Je rentre de Rome, j’y ai passé cinq jours de grâce ; nous étions 33 prêtres d’Angers (de 36 à 89 ans) et15000 du monde entier ! Nous venions clôturer l’année sacerdotale, inaugurée durant la fête du Sacré-Cœur 2009 (19 juin), le grand rendez-vous étant pour la fête du Sacré-Cœur 2010, le 11 juin dernier.
Pourquoi la fête du Sacré-Cœur, et pourquoi en 2009 ? Il s’agissait du 150ème anniversaire de la naissance au Ciel de Saint Jean-Marie Vianney, modèle de sacerdoce, qui disait : « le sacerdoce, c’est l’amour du cœur de Jésus ». Cette phrase peut se comprendre dans les deux sens : l’amour que le prêtre a pour le cœur de Jésus, mais aussi l’amour que Jésus a pour tout les hommes à travers le sacerdoce du prêtre.
Le 31 mai, déjà, en l’honneur de cette même année sacerdotale, j’avais participé à Pontmain à la rencontre de 600 prêtres de tout le quart Nord-Ouest de l’Eglise de France (la province ecclésiastique de Rennes).
Je voudrais vous faire profiter de quatre perles de ces deux rassemblements, des choses toutes simples mais qui contiennent une grande force, il me semble. Les deux premières se situent à Pontmain, les deux suivantes à Rome, « attachez vos ceintures, laissez vos bagages les plus lourds dans la soute, attention eu décollage ! »
Le 31 mai, à l’heure du déjeuner : j’entends un de mes confrères dire du bien d’un autre prêtre … jusque là, rien d’extraordinaire ! Mais en l’écoutant, je mesurais le contraste énorme entre les deux prêtres… c’est tellement plus facile de critiquer ceux qui sont si différents de nous. J’étais dans l’admiration de ce prêtre.
Un peu plus tard, dans la même journée, j’apprends qu’un autre de mes confrères fait la « promotion » de son successeur qui arrive en septembre. Là encore, je mesure le contraste entre ces deux prêtres et je m’émerveille : en effet, il doit bien se douter, connaissant son confrère, que celui-ci ne va pas reproduire le modèle précédent et qu’il fera sûrement des choses avec lesquelles il ne serait pas du tout à l’aise …
Bien sûr, j’attribue ces deux petits « miracles » à La Vierge Marie, mais aussi à mes confrères qui ont « travaillé sur eux-mêmes » ! Je vous fais profiter de ces deux expériences cléricales, vous le comprenez, pour que vous les receviez comme une réalité ecclésiale : que chacun d’entre nous, là où il est, s’inspire des merveilles que le Puissant fait pour nous et des efforts que d’autres pécheurs que nous font pour correspondre à l’amour de Dieu …
C’est à Rome que se situent les deux autres perles. Les trois premiers jours de notre périple romain furent vécus entre nous, prêtres d’Angers, les deux derniers jours avec les 15 000 prêtres du monde entier.
Nous avons reçu, je crois pouvoir le dire, une grâce d’intériorité, cette grâce ayant eu deux instruments : le chant grégorien et Benoît XVI lui-même.
« Parmi les chants liturgiques, la première place revient au chant grégorien », nous dit le Concile Vatican II (Sacrosanctum Concilium, n° 116)
On pourrait croire que c’est en vertu de l’ancienneté de ce chant que s’exprime ainsi le Concile (d’où les problèmes d’idéologie que nous connaissons en France, entre nostalgie et fuite en avant), mais il me semble que c’est surtout en raison de la convergence entre ces deux réalités parfaitement complémentaires : le chant et la Parole de Dieu. Tout le monde sait bien que le Concile a voulu que le Peuple de Dieu ait davantage accès à la Parole de son Créateur et y a même consacré une constitution dogmatique (Dei Verbum). Or il est impossible de séparer le grégorien de la parole de Dieu …
Le chant, c’est le beau au service du culte et de la prière. J’en profite, d’ailleurs, pour remercier ceux qui se donnent de la peine pour que les liturgies soient belles. La Parole de Dieu, elle, est la nourriture et le guide de nos vies. Le chant grégorien n’est qu’une suite presque ininterrompue de citations de l’Ecriture, et il est bien connu que dans ce répertoire, le texte prime sur la musique (d’où les syllabes interminables qui permettent de s’attarder sur un mot, pour qu’il fasse son œuvre dans le cœur). C’est dans le même esprit que le synode diocésain, dans son principe n°6, encourageait la redécouverte du grégorien, et sans doute aussi parce que la demande en a été faite un peu partout dans le diocèse …
Nous avons pu expérimenter le réel pouvoir d’intériorisation de ce chant, au beau milieu d’une foule peu concentrée au départ ! Mais nous avons été conduit dans ce sens aussi par un autre « instrument » : Benoît XVI lui-même …
On l’avait remarqué aux JMJ (ça devient une « marque de fabrique ») : ce Pape à la capacité de mettre une foule en silence, même quand il s’agit de 500 000 jeunes surexcité ou 15 000 prêtres … un peu moins excités !
Benoît XVI se fait si discret qu’on en oublie le Pape pour n’être plus à ce moment-là qu’à Dieu et Dieu seul …
Tout ceci nous conduit à découvrir Dieu à l’intérieur de nous, plutôt que de courir à l’extérieur et à évangéliser en se faisant oublier, tout ce qui compte, c’est que Jésus soit connu et aimé !
P. Emmanuel d'Andigné
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