21 janvier 2012

Homélie du 08 janvier 2012-les narines, les genoux et les yeux

Homélie de l'Epiphanie 2012- Année B

L’épiphanie est un mystère tellement riche qu’il nous faut bien faire des choix … alors je choisis trois choses, simplement ! La première concerne nos narines, sur tout, et nos yeux, la seconde concerne nos genoux, et la troisième notre imagination.

La première est l’encens, puisque son usage a repris avec la fête de Noël, et en général, ici, l’encens souligne les solennités, mais on utilise l’encens aussi lors de vêpres solennelles ou alors au cours d’une sépulture et il se trouve que, dans le récit de la naissance de Jésus, il est question de l’encens offert par les mages …

Vous savez, sans doute qu’on s’accorde à dire généralement, sans que cela soit strictement de foi, que l’offrande de l’or veut signifier la royauté de Jésus, l’offrande de la myrrhe veut signifier l’ensevelissement et la résurrection de Jésus ; l’encens lui, souligne la divinité de Jésus

En effet, à l’époque du Christ, toutes les religions utilisaient de l’encens pour rendre hommage à la divinité : les juifs bien sûr, pour Dieu ; les religions dites orientales non-juives, non-chrétiennes, comme les égyptiens, mais aussi les romains, avec l’Empereur. Nombreux furent les chrétiens exécutés pour avoir refusé de brûler de l’encens devant l’Empereur. Bref, ce geste est universellement reconnu comme un hommage à la divinité.

Dans la liturgie catholique, il y a une particularité, c’est que Dieu s’est fait homme … et que par conséquent, on peut encenser d’autres que Dieu, dans la mesure où Dieu a lui-même « parfumé » de sa présence telle ou telle réalité, et particulièrement les personnes :

On encense le corps d’un défunt, car ce corps est le temple de l’Esprit saint, on encense les fidèles à la messe, pour la même raison : on reconnaît la présence de Dieu dans chaque fidèle. On encense les prêtres et les évêques, parce qu’en eux réside le Christ-Prêtre. Quant au diacre, on pourrait l’encenser aussi, mais il est souvent celui qui encense, ou qui veille à ce que l’encensement se passe bien ou puisse se faire.  On encense le pain et le vin, car ils vont devenir le corps et le sang du Christ, on les habitue, ainsi, à ce parfum de divinité qui va les envahir au moment de la consécration. On encense la parole de Dieu,
qui n’est autre que le Christ lui-même, on encense une icône, car elle est une présence de Dieu -inférieure, certes à la présence eucharistique,
mais réelle tout de même- bref, parfum pour parfum, on honore ainsi Dieu symboliquement, lui qui nous honore de sa présence parfumée d’amour, ce qui appelle, bien sûr, à le faire dans notre vie, et avec nos frères, sans quoi la liturgie risquerait de n’être que du théâtre …

La seconde chose que je voudrais remarquer avec vous dans ce récit de l’Epiphanie concerne nos genoux, puisqu’il en est question dans la liturgie de la parole : en effet, le psaume évoque la prosternation des rois de toutes les nations devant le Messie

Les rois de Tarsis et des Iles apporteront des présents. 
les rois de Saba et de Seba feront leur offrande. 
Tous les rois se prosterneront devant lui, 
tous les pays le serviront.

Et dans l’Evangile

Quand ils virent l'étoile, ils éprouvèrent une très grande joie. En entrant dans la maison, ils virent l'enfant avec Marie sa mère ; et, tombant à genoux, ils se prosternèrent devant lui.


Là encore, ce geste est universel, et remonte aux origines de l’humanité : il est la reconnaissance de notre petitesse et l’acte d’adoration que nous offrons à Dieu.

Dans sa sagesse,  l’Eglise ne préconise que quelques instants d’agenouillement : le dimanche des Rameaux et le vendredi saint, à la lecture de la passion, pour le moment de la mort du Christ ; le jour de Noël, au moment du Je crois en Dieu, quand il mentionne la naissance du Christ ; et enfin, au moment de la consécration, à chaque messe,
pour souligner la venue de Jésus sur l’autel.

Tout le monde comprend bien qu’il ne s’agit pas tant d’une règle que d’un acte spirituel, qui est un acte d’adoration, à la suite des mages !

Enfin, pour terminer, je voudrais vous lire un extrait de ce que notre évêque a écrit pour les vœux cette année, c’est tellement clair et nourrissant que je n’ajoute qu’une seule petite chose avant de lui donner la parole.

Les étoiles appartiennent, chez les mages d’orient, au monde de la divinité, et la mention de l’étoile qui guide les mages est une façon pour l’évangéliste de continuer l’œuvre de la Genèse qui consista à dire que les étoiles ne sont pas des dieux et que même les étoiles rendent hommage à Jésus en guidant les mages vers Jésus ; mais voici ce que dit l’Evêque :

L’étoile ne fait pas particulièrement partie des signes expressément reconnus comme venant de Dieu, elle relève plutôt de l’astrologie. Que veut nous faire comprendre l’Évangile en nous montrant ces trois hommes venus de pays lointains en suivant une étoile ?

Il veut nous signifier  que c’est par leur recherche, leur réflexion, leur désir de progresser dans la connaissance de la vérité, qu’ils ont fait ce long chemin et qu’ils viennent à la rencontre du Roi des Juifs qui vient de naître. Ils nous aident  à comprendre que l’homme de bonne volonté qui suit avec rigueur les critères de l’intelligence humaine peut parvenir à trouver le chemin vers Dieu ; que l’homme fidèle à sa conscience et guidé par son intelligence peut être conduit vers Dieu ; tout simplement parce que l’homme est créé à l’image de Dieu. En lui, est inscrite l’intelligence créatrice. Celle-ci est à même de mouvoir tout homme et de le conduire jusqu’à Celui en qui il trouve sa source et sa joie.

Nous saisissons mieux,  grâce  aux mages, combien  l’intelligence humaine est ordonnée à la volonté et au projet du Créateur de l’univers.

C’est un bel encouragement à l’évangélisation !!!

P. Emmanuel d'Andigné

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