Homélie du 18ème dimanche du Temps Ordinaire - Année B
Tout me monde sait bien que lorsqu’un objet tombe dans l’eau, se forment autour du point d’impact des cercles concentriques et centrifuges de plus en plus grands ; c’est de cette manière, je crois, que fonctionne l’évangélisation !
Le premier « cercle » est notre propre personne, qui se laisse évangéliser chaque dimanche, car nous devrons toute notre vie évangéliser la partie païenne de nous-mêmes, celle qui a du mal à croire, à aimer et à espérer. Pour ce faire, nous pourrions procéder à la manière du récit d’un pèlerin russe, qui pour faire descendre les affirmations de la foi de la tête au cœur répétait inlassablement : « Seigneur, Jésus Christ, Fils de Dieu, aie pitié de moi, pécheur ». Nous pourrions, après la messe du dimanche, répéter souvent une phrase qui nous paraît importante extraite de l’Evangile ; je propose : « l’œuvre de Dieu, c’est que vous croyiez en celui qu’il a envoyé » …et ainsi, incliner notre cœur à croire, à recevoir l’Evangile et le Christ, afin que le premier cercle de l’Evangélisation soit respecté.
Pour les époux, c’est la même chose, et on reste dans le premier cercle (on ne fait plus qu’un), on se soutient l’un l’autre, on s’évangélise l’un l’autre. A ce stade, avant de passer au cercle suivant, il faut s’arrêter un instant sur le mot « croire »
« l’œuvre de Dieu, c’est que vous croyiez en celui qu’il a envoyé »
Croire, ce n’est pas simplement « n’avoir aucune difficulté avec les articles du Credo », car il se peut que notre intelligence bute sur une difficulté sans pour autant remettre en cause notre confiance en Jésus, notre foi en lui.
Croire, ce n’est pas simplement « sentir que Dieu existe », car il se peut que notre état psychologique rende difficile ce genre de ressenti, en ce moment du moins, ou en vertu de notre âge, ou à cause d’un événement.
On ne peut pas, on ne doit pas réduire la foi à des contenus intellectuels ou à un sentiment. Croire, c’est adhérer à quelqu’un, suivre quelqu’un dont on finit par accepter la moindre parole, tant la confiance est forte en lui : cela engage toute la personne …
On a forcément tendance, en fonction de son âge, de son éducation, de ses expériences, à avoir comme porte d’entrée l’intelligence ou le cœur, ou parfois même le sens du service, c’est bon tant que cela reste une porte d’entrée, et qu’on ne reste pas sur le pas de la porte.
Dans le premier cercle, le plus petit, on est soi-même évangélisé. Dans le second, un peu plus large, on évangélise les enfants, on prépare à la génération suivante l’héritage, comme l’a dit le psaume : «Nous avons entendu et appris, nos pères nous ont rapporté et nous redirons à l’âge qui vient les titres du Seigneur, sa puissance ». C’est là, il me semble, à ce stade, qu’il faut que nous nous formions !
J’avais proposé l’an dernier une « formation à l’évangélisation », sur la base de la lecture d’une encyclique magnifique du pape Paul VI « Evangelii nuntiandi », qui malgré son « âge » reste un ouvrage de référence et qui n’a pas pratiquement pas vieilli ! Cette encyclique explique en peu de mots de quelle manière ont doit évangéliser les non-chrétiens : En se laissant évangéliser soi-même, en étant cohérents avec le message que l’on diffuse, en laissant Dieu agir dans les cœurs sans agir directement sur eux, les évangéliser par l’exemple et par la parole … bref, c’est aussi en fait un concentré d’éducation chrétienne ! Je suis convaincu que les règles qui régissent l’Evangélisation pour l’Eglise universelle sont aussi valables dans cette petite Eglise qu’est la famille. L’enseignement de l’Eglise dit de la famille qu’elle est une « Eglise domestique », version simplement plus petite du même mystère.
