03 mars 2011

Homélie du 27 février 2011-à chaque jour suffit sa peine

Homélie du 8ème dimanche du temps ordinaire – Année A

« A chaque jour suffit sa peine ». Voilà une expression courante, de sagesse, que bien des gens utilisent sans savoir qu’elle vient de l’Evangile, de la bouche même de Jésus. S’en persuader éviterait de s’inquiéter inutilement, de projeter toutes sortes de difficultés possibles, mais qui ne surviendront sans doute pas, ou bien seront à prendre en compte l’une après l’autre, tranquillement.

Dans ce « sermon sur la montagne », Jésus ne se contente pas d’énoncer des règles de savoir-vivre, de bonne conduite évitant les déboires. Il nous place sous le regard de notre Père du Ciel ; ce que faisait déjà le prophète Isaïe, dans la première lecture, mettant dans la bouche du Seigneur cette Parole : « même si une femme pouvait oublier son petit enfant, moi, je ne t’oublierai pas. »

« Vous ne pouvez pas servir à la fois Dieu et l’argent ». On sait combien de crimes se commettent pour acquérir des sommes énormes, par tous les moyens. L’actualité nous montre des dictateurs ayant accumulé d’immenses  richesses, tout en réduisant leurs peuples à la pauvreté. Mais, sans aller jusqu’à ces excès démesurés, n’y a-t-il pas dans nos vies un rapport à l’argent faussé, une dépendance à corriger ?

« Regardez les oiseaux du ciel, dit Jésus : ils ne font ni semailles ni moissons, ils ne font pas de réserves dans des greniers, et votre Père céleste les nourrit. »

Ce n’est pas une invitation à l’oisiveté, à l’insouciance ou l’imprévoyance. Un texte du livre des Proverbes, proposé aux futurs mariés, dit ceci : « la femme vaillante est infiniment plus précieuse  que les perles … elle fait provision de laine et de lin, et ses mains travaillent avec entrain. Sa main saisit la quenouille, ses doigts dirigent le fuseau. Ses doigts s’ouvrent en faveur du pauvre. »
Jésus s’adressait à des gens qui vivaient dans une société équilibrée, et qui risquaient d’accorder trop d’importance aux questions vestimentaires et alimentaires, au détriment du service du prochain, et, de ce fait, du service de Dieu.

Mais l’exemple des oiseaux est toujours bon à méditer. Car, s’ils ne cultivent pas, ils doivent se donner du mal pour trouver les graines qui leur conviennent, pour voler à la rencontre d’insectes nourrissants. S’ils ne sont pas satisfaits de leur menu, ils ne peuvent s’en prendre qu’à eux-mêmes, contrairement à tant d’humains toujours très critiques à l’égard de ce qu’on leur sert.

On peut penser à toutes les mères de famille qui, à longueur d’année, font de leur mieux pour contenter leurs enfants comme leurs époux et n’en sont pas toujours récompensées comme elles le méritent. Et n'oublions pas toutes celles qui sont bien obligées de se faire beaucoup de soucis pour nourrir et habiller leurs enfants, car, pour de multiples raisons, la misère les accable. A celles-là s’ajoutent les innombrables victimes des guerres civiles ou étrangères, révolution, persécutions, tueries et folies meurtrières.

« Cherchez d’abord le Royaume de Dieu et tout vous sera donné par surcroît », disait le verset de l’alleluia.
Chercher suppose un effort ; on n’a pas à chercher ce qui est apparent, évident ou donné. Fait-on preuve d’autant d’énergie pour tendre au royaume  de Dieu que pour choisir attentivement ce qui correspond le mieux au goût culinaire ou vestimentaire ?

Mais en quoi consiste la recherche du royaume de  Dieu ? L’apôtre Saint Paul le dit clairement aux chrétiens de la ville de Corinthe : « il faut que l’on nous regarde seulement comme les serviteurs du Christ et les intendants des mystères de Dieu ». Ce n’est pas un programme réservé aux religieux, religieuses ou 
prêtres, mais le but de la vie de tout baptisé.

« Et ce que l’on demande aux intendants, … c’est de mériter confiance »
Il appartient à chacun de juger de ce qu’il doit accomplir. L’Apôtre met en garde ses premiers chrétiens contre toute tentation de juger les autres. On ne peut même pas se juger soi-même. Ce serait manquer d’impartialité. « Celui qui juge, c’est le Seigneur ». Il nous faut demander la lumière pour exercer un jugement droit en ce qui concerne nos actions. Et écoutons la sagesse de Saint Paul : « ne portez pas de jugement prématuré, mais attendez la venue du seigneur, car il mettra en lumière ce qui est caché dans les ténèbres … alors la louange qui revient à chacun lui sera donné par Dieu. » Amen

P. Jean Rouillard

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