Homélie de la Fête du Saint-Sacrement - 25 mai 2008
"Après avoir multiplié les pains, Jésus …" voudriez-vous vous arrêter un instant sur cette phrase ?
Nous sommes au chapitre 6 de l’Evangile selon saint Jean … au début du chapitre, Jésus a multiplié les pains, signe de sa divinité et signe, donc, que Dieu aime nourrir ceux qu’il a créés. Dieu a les pieds sur terre ! « Ventre affamé n’a pas d’oreille », Jésus nourrit une foule qu’il s’apprête à enseigner …
Et donc, avant de faire de cet épisode une lecture spirituelle, il est bon de la regarder au premier degré : Jésus a affaire à des pauvres qu’il nourrit et qu’il enseigne. La fête d’aujourd’hui, la fête du Saint-Sacrement, est une invitation très forte à nourrir ceux qui ont faim aussi matériellement que Jésus l’a fait …
Pourquoi ne pas répondre à cette invitation, très concrètement cette semaine ? Chacun selon ses ressources, ses dons, ses forces ?
Mais Jésus n’en reste pas là : il pense à la nourriture spirituelle, qui est aussi un vrai service rendu aux pauvres ! Et c’est alors que la notion de « pauvreté » s’élargit : sans jamais oublier son premier sens de dénuement matériel, nous ne pouvons que constater que les auditeurs de Jésus sont des pauvres en ce sens qu’ils dépendent de Jésus et nous, qui sommes les adorateurs d’aujourd’hui, nous sommes des pauvres, non seulement parce que nous avons des pauvretés, mais aussi parce que nous dépendons entièrement de Dieu.
Adorer le saint-Sacrement, c’est faire profession de pauvreté et c’est dire à Jésus qu’il est notre vraie richesse, celle qui traverse le temps et même l’éternité. La plus grande richesse, c’est l’Eucharistie !
Cet épisode de la multiplication des pains a toujours été compris dans l’Eglise comme une annonce de l’Eucharistie, annonce de cette multiplication par laquelle l’unique corps du Christ nourrit la foule des fidèles.
c’est la raison pour laquelle ce texte est lu aujourd’hui : nous nous réjouissons de ce que le pain du ciel, le pain de vie, le pain des anges, est notre nourriture spirituelle : Jésus est le pain de vie, d’où le surnom de ce chapitre 6 de l’Evangile selon saint Jean : « le discours du pain de vie ».
Je voudrais noter un fait assez rare dans l’Evangile : une phrase fermée de Jésus (je m’explique) : ce que j’appelle une phrase ouverte, c’est une phrase qui nous permet de trouver une porte de sortie qui est sujette à l’interprétation
et que l’on vit comme on peut … mais dans ce discours du pain de vie, il y a une phrase fermée !
« si vous ne mangez pas la chair du fils de l’homme, et si nous ne buvez pas son sang, vous n’aurez pas la vie en vous »
Il est très fréquent que Jésus se montre très net, tranchant, même, dans l’Evangile, mais ce type de phrase qui ne laisse pas d’alternative est finalement assez rare, je pense à une autre :
« si vous ne changez pas pour devenir comme des petits enfants, vous n’entrerez pas dans le royaume des cieux »
C’est dire l’importance de cette attitude spirituelle : elle représente un impératif absolu, on ne peut en aucune manière « passer à côté » : nous devons recevoir le corps du Christ et boire son sang pour avoir la vie éternelle ! Il n’y a pas ceux qui peuvent s’en passer et ceux qui s’offrent un plus dans la vie spirituelle : il n’y a qu’une seule option …
Ceci a une conséquence très concrète : nous ne pouvons pas laisser dire qu’un chrétien peut être croyant et pas pratiquant, ou alors il nous faudrait abandonner cette phrase de Jésus en lui disant : « cher Jésus, toutes vos paroles sont très intéressantes, mais celle-là, de nos jours, on la laisserait bien de côté…
Et il me semble que pour faire avancer les choses, il faudrait simplement corriger l’expression « croyant-pas-pratiquant » en « croyant pas encore pratiquant »
De cette manière, nous faisons d’une pierre deux coups :
1) nous respectons la parole de Jésus, en accueillant tout son message et non simplement ce qui nous arrange ou nous dérange le moins
2) nous respectons le cheminement des gens, en particulier ceux qui, pour des raisons diverses, se sont éloignés de l’Eucharistie et doivent progressivement découvrir ou redécouvrir le trésor.
A ceci s’ajoute, mais c’est une évidence, que nous devons modestie garder si nous sommes fidèles à l’Eucharistie, car nous nous souvenons que nous sommes des pauvres …et que si l’Eucharistie est une nourriture ce n’est pas pour rien, cela veut dire que nous dépendons de Dieu et qu’il n’y a aucun orgueil à tirer de notre fidélité.
Même Dieu, lui le seul à pouvoir prétendre être riche, « Dieu se présente à nous dans la « pauvreté » des signes sacramentels, pain et vin » ; cette phrase est de Jean-Paul II dans l’encyclique « Ecclesia de Eucharistia ». Quel mystère, en effet, que Dieu se rende présent d’une manière aussi pauvre … c’est peut-être pour être accessible à tous ?
Dans cette même encyclique, Jean-Paul II qualifie la Vierge Marie de « Femme eucharistique », signifiant par là qu’elle a fait de toute sa vie un mystère conforme à l’Eucharistie, transformant ainsi sa vie comme une grande messe… qu’elle nous guide, en ce mois qui lui est consacré !
