28 février 2010

Homélie du 28 février 2010-école de prière sur la montagne

Homélie du 2ème dimanche du Carême- année C (Saint Luc)
Jésus prit avec lui Pierre, Jean et Jacques, et il alla sur la montagne pour prier.
Nous avons là l’un des buts recherchés ce jour-là par Jésus, et cela nous donne une clé d’interprétation ; nous allons recevoir une véritable enseignement sur la prière. Cela tombe bien, puisque la prière est l’un des trois piliers du carême ! Cet enseignement se passe sur la montagne, ce qui nous révèle qu’il faut monter sur une montagne, et en tous les cas, nous avons toujours en nous une montagne, un lieu élevé, notre cœur, sur lequel nous pouvons rencontrer spécialement Dieu, grâce à Jésus qui nous montre comment faire.

Pendant qu'il priait, son visage apparut tout autre, ses vêtements devinrent d'une blancheur éclatante.
1ère découverte : la prière transforme celui qui s’y prête, lorsque nous prions, nous sommes transfigurés ; celui qui prie demeure le même (Jésus est toujours et encore une homme, durant toute la transfiguration), mais il y a un élément divin qui se révèle en lui ; la prière est une rencontre entre Dieu et l’homme, par laquelle l’homme est transformé ; Jésus nous apparaît donc comme continuellement en prière, puisque que en lui, se rencontrent en permanence l’homme et Dieu ; par le baptême, nous recevons l’Esprit Saint, et il y a donc en nous un principe humain et un principe divin

Et deux hommes s'entretenaient avec lui : c'étaient Moïse et Élie, apparus dans la gloire. Ils parlaient de son départ qui allait se réaliser à Jérusalem.
2ème découverte : la prière est une conversation, avec Dieu, bien sûr, mais aussi avec les saints, dont nous recevons l’exemple, la révélation, la tradition ; Jésus n’a inventé aucune religion, il est venu accomplir la religion juive, qui est une alliance, scellée par 4 hommes : Adam, avec pour signe d’alliance l’arbre de vie ; Noé, avec pour signe d’alliance l’arc-en-ciel ; Abraham, avec pour signe d’alliance la circoncision et enfin Moïse, avec pour signe d’alliance l’agneau pascal ; bien entendu, la conversation entre Jésus, Moïse et Elie porte sur le signe de l’Alliance nouvelle et éternelle qui sera scellé par Jésus, par sa mort sur une autre montagne, celle de Sion, Jérusalem ; la prière, par ailleurs, débouche nécessairement sur des actes, et des actes qui sauvent !

Pierre et ses compagnons étaient accablés de sommeil
Ne vous est-il jamais arrivé de ressentir sommeil ou ennui lorsque vous priez ? Réjouissez-vous ! Vous êtes comme saint Pierre, saint Jean saint Jacques, vous êtes les apôtres du XXIème siècle ! Et vous pouvez faire autant et même mieux que les apôtres, Jésus lui-même l’a dit, le tout, c’est de se réveiller de temps à autre …

mais, se réveillant, ils virent la gloire de Jésus, et les deux hommes à ses côtés.Autre découverte : la prière nous fait voir la gloire de Jésus ; la gloire, en hébreu, se dit kavod, le poids … quel est le poids de Jésus à vos yeux ? Combien Jésus pèse-t-il dans votre semaine ? Eh bien, ce n’est pas seulement une histoire de quantité, mais au moins de hiérarchie ; Dieu premier servi, ce pourrait être une belle devise pour le carême, non ?

