Homélie du 3ème dimanche de Carême – Année A
Après la Transfiguration où tout semblait merveilleux là-haut sur la montagne, auprès du Seigneur, de Moïse et d’Élie, le thème de ce dimanche nous renvoie à notre quotidien, à notre vie de tous les jours, au désert de notre vie quand tout devient difficile et compliqué et quand le besoin d’eau devient vital.
Dans le passage du livre de l’Exode que nous venons de lire, le peuple d’Israël a soif. Ils sont au milieu du désert, ils ont peur, ils ne comprennent pas pourquoi on les a emmenés là et ils ont soif.
Mais pour Moïse, c’est bien autre chose : le désert est le lieu de l’expérience de la présence de Dieu. C’est le lieu de la confiance en Dieu, c’est le chemin qui permet d’éprouver le besoin de l’eau, le besoin de la Parole de Dieu. Cette eau, qui d’un coup de bâton va sortir du rocher du Mont Horeb, est le symbole de la présence de Dieu parmi son peuple. Dieu est la source.
Saint Paul, quant à lui, s’adresse aux Romains pour leur rappeler que Jésus, est venu parmi nous, qu’il est mort et ressuscité pour sauver les hommes pécheurs et pour leur redonner une espérance véritable, source de la vraie vie, pour leur donner une eau qui elle seule peut combler la soif de vivre en Dieu.
Et Jean nous rapporte la rencontre de Jésus avec la Samaritaine.
Elle vient chercher de l’eau. Jésus a soif. Il a pitié d’elle avant même qu’elle ne lui parle. Elle s’étonne qu’il puisse entamer une conversation avec une Samaritaine. Il est juif et cela ne fait pas. Mais Jésus se moque des frontières établies entre les hommes.
Et Jésus va plus loin que de satisfaire la simple soif sous le soleil. Il va découvrir dans le cœur de cette femme une autre soif. Une eau qui donne sens à la vie, une eau qui témoigne de la vie éternelle que le Seigneur nous promet. La façon directe qu’a la Samaritaine de demander de cette eau qui étanchera à jamais toute soif nous montre que cette femme est avide d’un bonheur qui dure et qui dépasse la grisaille du quotidien.
Elle est abîmée par la vie. Quand elle dit « Je n’ai pas de mari », on peut sentir au mieux la recherche d’une situation qui la rendrait pleinement heureuse, au pire une souffrance qui lui gâche son existence.
Jésus s’approche aussi facilement de la Samaritaine que l’Ange du Seigneur s’est approché de Marie que nous fêtions il y a deux jours pour la fête de l’Annonciation. Car, que nous soyons en état de grâce ou de péché, que nous soyons sur le bon chemin ou dans une impasse, Dieu sait nous rejoindre dans notre vie.
Il faudra un peu de temps à la Samaritaine pour comprendre qu’il est le Messie et qu’il lui propose une eau qui transformera sa vie.
Le signe qu’elle a bien soif d’autre chose, c’est qu’elle laisse sa cruche auprès du puits et qu’elle rentre à la ville. C’est la surprise, « (Il) m’a dit tout ce que j’ai fait », elle n’en revient pas. Et quand elle poursuit en disant « Ne serait-il pas le Messie ? », on sent à la fois un doute et en même temps un besoin vital de donner un sens à sa vie, un chemin de foi qui est peut-être en train de naître.
Jésus s’adresse à une femme pécheresse. Sa situation, aussi bien que nos fautes et nos erreurs ne sont pas pour Jésus un prétexte pour s’éloigner de cette femme ou de nous-mêmes.
L’Amour qu’il tient de son Père l’envoie vers ceux qui en ont le plus besoin. Il n’est pas venu pour les bien-portants mais pour ceux qui souffrent de leurs maladies, de leurs péchés, de leur solitude, de leur mise au ban de la société.
Sachons reconnaître celui qui s’offre à nous comme une source pour la vie éternelle. Malgré nos faiblesses, nos ingratitudes, il est à nos côtés patiemment sur notre chemin de Carême.
Il sait prendre du temps pour être assis à nos côtés au bord du puits lorsque la soif se fait pressante, lorsque le doute et le découragement s’installent.
Laissons-lui la place qu’il vient prendre à côté de nous, quel que soit le lieu, quel que soit le moment.
À nous de le reconnaître, de laisser sur le bord du chemin ce qui nous encombre et ce qui nous éloigne de lui, et alors de le suivre, fortifiés par la foi reçue le jour de notre baptême, et de l’annoncer à nos frères avec l’aide de l’Esprit Saint. Ainsi soit-il.
Jean-Paul Rousseau, diacre
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