son Salut, il sauve qui il veut, quand il le veut …), mais cela signifie que la grâce, l’amour, le salut ne tombent pas sur la terre comme un météorite (ce qui serait une atteinte à la liberté et à la dignité de l’homme) ; Dieu veut passer par des hommes qui sur la terre lient certaines choses et en délient d’autres. Pour que le salut de Dieu ait un visage humain. Ce visage, c’est celui du Christ, vrai homme et vrai Dieu, c’est lui qui, le premier, a établi une jonction, à fait se rejoindre Dieu et l’homme donnant une incomparable dignité à l’homme, le rendant responsable de son propre Salut.

L’Eglise est donc « sacrement du Salut (l’expression est de Vatican II) ». Dieu veut sauver ce qui se mettent « à deux ou à trois », ceux qui forment une communauté, plutôt que de répandre une énergie aveugle, telle qu’on prétend la capter dans le New Age, par exemple.

"Si deux d’entre vous se mettent d’accord pour demander quelque chose, ils l’obtiendront de mon Père qui est aux cieux"

Nous avons là quelque chose d’encore plus beau : l’Eglise est le lieu où Jésus nous écoute ! Nous écoutons Jésus bien sûr, mais avons-nous conscience qu’il nous écoute, lui aussi ?! Si nous avions à donner une définition de l’Eglise, dirions-nous « l’Eglise est le lieu ou Jésus nous écoute » ? …

"Quand deux ou trois sont réunis en mon nom,
Je suis là au milieu d’eux …"


La méditation continue : l’Eglise est ce lieu où Jésus est vraiment, substantiellement, réellement présent : « Je suis là au milieu de vous », vient-il de nous dire, à nous aussi …

Si je devais, donc, risquer une définition de l’Eglise, je pourrais dire : l’Eglise est ce que Dieu a choisi pour sauver tous les hommes, où les hommes sont écoutés par Dieu, par laquelle Dieu descend vers l’homme qui monte vers lui. Il me semble que cette définition évangélique est assez éloignée de celle que le monde donne de l’Eglise, considérée comme une administration qui gère de la religion. Peut-être que cette définition froide et fausse vient de ce que l’Eglise a quelque chose de prophétique et je termine avec ce dernier aspect, justement souligné par le prophète Ezéchiel.

Parler au nom du Seigneur, c’est difficile : c’est vrai du prophète, c’est vrai de l’Eglise … il faut bien que de temps à autre, on aborde des sujets qui fâchent ; pas par plaisir, mais par nécessité. Et l’Eglise comme le prophète devra toujours souffrir de la vérité qu’elle annonce.

Mais Jésus insiste sur ce que Ezéchiel déjà dit six-cent ans avant lui : il est toujours meilleur de reprendre une personne individuellement que de former autour de lui une communauté de réprobation ; ce qui au fond, obéit au bon sens le plus élémentaire …

Mystère d’adoration, de chant, d’amour, d’annonce de la vérité, d’écoute de Dieu, de Salut, l’Eglise est belle, elle n’est pas simplement un objet de foi, mais aussi un objet d’amour et d’émerveillement. Que Dieu dépose en nous l’amour de l’Eglise !

P. Emmanuel d'Andigné

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