16 février 2010

Homélies

FÊTE PATRONALE de SAINTE BERNADETTE – ANNEE B


14 février 2010


« Mes pensées ne sont pas vos pensées, mes chemins ne sont pas vos chemins, » déclare le Seigneur. C’est ce que nous entendions dans la lecture d’Isaïe.

« Ce qui est faible dans le monde, voilà ce que Dieu a choisi pour couvrir de confusion ce qui est fort. » Voilà ce qu’écrivait Saint Paul aux Corinthiens.

Sainte Bernadette donne une excellente illustration de ces vérités.
J’en rapproche volontiers l’image du Saint Curé d’Ars, Jean-Marie Vianney.
Vous savez peut-être que ses reliques ont été vénérées dans l’église Saint Laud mardi et mercredi derniers, à l’occasion de l’année sacerdotale.

Aux yeux des hommes, Jean-Marie Vianney et Bernadette Soubirous étaient des personnes sans intérêt, négligeables : un homme qui se sent appelé à être prêtre, mais qui a beaucoup de mal à étudier, qui peine à apprendre le latin. L’évêque lui confiera une toute petite paroisse, en rapport avec ses faibles capacités.

La petite bergère de Lourdes n’a guère d’atouts pour elle. Ses possibilités intellectuelles sont limitées, sa santé est très fragile. La pauvreté de sa famille favorise des jugements négatifs, ou des calomnies. On hésite à l’admettre comme religieuse, et sa supérieure ira jusqu’à dire qu’elle n’est « bonne à rien », oubliant que chaque fois qu’on lui confie un service : catéchisme, infirmerie, sacristie, elle s’en acquitte à la satisfaction de tous.

L’humble prêtre a pourtant vu accourir à son confessionnal des gens de haute condition et de grande culture, car chacun sentait qu’il avait des liens privilégiés avec le Ciel.

Beaucoup de personnes distinguées cherchaient à rencontrer la voyante de Massabielle, car elle avait tout de même été choisie par la Vierge Immaculée pour des messages extraordinaires.

Oui, « ce qui est d’origine modeste, méprisé dans le monde, ce qui n’est rien, voilà ce que Dieu a choisi pour détruire ce qui est quelque chose. » Saint Paul était un bon prophète.

Que les anciens paroissiens de Sainte Bernadette me pardonnent de rappeler ce qu’ils ont entendu cent fois… mais que les nouveaux ignorent peut-être : le bâtiment dans lequel nous sommes a tout d’abord été la chapelle Notre Dame de Lourdes, et n’est devenue église Sainte Bernadette qu’en 1955, cela pour éviter des confusions avec Notre Dame des Victoires dans le centre de la ville.

Je pense que Bernadette aurait été extrêmement confuse à la pensée qu’on puisse remplacer le nom de la Mère de Dieu par son propre prénom. Mais on peut admettre qu’il est bien dans l’esprit de l’Immaculée, humble servante du Seigneur, de s’effacer devant une plus petite qu’elle.

L’Evangile nous rappelle les paroles de Jésus à ses disciples : « Si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul ; mais s’il meurt, il donne beaucoup de fruit. »

Jean-Marie Vianney s’est épuisé au service de sa paroisse, spécialement au cours des innombrables heures passées au confessionnal, mettant en application ces directives du livre d’Isaïe : « Que le méchant abandonne son chemin, et l’homme pervers ses pensées. Qu’il revienne vers le Seigneur, qui aura pitié de lui, vers notre Dieu qui est riche en pardon. »

« Vous tous qui avez soif, venez, voici de l’eau ! » Là encore, Bernadette a été choisie pour faire apparaître cette source qui donne depuis un siècle et demi cette « eau de Lourdes » avec tout le symbolisme qui s’y rattache : l’eau qui désaltère, l’eau qui lave, qui purifie, l’eau indispensable à la vie, l’eau miraculeuse, non pas par ses propriétés physico-chimiques, mais par la foi en la toute puissance du Créateur, et en l’intercession de la Vierge Marie.

« Celui qui se détache en ce monde de cette vie, il la garde pour la vie éternelle. » Jésus avait dit à ses disciples : « Je suis la lumière du monde, celui qui marche à ma suite aura la lumière de la vie. »

Jean-Marie Vianney et Bernadette Soubirous se sont laissé éclairer par cette lumière, qui leur a permis de supporter beaucoup d’épreuves et de souffrance avec une grande paix intérieure et une joie profonde renouvelée par les sacrements, qui leur apportaient réconfort et sérénité, dans l’ « eau vive » de la grâce du Seigneur.

« Si quelqu’un veut me servir, qu’il me suive –dit encore le Christ – Si quelqu’un me sert, mon Père l’honorera. »

Célébrer une fête patronale, c’est aussi se réjouir de la joie et de la gloire dans le Ciel de ceux qui nous montrent le chemin du vrai bonheur.

Amen
Père Jean Rouillard

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