09 novembre 2009

Homélie du 08 novembre 2009

Homélie du 32ème dimanche du Temps Ordinaire - Année B
Connaissez-vous la luminothérapie ? On l’utilise dans le traitement de la dépression saisonnière et des troubles du sommeil ; il s’agit d’une projection de lumière censée stopper la production de mélatonine (l’hormone qui nous fait dormir) et stimuler la production de sérotonine (l’hormone qui nous donne la pêche !). Je ne me lance pas dans le débat médical, je souligne simplement le principe, qui est simple et qui se repose sur l’expérience : vous conviendrez avec moi que ces jours-ci, les jours raccourcissent, il pleut, les feuilles tombent … tous les ingrédients sont là pour que nous ayons le moral dans les chaussettes …ajoutez à cela un ou deux journaux télévisés et une épreuve dans votre famille, et le tour est joué ! Et donc, il est bien vrai que quand il fait froid, quand il pleut, quand il fait sombre, il est plus difficile d’être joyeux !

Or, il y a deux sortes de froid, il y a deux sortes de pluies, il y a deux sortes d’obscurité : le froid matériel, la pluie matérielle, l’obscurité matérielle et le « froid » spirituel, incarné par la « sorcière blanche » de « Narnia », cette « obscurité » spirituelle, où nous ne savons plus ce qui est bien vrai, beau, et enfin cette « pluie » du cœur que Verlaine a si bien décrite …

Je propose donc, en ce mois de novembre, une « luminothérapie spirituelle » : elle consiste à s’exposer au soleil de la présence de Dieu, par la prière. Je pense à l’événement désormais régulier des 24h d’adoration (le 28 novembre prochain), mais je pense aussi à quelque chose de régulier, sans quoi on ne pourrait pas parler de « thérapie » …

De la sorte, nous pourrions produire (pardon pour le terme) de la « Dieutonine », qui serait en nous le principe de la joie, non pas une joie superficielle, qui dépende du temps ou des aléas de la vie, mais une joie profonde, une lumière permanente, qui nous fait traverser l’hiver victorieusement, l’hiver matériel et les hivers spirituels …

Dieu est une richesse que personne ne peut prendre, celui qui a Dieu a tout, il n’a besoin de rien d’autre (« que rien ne te trouble, que rien ne t’effraie, celui qui a Dieu possède tout, seul Dieu suffit », disait Sainte Thérèse de Jésus )

Jean 16 "La femme qui enfante est dans la peine parce que son heure est arrivée. Mais, quand l'enfant est né, elle ne se souvient plus de son angoisse, dans la joie qu'elle éprouve du fait qu'un être humain est né dans le monde. Vous aussi, maintenant, vous êtes dans la peine, mais je vous reverrai, et votre coeur se réjouira ; et votre joie, personne ne vous l'enlèvera."

Je ne saurais décrire avec précision ce que j’éprouvais à chaque fois que, à Rome, j’entrais dans le réfectoire des petites sœurs de l’Agneau (communauté nouvelle née en France d’inspiration dominicaine), réfectoire qui respirait à la fois la pauvreté et la joie. Je sentais bien qu’il y avait ce cocktail de joie et de pauvreté, mais je ne me l’expliquais pas bien, pendant le temps de mon séminaire. Aujourd’hui, je le comprends mieux : la pauvreté sans Dieu est une misère double, la pauvreté avec Dieu pour richesse est plus puissante que la richesse même et elle provoque une joie indestructible. Jean 15 : « Je vous ai dit cela pour que ma joie soit en vous, et que vous soyez comblés de joie ! »

Si nous pouvions quitter cette vie en connaissant cette joie et en la portant autour de nous, alors nous nous aurions réussi notre vie, et c’est bien ce que les saints ont fait : le mois de novembre est le mois des saints, il commence par la Toussaint et il est une invitation à la joie en compagnie de Dieu.

Mais la luminothérapie spirituelle ne suffit pas, il est bon de connaître ce que St Ambroise appelait « les trois morts » : en étudiant la Bible, il en déduit qu'il existe trois types de mort :
- la séparation de l’âme et du corps

- la mort au péché, qui consiste à faire mourir dès cette vie tout ce qui a goût de mort, tout ce qui s’oppose à Dieu, formalisé dans les dix commandements

- la mort spirituelle, celle qui consiste, au contraire, tandis qu’on est encore vivant, à être mort à l’intérieur, par l’abandon volontaire de Dieu. C’est de cette mort-là que Jésus parlait lorsqu’il disait « laisse les morts enterrer leurs morts ».

St Paul enseigne en effet que c’est le péché qui fit entrer la mort dans le monde, voilà pourquoi aujourd’hui, la mort fait partie de la nature, de la nature blessée de l’homme et les deux autres morts s’annulent l’une l’autre dans une vie qui sera conforme au Christ

Tous saints !!! C’est le cri de la Toussaint, puissant appel à devenir des êtres lumineux ! Invoquons la Vierge Marie, sainte entre tous, pour qu’elle nous guide sur ce chemin de lumière.

P. Emmanuel d'Andigné

1 commentaire:

Unknown a dit…

Merci pour cette belle homélie je voudrai la mettre dans mon lycée avec la mention : à lire absolument en cas de mauvais temps ou coup de blues!!
Je peux?