Homélie du 4ème dimanche du Temps Ordinaire - Année C
Très étrange, ce verset de l’évangile : Jésus est emmené sur un escarpement de la ville, la foule est prête à le lyncher, « et lui, passant au milieu d’eux, allait son chemin … ». On se demande bien comment il a fait !
Revenons en arrière : nous avons affaire à un renversement de foule, c’est classique, on sait comment ça fonctionne … on brûle ce que l’on a adoré …
Lorsque Jésus parle de libérer les prisonniers, lorsqu’il fait des miracles, et lorsque sa parole est considérée comme « un message de grâce », tout va bien. Mais quand il fait remarquer à des juifs qu’un syrien et une libanaise, dirait-on aujourd’hui, ont mieux accueilli les prophètes que les juifs, son discours n’est plus tolérable !
Nous avons donc affaire à un bête histoire de racisme, avant que ce soit quelque chose de religieux. Ils n’ont visiblement pas compris (nous ne sommes qu’au chapitre 4 de l’Evangile), que Jésus faisait encore pire que de dire du bien des étrangers : il disait être le Messie en personne ! Et c’est justement là que se trouve l’explication de ce verset pour le moins étrange …
Jésus est non seulement le Messie, mais il est Dieu, fils de Dieu depuis toute éternité, et c’est l’être le plus libre qui soit. Dieu est libre, et il nous donne une belle leçon de liberté, liberté contre laquelle le monde ne peut rien. Dieu a dit à Jérémie, le prophète (1ère lecture) : « ils te combattront, mais ils ne pourront rien contre toi ». Nous en avons une illustration « moderne », dans le film « le Dr Jivago », lorsqu’un prisonnier dit à son geôlier : « je suis un homme libre, lèche-bottes, et tu n’y peux rien ! »
Nous contemplons, dans ce beau verset, la liberté de Dieu, il faut la contempler pour savoir quelle sera la nôtre. Nous sommes capables d’être libres comme Jésus ! Nous allons voir comment
Prenons une exemple : celui d’une bougie : la flamme, pour brûler, a besoin d’oxygène ; sans lui, très vite, la flamme diminue et finit par mourir. Eh bien, il se passe dans l’exercice de la liberté quelque chose d’analogue au phénomène de la combustion : la liberté, pour s’épanouir a besoin d’un oxygène qu’on appelle « vérité »
Certes, c’est vrai, être libre, c’est faire ce que l’on veut : aujourd’hui, vous avez décidé de venir à la messe (vous avez bien fait …) et personne ne vous en a empêchés. Il y a bien des pays où la chose est fort différente pour les chrétiens, ils n’ont même pas cette liberté primale que nous avons …
Mais il se trouve que la liberté sans la vérité finit par se tuer elle-même, pour une raison très simple : nous sommes pécheurs, et ce que nous désirons faire librement n’est pas toujours bon pour nous ou pour les autres ; il nous faut donc l’oxygène de la vérité, afin que tout ce que nous désirons soit bon pour nous et pour les autres : c’est la liberté parfaite. L’individualisme qui règne aujourd’hui a tué la liberté, en la privant de son oxygène.
Revenons à Jésus : l’incroyable sérénité avec laquelle il se dérobe à la foule vient de ce qu’il est toujours vrai, il est la vérité en personne, puisque c’est par lui que, au commencement du monde, tout fut créé. Avant (si je puis dire) d’être ce Jésus qui a foulé la Terre, il est le Verbe de Dieu, la Parole de Dieu, celle par qui Dieu a tout créé. Il a suffit que Dieu dise « que la lumière soit » pour que la lumière fût : c’est par sa parole que Dieu a tout créé. Jésus, c’est la parole de Dieu faite chair : le voir, c’est voir celui par qui tout s’est fait (Jn I,3), et donc, c’est connaître toute la vérité.
Jésus dit donc toujours la vérité, son intention est toujours éclairée par la vérité et la flamme de sa liberté, personne ne peut l’éteindre, à moins que, de lui-même, il se laisse « éteindre (« ma vie, nul ne la prend, mais c’est moi qui la donne ») » : afin qu’il puisse, en vérité, accompagner tous les pécheurs, accompagner tous les souffrants, accompagner tous les mourants … et les entraîner tous dans la résurrection.
Objection votre honneur ! C’est trop facile pour Jésus d’être parfaitement libre . « Il est trop fort, Jésus ! » Comme diraient les jeunes … et nous non !