L’éducation des enfants est une véritable évangélisation domestique, de sorte que non seulement nous leur apporterons le Salut, mais en plus nous forgerons avec moins d’efforts en eux une âme de missionnaires, sans laquelle ils pourront plus difficilement porter le nom de chrétiens. Un chrétien qui n’évangélise pas est tout doucement en train de s’éteindre et quand la lumière du monde s’éteint, le monde a froid et il est désorienté
Et bien entendu, le « troisième cercle » viendra (d’ailleurs c’est le même qui s’étend en réalité…), et c’est là que la paroisse intervient, pour fournir des éléments à chaque paroissien, afin qu’il puisse humblement et simplement évangéliser là où il est. La paroisse est là aussi pour mettre en œuvre une méthode d’évangélisation, Alpha, les cellules paroissiales d’évangélisation, les fraternités appelées de leurs vœux par le synode diocésain, l’évangélisation de rue, et tout autre méthode … pourvu qu’elle respecte au moins ces deux principes : le respect de l’être intérieur et de la liberté de celui qu’on évangélise et d’autre part l’audace de parler explicitement de notre foi.
Pour revenir à l’Evangile et terminer avec lui, puisque Jésus reproche à la foule de le chercher pour le pain et non pour lui-même, il y a un véritable travail à faire pour étudier chez nos contemporains ce qui fait qu’ils pourraient avoir le désir de suivre Jésus …
A l’époque de Jésus, il y avait au moins deux problèmes à régler :
- donner du pain à tout le monde (le problème de la pauvreté)
- savoir quand viendrait le Messie et si Jésus était celui-là
Quant au pain, ce n’est pas terminé, et quand à savoir si Jésus est le messie, à vrai dire non plus, mais différemment tout de même et la question est « comment ? » : quelle sera la recherche de nos contemporains qui pourrait les pousser à aller vers Jésus ?
Ce qui est merveilleux, et encourageant, c’est que quelle que soit l’époque ou le lieu, la proclamation de l’Evangile produit le même effet, y compris chez des non-juifs. Que l’Esprit de Dieu nous éclaire sur cette recherche, afin que nous puissions partager notre trésor à ceux qui sont là, tout prêt …
P. Emmanuel d'Andigné
Le premier « cercle » est notre propre personne, qui se laisse évangéliser chaque dimanche, car nous devrons toute notre vie évangéliser la partie païenne de nous-mêmes, celle qui a du mal à croire, à aimer et à espérer. Pour ce faire, nous pourrions procéder à la manière du récit d’un pèlerin russe, qui pour faire descendre les affirmations de la foi de la tête au cœur répétait inlassablement : « Seigneur, Jésus Christ, Fils de Dieu, aie pitié de moi, pécheur ». Nous pourrions, après la messe du dimanche, répéter souvent une phrase qui nous paraît importante extraite de l’Evangile ; je propose : « l’œuvre de Dieu, c’est que vous croyiez en celui qu’il a envoyé » …et ainsi, incliner notre cœur à croire, à recevoir l’Evangile et le Christ, afin que le premier cercle de l’Evangélisation soit respecté.
Pour les époux, c’est la même chose, et on reste dans le premier cercle (on ne fait plus qu’un), on se soutient l’un l’autre, on s’évangélise l’un l’autre. A ce stade, avant de passer au cercle suivant, il faut s’arrêter un instant sur le mot « croire »
« l’œuvre de Dieu, c’est que vous croyiez en celui qu’il a envoyé »
Croire, ce n’est pas simplement « n’avoir aucune difficulté avec les articles du Credo », car il se peut que notre intelligence bute sur une difficulté sans pour autant remettre en cause notre confiance en Jésus, notre foi en lui.
Croire, ce n’est pas simplement « sentir que Dieu existe », car il se peut que notre état psychologique rende difficile ce genre de ressenti, en ce moment du moins, ou en vertu de notre âge, ou à cause d’un événement.
