25 août 2009

Homélies

FÊTE DE L’ ASSOMPTION – ANNEE B


15 AOÛT 2009





Tous les Français connaissent le 15 août. C’est une fête qui évoque les congés, les vacances, le soleil et les voyages. Beaucoup moins connaissent le mot « Assomption ». Très peu en connaissent le sens, la signification. Ils ignorent tout autant qu’elle concerne la Vierge Marie.

La foi en l’Assomption de Marie est très ancienne dans l’Eglise, tant orientale qu’occidentale. Saint Grégoire de Tours l’exprime déjà au VIème siècle. Saint Albert le Grand, Saint Thomas d’Aquin et Saint Bonaventure, au XIIIème siècle, la commentèrent plus largement. Mais on célébrait cette fête dès le IVème siècle à Antioche, et en Palestine au Vème siècle.

Il semble que la date du 15 août ait été choisie en Orient par l’empereur Maurice, à la fin du VIème siècle, pour commémorer la consécration à Jérusalem d’une des toutes premières églises érigées en l’honneur de la Vierge Marie montée au ciel. Le 15 août fut longtemps le jour de la fête nationale en France.

Rappelons les mots par lesquels le Pape Pie XII, le 1er novembre 1950, affirmait de façon définitive la foi de l’Assomption de la Vierge Marie :
« Nous affirmons, nous déclarons et nous définissons comme un dogme divinement révélé que l’Immaculée Mère de Dieu, Marie toujours Vierge, après avoir achevé le cours de sa vie terrestre, a été élevée en corps et en âme à la gloire céleste ».

L’Assomption de Marie découle de sa maternité divine : Dieu « a préservé de la dégradation du tombeau le corps qui avait porté son propre Fils et mis au monde l’auteur de la vie », dira la préface de la messe.

Ce privilège unique de la Mère de Dieu se répercute en notre faveur, comme le développent différents textes du dernier Concile : ainsi, « après son Assomption au ciel, le rôle de la Vierge Marie dans le salut ne s’interrompt pas : par son intercession répétée, elle continue à nous obtenir les dons qui assurent notre salut éternel… C’est pourquoi la bienheureuse Vierge est invoquée dans l’Eglise sous les titres d’avocate, d’auxiliaire, de secourable, de médiatrice. »

« Tout comme dans le ciel où elle est déjà glorifiée corps et âme, la Mère de Jésus représente et inaugure l’Eglise en son achèvement dans le siècle futur, de même sur terre, en attendant la venue du Jour du Seigneur, elle brille déjà comme un signe d’espérance assurée et de consolation devant le peuple de Dieu en pèlerinage. »

En ce jour où approche de sa fin le pèlerinage « national » à Lourdes, nous nous unissons à la prière de tous les malades et autres personnes qui recourent à la bienheureuse Vierge.

Nous nous rappelons aussi que le 14 août 1941 au soir, mourait à Auschwitz un franciscain polonais, Maximilien Marie Kolbe, fondateur de la milice de l’Immaculée pour évangéliser le monde moderne. Il avait offert sa vie à la place d’un père de famille déporté comme lui. Jean-Paul II l’a canonisé en 1982.

Ce saint martyr avait écrit :
« Laissons-nous donc diriger par la Vierge immaculée, laissons-nous conduire par sa main, soyons sous sa conduite tranquilles et confiants : elle s’occupera de tout pour nous, elle pourvoira à tout, elle subviendra promptement aux besoins du corps et de l’âme, elle écartera elle-même les difficultés et les angoisses. »

C’est dans ce même esprit de confiance que Benoit XVI terminait son encyclique « Dieu est Amour » par cette prière :

« Sainte Marie, Mère de Dieu, tu as donné au monde la vraie lumière, Jésus ton fils, Fils de Dieu. Tu t’es abandonnée complètement à l’appel de Dieu, et tu es devenue ainsi la source de la bonté qui jaillit de Lui.
Montre-nous Jésus. Guide-nous vers Lui.
Enseigne-nous à la connaître et à l’aimer, afin que nous puissions, nous aussi, devenir capables d’un amour vrai, et être sources d’eau vive au milieu d’un monde assoiffé. »



Amen
Père Jean Rouillard

Homélies

19ème DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE – ANNEE B


9 AOÛT 2009



Les Juifs récriminaient contre Jésus parce qu’il avait dit : « Moi je suis le pain qui est descendu du ciel. »

Qui d’entre nous, je vous le demande, n’aurait pas été choqué par de telles paroles venant d’un homme que l’on connaît ? « Nous connaissons bien son père et sa mère », disent les gens… comment peut-il prétendre venir du ciel ? »

Nous, chrétiens du XXIème siècle, nous savons que Jésus annonçait déjà l’Eucharistie. Quand Jésus prononça son discours sur ce qu’on appelle aujourd’hui son « discours sur le pain de vie », les auditeurs ne pouvaient pas le deviner.

