« L’homme
est un loup pour l’homme »
Savez-vous qui a
prononcé cette phrase ? Celui qui l’a rendue célèbre, c’est Thomas Hobbes (rien
à voir avec le Nouvel Obs !…)
Précisons
que dans la pensée de Hobbes, il faut fonder la politique sur un pacte qui
relie les citoyens et non sur la religion ou la tradition (ça commence mal !)
Mais ce n’est pas
lui qui a dit ça le premier … il s’agit de Plaute (254 avant Jésus-Christ), qui
utilisé cette phrase de façon légère et pas du tout philosophique, et voici
exactement ce qu’il a dit : « Quand on ne le connaît pas, l’homme n’est
pas un homme, c’est un loup pour l’homme (Asinaria) »
Il n’y a donc aucune
théorie compliquée sur la méchanceté des hommes, mais simplement une description
amusée sur la méfiance pour l’étranger, dans tous les sens du terme …
Cette phrase a
disparu, curieusement, pendant le développement du christianisme, Moyen-âge
compris ! Elle a réapparu dans la mal nommée « renaissance », et
a connu jusqu’au XXème siècle un grand succès : Erasme, Rabelais,
Montaigne, Agrippa d'Aubigné, Francis Bacon, Hobbes, Schopenhauer et Sigmund
Freud l’ont reprise à leur compte.
Autrement dit,
lorsque Dieu est présent dans la pensée et dans la société, les hommes
comprennent qu’ils ont le même Père, que par conséquent, qu’ils sont frères, et
que, en principe, on ne tape pas sur son frère !
On devrait donc
dire : SANS DIEU …l’homme est en effet un loup pour l’homme. Nous
récoltons aujourd’hui les fruits pourris d’une philosophie qui s’est détournée
de Dieu depuis le 16ème siècle (naissance du rationalisme), et son
dernier-né est le fameux individualisme dont tout le monde parle aujourd’hui et
dont l’origine est évidemment la disparition de Dieu.
Si nous devons
faire réussir tous ensemble le parcours Alpha, ce n’est pas pour reposer les
nerfs de ceux qui en sont responsables (encore que c’est sympa de le faire…) ;
si nous devons faire réussir Alpha et tout œuvre d’évangélisation, c’est parce
que le cœur des hommes d’aujourd’hui est comme la terre dont parle Isaïe :
« L'eau jaillira dans le désert,
des torrents dans les terres arides. Le pays torride se changera en lac ; la
terre de la soif en eaux jaillissantes. »
Il y a trois
soifs et trois faims : la soif et la faim tout court (il ne faut jamais
l’oublier, celle-là) ; la soif et la faim d’être aimés par nos semblables ;
la soif et la faim d’être aimés par Dieu.
Lorsque Dieu a
créé le Ciel et la terre, il fait du chaos un cosmos (du désordre un ordre) et
une fois le cosmos confié à l’homme, celui-ci a pris le contrôle –et c’est
bien ! Mais il s’est peu à peu relâché, et a installé un faux ordre, un
semblant d’ordre, ce que Saint Jean appelle « l’Esprit du monde ». Et
c’est ce faux ordre que Dieu entend renverser
Saint Jacques,
dans la deuxième lecture, a les pieds sur terre : il sait que, même dans
une communauté chrétienne, nous avons tendance à oublier l’échelle des valeurs
de Dieu, et nous appliquons l’échelle des valeurs terrestres, puissance,
richesse, puissance intellectuelle sont mieux considérées que faiblesse,
pauvreté et insuffisance intellectuelle…
Eh bien nous qui
célébrons le Christ ressuscité dans la chapelle Notre-Dame de Lourdes alias
paroisse Sainte-Bernadette, faisons comme à Lourdes, où les malades, les
enfants, les plus faibles sont prioritaires, en remettant, finalement les
choses dans le même ordre que Dieu : l’ordre de la charité.
P. Emmanuel d'Andigné
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