16 octobre 2012

Homélie du 30 septembre 2012-les trois esprits


Homélie du 26ème dimanche du Temps Ordinaire - Année B

La semaine dernière, j’évoquais la rencontre harmonieuse et nécessaire entre Foi et raison : c’est bien sûr l’Esprit Saint qui fait la synthèse entre les deux et qui conduit à la vérité : Jésus lui-même !

Il y a dans les textes d’aujourd’hui trois sortes d’esprits qui sont mentionnés explicitement ou implicitement : l’Esprit de Dieu, les esprits mauvais et l’esprit de l’homme.

A propos de l’Esprit de Dieu :
Vous noterez que c’est Dieu qui a l’initiative de déposer son esprit sur les soixante-dix anciens, soixante-huit auxquels il faut ajouter Eldad et Medad. C’est bon de noter cela aujourd’hui, car nous avons pris l’habitude ces temps-ci d’invoquer l’Esprit Saint, et c’est une bonne chose, mais Dieu vient de nous rappeler qu’il est maître du jeu, et qu’il veut avoir affaire à des humbles …

Moïse est un humble : il a protesté au moment de son « élection » par Dieu, arguant de sa mauvaise élocution. Les anciens qu’il a appelés ne se sont pas appelés eux-mêmes, c’est la plus élémentaire humilité.

« Vous êtes la lumière du monde ! » nous a dit Jésus. Comment recevez-vous cette phrase qui vous concerne vous tout autant que les contemporains de Jésus ? Je suppose que vous avez spontanément une réaction de modestie, mais j’espère que peu après vous vous dites : l’Esprit Saint a été répandu en moi, et donc, je porte en moi la lumière du monde, je suis donc bien avec toute l’Eglise la lumière du monde ! « Vous êtes … », dit Jésus « la lumière du monde », il n’a jamais dit à personne : « tu es la lumière du monde… »

Finalement, la modestie est moins intéressante, spirituellement, que la dépendance vis-à-vis de la communauté : c’est tous ensemble que nous sommes la lumière du monde.

A propos des esprits mauvais
Savez-vous ce que Jésus faisait systématiquement en arrivant quelque part avant d’enseigner quoi que ce soit ? Toujours trois choses :

Il donnait à manger à ceux qui avaient faim
Il guérissait les malades et …
Il chassait les esprits mauvais !

Les esprits mauvais n’ont pas disparu avec l’époque moderne ! Et moi, je connais trois moyens de chasser les esprits mauvais : les deux prières de l’Eglise à ce sujet et la conversion.

Les prières de l’Eglise sont l’exorcisme et la prière de délivrance. L’exorcisme, nous le laissons à l’exorciste, c’est-à-dire l’Evêque ou celui qu’il a chargé de ce ministère particulier. La prière de délivrance, quant à elle, peut être pratiquée par n’importe quel prêtre, après le sacrement de la réconciliation, pour délivrer des attaches légères à tel ou tel esprit.

« Se convertir », voilà qui résume bien l’Evangile d’aujourd’hui, que nous allons tâcher de lire avec foi … et raison ! Oui, il faut arracher son œil s’il nous conduit au péché, mais dans le sens de la radicalité, de l’immédiateté, pas au sens matériel du terme.

Origène, vous le savez, fut un très grand commentateur des Textes sacrés, mais il ne sera jamais ni canonisé ni Père de l’Eglise pour la bonne raison qu’il s’est mutilé (sexuellement) afin d’appliquer matériellement Matthieu 19,12, qui pourrait être interprété comme un appel à se mutiler pour suivre vraiment le Christ …

La purification de l’œil présente dans l’Evangile est d’une incroyable modernité, tant est présent notre attachement à la vue, nous qui passons d’un écran à l’autre toute la journée, jusque tard dans la nuit.

Cette semaine, nous pourrions faire un cadeau à Dieu : celui d’un  regard clair et pur, assorti d’une prière « Donnez-moi, Seigneur, un regard clair et pur ».

Le mois d’Octobre est surnommé « mois du rosaire » : rapprochons-nous de Marie, « Tour d’ivoire (litanies de la sainte Vierge) » qui ne donne aucune prise au démon par la pureté de ses yeux et de ses mains, elle saura bien nous rapprocher de Jésus !

P. Emmanuel d'Andigné

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