01 juin 2007

Catéchèses

Catéchèse du 21 mai - l’exposé : "Il est ressuscité et monté aux cieux"
Un jour, un prêtre s’adressait à des enfants … il leur montre alors un timbre-poste et leur demande : « si vous aviez à résumer toute la Foi chrétienne sur ce timbre, quelle phrase mettriez-vous ? » Après avoir laissé dire quelques belles phrases qui en fait conviennent à beaucoup de religions, il finit par dire : « le Christ est ressuscité ». Cette anecdote illustre la catéchèse d’aujourd’hui, nous allons contempler cette affirmation, qui est vraiment spécifique du Christianisme, avec celle qui concerne l’Incarnation : « Jésus, vrai Dieu, fait homme, vrai homme, est ressuscité des morts, lui qui était vraiment mort sur la croix ». Je vais tâcher de répondre à quelques questions simples que l’on se pose à ce sujet.

1) sur quoi notre foi repose-t-elle ?

L’éducation ? L’habitude ? Des évènements historiques extraordinaires (comme les miracles par exemple) ? Il y a deux types de réponses à cette question : sur le plan personnel, il est vrai qu’on arrive à la fois souvent par l’éducation, ou une conversion, un événement marquant … mais lorsque, tous ensemble, quel que soit notre itinéraire personnel, nous nous demandons ce qui fonde notre foi, alors les critères personnels ne suffisent plus … nous affirmons, donc, que notre foi repose sur le témoignage des apôtres qui l’ont vu vivant ! Il est vraiment ressuscité ! Pour être plus précis, cette affirmation qui nous vient des apôtres repose elle-même sur deux réalités, à savoir le tombeau vide et les rencontres des apôtres avec le ressuscité.
Il faut noter un numéro important du Catéchisme (le n° 643) qui tâche d’analyser le doute qui pourrait subsister en nous à propos de la réalité de la résurrection (ne s’agirait-il pas du délire exalté d’un petit groupe d’illuminés ?) : au contraire, ; l’Evangile nous montre des disciples découragés, faibles et couards, n’ayant pas tous cru tout de suite, ayant douté de la parole des femmes … et devenus étrangement confiants et intrépides (on pense à la Pentecôte).

Aujourd’hui (le Catéchisme ne le mentionne pas), une menace plus récente pèse sur notre foi en la résurrection : Jésus serait vivant de façon purement psychologique par son souvenir dans nos cœurs, mais ce n’est pas une réalité historique et physique (souvenez-vous du film « Pocahontas », dans lequel, au moment de la mort de l’un des héros, celui-ci dit à celle qui l’aime « je serai toujours vivant dans ton cœur »). Il est sans doute vrai qu’il y a une certaine forme de présence et de vie de quelqu’un de mort par le souvenir que nous avons de lui, mais il faut le redire avec netteté : Jésus est vraiment, corporellement, historiquement, physiquement ressuscité, avec un vrai corps d’homme, sans quoi l’affirmation de la résurrection n’aurait plus aucune consistance ni aucune crédibilité, la foi chrétienne accorde beaucoup d’importance à l’histoire !

2) comment s’est passée la résurrection ?

le Catéchisme dit que l’événement est « transcendant » : ce mot signifie que la résurrection échappe à notre perception sensible, car cette intervention divine est beaucoup trop grande pour nos yeux ou même notre intelligence. C’est la raison pour laquelle aucun témoin n’a assisté au phénomène lui-même, mais plutôt à sa conséquence : il était là, parlant, montrant la plaie de son côté, mangeant, buvant …

3) à quoi ressemble un corps ressuscité ?

Il est important de redire que c’est un vrai corps (Jésus mange, les fantômes –qui d’ailleurs n’existent pas- ne peuvent pas manger …) ; par ailleurs, ce corps n’est pas soumis à l’espace ou au temps comme les nôtres aujourd’hui le sont (il donne l’impression de « traverser » les murs, il « apparaît », c’est-à-dire qu’en réalité, il suffit qu’il pense à un endroit en voulant y être pour qu’il y soit, de façon instantanée) ; enfin, il peut prendre diverses formes, ainsi que le fait remarquer le Catéchisme : la forme d’un « jardinier », par exemple, ou alors d’autres formes, comme le suggère MARC 16,12, sans pourtant donner de précisions (on pense aussi aux disciples d’Emmaüs).

4) qui a ressuscité Jésus ?

le Catéchisme nous rappelle que c’est une œuvre de la Trinité, et non pas seulement de l’une des personnes divines. Dieu le Père réalise par l’Esprit-Saint une ré-unification de l’âme et du corps de Jésus (voir le n° 650). Le Verbe de Dieu, quant à lui, seconde personne de la sainte trinité, s’était « uni » à un vrai corps et une vraie âme, jusqu’au moment où a eu lieu la mort, c’est-à-dire la séparation de ce corps et de cette âme : la résurrection est aussi cette « œuvre » du Verbe de Dieu, qui unit à nouveau le corps et l’âme qui avait été séparés par la mort.

5) qui est concerné par la résurrection de Jésus ?

Tous les hommes le sont, l’humanité toute entière est la bénéficiaire privilégiée
et même la destination de cette résurrection : c’est POUR NOUS que Jésus est ressuscité. Dieu, en effet, n’avait pas besoin de prouver qu’il est maître de la vie, qu’il a pouvoir sur la vie. Dieu a ressuscité son Fils afin que nous puissions nous aussi ressusciter à notre tour.

6) et l’Ascension ?

le Catéchisme ne dit pas grand chose sur la question, sans doute parce que la résurrection et l’ascension appartiennent à un seul mouvement : Jésus monté au cieux est le même que Jésus ressuscité, il est déjà dans la condition céleste. D’ailleurs, nous aussi, nous serons plongés dans la sainte Trinité lorsque nous ressusciterons, nous y sommes déjà un peu par la foi et complètement à la résurrection : nous sommes déjà « citoyens des cieux », nous devons nous « asseoir à côté » de Dieu, comme le Christ Jésus.
Juste avant cet événement de l’Ascension, Jésus déclare (Mt 28,16) : « allez, de toutes les nations faites des disciples, baptisez-les au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit, et voici que moi, je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin des temps ». Par l’Ascension, Jésus nous entraîne avec lui dans les cieux et notre joie, c’est d’entraîner avec nous ceux qui nous entourent !

Conclusion : en quoi cet enseignement nous lance-t-il dans l’Evangélisation ?
Au fur et à mesure que nous suivons les pas de Jésus dans l’Evangile, nous comprenons de quelle manière nous pouvons participer (humblement, certes, mais réellement) : en l’imitant, au plus près. Tout d’abord, vivre la condition de nos contemporains, être des citoyens d’ici-bas, être pour nos contemporains des compagnons de route. Ensuite, nous devons faire des miracles, c’est-à-dire des choses un peu extraordinaires qui révèlent l’amour de Dieu (Donner un pardon impossible, donner sa vie aux pauvres, ne jamais se décourager, découvrir des formes simples d’héroïsme quotidien …). Puis, comme le Christ, enseigner, réfuter, refuser l’injustice, se mettre en colère si c’est nécessaire, écouter, pardonner, questionner … mourir, mais mourir à la gloire des hommes, au péché et à tout ce qui avilit l’humanité … et enfin ressusciter, ce qui signifie se relever après chaque chute, annoncer la vie après la mort, s’habituer déjà à dialoguer amoureusement avec Dieu. Ainsi, nous serons déjà un peu aux cieux, en ce sens que nous pourrons en connaissance de cause parler du ciel, être remplis d’espérance !
P. Emmanuel d'Andigné

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