On ne peut pas, on ne doit pas réduire la foi à des contenus intellectuels ou à un sentiment. Croire, c’est adhérer à quelqu’un, suivre quelqu’un dont on finit par accepter la moindre parole, tant la confiance est forte en lui : cela engage toute la personne …
On a forcément tendance, en fonction de son âge, de son éducation, de ses expériences, à avoir comme porte d’entrée l’intelligence ou le cœur, ou parfois même le sens du service, c’est bon tant que cela reste une porte d’entrée, et qu’on ne reste pas sur le pas de la porte.
Dans le premier cercle, le plus petit, on est soi-même évangélisé. Dans le second, un peu plus large, on évangélise les enfants, on prépare à la génération suivante l’héritage, comme l’a dit le psaume : «Nous avons entendu et appris, nos pères nous ont rapporté et nous redirons à l’âge qui vient les titres du Seigneur, sa puissance ». C’est là, il me semble, à ce stade, qu’il faut que nous nous formions !
J’avais proposé l’an dernier une « formation à l’évangélisation », sur la base de la lecture d’une encyclique magnifique du pape Paul VI « Evangelii nuntiandi », qui malgré son « âge » reste un ouvrage de référence et qui n’a pas pratiquement pas vieilli ! Cette encyclique explique en peu de mots de quelle manière ont doit évangéliser les non-chrétiens : En se laissant évangéliser soi-même, en étant cohérents avec le message que l’on diffuse, en laissant Dieu agir dans les cœurs sans agir directement sur eux, les évangéliser par l’exemple et par la parole … bref, c’est aussi en fait un concentré d’éducation chrétienne ! Je suis convaincu que les règles qui régissent l’Evangélisation pour l’Eglise universelle sont aussi valables dans cette petite Eglise qu’est la famille. L’enseignement de l’Eglise dit de la famille qu’elle est une « Eglise domestique », version simplement plus petite du même mystère.
L’éducation des enfants est une véritable évangélisation domestique, de sorte que non seulement nous leur apporterons le Salut, mais en plus nous forgerons avec moins d’efforts en eux une âme de missionnaires, sans laquelle ils pourront plus difficilement porter le nom de chrétiens. Un chrétien qui n’évangélise pas est tout doucement en train de s’éteindre et quand la lumière du monde s’éteint, le monde a froid et il est désorienté
Et bien entendu, le « troisième cercle » viendra (d’ailleurs c’est le même qui s’étend en réalité…), et c’est là que la paroisse intervient, pour fournir des éléments à chaque paroissien, afin qu’il puisse humblement et simplement évangéliser là où il est. La paroisse est là aussi pour mettre en œuvre une méthode d’évangélisation, Alpha, les cellules paroissiales d’évangélisation, les fraternités appelées de leurs vœux par le synode diocésain, l’évangélisation de rue, et tout autre méthode … pourvu qu’elle respecte au moins ces deux principes : le respect de l’être intérieur et de la liberté de celui qu’on évangélise et d’autre part l’audace de parler explicitement de notre foi.
Pour revenir à l’Evangile et terminer avec lui, puisque Jésus reproche à la foule de le chercher pour le pain et non pour lui-même, il y a un véritable travail à faire pour étudier chez nos contemporains ce qui fait qu’ils pourraient avoir le désir de suivre Jésus …
A l’époque de Jésus, il y avait au moins deux problèmes à régler :
- donner du pain à tout le monde (le problème de la pauvreté)
- savoir quand viendrait le Messie et si Jésus était celui-là
Quant au pain, ce n’est pas terminé, et quand à savoir si Jésus est le messie, à vrai dire non plus, mais différemment tout de même et la question est « comment ? » : quelle sera la recherche de nos contemporains qui pourrait les pousser à aller vers Jésus ?
Ce qui est merveilleux, et encourageant, c’est que quelle que soit l’époque ou le lieu, la proclamation de l’Evangile produit le même effet, y compris chez des non-juifs. Que l’Esprit de Dieu nous éclaire sur cette recherche, afin que nous puissions partager notre trésor à ceux qui sont là, tout prêt …
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