Alors, comment admettre ces paroles : « Moi, je suis le pain vivant qui est venu du ciel ; si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement », et plus encore : « Le pain que je donnerai, c’est ma chair, donnée pour que le monde ait la vie » ?

Jésus n’ignore pas l’incrédulité des Juifs auxquels il s’adresse, c’est pourquoi il ajoute aussitôt : « personne ne peut venir à moi si le Père qui m’a envoyé ne l’attire pas vers moi. » C’est dire que la réflexion, le bon sens, ne suffisent pas pour accueillir les paroles de Jésus. Il faut être, d’une certaine manière, « instruits par Dieu lui-même », comme disaient les prophètes.

Il faut avoir le cœur ouvert à ce qui dépasse l’intelligence et les connaissances humaines. « Tout homme qui écoute les enseignements du Père vient à moi », dit Jésus. C’est ce que l’Eglise appelle la grâce.
« Celui qui croit en moi a la vie éternelle », affirme le Seigneur.

La vie, le pain qui donne la vie, une vie qui ne finira pas, et qui s’épanouira dans l’amour, ce sont les mots principaux des lectures de cette messe.

Le Livre des Rois nous présente le prophète Elie accablé par l’incompréhension du peuple, par les échecs, par l’hostilité de la reine Jézabel qui en veut à sa vie. Il est épuisé par une longue marche d’une journée dans le désert.

Sa plainte n’est-elle pas celle de beaucoup de nos contemporains, découragés, désabusés : « Maintenant, Seigneur, c’en est trop ! Reprends ma vie, je ne vaux pas mieux que mes pères. »

Mais le Seigneur n’abandonne pas son serviteur qui dort : « Lève-toi et mange. » Il y a là, tout près, du pain et de l’eau, de quoi reprendre un peu d’espérance, même si le sommeil l’emporte une seconde fois.

Finalement, « Elie se leva, mangea et but. Puis, fortifié par cette nourriture, il marcha quarante jours et quarante nuits jusqu’à l’Horeb, la montagne de Dieu. »

N’est-ce pas le symbole de la proximité de Dieu dans nos vies ? Le Christ est la source d’eau vive, qui redonne fraîcheur et vigueur aux jours de sécheresse ; il est le pain vivant alimentant nos énergies pour poursuivre la route avec courage et confiance. C’est le sens de l’Eucharistie, qui doit nous permettre de vivre de la manière exprimée par Saint Paul écrivant aux Ephésiens : « Vivez dans l’amour comme le Christ ; il nous a aimés et s’est livré pour nous en offrant à Dieu le sacrifice qui pouvait lui plaire. »

Cette magnifique lettre indique de façon très concrète la manière de vivre selon le saint Esprit de Dieu : « Faites disparaître de votre vie tout ce qui est amertume, emportement, colères, éclats de voix, ou insultes, ainsi que toute espèce de méchanceté. »

Celui qui a écrit cela n’est pas un doux rêveur, idéaliste. Il a été un violent persécuteur des chrétiens. Après sa conversion, il a subi toutes sortes de tourments de la part de ses adversaires, jusqu’à être lapidé et laissé pour mort.

Malgré cela, il ose déclarer : « Soyez entre vous pleins de générosité et de tendresse. Pardonnez-vous les uns aux autres, comme Dieu vous a pardonné dans le Christ. »
« Cherchez à imiter Dieu, puisque vous êtes ses enfants bien-aimés. »

Voilà ce que peut accomplir la grâce de Dieu dans un cœur bien disposé, et ce qui fait chanter dans l’Eglise :

« Goûtez et voyez comme est bon le Seigneur. Je bénirai le Seigneur en tout temps, sa louange sans cesse à mes lèvres. »

Amen
Père Jean Rouillard

02 août 2009

Homélie du 2 août 2009

Homélie du 18ème dimanche du Temps Ordinaire - Année B
Tout me monde sait bien que lorsqu’un objet tombe dans l’eau, se forment autour du point d’impact des cercles concentriques et centrifuges de plus en plus grands ; c’est de cette manière, je crois, que fonctionne l’évangélisation !

Le premier « cercle » est notre propre personne, qui se laisse évangéliser chaque dimanche, car nous devrons toute notre vie évangéliser la partie païenne de nous-mêmes, celle qui a du mal à croire, à aimer et à espérer. Pour ce faire, nous pourrions procéder à la manière du récit d’un pèlerin russe, qui pour faire descendre les affirmations de la foi de la tête au cœur répétait inlassablement : « Seigneur, Jésus Christ, Fils de Dieu, aie pitié de moi, pécheur ». Nous pourrions, après la messe du dimanche, répéter souvent une phrase qui nous paraît importante extraite de l’Evangile ; je propose : « l’œuvre de Dieu, c’est que vous croyiez en celui qu’il a envoyé » …et ainsi, incliner notre cœur à croire, à recevoir l’Evangile et le Christ, afin que le premier cercle de l’Evangélisation soit respecté.