Ces derniers s'en allaient, quand Pierre dit à Jésus : « Maître, il est heureux que nous soyons ici ! Dressons donc trois tentes : une pour toi, une pour Moïse, et une pour Élie. »Nouvelle découverte : il y a un vrai bonheur à prier (Maître, il est heureux que nous soyons ici !) ; dresser une tente, les scouts le savent bien, c’est rester un peu longtemps quelque part ; le saint Curé d’Ars disait : « La prière est une douce amitié, une familiarité étonnante… C’est un doux entretien d’un enfant avec son Père. » ; Pierre est enthousiaste et c’est pourquoi il veut durer dans la prière, mais peut-être faut-il commencer par prier peu et souvent, plutôt que de vouloir réaliser un exploit et de se casser le nez et de se décourager. En tous les cas, le carême est l’occasion rêvée pour « goûter et voir comme est bon le Seigneur », ainsi que le dit le psaume

L’Evangile continue

Il ne savait pas ce qu'il disait.Ne vous est-il jamais arrivé de ne pas savoir quoi faire ou quoi dire au moment d’une prière ? La prière est un acte d’amour, et elle peut, parfois, se passer de mot, il faut en prendre son parti et parler, alors, uniquement lorsque cela nous semble nécessaire ; en tous les cas, n’ayons pas peur du silence, en particulier après la communion, le Curé d’Ars disait de Jésus présent au tabernacle « il est là, dans le sacrement de son amour, il est là celui qui nous aime tant, il nous attend nuit et jour, il est là, il est là » parfois cela suffit à la prière : il est là !

Pierre n'avait pas fini de parler, qu'une nuée survint et les couvrit de son ombre ; ils furent saisis de frayeur lorsqu'ils y pénétrèrent. Et, de la nuée, une voix se fit entendre : « Celui-ci est mon Fils, celui que j'ai choisi, écoutez-le. »
Une dernière découverte : la prière est mystérieuse, elle nous enveloppe de nuée, il faut accepter le mystère et la nuit ; « mystère » ne signifie pas « quelque chose auquel on ne comprend rien », mais plutôt « réalité que l’on comprend, que l’on doit chercher à mieux comprendre, mais dont on ne parvient pas à faire complètement le tour » ; Dieu est un mystère ; celui qui prie se rapproche de Dieu et par conséquent, il voit de plus en plus clairement que Dieu est plus grand que lui ; « c’est mon fils bien-aimé » : celui qui prie découvre la tendresse de Dieu, la prière chrétienne est essentiellement filiale (nous allons pouvoir approfondir le Notre Père durant les trois dernières séances de catéchèse, les 02, 16 et 30 mars) ; à chaque fois que nous prions, Dieu nous dit « tu es mon fils, ma fille bien-aimé(e), en toi, j’ai mis tout mon amour »

Quand la voix eut retenti, on ne vit plus que Jésus seul. Les disciples gardèrent le silence et, de ce qu'ils avaient vu, ils ne dirent rien à personne à ce moment-là.On sait par saint Mathieu et saint Marc que ce silence des apôtres vient d’une instruction de Jésus : en effet, la gloire et la divinité de Jésus qui sont révélées sur la montagne risquaient de donner l’impression, avant la Passion et la croix, que le salut se ferait de façon mondaine et humaine, par un Dieu simplement un peu plus puissant que les hommes ; au contraire, la sagesse divine savait qu’il fallait passer par la souffrance et la croix, car tous les hommes passent par là, Dieu a voulu y passer pour entraîner l’homme dans le ciel et dans la joie.

Je vous invite à relire cet évangile, d’une façon semblable, peut-être à cet « exercice » auquel je me suis livré et à méditer ainsi sur l’Ecriture, en continuant cette recherche de Dieu qui répond à toutes les soifs les plus profondes de l’être humain « Mon cœur et ma chair sont un cri vers le Dieu vivant », dit le psaume …

P. Emmanuel d'Andigné

27 février 2010

Homélie du 21 février 2010-Désert d'hier ...et d'aujourd'hui ?

