33ème DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE – ANNEE C
14 NOVEMBRE 2010
Cette page d’Evangile ne semble pas réjouissante… « Vous serez détestés de tous, à cause de mon nom !... » Pénible perspective ! Et pourtant nous avons chanté au début de la messe, « Jubilez, criez de joie ! Acclamez le Dieu trois fois saint ! »
Pourquoi ces lectures aujourd’hui ? Quelles sont les raisons de leur choix ?
Nous approchons de la fin de l’année liturgique, qui nous fait revivre tous les ans l’histoire du salut du monde, depuis l’attente du Messie, dans l’Ancien Testament, la venue de Jésus sauveur, crucifié et ressuscité, vingt siècles de la vie de l’Eglise, notre temps actuel, et l’attente du retour du Christ glorieux à la fin des temps.
Dimanche prochain, la fête de Jésus Christ Roi de l’Univers nous fera anticiper le règne final du Seigneur. Et dans quinze jours commencera la nouvelle année liturgique, avec le premier dimanche de l’Avent, nous orientant vers la fête de Noël.
La lecture du Livre du Prophète Malachie nous ramène plus de quatre siècles avant notre ère. « Le Jour du Seigneur », que l’auteur inspiré voit venir, se présente tout à la fois comme redoutable et désirable. Il sera « brûlant comme une fournaise », détruisant les arrogants, les orgueilleux et les impies, purifiant tout jusqu’à la racine.
Mais pour ceux qui craignent le Seigneur, pour les fidèles, il sera « le Soleil de justice », c’est le Messie tant attendu.
Jésus prépare ses Apôtres à des épreuves dramatiques et déconcertantes. Il ne leur cache rien de la réalité. Le Temple de Jérusalem, si magnifique, sera détruit. Il y aura des bouleversements et des persécutions, qui pourront même venir de parents, de frères et d’amis ; persécutions qui aboutiront à la mort de certains.
En plus des guerres, la nature elle-même participera au désastre par de grands tremblements de terre, des épidémies et des famines, le tout accompagné de signes terrifiants dans le ciel. Mais, malgré ces annonces épouvantables, ceux qui font confiance à Jésus ne doivent pas se décourager. « Pas un cheveu de votre tête ne sera perdu – leur dit-il – c’est par votre persévérance que vous obtiendrez la vie. »
Vous vous dites peut-être : tout cela est bien lointain et ne nous concerne pas…
Détrompons-nous ! Cette histoire du monde se transpose dans la vie personnelle de chacun d’entre nous. « Le Jour du Seigneur », c’est déjà le jour de notre baptême, qui nous fait entrer dans la communauté des disciples du Christ. L’éducation chrétienne nous apprend à accueillir le Soleil de justice qui va bruler comme de la paille ce qu’il y a d’orgueil et d’égoïsme en nous, pour que nous rayonnions de la lumière du Seigneur. « C’est un bonheur durable et profond – disions-nous dans la première prière – de servir constamment le créateur de tout bien. »
Toute vie humaine comporte ou rencontre de multiples épreuves, deuils, maladies, souffrances, échecs, parfois même des catastrophes. Les moyens modernes de communication nous renseignent aussitôt sur tous les évènements mondiaux, le plus souvent pénibles, et ils nous rappellent ceux du passé, de la Grande guerre jusqu’aux tueries de Bagdad et d’ailleurs, en passant par l’assassinat des moines de Tibhirine, sans oublier les inondations et famines.
Et il y a des drames personnels ou familiaux, plus discrets et intimes, mais non moins douloureux. C’est le Jour du Seigneur chaque fois que nous nous tournons vers Lui pour lui présenter notre pauvreté et lui demander sa lumière et sa force.
C’est ce à quoi nous invite l’apôtre Saint Paul
Lui qui a parcouru des distances énormes et affronté des mers par tous les temps, aujourd’hui s’adressant aux Thessaloniciens, il leur conseille de « travailler dans le calme pour manger le pain qu’ils auront gagné. »
Il appartient à chacun d’accomplir humblement son devoir. « Acclamez le Seigneur, car il vient pour gouverner la terre – chantait le psaume 97 – pour gouverner le monde avec justice, et les peuples avec droiture. »
Que le Seigneur gouverne notre cœur pour qu’il nous prépare à son Jour, celui de notre rencontre avec Lui, lorsque notre route sur cette terre sera arrivée à son terme.
Par l’exhortation apostolique que le Pape vient de publier, sur « la Parole de Dieu dans la vie et dans la mission de l’Eglise », Benoît XVI invite fortement les catholiques à témoigner d’une Parole vivante et actuelle, « surtout dans les pays où l’Evangile a été oublié ou souffre de l’indifférence. »
Ne restons pas sourds à cet appel, qui a pour but le bonheur de l’humanité.
Amen.
Père Jean Rouillard