08 mars 2010

Homélie du 07 mars 2010-Marie est le buisson ardent

Homélie du 3ème dimanche de Carême - année C (Saint Luc)
Au moment où, avec l’EAP, nous avons programmé la préparation à la consécration mariale, nous n’avions pas pensé à deux choses, qui s’avèrent intéressantes aujourd’hui :

Le 07 mars, c’est la veille du 8 (mais oui !), 08 mars, journée de la femme, et s’il y a bien une femme qui a réussi sa vie, c’est la Vierge Marie, toutes les réflexions sur la féminité devraient partir de là.

Et puis, nous sommes au troisième dimanche de carême qui est surnommé « le dimanche de Moïse », comme par exemple le 2ème dimanche de Carême était le dimanche « d’Abraham », « dimanche de Moïse », donc, qui nous fait contempler l’épisode fameux du buisson ardent.

Dès le IVe siècle, les Pères de l'église d'Orient ont vu dans ce buisson en flammes qui ne se consumait pas l'image de la maternité virginale de Marie : comme le buisson brûle sans se consumer, Marie, ayant reçu le feu de l'Esprit, est restée vierge après avoir conçu et enfanté le Christ. La liturgie déclare pour les 1ères vêpres du 1er janvier : « Dans le buisson qui brûlait sans laisser de cendres, Moïse déjà te contemplait, Vierge toute pure, Sainte Mère de Dieu, intercède pour nous »

Et ainsi, pareillement, en recherchant dans l’Ancien Testament, tout ce qui pouvait annoncer et imager le Christ, la fameuse « typologie », les Pères de l’Eglise ont trouvé plusieurs images qui illustraient le rôle de Marie (une typologie de Marie !).

Le buisson ardent (Exode, chapitre 3), le bâton d'Aaron (Nombres, chapitre 17), l’Arche d’Alliance (Exode ), le Tabernacle (Exode, Deutéronome ) etc …

Toutes ces images ont un point commun, qui nous permettra d’aborder la conversion du carême de deux points de vue complémentaires, l’un plus « masculin », et l’autre plus « féminin ».

Le point commun, c’est que toutes ces images nous montrent que la présence de Dieu lui-même a toujours eu besoin d’un support matériel, visible, qui semble tour à tour plus grand que Dieu et inférieur à lui, bien sûr, mais qui est indispensable pour que Dieu se manifeste aux hommes.

Ce que Moïse a vu, ce jour-là, le buisson ardent, ce n’est pas Dieu -on ne peut pas voir Dieu, ce qu’il a vu, c’est le buisson et le feu ; ce que Moïse voyait dans la Tente de la rencontre, c’était la Tente elle-même, pas Dieu, qui pourtant était là ; ce que nous voyons, dans notre « Tente de la Rencontre » à nous, le tabernacle, c’est le lieu de la présence du Christ, pas la présence elle-même, qui n’est accessible qu’aux yeux de notre cœur. Il faut bien que l’on voit quelque chose pour que la venue de Dieu soit visible, et la Vierge Marie joue alors un rôle déterminant : lorsque Dieu s’est incarné en Jésus, il a pris chair de la Vierge Marie : autrement dit, elle a donné à Dieu sa visibilité, en recevant en elle le feu de l’Esprit Saint

Evidemment, pendant les neuf mois de sa grossesse, c’est elle que l’on a vu, elle qui prenait plus de place que son Fils, matériellement, visiblement et pourtant il se trouve que lorsque l’on voit une femme enceinte, l’enfant que l’on devine de plus en plus clairement efface presque sa mère, et c’est la future naissance qui prend toute la place : on ne voit plus pratiquement dans cette femme que celui qu’elle met au monde.

Ce qui est vrai en général l’est particulièrement avec la Très sainte Vierge Marie : elle est beaucoup plus visible que Dieu, plus accessible que lui, plus facile à voir, elle est toujours là lorsque Dieu s’y trouve, elle semble prendre beaucoup de place, mais pourtant personne ne s’y trompe, elle s’efface devant Jésus.

Venons-en à la conversion : à Lourdes, La Vierge demandait à ste Bernadette de prier pour les pécheurs, et on dit que son visage devenait triste à l’évocation de ce sujet. La tristesse et la prière, le chapelet et l’apparition, telles sont les armes que Marie utilise pour nous inviter à la conversion. En réalité, elle utilise ces armes davantage féminines, comme complément, indispensable, au discours de Jésus qui lui est plus viril …

Il s’agit d’un discours, musclé, d’avertissement, et qui répond, en fait, à deux questions. 1ère question : le malheur est-il une punition de Dieu pour le mal ? 2ème question : pourquoi faudrait-il se convertir ?

La réponse que Jésus donne à la première question « le malheur est-il une punition de Dieu ? » n’est pas si simple …

Il commence par répondre clairement non : le malheur qui s’est abattu sur Haïti ou celui qui a ravagé l’Asie du Sud-Est il y a quelques années ou alors le massacre des galiléens ou les habitants de Jérusalem à l’époque de Jésus ne sont pas des punitions de Dieu. Jésus l’a dit également à propos de l’aveugle de naissance, ce qui veut dire que au plan personnel comme au plan global, il n’y a pas de punition divine.

En revanche, ce que Jésus souligne, c’est que le péché contient en lui-même le principe de sa destruction, et que, sans que Dieu n’ait besoin d’intervenir, celui qui pèche va sa perte et cette perte est comparable aux catastrophes de l’époque de Jésus ou des nôtres. Lesdites catastrophes peuvent permettre à un pécheur de se « réveiller » et de s’apercevoir des catastrophes intérieures …

« Est-ce donc la mort du méchant que je désire, déclare le Seigneur, n'est-ce pas plutôt qu'il se détourne de sa conduite et qu'il vive ? Je ne prends plaisir à la mort de personne, déclare le Seigneur : convertissez-vous et vivez. » , dit le prophète Ezéchiel
La conversion est une “transformation radicale de l'être vérifiée dans des fruits”. L’expression est du frère Tanguy-Marie de la communauté des béatitudes. Elle montre bien ce que Dieu veut : nous faire porter du fruit (comme le bâton d’Aaron) ! Voilà la réponse à la deuxième question (« pourquoi se convertir ? ») : pour porter du fruit, rendre le monde meilleur, transformer la société en transformant sa famille, son entreprise, son école, sa classe, son équipe ACI, son équipe Notre-Dame, en se réformant soi-même surtout, et en faisant tout ce qui est possible à son niveau, pour que l’Evangile colore la société, lui donne un parfum de Dieu …

La préparation à la consécration mariale selon Saint Louis-Marie Grignon de Montfort (que nous allons lancer cet après-midi), consiste en trois étapes cohérentes : « se vider de l’esprit du monde (ce qui veut dire chasser de soi tout ce qui fait obstacle à la suite du Christ » / « connaître Marie » / « connaître Jésus ». Les deux dernières étapes sont donc marquées comme par une certaine « féminité » puis par une certaine « virilité », pour se tourner ou se retourner vers Dieu (la conversion ! ), de sorte que tout nous est donné, vraiment, pour réussir notre conversion et donc notre carême !

P. Emmanuel d'Andigné

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