11 novembre 2010

homélie du 31 octobre 2010-l'alliance de la miséricorde et de la puissance

Homélie du 31ème dimanche du Temps Ordinaire - Année C

L’oraison de ce dimanche dit : « Dieu de puissance et de miséricorde, c’est ta grâce qui donne à tes fidèles de pouvoir dignement te servir ; accorde-nous de progresser sans que rien nous arrête vers les biens que tu promets … »

Est-il possible de mettre « dans le même panier » la puissance et la miséricorde ? Notre intelligence est discursive (cela veut dire qu’elle fait des discours pour pouvoir fonctionner), et donc, elle ne peut pas penser en même temps ces deux réalités concernant Dieu ; elle est obligée de penser l’une puis l’autre. Il en va de même pour humanité et divinité du Christ, l’histoire de l’Eglise l’a abondamment prouvé …

Il se trouve, de toutes façons que l’idée même qu’on se fait de Dieu implique la puissance et que l’idée même qu’on se fait de la puissance implique à son tour Dieu, c’est une nécessité logique. Or, qu’y a-t-il de commun entre St Pierre de Rome et ste Bernadette, par exemple ? Eh bien la tentative de représenter la puissance divine, à l’italienne au XVIème siècle ou à la française dans la deuxième moitié du XXème …

Dans les années 50, en France, la puissance divine s’exprime dans l’apparition à Ste Bernadette, tout en même temps, d’ailleurs, que la miséricorde : « qual pregada pecadous (priez pour les pécheurs !) », disait la Vierge à Ste Bernadette. Dans le fond de l’église, à l’époque, une fresque ornait le fond du Chœur. Depuis les années 70 jusqu’à aujourd’hui : la croix est l’unique « décoration » du chœur … c’est aussi la puissance de Dieu qui arrache à la mort, la miséricorde du crucifié qui pardonne les péchés.

Una autre oraison dominicale dit ceci : « Dieu qui montres la preuve suprême de ta puissance lorsque tu patientes et prends pitié … » ; cela signifie par conséquent qu’il y a d’autres preuves, mais que celle-ci se trouve « en haut du panier » ! Puissance et miséricorde font bon ménage, en Dieu.

« Dieu de puissance et de miséricorde, c’est ta grâce qui donne à tes fidèles de pouvoir dignement te servir ; accorde-nous de progresser sans que rien nous arrête vers les biens que tu promets … »

Sans que rien nous arrête : c’est l’occasion de contempler la véritable liberté. L’Eglise est libre car elle s’attache à Dieu plutôt qu’aux hommes, d’abord à Dieu puis aux hommes. Ainsi en témoigne l’exemple donné par Benoît XVI lors de l’audience du 27 octobre dernier, lorsqu’il dit :
« au Jubilé de 1350, mais elle désirait aussi obtenir du Pape l'approbation de la Règle d'un Ordre religieux qu'elle entendait fonder, consacré au Saint Sauveur, et composé de moines et moniales sous l'autorité de l'abbesse. Cela ne doit pas nous surprendre : il existait au Moyen-Age des fondations monastiques avec une branche masculine et une branche féminine, mais pratiquant la même règle monastique, qui prévoyait la direction d'une Abbesse. De fait, dans la grande tradition chrétienne, une dignité propre est reconnue à la femme, et - toujours à l'exemple de Marie, Reine des Apôtres - une place propre dans l'Eglise qui, sans coïncider avec le sacerdoce ordonné, est tout aussi importante pour la croissance spirituelle de la Communauté. En outre, la collaboration d'hommes et de femmes consacrés, toujours dans le respect de leur vocation spécifique, revêt une grande importance dans le monde d'aujourd'hui. »

Alors que l’opinion publique du 14ème siècle refuse toute responsabilité de gouvernement aux femmes l’Eglise avance librement en octroyant cette responsabilité à une femme (comme à Fontevraud !). Alors que, aujourd’hui, l’opinion publique du 21ème siècle voudrait ordonner prêtres les femmes, l’Eglise avance librement et s’en tient à ce que Jésus a mis en place et n’ordonne que des hommes.

Demandons à Dieu la grâce d’être libres aujourd’hui, de penser par nous-mêmes selon l’Esprit de Dieu et non dans une conformité servile à l’esprit du monde ; ainsi nous nous avancerons « vers les biens que Dieu promet » !

P. Emmanuel d'Andigné

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