Homélie du 1er dimanche de carême - année C (Saint Luc)
Tout d’abord, une bonne nouvelle pour tous les détenteurs d’un « I Phone » : j’ai découvert une application « carême » !!! Mais oui, il s’agit du bouton « On/off » C’est simple, il suffit d’appuyer sur off, et d’un coup, vous avez beaucoup plus de temps pour Dieu et pour les autres ! Essayez … cette offre est valable pour tous les mobiles, la TV, etc …

Mais tournons-nous vers l’Evangile d’aujourd’hui, posons-nous quelques questions :

Les Protagonistes : Jésus, l’Esprit Saint, le Démon sont des personnes, auxquelles il faut ajouter le Désert, qui l’un des héros de cette histoire …et selon st Matthieu, les anges … et selon saint Marc : les bêtes sauvages (d’où le symbole du lion pour Saint Marc, car cet évangile qui commence dans le désert …)

Notre récent voyage en Terre Sainte, avec les père Dominique et Laurent, nous a permis de visualiser le désert autrement que le Sahara, image la plus spontanée dans le cœur d’un occidental : le désert que Jésus a traversé est jonché de pierres, entouré de rochers, des montagnes … Il reste à déterminer de quelle manière Satan s’y est pris pour les tentations : en ce qui concerne les pierres changées en pain ou pour la haute montagne, il y a tout ce qu’il faut sur place, mais pour ce qui est de Jérusalem, c’est peut-être tout simplement en esprit que Jésus fut « transporté » sur le pinacle du Temple …

Trois questions se posent alors …

1ère question : à quoi cela servait-il que Jésus soit tenté ?
A priori à rien, sommes-nous tentés de répondre, car on pouvait se douter qu’il résisterait … cependant, je crois qu’il faut dire deux choses

1) C’est pour nous qu’il a subi ce sort, pour nous montrer comment résister à la tentation, et nous révéler les trois grandes familles de tentation : les appétits corporels, la soif de domination, la soif de possession

2) Jésus n’est pas un surhomme ! « Il eut faim », nous dit l’Evangile, c’est donc bien en tant qu’homme, dans son humanité qu’il fut tenté et victorieux des tentations ; il est donc bien envisageable pour nous de réussir dans notre désert !

2ème question : que sont devenus aujourd’hui les protagonistes d’hier ?
L’Esprit, Jésus, le démon, les anges, ce sont des personnes qui sont toujours là, bien réelles, à l’œuvre, au travail, même si, pour Satan, devrait-on dire « à sa besogne », plutôt qu’à son travail …

En revanche, pour ce qui est du désert, c’est tout différent, il y en a deux, aujourd’hui : le Désert « officiel », les 40 jours fixées par l’Eglise et le désert « personnel ». Quelle grâce de faire partie de l’Eglise, grâce à laquelle notre itinéraire spirituel n’est pas une course en solitaire, vouée à l’échec !

Le désert personnel est ce que nous allons nous fixer, chacun, pour faire le vide de ce qui n’est pas indispensable, de tout ce qui n’est pas vital, de tout ce qui est néfaste, afin de trouver Dieu et par là le bonheur « durable et profond », comme dit la liturgie …

En Terre Sainte, au moment de faire l’expérience de marcher dans le désert, nous avons décidé de nous séparer durant la journée, cela nous semblait naturel …j’ai rencontré fortuitement un groupe de jeunes qui me demandait si j’étais tout seul ou en groupe : « les deux, leur ai-je répondu », nous nous sommes séparé pour la journée ». « Vous êtes fâchés ? Me répondent-ils, tant il leur semblait étrange que nous ne marchions pas ensemble … Il faut, en effet, que nous choisissions un « désert personnel », qui nous fera avancer.

Je disais que les protagonistes d’aujourd’hui sont les mêmes qu’hier, et nous pouvons nous aider de leur présence : la présence de Jésus, qui connaît nos tentations et notre faim et qui nous a laissé le saint Sacrement de sa présence pour que nous ne soyons pas seuls ; la présence de l’Esprit, qui nous donne la force de lutter contre le mal ; c’est lui qui avait donné à Jésus la force de résister aux tentations, et c’est encore lui qui le fera pour nous ; la présence des anges, qui nous gardent et nous accompagnent, car comme ils sont toujours tournés vers Dieu, leur seule présence nous tourne vers Lui.

