02 septembre 2008

Homélie du 31 Août 2008

22ème DIMANCHE du Temps Ordinaire – ANNEE A
31 Août 2008



Pour le retour des vacances, il faut bien reconnaître que les lectures de cette messe ne sont pas très réjouissantes !

« Tout le monde se moque de moi », dit le prophète Jérémie. – « Je vous exhorte, ajoute Saint Paul, à offrir votre vie à Dieu en sacrifice saint ». Il se fait l’écho de la parole même de Jésus, qui commence à montrer à ses disciples qu’il va lui falloir beaucoup souffrir et être tué. Et il conclut : « Si quelqu’un veut marcher derrière moi, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive ».

Heureusement, le verset d’introduction à l’Evangile nous disait, de façon plus encourageante : « Que le Père de Notre Seigneur Jésus-Christ illumine nos cœurs ; qu’il nous fasse voir quelle espérance nous ouvre son appel ».

En quelques lignes, Jérémie nous en dit long sur son aventure spirituelle : le Seigneur l’appelle, il est touché : « Je me suis laissé séduire », dit-il. Dans sa mission de prophète, il est contesté par les autorités du Temple. Certains prêtres vont jusqu’à dire : « Cet homme mérite la peine capitale ». Jérémie essaie de se défendre : « C’est le Seigneur qui m’a envoyé prophétiser… Mais maintenant, améliorez votre conduite, votre manière d’agir, écoutez l’appel du Seigneur votre Dieu… Quant à moi, je suis en votre pouvoir ; faites de moi ce qui vous plaît, ce qui vous paraît juste. Sachez bien cependant que si vous me tuez, vous serez coupables – vous-mêmes, cette ville et ses habitants – du meurtre d’un innocent, car c’est vraiment le Seigneur qui m’a envoyé prononcer toutes ces paroles pour que vous les entendiez ».

En butte aux injures et à la moquerie, Jérémie est tenté de se taire. Il se disait : « Je ne penserai plus au Seigneur, je ne parlerai plus en son nom ».
« Mais, ajoute-t-il, il y avait en moi comme un feu dévorant, au plus profond de mon être. Je m’épuisais à le maîtriser sans y réussir ». Jérémie, courageusement, reste fidèle à sa mission.

L’Eglise fêtait jeudi Saint Augustin. Le jeune et brillant intellectuel né au milieu du IX ème siècle en Afrique du Nord avait été élevé dans la foi chrétienne. Poursuivant ses études en Italie, il prit ses distances avec la foi de son enfance et la morale qui en découle. Après un certain égarement, lui aussi éprouva un feu intérieur lui faisant redécouvrir le chemin de la vérité et du véritable Amour. Il devint le grand penseur, prêtre, puis évêque d’Hippone (dans l’actuelle Algérie) où il se dépensa sans compter au service de son peuple jusqu’à sa mort en l’année 430.

Vendredi, c’était une autre très grande figure de l’Eglise qui était fêtée, Jean-Baptiste. Lui aussi, parlant au nom de Jésus son cousin, n’a pas manqué à son devoir de dire la vérité au roi Hérode, ce qui lui valut d’être décapité le jour même.

Quand Jésus annonça ce qui devait lui arriver : la grande souffrance et la mort, on comprend que Pierre ait réagi vigoureusement. Il venait de déclarer : « Tu es le Messie, le Fils du Dieu vivant ». Il avait été approuvé par Jésus lui-même. Comment admettre qu’il soit victime, qu’il soit vaincu ? Ne devait-il pas, au contraire, gouverner, dominer, régner ? La répartie de Pierre semble celle du bon sens, de l’évidence : « Dieu t’en garde, Seigneur, cela ne t’arrivera pas » - « Tes pensées, répond Jésus, ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes ».

Il ne nous est pas naturel de penser comme Dieu. Saint Paul écrit aux Romains : « Ne prenez pas pour modèle le monde présent, mais transformez-vous en renouvelant votre façon de penser pour savoir reconnaître quelle est la volonté de Dieu : ce qui est bon, ce qui est capable de lui plaire, ce qui est parfait ».

Offrir sa personne et sa vie en sacrifice saint, c’est essayer de répondre à chaque instant aux appels du Seigneur. C’est cela qui est difficile, qui demande du renoncement, qui peut aller jusqu’à l’héroïsme. C’est cela porter sa croix. C’est cela accepter la souffrance par fidélité à son devoir, ce qui est l’expression de « la volonté de Dieu ».

Jésus ne nous dit pas de chercher un moyen de nous faire souffrir sans nécessité. Ce serait absurde ! Il nous dit que si nous voulons être fidèles à notre vocation chrétienne, inévitablement, nous rencontrerons des privations, des efforts pénibles, des contradictions, des critiques, et peut-être des persécutions.

C’est d’ailleurs ce que nous enseigne l’expérience de tous les jours. On ne fait rien de grand sans mal, dans tous les domaines. Les jeux olympiques nous ont montré une nouvelle fois toutes les souffrances que s’imposent les athlètes dans l’espoir de monter sur le podium. Et les jeunes, à la veille de la rentrée, savent bien, que pour réussir dans ses études, il faut se donner du mal. La tricherie peut faire illusion pendant quelque temps, mais elle aboutit à la déchéance et à la honte. On ne se moque pas de Dieu.

Tout ce qui est accompli dans le sens de l’amour, du don de soi à Dieu, au prochain, a de la valeur aux yeux du Seigneur. Tout ce qui va dans le sens de l’égoïsme, de l’orgueil, du mépris de l’autre, c’est cela : « perdre sa vie, la gâcher ». Nous sommes avertis : « Le Fils de l’homme viendra avec ses anges dans la gloire de son Père ; alors il rendra à chacun selon sa conduite ».

Amen
Père Jean Rouillard

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