Homélie de la "fête-Dieu" (Saint-Sacrement) 2009
La belle fête d’aujourd’hui m’invite à vous faire profiter d’un "topo" que je fais souvent sous une forme théâtrale, sur ce que j’appelle « les 5 noms de la messe ». J’ai choisi, en effet, parmi les 9 noms que le catéchisme du Concile donne à la messe, les 5 principaux, les 5 les plus importants, les plus usités dans l’histoire : « Repas du Seigneur ; fraction du pain ; eucharistie ; saint-sacrifice et messe, bien sûr » …
Le mot de « messe » est celui qui s’est imposé depuis plusieurs décennies, mais il est devenu tellement passe-partout qu’on en a oublié en général le sens : « Mittere » en latin signifie « envoyer ». On désigne donc l’ensemble de la messe par la fin de celle-ci : « allez dans la paix du paix du Christ », partager le trésor que vous avez reçu, « allez, de toutes les nations faites des disciples » ! Le mot « messe » et le mot « missionnaire » sont de même origine !
On désigne le tout par la partie c’est classique … c’est une synecdoque …
Une autre partie de la messe, la prière Eucharistique, a elle aussi donné son nom à toute la messe : Eucharistie. Ce terme est très ancien, le mot grec signifie « remercier ». C’est la désignation de ces longues prières juives, qui ne demandent quelque chose que lorsqu’elles ont longuement remercié Dieu pour tous les bienfaits accordés par lui. Appeler la messe « eucharistie », cela revient à deux choses : nous faire nous souvenir de nos origines juives, et développer en nous la reconnaissance et l’action de grâce, savoir reconnaître tous les bienfaits de Dieu …
La fraction du pain, quant à elle est encore une partie de la messe, toute petite, qui désigne la liturgie toute entière : c’est à ce geste que les disciples d’Emmaüs ont reconnu la présence de Jésus, et c’est encore valable aujourd’hui ! Il faut bien reconnaître que la concomitance de ce rite et de celui de la paix a peut-être tendance à masquer ce beau geste, que je vousn invite à regarder désormais de plus près. Pendant longtemps dans l’Eglise, les premiers temps surtout, on a désigné ainsi la messe, on allait « à la fraction du pain » …
Bien entendu, ce geste nous fait penser aujourd’hui au partage des richesses avec les plus pauvres, mais tout autant au corps brisé de Jésus, « ceci est mon corps livré, brisé sur la croix », Jésus annonce par là son sacrifice …
C’est donc tout naturellement que l’on a désigné pendant la plus grande partie des 2000 ans de christianisme la messe du terme de « sacrifice » et puis très vite de « saint-sacrifice de la messe ». La messe, voilà une définition qui est bien éclairante, est le renouvellement non-sanglant du sacrifice de Jésus sur la croix, et c’est ce qui donne à la messe sa consistance spirituelle, à vrai dire : elle est une affaire de vie ou de mort, une affaire de mort qui donne la vie, Jésus a laissé crucifier sa chair afin d’obtenir le Salut, et c’est par là que le Salut arrive.
On vient de l’entendre, c’est au cours d’un repas que Jésus institua l’Eucharistie, et c’est sans doute pour cette raison, et en outre à cause d’une citation du livre de l’Apocalypse (« heureux les invités au repas du Seigneur » (Ap 19 9) que cette expression désigna aussi le mystère de la messe, plutôt dans les débuts de l’histoire …
Ces 5 noms, et les quatre autres dont je n’ai pas parlé, révèlent quelle richesse il y a dans ce grand sacrement de l’Eucharistie, auquel deux fêtes sont réservées chaque année, et c’est bien le minimum, aujourd’hui et le Jeudi saint.
Avec la richesse spirituelle, on pressent aussi l’idée de mystère : le mystère, dans la foi chrétienne, ce n’est quelque chose auquel on ne comprend rien, c’est quelque chose auquel on comprend quelque chose, tandis que la plus grande partie nous échappe …
Nous pouvons comprendre le mystère de la sainte Trinité, ou celui du saint-Sacrement, mais, c’est vrai, nous savons aussi que la plus grande partie nous échappe …
Voilà pourquoi nous avons besoin les uns des autres, car d’une personne à l’autre, d’une génération à l’autre, d’une époque à l’autre, on est davantage sensible à tel ou tel aspect du même mystère, et ainsi, nous sommes comme devant une immense statue, et chacun, de son point de vue décrit bien la même statue, mais de là où il est et son point de vue éclaire les autres.
Je vous invite, par conséquent, à vous dire intérieurement : « certes, parmi ces 5 noms, l’un ou l’autre me convainc davantage, mais je dois avoir l’humilité de reconnaître que je ne peux pas tout saisir tout seul, et je décide de me laisser enseigner par l’histoire de l’Eglise et par mon frère qui est là, pour embrasser avec lui l’unique mystère »
Et le mot « communion » prend une autre tournure : il ne désigne pas seulement le fait de recevoir l’hostie (c’est le premier sens), il désigne aussi le choix réaliste de me réjouir de ce que mon frère qui est là me révèle une partie du mystère, et je dois tout faire pour construire la communion.