Là, il s’agit de ne pas commettre d’erreur : Jésus n’était pas un surhomme, c’était un homme, avec tout ce que cela comporte et c’est nous qui sommes moins humains, à chaque fois que n’imitons pas Jésus, car le péché est étranger à la nature de l’homme et que Jésus était sans péché …
Voilà pourquoi Saint Augustin disait : " La première liberté, c'est donc de ne pas commettre de péchés graves... comme l'homicide, l'adultère, les souillures de la fornication, le vol, la tromperie, le sacrilège et toutes les autres fautes de ce genre. Quand un homme s'est mis à renoncer à les commettre - et c'est le devoir de tout chrétien de ne pas les commettre -, il commence à relever la tête vers la liberté, mais ce n'est qu'un commencement de liberté, ce n'est pas la liberté parfaite... » In Iohannis Evangelium Tractatus, 41, 10 : CCL 36, 363
Autrement dit, la liberté, ici-bas, est une libération en réalité, et un combat en effet, pour toujours plus de vérité et donc de liberté.
Comment ne pas penser à Benoît XVI ? Il y a des gens qui veulent lyncher le Pape, parce que la vérité n’est pas forcément pas à la mode et qu’il y a certains racismes médiatiques qui se déversent sans vergogne dans nos oreilles. « Et lui, passant au milieu d’eux, va son chemin … »
"La visite à la synagogue n’aura pas lieu !!!" Disaient des journalistes au mois de décembre, en apprenant la décision de rendre possible la béatification de Pie XII. Non seulement la visite a eu lieu, mais elle s’est très bien passée … « Et lui, passant au milieu d’eux, va son chemin … »
"N’ayez pas peur", disait déjà Jean-Paul II (après Jésus !). « N’ayez peur de personne, disait st Paul, le jugement appartient à Dieu ». La peur et le péché sont les deux drames qui nous empêchent d’être libres.
Ecoutons, Jésus, enfin, qui nous dit (selon saint Jean, chapitre 8) : 32 « Si vous demeurez fidèles à ma parole, vous êtes vraiment mes disciples ; alors vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous rendra libres. » 33 Ils lui répliquèrent : « Nous sommes les descendants d'Abraham, et nous n'avons jamais été les esclaves de personne. Comment peux-tu dire : 'Vous deviendrez libres' ? » 34 Jésus leur répondit : « Amen, amen, je vous le dis : tout homme qui commet le péché est esclave du péché. 35 L'esclave ne demeure pas pour toujours dans la maison ; le fils, lui, y demeure pour toujours. 36 Donc, si c'est le Fils qui vous rend libres, vous serez vraiment libres. ! »
Revenons en arrière : nous avons affaire à un renversement de foule, c’est classique, on sait comment ça fonctionne … on brûle ce que l’on a adoré …
Lorsque Jésus parle de libérer les prisonniers, lorsqu’il fait des miracles, et lorsque sa parole est considérée comme « un message de grâce », tout va bien. Mais quand il fait remarquer à des juifs qu’un syrien et une libanaise, dirait-on aujourd’hui, ont mieux accueilli les prophètes que les juifs, son discours n’est plus tolérable !
Nous avons donc affaire à un bête histoire de racisme, avant que ce soit quelque chose de religieux. Ils n’ont visiblement pas compris (nous ne sommes qu’au chapitre 4 de l’Evangile), que Jésus faisait encore pire que de dire du bien des étrangers : il disait être le Messie en personne ! Et c’est justement là que se trouve l’explication de ce verset pour le moins étrange …
Jésus est non seulement le Messie, mais il est Dieu, fils de Dieu depuis toute éternité, et c’est l’être le plus libre qui soit. Dieu est libre, et il nous donne une belle leçon de liberté, liberté contre laquelle le monde ne peut rien. Dieu a dit à Jérémie, le prophète (1ère lecture) : « ils te combattront, mais ils ne pourront rien contre toi ». Nous en avons une illustration « moderne », dans le film « le Dr Jivago », lorsqu’un prisonnier dit à son geôlier : « je suis un homme libre, lèche-bottes, et tu n’y peux rien ! »
Nous contemplons, dans ce beau verset, la liberté de Dieu, il faut la contempler pour savoir quelle sera la nôtre. Nous sommes capables d’être libres comme Jésus ! Nous allons voir comment
Prenons une exemple : celui d’une bougie : la flamme, pour brûler, a besoin d’oxygène ; sans lui, très vite, la flamme diminue et finit par mourir. Eh bien, il se passe dans l’exercice de la liberté quelque chose d’analogue au phénomène de la combustion : la liberté, pour s’épanouir a besoin d’un oxygène qu’on appelle « vérité »
Certes, c’est vrai, être libre, c’est faire ce que l’on veut : aujourd’hui, vous avez décidé de venir à la messe (vous avez bien fait …) et personne ne vous en a empêchés. Il y a bien des pays où la chose est fort différente pour les chrétiens, ils n’ont même pas cette liberté primale que nous avons …
Mais il se trouve que la liberté sans la vérité finit par se tuer elle-même, pour une raison très simple : nous sommes pécheurs, et ce que nous désirons faire librement n’est pas toujours bon pour nous ou pour les autres ; il nous faut donc l’oxygène de la vérité, afin que tout ce que nous désirons soit bon pour nous et pour les autres : c’est la liberté parfaite. L’individualisme qui règne aujourd’hui a tué la liberté, en la privant de son oxygène.