Pour les époux, c’est la même chose, et on reste dans le premier cercle (on ne fait plus qu’un), on se soutient l’un l’autre, on s’évangélise l’un l’autre. A ce stade, avant de passer au cercle suivant, il faut s’arrêter un instant sur le mot « croire »

« l’œuvre de Dieu, c’est que vous croyiez en celui qu’il a envoyé »

Croire, ce n’est pas simplement « n’avoir aucune difficulté avec les articles du Credo », car il se peut que notre intelligence bute sur une difficulté sans pour autant remettre en cause notre confiance en Jésus, notre foi en lui.

Croire, ce n’est pas simplement « sentir que Dieu existe », car il se peut que notre état psychologique rende difficile ce genre de ressenti, en ce moment du moins, ou en vertu de notre âge, ou à cause d’un événement.

On ne peut pas, on ne doit pas réduire la foi à des contenus intellectuels ou à un sentiment. Croire, c’est adhérer à quelqu’un, suivre quelqu’un dont on finit par accepter la moindre parole, tant la confiance est forte en lui : cela engage toute la personne …

On a forcément tendance, en fonction de son âge, de son éducation, de ses expériences, à avoir comme porte d’entrée l’intelligence ou le cœur, ou parfois même le sens du service, c’est bon tant que cela reste une porte d’entrée, et qu’on ne reste pas sur le pas de la porte.

Dans le premier cercle, le plus petit, on est soi-même évangélisé. Dans le second, un peu plus large, on évangélise les enfants, on prépare à la génération suivante l’héritage, comme l’a dit le psaume : «Nous avons entendu et appris, nos pères nous ont rapporté et nous redirons à l’âge qui vient les titres du Seigneur, sa puissance ». C’est là, il me semble, à ce stade, qu’il faut que nous nous formions !

J’avais proposé l’an dernier une « formation à l’évangélisation », sur la base de la lecture d’une encyclique magnifique du pape Paul VI « Evangelii nuntiandi », qui malgré son « âge » reste un ouvrage de référence et qui n’a pas pratiquement pas vieilli ! Cette encyclique explique en peu de mots de quelle manière ont doit évangéliser les non-chrétiens : En se laissant évangéliser soi-même, en étant cohérents avec le message que l’on diffuse, en laissant Dieu agir dans les cœurs sans agir directement sur eux, les évangéliser par l’exemple et par la parole … bref, c’est aussi en fait un concentré d’éducation chrétienne ! Je suis convaincu que les règles qui régissent l’Evangélisation pour l’Eglise universelle sont aussi valables dans cette petite Eglise qu’est la famille. L’enseignement de l’Eglise dit de la famille qu’elle est une « Eglise domestique », version simplement plus petite du même mystère.

L’éducation des enfants est une véritable évangélisation domestique, de sorte que non seulement nous leur apporterons le Salut, mais en plus nous forgerons avec moins d’efforts en eux une âme de missionnaires, sans laquelle ils pourront plus difficilement porter le nom de chrétiens. Un chrétien qui n’évangélise pas est tout doucement en train de s’éteindre et quand la lumière du monde s’éteint, le monde a froid et il est désorienté

Et bien entendu, le « troisième cercle » viendra (d’ailleurs c’est le même qui s’étend en réalité…), et c’est là que la paroisse intervient, pour fournir des éléments à chaque paroissien, afin qu’il puisse humblement et simplement évangéliser là où il est. La paroisse est là aussi pour mettre en œuvre une méthode d’évangélisation, Alpha, les cellules paroissiales d’évangélisation, les fraternités appelées de leurs vœux par le synode diocésain, l’évangélisation de rue, et tout autre méthode … pourvu qu’elle respecte au moins ces deux principes : le respect de l’être intérieur et de la liberté de celui qu’on évangélise et d’autre part l’audace de parler explicitement de notre foi.

Pour revenir à l’Evangile et terminer avec lui, puisque Jésus reproche à la foule de le chercher pour le pain et non pour lui-même, il y a un véritable travail à faire pour étudier chez nos contemporains ce qui fait qu’ils pourraient avoir le désir de suivre Jésus …
A l’époque de Jésus, il y avait au moins deux problèmes à régler :
- donner du pain à tout le monde (le problème de la pauvreté)
- savoir quand viendrait le Messie et si Jésus était celui-là

Quant au pain, ce n’est pas terminé, et quand à savoir si Jésus est le messie, à vrai dire non plus, mais différemment tout de même et la question est « comment ? » : quelle sera la recherche de nos contemporains qui pourrait les pousser à aller vers Jésus ?

Ce qui est merveilleux, et encourageant, c’est que quelle que soit l’époque ou le lieu, la proclamation de l’Evangile produit le même effet, y compris chez des non-juifs. Que l’Esprit de Dieu nous éclaire sur cette recherche, afin que nous puissions partager notre trésor à ceux qui sont là, tout prêt …
P. Emmanuel d'Andigné