Nous sommes au chapitre 6 de l’Evangile selon saint Jean … au début du chapitre, Jésus a multiplié les pains, signe de sa divinité et signe, donc, que Dieu aime nourrir ceux qu’il a créés. Dieu a les pieds sur terre ! « Ventre affamé n’a pas d’oreille », Jésus nourrit une foule qu’il s’apprête à enseigner …
Et donc, avant de faire de cet épisode une lecture spirituelle, il est bon de la regarder au premier degré : Jésus a affaire à des pauvres qu’il nourrit et qu’il enseigne. La fête d’aujourd’hui, la fête du Saint-Sacrement, est une invitation très forte à nourrir ceux qui ont faim aussi matériellement que Jésus l’a fait …
Pourquoi ne pas répondre à cette invitation, très concrètement cette semaine ? Chacun selon ses ressources, ses dons, ses forces ?
Mais Jésus n’en reste pas là : il pense à la nourriture spirituelle, qui est aussi un vrai service rendu aux pauvres ! Et c’est alors que la notion de « pauvreté » s’élargit : sans jamais oublier son premier sens de dénuement matériel, nous ne pouvons que constater que les auditeurs de Jésus sont des pauvres en ce sens qu’ils dépendent de Jésus et nous, qui sommes les adorateurs d’aujourd’hui, nous sommes des pauvres, non seulement parce que nous avons des pauvretés, mais aussi parce que nous dépendons entièrement de Dieu.
Adorer le saint-Sacrement, c’est faire profession de pauvreté et c’est dire à Jésus qu’il est notre vraie richesse, celle qui traverse le temps et même l’éternité. La plus grande richesse, c’est l’Eucharistie !
Cet épisode de la multiplication des pains a toujours été compris dans l’Eglise comme une annonce de l’Eucharistie, annonce de cette multiplication par laquelle l’unique corps du Christ nourrit la foule des fidèles.
c’est la raison pour laquelle ce texte est lu aujourd’hui : nous nous réjouissons de ce que le pain du ciel, le pain de vie, le pain des anges, est notre nourriture spirituelle : Jésus est le pain de vie, d’où le surnom de ce chapitre 6 de l’Evangile selon saint Jean : « le discours du pain de vie ».
Je voudrais noter un fait assez rare dans l’Evangile : une phrase fermée de Jésus (je m’explique) : ce que j’appelle une phrase ouverte, c’est une phrase qui nous permet de trouver une porte de sortie qui est sujette à l’interprétation
et que l’on vit comme on peut … mais dans ce discours du pain de vie, il y a une phrase fermée !
« si vous ne mangez pas la chair du fils de l’homme, et si nous ne buvez pas son sang, vous n’aurez pas la vie en vous »
Il est très fréquent que Jésus se montre très net, tranchant, même, dans l’Evangile, mais ce type de phrase qui ne laisse pas d’alternative est finalement assez rare, je pense à une autre :
« si vous ne changez pas pour devenir comme des petits enfants, vous n’entrerez pas dans le royaume des cieux »
C’est dire l’importance de cette attitude spirituelle : elle représente un impératif absolu, on ne peut en aucune manière « passer à côté » : nous devons recevoir le corps du Christ et boire son sang pour avoir la vie éternelle ! Il n’y a pas ceux qui peuvent s’en passer et ceux qui s’offrent un plus dans la vie spirituelle : il n’y a qu’une seule option …
Ceci a une conséquence très concrète : nous ne pouvons pas laisser dire qu’un chrétien peut être croyant et pas pratiquant, ou alors il nous faudrait abandonner cette phrase de Jésus en lui disant : « cher Jésus, toutes vos paroles sont très intéressantes, mais celle-là, de nos jours, on la laisserait bien de côté…
Et il me semble que pour faire avancer les choses, il faudrait simplement corriger l’expression « croyant-pas-pratiquant » en « croyant pas encore pratiquant »
De cette manière, nous faisons d’une pierre deux coups :
1) nous respectons la parole de Jésus, en accueillant tout son message et non simplement ce qui nous arrange ou nous dérange le moins
2) nous respectons le cheminement des gens, en particulier ceux qui, pour des raisons diverses, se sont éloignés de l’Eucharistie et doivent progressivement découvrir ou redécouvrir le trésor.
A ceci s’ajoute, mais c’est une évidence, que nous devons modestie garder si nous sommes fidèles à l’Eucharistie, car nous nous souvenons que nous sommes des pauvres …et que si l’Eucharistie est une nourriture ce n’est pas pour rien, cela veut dire que nous dépendons de Dieu et qu’il n’y a aucun orgueil à tirer de notre fidélité.
Même Dieu, lui le seul à pouvoir prétendre être riche, « Dieu se présente à nous dans la « pauvreté » des signes sacramentels, pain et vin » ; cette phrase est de Jean-Paul II dans l’encyclique « Ecclesia de Eucharistia ». Quel mystère, en effet, que Dieu se rende présent d’une manière aussi pauvre … c’est peut-être pour être accessible à tous ?
Dans cette même encyclique, Jean-Paul II qualifie la Vierge Marie de « Femme eucharistique », signifiant par là qu’elle a fait de toute sa vie un mystère conforme à l’Eucharistie, transformant ainsi sa vie comme une grande messe… qu’elle nous guide, en ce mois qui lui est consacré !
P. Emmanuel d'Andigné