Revenons à Jésus : l’incroyable sérénité avec laquelle il se dérobe à la foule vient de ce qu’il est toujours vrai, il est la vérité en personne, puisque c’est par lui que, au commencement du monde, tout fut créé. Avant (si je puis dire) d’être ce Jésus qui a foulé la Terre, il est le Verbe de Dieu, la Parole de Dieu, celle par qui Dieu a tout créé. Il a suffit que Dieu dise « que la lumière soit » pour que la lumière fût : c’est par sa parole que Dieu a tout créé. Jésus, c’est la parole de Dieu faite chair : le voir, c’est voir celui par qui tout s’est fait (Jn I,3), et donc, c’est connaître toute la vérité.
Jésus dit donc toujours la vérité, son intention est toujours éclairée par la vérité et la flamme de sa liberté, personne ne peut l’éteindre, à moins que, de lui-même, il se laisse « éteindre (« ma vie, nul ne la prend, mais c’est moi qui la donne ») » : afin qu’il puisse, en vérité, accompagner tous les pécheurs, accompagner tous les souffrants, accompagner tous les mourants … et les entraîner tous dans la résurrection.
Objection votre honneur ! C’est trop facile pour Jésus d’être parfaitement libre . « Il est trop fort, Jésus ! » Comme diraient les jeunes … et nous non !
Là, il s’agit de ne pas commettre d’erreur : Jésus n’était pas un surhomme, c’était un homme, avec tout ce que cela comporte et c’est nous qui sommes moins humains, à chaque fois que n’imitons pas Jésus, car le péché est étranger à la nature de l’homme et que Jésus était sans péché …
Voilà pourquoi Saint Augustin disait : " La première liberté, c'est donc de ne pas commettre de péchés graves... comme l'homicide, l'adultère, les souillures de la fornication, le vol, la tromperie, le sacrilège et toutes les autres fautes de ce genre. Quand un homme s'est mis à renoncer à les commettre - et c'est le devoir de tout chrétien de ne pas les commettre -, il commence à relever la tête vers la liberté, mais ce n'est qu'un commencement de liberté, ce n'est pas la liberté parfaite... » In Iohannis Evangelium Tractatus, 41, 10 : CCL 36, 363
Autrement dit, la liberté, ici-bas, est une libération en réalité, et un combat en effet, pour toujours plus de vérité et donc de liberté.
Comment ne pas penser à Benoît XVI ? Il y a des gens qui veulent lyncher le Pape, parce que la vérité n’est pas forcément pas à la mode et qu’il y a certains racismes médiatiques qui se déversent sans vergogne dans nos oreilles. « Et lui, passant au milieu d’eux, va son chemin … »
"La visite à la synagogue n’aura pas lieu !!!" Disaient des journalistes au mois de décembre, en apprenant la décision de rendre possible la béatification de Pie XII. Non seulement la visite a eu lieu, mais elle s’est très bien passée … « Et lui, passant au milieu d’eux, va son chemin … »
"N’ayez pas peur", disait déjà Jean-Paul II (après Jésus !). « N’ayez peur de personne, disait st Paul, le jugement appartient à Dieu ». La peur et le péché sont les deux drames qui nous empêchent d’être libres.
Ecoutons, Jésus, enfin, qui nous dit (selon saint Jean, chapitre 8) : 32 « Si vous demeurez fidèles à ma parole, vous êtes vraiment mes disciples ; alors vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous rendra libres. » 33 Ils lui répliquèrent : « Nous sommes les descendants d'Abraham, et nous n'avons jamais été les esclaves de personne. Comment peux-tu dire : 'Vous deviendrez libres' ? » 34 Jésus leur répondit : « Amen, amen, je vous le dis : tout homme qui commet le péché est esclave du péché. 35 L'esclave ne demeure pas pour toujours dans la maison ; le fils, lui, y demeure pour toujours. 36 Donc, si c'est le Fils qui vous rend libres, vous serez vraiment libres. ! »
P. Emmanuel d'Andigné