16 octobre 2012

Homélie du 14 octobre 2012-Vatican II toujours d'actualité ?

Homélie du 28ème dimanche du temps ordinaire - Année B

Je voudrais demander un effort particulier à ceux d’entre vous qui avez 70 ans et plus : pendant quelques minutes, mettez-vous à la place de quelqu’un qui a 15, 20 ou 25 ans et à qui on dit « nous fêtons les 50 ans de Vatican II » … que voulez-vous que ça lui fasse ? Quel intérêt pour lui ? Il n’a pas lu les textes –peut-être vous non plus, d’ailleurs ?- et il n’a évidemment aucun souvenir …

Réponse de Benoît XVI : je promulgue une année de la foi ! Car en ce qui concerne Vatican II, s’il ne s’agissait que de souvenirs et d’anniversaire, alors seuls ceux qui ont 70 ans et plus pourraient trouver un intérêt à commémorer l’évènement …

Le Concile, c’est comme l’Eglise : il ne se regarde pas lui-même, il permet de regarder Dieu, de regarder le monde, afin de présenter Dieu au monde, aujourd’hui et demain, pour nourrir et répandre la Foi. Cela veut dire que, cette année,  grâce à cet anniversaire, nous allons faire deux choses :

En « interne », approfondir notre foi, faire grandir notre foi, pour voir combien elle est belle, complète, et lumineuse, à l’instar de la sagesse qui a été chantée dans la première lecture.

Et d’autre part, en « externe », nous allons nous demander comment nous allons la répandre autour de nous, cette foi magnifique, en tenant compte du monde d’aujourd’hui : l’année de la foi est naturellement une année de l’évangélisation, et Vatican II est un tremplin pour la Nouvelle Evangélisation ! C’est la raison pour laquelle Benoît XVI réunit en ce moment même les évêques du monde entier pour plancher sur le sujet de l’évangélisation.

En fêtant le 50ème anniversaire de Vatican II, nous redisons à la jeunesse et aux enfants qui sont là : vous avez en vous un grand trésor, la Foi, et si vous voulez savoir ce qu’elle est exactement, vous avez à votre disposition une bibliothèque assez complète et moderne  à votre disposition, composée de
-          Les textes du Concile, parus en 1965
-          Un « fruit authentique du Concile » :  le Catéchisme de l’Eglise Catholique, paru en 1992
-          Le résumé du Catéchisme de l’Eglise Catholique (surnommé « compendium », paru en 2005)
-          Le youcat qui est une présentation spécialement tournée vers les plus jeunes, paru en 2011

et qui sont tous les quatre la même chose présentée différemment.

Celui qui connaît sa foi est fort et heureux, bien que comme tout le monde, il soit en lui-même faible et pécheur et justement parce qu’il reconnaît sa faiblesse, il a besoin de se raffermir dans la foi !

Cependant, il nous manque deux choses pour que le tableau soit complet : l’amour de l’Eglise et la juste interprétation des textes du Concile.

L’amour de l’Eglise
Ce serait un désastre que nous considérions l’Eglise simplement comme une organisation, alors qu’elle est une mère, qui nous a mis eu monde spirituellement. Dieu est notre Père, l’Eglise est notre mère qui reçoit l’ombre de l’Esprit et qui met au monde les fils de Dieu.

Lorsque le Concile a parlé de l’Eglise (Constitution « Lumen Gentium »), elle n’a pas pu faire moins que de consacrer un chapitre entier –le chapitre 8- à celle qui est « typique » de l’Eglise, Marie, puisqu’elle a vécu personnellement ce que l’Eglise vit de façon communautaire.

Celui qui n’aime pas l’Eglise ne pourra pas accepter le Concile, il ne pourra même pas le comprendre, il faut que notre cœur soit d’accord pour que notre intelligence fonctionne, nous sommes un.

Et puis il y a le dernier point :

La juste interprétation  des textes conciliaires.
Et là, je vais être obligé de prononcer un gros mot, pardon …

En décembre 2005, voici ce que Benoît XVI, tout jeune Pape déclarait : « pourquoi l'accueil du Concile, dans de grandes parties de l'Eglise, s'est-il jusqu'à présent déroulé de manière aussi difficile? Eh bien, tout dépend de la juste interprétation du Concile ou - comme nous le dirions aujourd'hui - de sa juste herméneutique, de la juste clef de lecture et d'application. Les problèmes de la réception sont nés du fait que deux herméneutiques contraires se sont trouvées confrontées et sont entrées en conflit. L'une a causé de la confusion, l'autre, silencieusement mais de manière toujours plus visible, a porté et porte des fruits. D'un côté, il existe une interprétation que je voudrais appeler "herméneutique de la discontinuité et de la rupture"; celle-ci a souvent pu compter sur la sympathie des mass media, et également d'une partie de la théologie moderne. D'autre part, il y a l'"herméneutique de la réforme", du renouveau dans la continuité de l'unique sujet-Eglise, que le Seigneur nous a donné; c'est un sujet qui grandit dans le temps et qui se développe, restant cependant toujours le même, l'unique sujet du Peuple de Dieu en marche. »

Jeudi dernier, le jour anniversaire de l’ouverture du Concile, il complétait :
« j’ai insisté à plusieurs reprises sur la nécessité de revenir, pour ainsi dire, à la “ lettre ” du Concile – c’est-à-dire à ses textes – pour en découvrir l’esprit authentique, et j’ai répété que le véritable héritage du Concile réside en eux. La référence aux documents protège des excès ou d’une nostalgie anachronique ou de courses en avant et permet d’en saisir la nouveauté dans la continuité. Le Concile n’a rien produit de nouveau en matière de foi et n’a pas voulu en ôter ce qui est antique. Il s’est plutôt préoccupé de faire en sorte que la même foi continue à être vécue dans l’aujourd’hui, continue à être une foi vivante dans un monde en mutation. »

Je fais appel à votre imagination, pour que nous puissions trouver des moyens originaux et concrets, cette année, pour écouter les textes eux-mêmes, les voir de nos propres yeux et non pas seulement revus et corrigés par des spécialistes, ou pire : évoqués de loin dans un discours aérien.

Deux exemples :
Gaudium et Spes (l’Eglise dans le monde de ce temps), n°1
« Les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des hommes de ce temps,  des pauvres surtout et de tous ceux qui souffrent, sont aussi les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des disciples du Christ, et il n’est rien de vraiment humain qui ne trouve écho dans leur cœur. »

Cet appel-là a trouvé très vite et très largement un bon écho dans le monde catholique, et on ne peut que s’en réjouir ! Mais …

Sacrosanctum Concilium (sur la Liturgie), n° 116. Chant grégorien et polyphonie
« L’Église reconnaît dans le chant grégorien le chant propre de la liturgie romaine ; c’est donc lui qui, dans les actions liturgiques, toutes choses égales d’ailleurs, doit occuper la première place.

Les autres genres de musique sacrée, mais surtout la polyphonie, ne sont nullement exclus de la célébration des offices divins, pourvu qu’ils s’accordent avec l’esprit de l’action liturgique, conformément à l’article 30 ».

Jusqu’à présent, à cause de l’herméneutique de la rupture, nous avons fait le contraire de ce que le Concile disait … mais ça n’est pas la fin du monde, on va redresser la barre, de façon pondérée et progressive, sans précipitation et pour nourrir la foi.

Joyeux anniversaire, Cher Concile !

P. Emmanuel d'Andigné

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