Mais, au fond, et c’est la dernière question, sommes-nous motivés par ce carême 2010 ? Sommes-nous décidés à partir au désert ? Le sommes-nous simplement parce que la liturgie et l’Eglise nous y invitent ? Je le souhaite !!! Mais si toutefois il existait encore en vous une résistance à vraiment vivre le carême, il est bon de nous pencher, pour finir, sur la 1ère lecture et l’histoire de Moïse.

Les Pères de l’Eglise avaient pour coutume et réflexe intellectuel ce que l’on appelle aujourd’hui la « typologie » : retrouver le Christ partout annoncé dans l’Ancien Testament, dans tous ces « types » du Christ, toutes ces figures qui annoncent le Christ que sont Abraham, Moïse, David, etc ...

Jésus, donc, est le Nouveau Moïse, qui lui aussi libère de l’esclavage, mais cette fois du péché et l’emprise du nouveau Pharaon, Satan …le carême est une histoire de libération, de liberté, n’est-ce pas là l’aspiration la plus profonde de l’humanité ? Il vaut mieux se priver de quelques joies répandues et être libre, plutôt que de ne jamais renoncer à rien et d’être esclaves de Pharaon, non ?

Notre désert est peuplé de gens bien sympathiques, Sainte Bernadette, Saint Jean-Marie Vianney, Saint Padre Pio (qui veille sur les 24h d’adoration,) et la plus belle de toutes, la Très sainte Vierge Marie, ND de Lourdes à qui nous pouvons confier la réussite de ce carême. Si nous le faisons, il réussira, c’est sûr !
P. Emmanuel d'Andigné

Homélie des Cendres-comment se convertir ?

homélie du mercredi 17 février - Cendres 2010

Lorsque vous faîtes des courses avec votre carte bancaire, on vous demande de taper votre code, au moment du paiement, puis de valider la somme au moyen de la touche verte, n’est-ce pas ? D’une manière analogue, sur une ordinateur, toute opération, ou presque, nécessite une validation : « êtes-vous sûr de vouloir supprimer cet élément … d’imprimer ce document ? etc … » et vous validez !
Pour la conversion, il se passe quelque chose d’analogue : il y a le « code », à savoir ce que Dieu fait, il connaît le prix de la conversion, il fait le « gros du travail », comme on dit, mais il nous reste, quant à nous, à « appuyer sur la touche verte », c’est-à-dire ratifier cette grâce de Dieu, par des actes de la volonté.
J’en veux pour preuve l’histoire de la conversion de Laurent Gay qui peut se résumer ainsi : un très mauvais départ dans la vie, de la petite puis de la grande délinquance, et puis un jour, un meurtre –pas prémédité, c’est vrai, mais un meurtre tout de même- et le voilà en prison … désespéré, il décide de se suicider … dans un dernier élan de lucidité, il se tourne vers Dieu et lui : « si tu existes, manifeste-toi ! ». Il ressent alors subitement une paix qui l’envahit et chasse tout idée de mort. Le lendemain matin, il se met à parler de Jésus à tout le monde, de manière sans doute agaçante et en tous les cas de manière inopérante mais ne s’en rend pas compte … une fois sorti de prison, la liberté retrouvée fait qu’il retombe dans la drogue, l’alcool et le désespoir, plus bas encore qu’avant la prison. Il comprend alors, pardonnez-moi l’expression, qu’il n’a pas « appuyé sur la touche verte », qu’il n’a pas validé par sa propre volonté la conversion dont Dieu l’avait gratifié … il travaille alors avec simplicité, chaque jour à sa propre conversion, aujourd’hui, c’est un honnête père de famille qui vit en Vendée et qui a trouvé bonheur et équilibre …

Pendant ce carême, je vous invite à deux choses : demander à Dieu la grâce de la conversion et décider quelques actes de volonté qui correspondent à cette grâce. Alors qu’est-ce qui empêchera que la conversion survienne ?
P. Emmanuel d'Andigné

16 février 2010

Homélies

FÊTE PATRONALE de SAINTE BERNADETTE – ANNEE B


14 février 2010


« Mes pensées ne sont pas vos pensées, mes chemins ne sont pas vos chemins, » déclare le Seigneur. C’est ce que nous entendions dans la lecture d’Isaïe.

