27 février 2010

Homélie du 21 février 2010-Désert d'hier ...et d'aujourd'hui ?

Homélie du 1er dimanche de carême - année C (Saint Luc)
Tout d’abord, une bonne nouvelle pour tous les détenteurs d’un « I Phone » : j’ai découvert une application « carême » !!! Mais oui, il s’agit du bouton « On/off » C’est simple, il suffit d’appuyer sur off, et d’un coup, vous avez beaucoup plus de temps pour Dieu et pour les autres ! Essayez … cette offre est valable pour tous les mobiles, la TV, etc …

Mais tournons-nous vers l’Evangile d’aujourd’hui, posons-nous quelques questions :

Les Protagonistes : Jésus, l’Esprit Saint, le Démon sont des personnes, auxquelles il faut ajouter le Désert, qui l’un des héros de cette histoire …et selon st Matthieu, les anges … et selon saint Marc : les bêtes sauvages (d’où le symbole du lion pour Saint Marc, car cet évangile qui commence dans le désert …)

Notre récent voyage en Terre Sainte, avec les père Dominique et Laurent, nous a permis de visualiser le désert autrement que le Sahara, image la plus spontanée dans le cœur d’un occidental : le désert que Jésus a traversé est jonché de pierres, entouré de rochers, des montagnes … Il reste à déterminer de quelle manière Satan s’y est pris pour les tentations : en ce qui concerne les pierres changées en pain ou pour la haute montagne, il y a tout ce qu’il faut sur place, mais pour ce qui est de Jérusalem, c’est peut-être tout simplement en esprit que Jésus fut « transporté » sur le pinacle du Temple …

Trois questions se posent alors …

1ère question : à quoi cela servait-il que Jésus soit tenté ?
A priori à rien, sommes-nous tentés de répondre, car on pouvait se douter qu’il résisterait … cependant, je crois qu’il faut dire deux choses

1) C’est pour nous qu’il a subi ce sort, pour nous montrer comment résister à la tentation, et nous révéler les trois grandes familles de tentation : les appétits corporels, la soif de domination, la soif de possession

2) Jésus n’est pas un surhomme ! « Il eut faim », nous dit l’Evangile, c’est donc bien en tant qu’homme, dans son humanité qu’il fut tenté et victorieux des tentations ; il est donc bien envisageable pour nous de réussir dans notre désert !

2ème question : que sont devenus aujourd’hui les protagonistes d’hier ?
L’Esprit, Jésus, le démon, les anges, ce sont des personnes qui sont toujours là, bien réelles, à l’œuvre, au travail, même si, pour Satan, devrait-on dire « à sa besogne », plutôt qu’à son travail …

En revanche, pour ce qui est du désert, c’est tout différent, il y en a deux, aujourd’hui : le Désert « officiel », les 40 jours fixées par l’Eglise et le désert « personnel ». Quelle grâce de faire partie de l’Eglise, grâce à laquelle notre itinéraire spirituel n’est pas une course en solitaire, vouée à l’échec !

Le désert personnel est ce que nous allons nous fixer, chacun, pour faire le vide de ce qui n’est pas indispensable, de tout ce qui n’est pas vital, de tout ce qui est néfaste, afin de trouver Dieu et par là le bonheur « durable et profond », comme dit la liturgie …

En Terre Sainte, au moment de faire l’expérience de marcher dans le désert, nous avons décidé de nous séparer durant la journée, cela nous semblait naturel …j’ai rencontré fortuitement un groupe de jeunes qui me demandait si j’étais tout seul ou en groupe : « les deux, leur ai-je répondu », nous nous sommes séparé pour la journée ». « Vous êtes fâchés ? Me répondent-ils, tant il leur semblait étrange que nous ne marchions pas ensemble … Il faut, en effet, que nous choisissions un « désert personnel », qui nous fera avancer.

Je disais que les protagonistes d’aujourd’hui sont les mêmes qu’hier, et nous pouvons nous aider de leur présence : la présence de Jésus, qui connaît nos tentations et notre faim et qui nous a laissé le saint Sacrement de sa présence pour que nous ne soyons pas seuls ; la présence de l’Esprit, qui nous donne la force de lutter contre le mal ; c’est lui qui avait donné à Jésus la force de résister aux tentations, et c’est encore lui qui le fera pour nous ; la présence des anges, qui nous gardent et nous accompagnent, car comme ils sont toujours tournés vers Dieu, leur seule présence nous tourne vers Lui.

Mais, au fond, et c’est la dernière question, sommes-nous motivés par ce carême 2010 ? Sommes-nous décidés à partir au désert ? Le sommes-nous simplement parce que la liturgie et l’Eglise nous y invitent ? Je le souhaite !!! Mais si toutefois il existait encore en vous une résistance à vraiment vivre le carême, il est bon de nous pencher, pour finir, sur la 1ère lecture et l’histoire de Moïse.

Les Pères de l’Eglise avaient pour coutume et réflexe intellectuel ce que l’on appelle aujourd’hui la « typologie » : retrouver le Christ partout annoncé dans l’Ancien Testament, dans tous ces « types » du Christ, toutes ces figures qui annoncent le Christ que sont Abraham, Moïse, David, etc ...

Jésus, donc, est le Nouveau Moïse, qui lui aussi libère de l’esclavage, mais cette fois du péché et l’emprise du nouveau Pharaon, Satan …le carême est une histoire de libération, de liberté, n’est-ce pas là l’aspiration la plus profonde de l’humanité ? Il vaut mieux se priver de quelques joies répandues et être libre, plutôt que de ne jamais renoncer à rien et d’être esclaves de Pharaon, non ?

Notre désert est peuplé de gens bien sympathiques, Sainte Bernadette, Saint Jean-Marie Vianney, Saint Padre Pio (qui veille sur les 24h d’adoration,) et la plus belle de toutes, la Très sainte Vierge Marie, ND de Lourdes à qui nous pouvons confier la réussite de ce carême. Si nous le faisons, il réussira, c’est sûr !
P. Emmanuel d'Andigné

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