03 novembre 2010

homélie du 24 octobre 2010-suis-je pharisien ou publicain ?


Homélie du 30ème dimanche du temps ordinaire-année C


Nous sommes tous pécheurs et nous essayons tant bien que mal de nous convertir. Mais aussi, et c’est très humain, nous avons besoin de nous rassurer, de nous dire que nous progressons malgré tout.

On arrive bien à faire des efforts sur certains points, même si nous retombons parfois et alors on se dit qu’on a mis plus de temps à retomber que la fois précédente et que donc, a priori, nous sommes plutôt sur la bonne voie. « Tu vois, Seigneur, j’ai fait des efforts pour me rapprocher de toi. Je progresse en charité, en fraternité. Je porte plus d’attention aux autres, j’essaye de rendre service à la communauté, à la paroisse ». En fait, on éprouve le besoin de se dire cela pour se rassurer d’être sur le bon chemin.

Les deux personnages de la parabole de l’Évangile vont au temple pour prier et rencontrer le Seigneur. Ils se tiennent à distance l’un de l’autre bien sûr, mais avant tout de Dieu.

Le premier, le pharisien, ne laisse rien au hasard. Un parcours sans faute. 20/20. Il respecte la loi. Il remplit son contrat. Plus il en fait, plus il pense se rapprocher du Seigneur. Un peu comme un plan de carrière.

Il pense que le Seigneur finira bien par reconnaître l’excellente situation dans laquelle il se trouve, en remarquant bien que beaucoup ne lui arrivent même pas à la cheville. « Seigneur, je te rends grâce d’être meilleur que les autres. Merci, mon Dieu, ne m’avoir mis à part des pécheurs ».

Le second, le publicain, lui n’a rien à mettre en valeur. Il se sait profondément pécheur. Il se juge lui-même. Il se sent écrasé par ses fautes. Il pense qu’il n’arrivera pas à se convertir et à devenir meilleur. Il retombe à chaque fois et est tenté de se désespérer. Il se sent abandonné. « Mon Dieu, prends pitié du pécheur que je suis ».

Si on se regarde bien, on se retrouve parfois dans la peau du pharisien et parfois dans celle du publicain. Mais pas complètement.

Car malgré nos efforts, nous sommes bien incapables d’être aussi vertueux et fidèles que le pharisien (à prier régulièrement, à écouter et à mettre en œuvre ce que nous dit l’Église) et nous sommes bien incapables d’être aussi humbles que le publicain cherchant toujours une excuse à nos manquements d’amour.

Alors faut-il que notre vie et le témoignage que nous pouvons donner oscillent sans cesse entre les attitudes de ces deux personnages ? Le pharisien qui attend sa récompense et le publicain qui se morfond sur son pauvre sort. Et si on essayait de réduire la distance qui nous sépare de Dieu.

En fait, c’est saint Paul qui nous donne le chemin à suivre.

Saint Paul a transformé sa vie avec un véritable élan de générosité et une volonté à toute épreuve pour annoncer l’Évangile, ce que nous essayons de faire tant bien que mal mais sans y parvenir. Un équilibre difficile entre l’investissement total de sa personne dans l’action, et l’abandon total et définitif entre les mains du Seigneur.

Saint Paul ne met pas en avant sa réussite comme pourrait le faire le pharisien. Ce qu’il met en avant c’est l’action du Seigneur qui a pu agir en lui car il s’est totalement abandonné par amour pour servir son Seigneur et son Dieu.

Il ne se compare pas aux autres, il rend grâce non pas de ses mérites, mais de l’action que le Seigneur a faite en lui et de son soutien dans les moments difficiles. Il sait que le Seigneur est toujours à ses côtés et qu’il ne l’abandonne pas.

C’est par une libre obéissance à la volonté de Dieu que notre action est alors non plus tournée vers nous-mêmes, pour notre propre satisfaction, mais transformée et sanctifiée par l’Amour de Dieu pour le service de nos frères.

Le message que le Seigneur nous envoie aujourd’hui au travers des écrits de Luc et de Paul nous est difficile à mettre en œuvre : cela demande à la fois un investissement total de notre personne et un abandon total au Seigneur.

À l’exemple de saint Paul, nous sommes appelés à reconnaître l’œuvre de l’Esprit Saint qui agit en nous et à rendre grâce pour l’œuvre ainsi accomplie, non pas du fait de nos propres mérites mais de la place que nous laissons au Seigneur au fond de notre cœur.

Seigneur, aide-moi à réduire la distance qui me sépare de toi afin que ma vie soit offerte au service de ton Amour. Ainsi soit-il.

Jean-Paul Rousseau, diacre

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