« Ce qui est faible dans le monde, voilà ce que Dieu a choisi pour couvrir de confusion ce qui est fort. » Voilà ce qu’écrivait Saint Paul aux Corinthiens.

Sainte Bernadette donne une excellente illustration de ces vérités.
J’en rapproche volontiers l’image du Saint Curé d’Ars, Jean-Marie Vianney.
Vous savez peut-être que ses reliques ont été vénérées dans l’église Saint Laud mardi et mercredi derniers, à l’occasion de l’année sacerdotale.

Aux yeux des hommes, Jean-Marie Vianney et Bernadette Soubirous étaient des personnes sans intérêt, négligeables : un homme qui se sent appelé à être prêtre, mais qui a beaucoup de mal à étudier, qui peine à apprendre le latin. L’évêque lui confiera une toute petite paroisse, en rapport avec ses faibles capacités.

La petite bergère de Lourdes n’a guère d’atouts pour elle. Ses possibilités intellectuelles sont limitées, sa santé est très fragile. La pauvreté de sa famille favorise des jugements négatifs, ou des calomnies. On hésite à l’admettre comme religieuse, et sa supérieure ira jusqu’à dire qu’elle n’est « bonne à rien », oubliant que chaque fois qu’on lui confie un service : catéchisme, infirmerie, sacristie, elle s’en acquitte à la satisfaction de tous.

L’humble prêtre a pourtant vu accourir à son confessionnal des gens de haute condition et de grande culture, car chacun sentait qu’il avait des liens privilégiés avec le Ciel.

Beaucoup de personnes distinguées cherchaient à rencontrer la voyante de Massabielle, car elle avait tout de même été choisie par la Vierge Immaculée pour des messages extraordinaires.

Oui, « ce qui est d’origine modeste, méprisé dans le monde, ce qui n’est rien, voilà ce que Dieu a choisi pour détruire ce qui est quelque chose. » Saint Paul était un bon prophète.

Que les anciens paroissiens de Sainte Bernadette me pardonnent de rappeler ce qu’ils ont entendu cent fois… mais que les nouveaux ignorent peut-être : le bâtiment dans lequel nous sommes a tout d’abord été la chapelle Notre Dame de Lourdes, et n’est devenue église Sainte Bernadette qu’en 1955, cela pour éviter des confusions avec Notre Dame des Victoires dans le centre de la ville.

Je pense que Bernadette aurait été extrêmement confuse à la pensée qu’on puisse remplacer le nom de la Mère de Dieu par son propre prénom. Mais on peut admettre qu’il est bien dans l’esprit de l’Immaculée, humble servante du Seigneur, de s’effacer devant une plus petite qu’elle.

L’Evangile nous rappelle les paroles de Jésus à ses disciples : « Si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul ; mais s’il meurt, il donne beaucoup de fruit. »

Jean-Marie Vianney s’est épuisé au service de sa paroisse, spécialement au cours des innombrables heures passées au confessionnal, mettant en application ces directives du livre d’Isaïe : « Que le méchant abandonne son chemin, et l’homme pervers ses pensées. Qu’il revienne vers le Seigneur, qui aura pitié de lui, vers notre Dieu qui est riche en pardon. »

« Vous tous qui avez soif, venez, voici de l’eau ! » Là encore, Bernadette a été choisie pour faire apparaître cette source qui donne depuis un siècle et demi cette « eau de Lourdes » avec tout le symbolisme qui s’y rattache : l’eau qui désaltère, l’eau qui lave, qui purifie, l’eau indispensable à la vie, l’eau miraculeuse, non pas par ses propriétés physico-chimiques, mais par la foi en la toute puissance du Créateur, et en l’intercession de la Vierge Marie.

