homélie du 4ème dimanche de Carême, année C (Saint Luc)
Au milieu de ce carême, saint Paul dans la seconde lettre aux Corinthiens nous exhorte : « Au nom du Christ, nous vous le demandons, laissez-vous réconcilier avec Dieu ».
Il nous invite à une démarche personnelle :
• Réconciliation d’abord avec nous-mêmes, avec nos faiblesses, nos forces, nos actes bons ou mauvais. C’est reconnaître quelle personne je suis, cette personne que le Seigneur aime.
• Réconciliation ensuite avec nos frères. C’est porter sur l’autre un regard d’amour et de compréhension. Accepter les qualités et les imperfections. Recherchons avant tout ce qui nous rassemble pour agir et avancer en frères, plutôt que nous attarder sur ce qui nous divise.
• Réconciliation enfin avec Dieu. Osons faire la démarche de nous approcher du Seigneur pour demander et recevoir son pardon, et prendre résolument un chemin de conversion.
L’évangile de ce jour est celui que l’on nomme habituellement « la parabole du fils prodigue » comme si son frère avait une conduite parfaite et n’avait rien à se reprocher. C’est plutôt la parabole du père et de ses deux fils, le personnage central étant le père qui les accueille d’un même amour.
Les deux fils sont à l’apparence bien différents mais la relation qu’ils entretiennent avec leur père est entachée par une gestion comptable des avantages qu’ils peuvent en tirer.
• Le cadet a demandé ce qui lui revenait. Il a joué et il a tout dépensé. Il espère sans trop de certitude que son père acceptera de changer la règle du jeu et l’embauchera comme ouvrier. En revenant à la maison, il pense avoir tout perdu.
• L’aîné de son côté a travaillé depuis tant d’années sans jamais désobéir et se plaint de n’avoir reçu aucune récompense, ni chevreau, ni prime exceptionnelle. Et c’est son frère qui touche le gros lot après ce qu’il a fait. En restant à la maison, il pense, lui aussi, avoir tout perdu.
Le père est très loin de ces considérations. Pas d’hypothèses, pas de calculs, pas de questions.
Le Seigneur pardonne nos erreurs, nos chutes à répétition, quelle que soit notre faiblesse et quels que soient nos échecs. Le père ne laisse pas le temps à son fils cadet de s’expliquer, il se jette à son cou, le couvre de baisers et fait tuer le veau gras. C’est un amour total, gratuit et sans contrepartie. Il fait une croix sur le passé : « Mon fils qui était mort est revenu à la vie. Il était perdu. Il est retrouvé ».
Si le fils aîné avait fait le même chemin que son père, si il lui avait été fidèle en pensée et en esprit, s’il avait vécu la même qualité d’amour, il aurait dû lui aussi se réjouir de voir son jeune frère reprendre le chemin de la maison et reconnaître ses fautes. Au lieu de cela il s’emporte et réclame ce qui à ses yeux lui est dû. Il est jaloux, il n’aime pas. Le père ne répond à son fils aîné rempli de colère et de jalousie que pour lui donner la preuve de son amour : « Mon enfant, tu es toujours avec moi, et tout ce qui est à moi est à toi ».
Essayons de nous regarder bien en face : nous sommes tantôt le fils aîné, tantôt le fils cadet et nous avons du mal à sortir de cette logique alors que tout au long de l’Écriture, Dieu ne cesse de nous convaincre d’abandonner l’image que nous avons de lui, un Dieu qui tiendrait des comptes, un Dieu gestionnaire de nos actes, pour que nous comprenions qu’il nous donne tout son amour dès que nous faisons un pas vers lui.
Nous sommes le fils aîné lorsque nous avons une mentalité de pharisiens. Nous aimons la justice et trouvons normal que le bien et l’effort, et non le contraire, soient récompensés à leur juste valeur. Mais c’est bien là que le Seigneur nous attend : il nous invite personnellement à quitter définitivement cette mentalité de justice pour passer à une mentalité de miséricorde. C’est la seule qui puisse nous faire grandir dans cet Amour que Dieu a pour nous-mêmes et pour les autres.
Nous sommes le fils cadet lorsque nous tardons à reconnaître nos fautes, à prendre un chemin de conversion et à demander le pardon du Seigneur.
Demandons au Seigneur, au milieu de notre carême, de recevoir la grâce de le reconnaître tel qu’il est dans la parabole de ce dimanche et d’être de vrais fils vivant de son Amour miséricordieux.
Ainsi soit-il.
Jean-Paul Rousseau, diacre
18 mars 2010
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