02 août 2007

Homélies

Homélie du 17ème dimanche du temps ordinaire C - 29 juillet 2007
En lisant cet Evangile, j’ai tout de suite pensé à Pélage, pas vous ?

Pélage a vécu à cheval sur le 4ème et le 5ème siècle, il était contemporain de St Augustin, en qui il a trouvé son plus farouche adversaire … en effet, ce moine originaire de Bretagne s’est peu à peu écarté de la foi chrétienne jusqu’à devenir l’un des plus célèbres hérétiques de l’histoire de l’Eglise. Nous allons voir comment.

Son problème : Avoir lu, notamment, cet Evangile d’aujourd’hui A MOITIE !

Quand Jésus nous dit que Dieu est un Père, à qui on peut adresser toutes nos prières et que en plus il nous donne le détail de ce qu’il faut dire, passe encore … mais cela se complique dans la deuxième partie de l’Evangile : « demandez, vous recevrez, frappez, la porte vous sera ouverte … »

Nous avons tous fait l’expérience (et pourtant je suis jeune !) qu’il n’y a pas, en général dans la vie, cet automatisme un peu simple de la formule !!! Or il existe 2 façons d’éviter le problème, deux tentations dans lesquelles on tombe facilement. Pélage est tombé dans la première, et nous pourrions bien aussi tomber dans la seconde …

Voici ce que Jésus dit exactement : « Demandez, vous recevrez, cherchez, vous trouverez Frappez, la porte vous sera ouverte »

Autrement dit : d’un côté, il y a l’effort de l’homme qui demande, qui cherche, qui frappe … de l’autre, il y a l’effort de Dieu, qui donne, gratuitement. La religion est le résultat de la rencontre de ces deux efforts (les théologiens disent : « la rencontre entre la nature et la grâce).

Quelle a été l’erreur (et l’hérésie) de Pélage ? Eh bien, ce fut celle de durcir la moitié de cet Evangile :

« demandez, cherchez, frappez »,

parce que, finalement, c’est vous qui faites le travail, Dieu, lui, ne fera rien que de soutenir votre volonté, mais sûrement pas en donnant magiquement quoi que ce soit …avouez que c’est séduisant, et que, en plus, aujourd’hui, cela flatte notre mentalité pseudo-scientifique que nous déguisons souvent avec le mot « cartésien », de sorte que, finalement, sans nous en apercevoir, nous sommes un peu Pélagiens ! Nous sommes tellement influencés par l’athéisme pratique qui nous entoure, que nous ne faisons confiance qu’à la nature, qu’à l’effort de l’homme …et par un juste retour des choses, la deuxième tentation chatouille nos narines et vient affronter la première quand celle-ci nous fatigue :

« vous recevrez,
vous trouverez
la porte vous sera ouverte … »

De toutes façons, tout vient de Dieu, ce n’est pas la prière qui produit quoi que ce soit, tout est donné par pure grâce, il faut s’en remettre à la foi seule, c’est l’une des thèses d’un certain Luther … lui aussi était moine, et très ascète, comme Pélage, il avait une si grande conscience de la grâce de Dieu, et si grande conscience du péché de l’homme, qu’il considéra finalement qu’il faut s’en remettre à la seule grâce et que l’effort de l’homme est une mascarade peu convaincante

Je voudrais retirer au moins trois leçons de cet évangile : la première est l’exemple de Jésus, car si son enseignement est convaincant, c’est parce que lui-même passait des heures nombreuses à prier, et que nous devons l’imiter au plus près …

La seconde leçon est que Dieu est pour nous un Père, on ne le répétera jamais assez, car de là découlent beaucoup de choses, non seulement la confiance à toute épreuve, mais aussi la certitude d’être aimés tendrement, et aussi comme une sorte de partenariat, pour prendre un mot moderne, qui fait que nous sommes des fils et non des esclaves, que notre vie de foi est une rencontre de deux libertés.

Et la dernière leçon est celle que Pélage nous a livrée, malgré lui : tout est donné par Dieu, c’est vrai, mais il veut que nous le lui demandions, et que nous fassions notre part du chemin, que nous échauffions ses oreilles, avec une douce obstination.

P. Emmanuel d'Andigné

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