Le mot de « messe » est celui qui s’est imposé depuis plusieurs décennies, mais il est devenu tellement passe-partout qu’on en a oublié en général le sens : « Mittere » en latin signifie « envoyer ». On désigne donc l’ensemble de la messe par la fin de celle-ci : « allez dans la paix du paix du Christ », partager le trésor que vous avez reçu, « allez, de toutes les nations faites des disciples » ! Le mot « messe » et le mot « missionnaire » sont de même origine !
On désigne le tout par la partie c’est classique … c’est une synecdoque …
Une autre partie de la messe, la prière Eucharistique, a elle aussi donné son nom à toute la messe : Eucharistie. Ce terme est très ancien, le mot grec signifie « remercier ». C’est la désignation de ces longues prières juives, qui ne demandent quelque chose que lorsqu’elles ont longuement remercié Dieu pour tous les bienfaits accordés par lui. Appeler la messe « eucharistie », cela revient à deux choses : nous faire nous souvenir de nos origines juives, et développer en nous la reconnaissance et l’action de grâce, savoir reconnaître tous les bienfaits de Dieu …
La fraction du pain, quant à elle est encore une partie de la messe, toute petite, qui désigne la liturgie toute entière : c’est à ce geste que les disciples d’Emmaüs ont reconnu la présence de Jésus, et c’est encore valable aujourd’hui ! Il faut bien reconnaître que la concomitance de ce rite et de celui de la paix a peut-être tendance à masquer ce beau geste, que je vousn invite à regarder désormais de plus près. Pendant longtemps dans l’Eglise, les premiers temps surtout, on a désigné ainsi la messe, on allait « à la fraction du pain » …
Bien entendu, ce geste nous fait penser aujourd’hui au partage des richesses avec les plus pauvres, mais tout autant au corps brisé de Jésus, « ceci est mon corps livré, brisé sur la croix », Jésus annonce par là son sacrifice …
C’est donc tout naturellement que l’on a désigné pendant la plus grande partie des 2000 ans de christianisme la messe du terme de « sacrifice » et puis très vite de « saint-sacrifice de la messe ». La messe, voilà une définition qui est bien éclairante, est le renouvellement non-sanglant du sacrifice de Jésus sur la croix, et c’est ce qui donne à la messe sa consistance spirituelle, à vrai dire : elle est une affaire de vie ou de mort, une affaire de mort qui donne la vie, Jésus a laissé crucifier sa chair afin d’obtenir le Salut, et c’est par là que le Salut arrive.
On vient de l’entendre, c’est au cours d’un repas que Jésus institua l’Eucharistie, et c’est sans doute pour cette raison, et en outre à cause d’une citation du livre de l’Apocalypse (« heureux les invités au repas du Seigneur » (Ap 19 9) que cette expression désigna aussi le mystère de la messe, plutôt dans les débuts de l’histoire …
Ces 5 noms, et les quatre autres dont je n’ai pas parlé, révèlent quelle richesse il y a dans ce grand sacrement de l’Eucharistie, auquel deux fêtes sont réservées chaque année, et c’est bien le minimum, aujourd’hui et le Jeudi saint.
Avec la richesse spirituelle, on pressent aussi l’idée de mystère : le mystère, dans la foi chrétienne, ce n’est quelque chose auquel on ne comprend rien, c’est quelque chose auquel on comprend quelque chose, tandis que la plus grande partie nous échappe …
Nous pouvons comprendre le mystère de la sainte Trinité, ou celui du saint-Sacrement, mais, c’est vrai, nous savons aussi que la plus grande partie nous échappe …
Voilà pourquoi nous avons besoin les uns des autres, car d’une personne à l’autre, d’une génération à l’autre, d’une époque à l’autre, on est davantage sensible à tel ou tel aspect du même mystère, et ainsi, nous sommes comme devant une immense statue, et chacun, de son point de vue décrit bien la même statue, mais de là où il est et son point de vue éclaire les autres.
Je vous invite, par conséquent, à vous dire intérieurement : « certes, parmi ces 5 noms, l’un ou l’autre me convainc davantage, mais je dois avoir l’humilité de reconnaître que je ne peux pas tout saisir tout seul, et je décide de me laisser enseigner par l’histoire de l’Eglise et par mon frère qui est là, pour embrasser avec lui l’unique mystère »
Et le mot « communion » prend une autre tournure : il ne désigne pas seulement le fait de recevoir l’hostie (c’est le premier sens), il désigne aussi le choix réaliste de me réjouir de ce que mon frère qui est là me révèle une partie du mystère, et je dois tout faire pour construire la communion.
Que Marie, notre « mère de famille », rassemble tous ses enfants dans la confession d’un même et grand mystère !
P. Emmanuel d'Andigné
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