« Celui qui se détache en ce monde de cette vie, il la garde pour la vie éternelle. » Jésus avait dit à ses disciples : « Je suis la lumière du monde, celui qui marche à ma suite aura la lumière de la vie. »

Jean-Marie Vianney et Bernadette Soubirous se sont laissé éclairer par cette lumière, qui leur a permis de supporter beaucoup d’épreuves et de souffrance avec une grande paix intérieure et une joie profonde renouvelée par les sacrements, qui leur apportaient réconfort et sérénité, dans l’ « eau vive » de la grâce du Seigneur.

« Si quelqu’un veut me servir, qu’il me suive –dit encore le Christ – Si quelqu’un me sert, mon Père l’honorera. »

Célébrer une fête patronale, c’est aussi se réjouir de la joie et de la gloire dans le Ciel de ceux qui nous montrent le chemin du vrai bonheur.

Amen
Père Jean Rouillard

09 février 2010

Homélie du 07 février 2010 - Amour et vérité

Homélie du 5ème dimanche du Temps ordinaire- année C
Dimanche dernier, j’ai eu l’occasion de vous présenter deux amies inséparables : la liberté et la vérité. La liberté ne tient pas bien longtemps quand elle n’a pas son « oxygène » qu’est la vérité, car vouloir faire le mal librement, c’est idiot ; la vérité nous apprend à être libre comme Dieu, libres de faire le bien, vraiment libres !

Eh bien, il se trouve que la vérité est aussi, ça tombe bien, inséparable de l’amour … comme nous l’a dit à l’instant le psaume : « je te rends grâce … pour ton amour et ta vérité ». A vrai dire, beaucoup de psaumes le disent ! Ps - 24 : 10 « J'ai devant les yeux ton amour, je marche selon ta vérité. » Ps - 30 : 06 « Dans les cieux, Seigneur, ton amour ; jusqu'aux cieux, ta vérité ! * » Ps - 35 : 06 « Je n'ai pas enfoui ta justice au fond de mon coeur, + je n'ai pas caché ta fidélité, ton salut ; * j'ai dit ton amour et ta vérité à la grande assemblée. » Ps - 39 : 11 « Toi, Seigneur, ne retiens pas loin de moi ta tendresse ; * que ton amour et ta vérité sans cesse me gardent ! » … et ce ne sont que quelque exemples !

En sus, un rapide survol du livre des Psaumes nous montre aussi que la vérité est inséparable de la justice, et que rencontrer l’une sans l’autre est difficile. La vérité est l’oxygène de l’amour, de même que la vérité est l’oxygène de la liberté, de la justice, de la paix …

En fait, ce que je suis en train de dire, c’est que toutes ces belles choses auxquelles tout le monde croit se retrouvent en Dieu, on pourrait dire « coïncident » en Dieu, on les retrouve toutes en Dieu, Dieu en est la source …

Tout se passe comme si Dieu, en créant le monde, et surtout l’homme, n’a pas pu s’empêcher de répandre un parfum de justice, de vérité, de paix et d’amour, de déposer en l’homme le désir de ces caractéristiques de Dieu, qui sont en fait un désir de Dieu lui-même. Dieu est pourvu d’une « olfaction spirituelle » qui lui permet de sentir et de désire le « parfum » en question.

Et tout homme cherche au moins le parfum, il ne nous reste plus qu’à lui révéler la bouteille d’où s’échappe le parfum.

Toutes les choses bonnes que nous connaissons sont une trace de la bonté de Dieu sont une indication sur l’être de Dieu, de sorte que celui qui voudrait connaître les contours du visage de Dieu, n’a plus qu’à imaginer une personne qui est toute entière habitée de vérité et d’amour, de justice et de paix, de liberté, de fidélité.

Et l’énorme différence entre les chrétiens et les autres est que nous avons un visage précis à regarder et qui résume en lui toutes les aspirations de l’humanité, tandis que ceux qui ne connaissent pas le Christ contemplent certes, et vivent, même, peut-être, en diffracté des éléments de la lumière, sans pouvoir trouver ce qui fait leur unité.

C’est la raison pour laquelle vérité, justice, liberté, amour ont besoin les unes des autres, comme toutes les gouttes d’eau ont besoin de la source pour savoir d’où elles viennent : elles finissent par mourir les unes sans les autres, elles s’évaporeront si elles se coupent de leur origine.

Dans l’église, il y a de jolies fleurs coupées (merci à celles qui s’en occupent !), mais justement, coupée de sa racine, une fleur se fane, et c’est pourquoi il faut chaque semaine changer les bouquets …

C’est pour cela que le pape a écrit « Caritas in Veritate », « l’amour dans la vérité ». Il joue son rôle de témoin de ce principe unificateur de tout qu’est Dieu, il rend un service magnifique au monde, en lui révélant en l’occurrence, ce qu’est le développement : il explique, dès le premier paragraphe, qu’il ne peut pas y avoir de développement personnel ou de développement économique sans cette harmonie entre amour et vérité, et que l’opération ne réussira que si Dieu en est l’origine.

Il existe, à la paroisse, un Service Paroissial des Personnes Agées et Malades qui régulièrement visite des malades, et il y a également un service dit « d’ Eveil à la foi », qui ont conjointement préparé l’animation de cette « messe des familles ». Je voudrais leur offrir un cadeau, qui est un témoignage que j’ai recueilli samedi, au cours d’une visite rendue aux Servantes des Pauvres. Ces religieuses ont pour « spécialité (si je puis dire) », de visiter les malades à domicile, et en particulier les plus pauvres (d’où leur nom).

Une sœur nous a raconté la vie de Don Camille Leduc, leur fondateur, et il se trouve que, après avoir –pardonnez-moi l’expression- « récité sa leçon », elle nous explique qu’il y a deux coordonnées principales, à savoir la vie religieuse et le soin des pauvres. Elle s’est alors arrêté, a relevé la tête, et nous a dit : « Dom Leduc a toujours beaucoup insisté sur le fait que nous devions avant tout être des religieuses, et après seulement, aller voir les pauvres » …

Cela peut paraître choquant, mais c’est très logique : un chrétien qui visite un malade n’est pas là seulement pour soulager la souffrance, il est là pour que le Christ soit là, pour être une présence du Christ auprès du malade, sans qu’il y ait pour autant une leçon de catéchisme. Il ne s’agit pas tant de discours que de présence.

« Jésus n’est pas venu pour expliquer la souffrance, il n’est même pas venu pour la soulager, il est venu l’emplir de sa présence », disait Claudel. Et cette présence, qui habite chaque fidèle du Christ, est un don merveilleux et éclairant pour le malade ou pour toute autre personne.

« L’Eveil à la foi » est donc ce beau service qui consiste à développer la présence de Dieu dans les enfants, afin que celle-ci puisse être donnée en cadeau à l’humanité.

« Désormais, ce sont des hommes que tu prendras », dit Jésus : pas pour qu’il y ait le plus de monde possible dans le « club », mais pour leur apporter le trésor des trésors … Les servantes des Pauvres ne soignent pas les malades pour les convertir sournoisement ou leur faire la leçon, elles apportent la vérité, en personne, tout en même temps que l’amour, à savoir Dieu lui-même, vérité qu’elles ne possèdent pas, mais qu’elles connaissent, malgré tout.

« Je n’ai jamais cherché que la vérité », disait Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus et de la Sainte Face. Puissions-nous faire de même, pour notre pratique de l’amour soit de plus en plus noble et de plus en plus digne du modèle !
P. Emmanuel d'Andigné